Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 25 mai 2013

LE PROJET, la conquête de l'occident


Il y a des années qu'en Occident – et en Europe en particulier – l'on s'interroge sur le rôle de l'islam en politique. Sylvain Besson, un journaliste du «Temps», vient de publier un livre très documenté sur cette question fondamentale. «La conquête de l'Occident» suit pas à pas l'histoire de la découverte d'un document des islamistes tenu secret jusqu'ici et qui s'appelle le «Projet».




Le «Projet» est une trouvaille de policiers suisses et italiens quelques semaines après les attentats du 11 septembre 2001. Il s’agit d’un texte de 14 pages, daté de décembre 1982 et s'ouvre ainsi: «Ce rapport présente une vision globale d'une stratégie internationale pour la politique islamique.»

Le premier intérêt de ce document réside dans le fait qu'il provient des milieux des Frères musulmans, qui aiment se présenter comme l'alternative «modérée» au terrorisme islamiste, représentée, entre autres, par l'intellectuel musulman suisse Tariq Ramadan.

Sylvain Besson, un journaliste du Temps, vien
t de publier un livre très documenté sur le rôle de l'islam en politique intitulé La conquête de l'occident. A travers l'analyse du contenu du Projet, l'auteur veut «montrer qu'au sein du Mouvement islamique, un noyau dur de penseurs et d'organisateurs a gardé vivant le rêve des origines – faire de l'islam la civilisation dominante et mettre fin à l'hégémonie de l'Occident matérialiste sur l'humanité».

L'objectif est rien moins qu'établir «un pouvoir islamique sur toute la terre». L'ambition est non seulement affirmée, mais des conseils sont donnés sur les instruments de propagande et de prédication à mettre sur pied, et des moyens financiers sont mis à disposition. Il ne s'agit donc pas simplement d'un exposé théorique, mais d'une feuille de route à mettre en pratique.

Essentiellement, le Projet ne propose pas un soutien au terrorisme, mais plutôt un «projet de société qui place le groupe au-dessus de l'individu, l'autorité divine au-dessus de la liberté humaine, le texte sacré au-dessus des lois profanes». L'auteur est convaincu que ce document est à la base du développement de l'islamisme dans le monde depuis vingt ans.

La filiation de l'islamisme

Le livre s'arrête longuement sur les filiations intellectuelles et spirituelles du document. Deux noms dominent: Saïd Ramadan, le défunt père de Tariq, et Yousouf al-Qaradawi, le prédicateur et théologien d'origine saoudienne le plus connu des musulmans actuellement en raison de ses apparitions régulières sur la chaîne de télévision arabe Al Jazira. De ces pages ressort clairement la parenté de pensée avec celle du Projet. L'auteur décèle une ambiguïté fondamentale chez les Frères musulmans «modérés par rapport aux terroristes d'Al-Qaïda et aux intégristes qui rejettent l'ensemble du monde moderne, extrémistes si l'on compare leurs opinions sur la société et le monde à celles qui ont généralement cours en Occident».

Au plan institutionnel, les relais pour l'exécution du Projet sont la FOIE (Fédération des organisations islamiques européennes) en Europe et l'IIIT (Institut international de la pensée islamique) aux Etats-Unis. En France, c'est l'UOIF (Union des organisations islamiques de France) qui est la branche du Mouvement islamique dont les liens avec les Frères musulmans sont clairs et qui a un poids déterminant au sein du très officiel et gouvernemental Conseil français du culte musulman (CFCM), au grand dam des musulmans libéraux.

L'islamisme politique

Vient ensuite la très grave question des relations des Frères musulmans avec Al-Qaïda et l'islamisme terroriste: une chose est sûre, rappelle Sylvain Besson, les Frères ont fermement condamné les attentats du 11 septembre 2001 en ce qu'ils sont responsables du massacre de civils innocents. En revanche, lorsqu'on en vient aux responsabilités de ces attaques, les Etats-Unis, en raison de leur politique envers les Palestiniens entre autre, sont les vrais coupables. De plus, al-Qaradawi émet l'hypothèse d'un complot interne aux Etats-Unis, sans lequel ces atrocités n'auraient pu être commises.

Sylvain Besson conclut de son enquête que le discours des Frères musulmans est à double tranchant, puisqu'ils disent oui au «jihad» et non au terrorisme. Concrètement, cela signifie qu'il ne faut pas attaquer des civils innocents, mais que les attentats du Hamas contre les Israéliens sont légitimes, puisqu'à travers leur conflit avec les Palestiniens ils sont les ennemis directs de l'islam.

Reste, après l'enquête, à se prononcer sur la politique à adopter à l'égard du Mouvement islamique qui s'inspire, dans ses pratiques, du Projet. Sur ce point, l'auteur ne brille pas par la clarté. D'une part, on le sent tenté par une position très dure qui assimilerait ces islamistes aux terroristes dont ils feraient le lit en préparant mentalement les populations musulmanes d'Occident à collaborer aux activités violentes d'Al-Qaïda. D'autre part, il ne veut pas être pris pour un paranoïaque qui voit un terroriste derrière chaque musulman. C'est pourquoi il dénonce «les politiciens revendiquant plus ou moins ouvertement leur mépris de l'islam».

Réalités démographiques

Le livre de Sylvain Besson inspire quelques réflexions sur l'Occident et l'islam. Premièrement, le côté alarmiste de ses conclusions – reflété par le titre La conquête de l'Occident – ne prend pas suffisamment en compte les réalités démographiques. En Suisse, on dénombre 152000 musulmans. Sur l'ensemble du territoire de l’Union européenne, les chiffres connus parlent de 27 millions, dont 5 millions en France, pour une population totale de plus de 350 millions d'individus. Même en supposant que l'ensemble des musulmans européens adhère aux thèses des Frères musulmans – ce qui est très loin d'être le cas – on serait encore à bonne distance d'une transformation culturelle en Occident et de l'avènement d'un homo islamicus qui se substituerait à l'homo occidentalis de l'UE.

Les craintes de Sylvain Besson font penser à l'analyse d'Hélène Carrère d'Encausse dans L'Empire éclaté. Dans cet ouvrage prémonitoire, l'auteure prédisait la dissolution de l'URSS en raison de la montée de l'idéologie musulmane contre la pensée soviétique, surtout en Asie centrale. Le risque n'est pas du tout le même en Europe occidentale, car les réalités démographiques sont tout autres. L'islam était majoritaire en Asie centrale alors qu'il est statistiquement peu significatif chez nous.

Majorité laïque

Deuxièmement, l'auteur ne fait pas assez justice à la multiplicité des courants islamistes ni aux positions des populations. Par exemple, une universitaire britannique, Jytte Klausen, conclut – sur la base d'interviews de 300 membres de l'élite musulmane dans six pays européens – que «l'écrasante majorité est laïque et défend les valeurs libérales de base». De son côté, l'Institut Pew a mené une enquête en Jordanie qui démontre que 72% de la population approuve les attaques contre le CICR et l'ONU à Bagdad. Ces différences d'opinions ne peuvent s'expliquer que par une analyse politique plutôt qu'idéologique des relations islam-occident.

Les nouvelles générations qui adhèrent à l'idéologie islamiste le font parce qu'elles se laissent convaincre que la cause principale de leur marginalisation est l'impérialisme capitaliste laïque occidental en général et américain en particulier. Aussi, arrêter la fatalité du choc islam-occident passe par un combat sur un double front.

Primo, les responsables occidentaux doivent abandonner leur politique arrogante et de puissance parfois délirante, travailler sérieusement à la création d'un Etat palestinien, contrer les slogans des extrémistes anti-musulmans, revitaliser le multilatéralisme via un renforcement du rôle politique de l'ONU, prendre les mesures éducatives, sociales et économiques pour offrir aux jeunes marginalisés de nos sociétés une égalité de chances et un avenir. Ainsi, une grande partie des justifications de la confrontation islam-Occident tomberaient.

Secundo, instaurer parallèlement un dialogue avec les leaders musulmans d'Occident pour débattre des réformes engagées sans céder sur les principes fondamentaux de nos sociétés. Car trop souvent les leaders européens et américains oublient que l'équation est à deux termes et que l'examen critique des politiques occidentales est tout aussi nécessaire que la mise en question des approches islamistes pour créer une coexistence solidaire et pacifique.

Sylvain Besson, La conquête de l’Occident, Le Seuil

Attentat de Boston : morts de deux agents spéciaux du FBI


Christopher Lorek et Stephen Shaw


Deux agents spéciaux du FBI, Christopher Lorek et Stephen Shaw, sont morts durant un exercice à Virginia Beach, le 20 mai 2013. Les deux hommes tentaient de descendre par un filin d’un hélicoptère sur un bateau.

Mais en raison du mauvais temps, ils sont tombés à l’eau et sont morts à cause du choc.

Christopher Lorek et Stephen Shaw étaient les agents en charge de l’attentat de Boston aux côtés de Richard Deslauriers. Ils avaient arrêté les suspects, les frères Tsarnaev.

Un jeune étudiant qui avait été accusé à tort, Sunil Tripathi, est déjà mort dans des circonstances inexpliquées.


Niger : deux terroristes abattus par des tireurs d'élite du COS




Selon des informations encore partielles, il semble que deux terroristes du Mujao qui étaient retranchés dans l'école des sous-officiers (Ensoa) d'Agadez avec des otages, ont été abattus ce matin par des tireurs d'élite du COS, en appui de l'armée nigérienne. L'assaut a ensuite été lancé et s'est déroulé sans aucun incident.
Les forces spéciales françaises (opération Sabre) sont intervenues à la demande expresse du président nigerien Issoufou, qui a contacté Paris. Un petit détachement du COS - quelques dizaines d'hommes est en effet présent depuis février 2013 dans le nord du pays, à Aguelal. Leur mission première est d'appuyer une opération de l'armée nigérienne (Malibéro) déployée dans ce secteur stratégique pour y protéger les mines d'uranium d'Areva à Atlit et Imouraren.

On ignore encore d'où venait les assaillants qui s'en sont pris simultanément à deux sites (Atlit et Agadez) en commentant notamment des attentats-suicide, mais l'hypothèse la plus souvent évoquée est le sud-ouest de la Libye.

Selon une source bien informée citée par Europe 1, une cache aurait également été découverte par les Français et les Nigeriens, à proximité de l'Ecole. Des armes et de l'argent y ont été saisi.

Jean-Dominique Merchet

Les 50 propositions d'Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans


Interdire tout contact gestuel entre hommes et femmes, éduquer les jeunes à la ferveur de la guerre sainte... Le programme des Frères musulmans datant de 1936 n'a jamais été remis en cause par la confrérie.

L'Égyptien Amr Elshourabi, docteur en sciences politiques de la Sorbonne et auteur des Frères musulmans des origines à nos jours, explique que la confrérie a construit deux niveaux de conception à l'intérieur de leur système doctrinal. Le premier est pacifique, et en harmonie avec la perception réaliste du quotidien. Le second "oeuvre à préparer les militants du mouvement pour le moment de l'affrontement futur dans le but de construire une nation islamique et d'appliquer la charia" (1).

Le chercheur insiste sur les faces "cachées" des Frères musulmans, et notamment sur la formation de militants "rigoureux et violents", appartenant à "l'organisation secrète", également appelée "appareil militaire". En 1936, le fondateur égyptien, Hassan al-Banna, publie 50 demandes de programme. Ces 50 demandes, qui font froid dans le dos, n'ont jamais été remises en cause par les Frères musulmans. Dans son article 2, il s'agit de "réformer les lois pour qu'elles se conforment à la législation islamique et notamment les infractions et les sentences pénales"...

Confisquer les romans d'excitation 

"Tous vouent une véritable admiration pour Hassan al-Banna et ils ne remettent nullement en question le moindre des enseignements consignés en particulier dans L'ensemble des épitres, dont certains fragments ont d'ailleurs été traduits en français", souligne Haoues Seniguer, docteur en sciences politiques et enseignant à l'IEP de Lyon. Il déclare qu'il faut poursuivre "toute personne dont il est prouvé qu'elle n'a pas respecté les enseignements de l'islam comme ne pas jeûner pendant le mois du ramadan, etc."


On y apprend qu'il faut "contrôler le comportement personnel des fonctionnaires sans distinguer l'aspect privé de la responsabilité publique", qu'il faut "interdire la mixité entre étudiants et étudiantes", "fermer les dancings, les lieux libertins et interdire la danse et tout contact gestuel entre homme et femme". Non seulement il faut "confisquer les romans d'excitation [sensuelle], ainsi que les livres qui sèment le doute [sur la foi]", mais aussi "mettre fin à l'esprit étranger [modèle occidental] dans les foyers". Cette traduction est donnée par la revue Islam de France.

Les mêmes vêtements pour tous les musulmans

"Ces principes semblent dessiner les contours d'une société totalitaire où l'islam contrôle tout. Il préconise, entre autres mesures coercitives, d'"interdire les partis et orienter les forces de la nation vers la constitution d'un front unique", constate Xavier Ternisien, journaliste au Monde, et auteur des Frères musulmans (2). Le problème, c'est que personne en Europe ne se reconnaît Frère musulman, ni l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), pourtant liée à la confrérie en Égypte.

Ni même les frères Ramadan ! C'est pourtant leur père, Saïd Ramadan (gendre d'Hassan al-Banna), qui a créé au début des années 60 à Genève le premier Centre islamique d'Europe. Dans son ouvrage consacré à son grand-père, Aux sources du renouveau musulman. D'al-Afghânî à Hassan al-Banna, un siècle de réformisme islamique, de 459 pages, Tariq Ramadan oublie de mentionner les 50 demandes du programme des Frères musulmans (3).

Plus étonnant encore, le prédicateur suisse occulte les termes qui trahissent le caractère militaire et violent du mouvement des Frères musulmans, afin de le faire "passer pour un mouvement politique pacifique", dénonce Mohammed-Chérif Ferjani, professeur à l'université Lyon-II. Cet ancien prisonnier politique en Tunisie constate que Tariq Ramadan traduit par exemple "jundî", qui signifie "soldat", par "militant", et "katîba", qui veut dire "phalange", par "cercle" (4).

Retenons enfin qu'Hassan al-Banna prévoyait "d'unifier progressivement les uniformes vestimentaires dans toute la Oumma". En clair, les émirs du Golfe devraient s'habiller comme les prolétaires du Yémen ou du Mali...

(1) Khartala, 2009.

(2) Fayard, 2005.

(3) Tawhid, 2002.

(4) Fayard, Le politique et le religieux dans le champ islamique, 2005.

Ian Hamel 

Meurtre à Londres : le MI5 a tenté de recruter un des suspects


Un ami du principal suspect dans le meurtre barbare d'un militaire à Londres a été arrêté après avoir accrédité la thèse selon laquelle les services secrets britanniques connaissaient le jeune islamiste.

Dans une interview à la BBC vendredi soir, Abou Nusaybah, présenté comme un ami d'enfance, a affirmé que le MI5 (services de renseignement intérieur) avait tenté de recruter Michael Adebolajo, l'homme qui a revendiqué le meurtre dans une vidéo amateur.

A la sortie du studio d'enregistrement, le jeune homme a été arrêté par la police anti-terroriste, selon la BBC. Pareille interpellation dans les locaux même du groupe audiovisuel public est un fait rarissime.

La police a confirmé avoir interpellé un homme de 31 ans, soupçonné d'avoir «ordonné ou préparé (...) des actes terroristes». Selon une source proche de l'enquête, l'arrestation n'est cependant pas directement liée à l'affaire du meurtre du soldat Lee Rigby, poignardé à coups de couteau de cuisine et de hachoir de boucher mercredi, un crime pour lequel Michael Adebolajo et Michael Adebowale ont été arrêtés.

Dans l'interview, Abou Nusaybah - qui dit avoir soutenu dans le passé l'application de la charia pour le Royaume-Uni mais estime le meurtre du militaire injustifié - affirme que Michael Adebolajo a été approché à plusieurs reprises par le MI5 après avoir été arrêté au Kenya.

«Un changement» dans l'attitude de Michael

Il était «parti étudier» dans ce pays d'Afrique de l'Est, a raconté Abou Nusaybah. Le Kenya est aussi la principale porte d'entrée pour la Somalie, pays pauvre de la Corne de l'Afrique où opèrent les insurgés islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda.

 A son retour à Londres, le MI5 lui «a demandé s'il ne voulait pas travailler pour eux», mais il a refusé, a poursuivi Abou Nusaybah d'une voix posée.

Cet ami, dont les affirmations n'ont pas pu être recoupées de façon indépendante, a noté «un changement» dans l'attitude de Michael Adebolajo après son séjour au Kenya. «Il parlait moins, il ne pétillait plus», a-t-il raconté, affirmant que son ami avait suggéré avoir été victime de violences sexuelles lors de sa détention.

Ce témoignage accentue la pression sur les services secrets et la police britanniques, qui connaissaient les deux suspects mais ne les considéraient pas comme une menace suffisamment sérieuse pour procéder à leur interpellation, selon des sources concordantes. Le Premier ministre David Cameron a promis dès jeudi une enquête pour déterminer d'éventuelles failles du système.

Mais, comme le souligne un expert, le Français Jean-Pierre Filiu, les actions individuelles de radicaux musulmans sont quasiment impossibles à prévoir. «Quand il s'agit de prendre un couteau de cuisine et de descendre dans la rue, c'est extrêmement difficile, voire impossible, à anticiper», a-t-il déclaré à l'AFP.

Toujours pas en mesure d'être interrogé

Michael Adebolajo, 28 ans, et son complice, Michael Adebowale, 22 ans, étaient toujours hospitalisés samedi sous haute surveillance policière, après avoir été blessés lors de leur arrestation. Selon la presse, ils n'étaient toujours pas en mesure d'être interrogés, alors que la nature et la gravité de leurs blessures n'a pas été révélée.

Des témoignages permettent progressivement de dessiner leur parcours, étonnamment comparable: d'origine nigériane chrétienne, les deux hommes, qui ont grandi au Royaume-Uni dans des familles de la classe moyenne, se sont convertis à l'islam au sortir de l'adolescence. Et leurs familles, inquiètes de leur fréquentation, ont tenté en vain d'intervenir.

La mère de Michael Adebowale, Juliet Obasuyi, a ainsi demandé conseil à un voisin. «Michael n'écoute plus», lui avait-elle expliqué. «Il prêche dans les rues. Il a besoin d'aide spirituelle avant qu'il ne se radicalise.»

Recrudescence d'incidents contre des musulmans

Le meurtre de Lee Rigby a provoqué une forte recrudescence des incidents au Royaume-Uni contre les musulmans, selon l'organisation Faith Matters, qui combat l'extrémisme religieux. L'association a enregistré quelque 150 cas au cours des derniers jours, contre quatre à huit cas par jour avant ce crime, selon Fiyaz Mughal, directeur de Faith Matters.

Dans ce contexte, la police était sur le qui-vive en vue d'une manifestation samedi à Newcastle (nord de l'Angleterre) de la Ligue de défense anglaise (EDL), un groupe anti-islamiste dont quelque 250 sympathisants s'étaient opposés à la police le soir du drame.

Au niveau de l'enquête, la police continuait à interroger un homme soupçonné «de complicité de meurtre», tandis que deux autres personnes ont été relâchées.

vendredi 24 mai 2013

Les services britanniques sur la sellette après le meurtre d’un soldat à Londres


Lee Rigby



Le militaire britannique qui a été sauvagement assassiné en plein jour, dans le quartier londonien de Woolwich, le 22 mai, a été identifié. Il s’agit du soldat Lee Rigby (photo ci-dessus), du 2e Bataillon du Royal Regiment of Fusiliers. Engagé dans la British Army en 2006, à l’âge de 19 ans, il avait notamment servi à Chypre et en Afghanistan. Marié, il était le père d’un petit garçon de deux ans.

Quant à ses deux meurtriers, qui appartiennent à la mouvance jihadiste, des détails à leur sujet commencent à émerger. L’un deux a été formellement identifié : il s’agit de Michael Adebolajo, 28 ans, est d’origine nigériane. Converti à l’islam il y a une dizaine d’années, il avait été interpellé en 2006 lors d’échauffourées entre des islamistes radicaux et des policiers britanniques.

D’après The Times, il avait été arrêté une seconde fois lors d’une tentative pour rejoindre les milices Shebab, proches d’al-Qaïda, en Somalie. Enfin, il aurait fréquenté l’organisation islamiste al-Mouhajiroun, désormais interdite au Royaume-Uni. Cela étant, peu d’informations concernant son acolyte ont été pour le moment donnés. Les deux hommes, blessés lors de leur arrestation, seront interrogés quand leur état le permettra.

Toutefois, la police britannique a procédé à plusieurs perquisitions et placé en garde à vue un homme et une femme, tous deux âgés de 29 ans. Ce qui accréditerait l’hypothèse d’un complot plus vaste.

Quoi qu’il en soit, et étant donné que le parcours de Michael Adebolajo ne pouvait pas laisser indifférent les services de sécurité d’outre Manche, la presse britannique cherche à savoir pour quelles raisons les intentions des deux meurtriers n’ont pas pu être déjouées.

“Les tueurs étaient sous surveillance, alors pourquoi le MI5 n’a pas agi ?” s’interroge ainsi le Daily Express. Le quotidien The Guardian indique de son côté que Michael Adebolajo s’était plaint d’être harcelé par le MI5 après avoir attiré l’attention de ce service, il y a 3 ans. Qui plus est, affirme également le journal, lui et son complice avaient été estimés comme étant “secondaires”.

Cela étant, le gouvernement britannique a reconnu que les informations publiées dans la presse n’étaient “pas fausses” et promis l’ouverture d’une enquête parlementaire pour déterminer d’éventuelles failles dans les services de renseignement et de police, tout en faisant valoir la difficulté de prévoir de tels actes.

“J’ai rencontré des spécialistes de la sécurité expliquant combien il était difficile de contrôler tout le monde dans une société libre. Il y a un monde entre avoir des positions extrémistes et commettre un meurtre”, a ainsi affirmé Eric Pickles, le ministre des Collectivités locales.

En clair, nous ne sommes pas encore dans le monde de “Minority Report”… Ancien chef du contre-terrorisme au MI6, le service de renseignement extérieur du Royaume-Uni, Richard Barrett a expliqué, qu’effectivement, il reste “incroyablement difficile” de prévenir ce genre de drame. Selon lui, les deux meurtriers “viennent probablement d’un petit groupe sans liens avec l’étranger ou sans liens plus larges au Royaume-Uni qui attireraient davantage l’attention des forces de sécurité.

“Quand est-ce qu’une personne exprimant des points de vue radicaux (…) devient un extrémiste violent ? Pour trouver des indices, (…) je pense que c’est extrêmement difficile”, a estimé M. Barrett. “C’est une chose de noter leurs noms, c’en est une autre d’agir pour suivre leurs déplacements” a-t-il ajouté.

Niger : Les forces spéciales françaises sont intervenues à Agadez


Il avait été donné pour mort (mais la France n’avait toutefois pas confirmé) mais apparemment, il bouge encore. Le chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, alias Mr Marlboro, qui a fondé sa propre katiba (brigade), appelée les “Signataires par le sang” après avoir quitté al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), aurait supervisé les deux attaques commises le 23 mai à Arlit et Agadez, au Niger, lesquelles ont fait 19 victimes.

C’est du moins ce que prétend El-Hassen Ould Khlil, alias Jouleibib, le porte-parole des “Signataires par le sang”, cité par l’agence mauritanienne Alakhbar. “C’est Belmokhtar qui a supervisé lui-même les plans d’opération des attaques” qui ont “visé les forces d’élite françaises assurant la sécurité des installations de la firme nucléaire (Areva) et une base militaire nigérienne”, a-t-il en effet affirmé.

Pour rappel, ce double attentat avait été rapidement revendiqué par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), actif dans le secteur de Gao, au Nord-Mali. Il était l’un des trois groupes principaux établis dans cette région en 2012, avant d’en être chassé par les forces françaises de l’opération Serval.

Plus tôt, dans un communiqué mis en ligne sur des sites de la mouvance jihadiste, le groupe de Belmokhtar, par ailleurs responsable de la prise d’otages géante sur le site gazier algérien d’In-Amenas, en janvier dernier, a aussi menacé de “mener plus d’opérations” au Niger et de s’en prendre également à la France ainsi qu’à tous les pays engagés militairement au Mali. Et le double attentat commis la veille était sa “première réponse à une déclaration du président du Niger (Mahamadou Issoufou, ndlr), inspirée de ses maîtres à Paris, affirmant que les jihadistes ont été écrasés militairement.”

L’attaque ayant visé un camp militaire à Agadez a été la plus sanglante des deux (l’autre, commise contre une filiale d’Areva, a fait 1mort et 14 blessés). Selon un bilan donné par le ministre nigérien de l’Intérieur, Abdou Labo, 18 soldats nigériens ont été tués tandis que 15 autres ont été touchés, dont 6 gravement.

La chronologie des évènements reste imprécise. Cela étant, l’assaut des terroristes a commencé par l’explosion d’une voiture piégée à l’intérieur du camp. Des jihadistes en auraient profité pour s’enfermer dans un local en prenant en otage des élèves officiers alors en stage à Agadez.

Et, une source sécuritaire nigérienne avait indiqué, hier, que des forces spéciales françaises avaient été déployées aux côtés des troupes nigériennes afin de les aider à libérer les otages. Ce que le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a confirmé ce 24 mai.

“A l’heure où je vous parle, la situation est stabilisée, en particulier à Agadez, où nos forces spéciales sont intervenues en soutien des forces nigériennes à la demande du président (nigérien Mahamadou) Issoufou”, a-t-il affirmé, alors qu’il était interrogé par BFMTV. Environ 60 militaires appartenant au Commandement des opérations spéciales (COS) seraient affectés à la protection du site minier d’Areva à Arlit.

Le ministre a précisé qu’au moins deux “terroristes” ont été tués lors de l’assaut, lequel a eu lieu “à l’aube”. Son homologue nigérien, Mahamadou Karidjo , avait quant à lui affirmé que l’opération s’était terminée le 23 mai au soir…

“Leur objectif était que le Mali devienne un sanctuaire islamiste, ça ne le sera pas. Il faut maintenant éviter qu’il y ait, soit au Nord-Niger, soit dans une partie du Tchad, des risques identiques”, a par ailleurs affirmé M. Le Drian, en évoquant les groupes jihadistes.

Quant au président Hollande, il avait averti la veille que la France appuierait “tous les efforts des Nigériens pour faire cesser la prise d’otages” et “anéantir” le groupe responsable des attaques à Arlit et à Agadez.

Qui sont les meurtriers de Londres ?


Selon la presse, les deux hommes, qui ont crié des slogans islamistes, semblent avoir été élevés dans la religion chrétienne avant de se convertir à l'islam.

Le tueur, machette à la main. © Capture d'écran/The Sun


Les autorités britanniques ont établi que les deux hommes accusés du meurtre à l'arme blanche d'un soldat dans une rue de Londres sont des Britanniques d'origine nigériane, a-t-on appris jeudi de source proche de l'enquête. Les médias ont révélé que l'un d'eux, âgé de 28 ans, s'appelait Michael Adebolajo et était né en Grande-Bretagne. La police a perquisitionné jeudi la demeure de sa famille dans un village proche de Lincoln, dans l'est de l'Angleterre.

Selon la presse britannique, les deux hommes, qui ont crié des slogans islamistes pendant et après l'assassinat mercredi, semblent avoir été élevés dans la religion chrétienne avant de se convertir à l'islam. Les deux suspects, dont l'un est peut-être né à l'étranger, ont été interpellés et sont interrogés après avoir été blessés par balle par la police. Cette attaque renforce la thèse du danger couru par les habitants des grandes villes occidentales face à des opérations menées par des "loups solitaires", comme celle de l'attentat du marathon de Boston, le mois dernier.

"Nous ne céderons jamais devant la terreur"

"Nous ne céderons jamais devant la terreur ou le terrorisme, quelles qu'en soient les formes", a déclaré jeudi le Premier ministre David Cameron, après avoir présidé une réunion de crise dans le cadre du dispositif Cobra, appliqué en cas de menace sur la sécurité nationale. "Ce n'est pas seulement une attaque contre la Grande-Bretagne et son mode de vie, c'est aussi une trahison de l'islam et des communautés musulmanes qui donnent tant à notre pays. Rien dans l'islam ne justifie cet acte véritablement affreux", a-t-il ajouté devant le 10 Downing Street, la résidence du chef du gouvernement britannique. David Cameron a précisé que les deux hommes étaient connus des services de renseignements et qu'une enquête de routine serait menée pour vérifier si ces services avaient bien fonctionné.

Anjem Choudary, l'un des religieux musulmans les plus respectés de Grande-Bretagne, a déclaré qu'Adebolajo était connu par ses coreligionnaires comme un moudjahid, un combattant en arabe. Au Nigeria, où les autorités combattent dans le nord une insurrection islamiste, on dit de source gouvernementale qu'il n'existe aucune preuve de l'existence de liens entre les deux hommes et des organisations islamistes d'Afrique de l'Ouest. Mercredi après-midi, près d'une caserne de l'armée à Woolwich, dans le sud-est de la capitale, les deux hommes ont d'abord percuté avec leur voiture le soldat, dont l'identité n'a toujours pas été officiellement révélée. Munis de couteaux et d'un hachoir, ils l'ont ensuite poignardé et ont tenté de le décapiter, ont rapporté des témoins.

"OEil pour oeil, dent pour dent"

Une vidéo, prise par un passant avant l'arrivée de la police, montre un homme les mains couvertes de sang et tenant un couteau et un hachoir à viande ensanglantés. "Nous jurons par Allah le tout-puissant que nous ne cesserons jamais de vous combattre. La seule raison pour laquelle nous faisons ça est parce que des musulmans meurent chaque jour", dit l'homme, selon un enregistrement obtenu par la chaîne de télévision ITV. "Ce soldat britannique, c'est oeil pour oeil, dent pour dent", ajoute le meurtrier présumé, qui porte un gilet en laine et un jean.

Cette agression est le premier meurtre à mobile apparemment islamiste en Grande-Bretagne depuis les attentats de Londres en juillet 2005. Quatre kamikazes avaient fait exploser des bombes dans les transports en commun, faisant 52 morts et des centaines de blessés. Selon la police, la victime a été prise à partie par ces deux hommes dans John Wilson Street, près d'une caserne de Woolwich, quartier qui a longtemps abrité une caserne d'artillerie royale. À son arrivée sur place, la police n'a pu que constater son décès. D'après certains médias, les agresseurs criaient en arabe "Dieu est le plus grand !" pendant qu'ils poignardaient la victime.

Un acte peu sophistiqué

L'homme sur la vidéo déclare : "Je demande pardon aux femmes qui ont assisté à cela, mais, dans nos pays, nos femmes aussi doivent assister à de pareilles choses." "Vous ne serez jamais en sécurité. Débarrassez-vous de votre gouvernement. Il ne se soucie pas de vous", ajoute cet homme avant de traverser la rue et de s'adresser tranquillement à l'autre agresseur présumé. Scotland Yard n'a pour l'instant pas établi formellement si les deux agresseurs avaient agi seuls ou s'ils font partie d'une organisation.

Pour Peter Clarke, responsable de l'antiterrorisme lors de l'enquête sur les attentats de 2005, il ne fait pas de doute qu'il s'agit d'un acte isolé. "Une telle opération ne nécessite pas un financement sophistiqué, ni une préparation et des communications complexes. Elle peut être organisée et effectuée ensuite dans la foulée", a-t-il expliqué. La victime portait un T-shirt avec l'inscription "Help for heroes", nom d'une association caritative britannique d'aide aux anciens combattants d'Afghanistan et d'Irak.

Une femme, Ingrid Loyau-Kennett, présente sur les lieux au moment du drame, a tenté de discuter avec l'un des agresseurs pour le calmer. "Il avait ce qui ressemblait à des outils de boucher - une petite hache pour couper les os et deux grands couteaux. Il m'a dit : Éloigne-toi du corps", a-t-elle témoigné devant les médias locaux. "Il a ensuite dit : Je l'ai tué parce qu'il a tué des musulmans et j'en ai assez que des gens tuent des musulmans en Afghanistan."

Le «Daily Mirror» a publié une séquence révélant que les tueurs d'un soldat britannique ont tenté d'attaquer la première patrouille de police appelée sur les lieux.



Le site du «Daily Mirror» a mis en ligne une vidéo qui montrerait les assaillants tentant d'attaquer des policiers. Il s'agirait de la première patrouille arrivée quatorze minutes après le massacre d'un soldat à l’arme blanche, dans le quartier de Woolwich.

On distingue Adebolajo qui se rue vers le véhicule en brandissant un hachoir. Selon le «Daily Mirror», la policewoman qui conduisait la voiture n'a dû sa survie qu'au réflexe de son collègue, qui a ouvert le feu. Le jeune assaillant a été projeté vers le sol. Au même moment, son acolyte, Adebowale, pointait une arme à feu en direction de la voiture des policiers. Il aurait été touché quelques secondes plus tard par des policiers d'élite. 

Enquête sur les Frères musulmans


Ils inspirent crainte et terreur, mais leur puissance et leurs ramifications restent largement inconnues. Un reportage lève le voile sur les Frères musulmans.

Le président égyptien Mohamed Morsi, son vice-président (à gauche), son Premier ministre et le grand cheikh d'al-Azhar (à droite), en août 2012. © Egyptian Presidency / Sipa 



Dans le cadre d'une soirée consacrée aux révolutions du monde arabe, France 3 diffusait le 22 mai, un document réalisé par Michaël Prazan présentant une remarquable enquête sur les Frères musulmans. On connaît mal cette "confrérie" ayant accédé au pouvoir dans certains pays ou en train d'y parvenir, dans la dynamique du Printemps arabe et des élections qui l'ont suivi. Les journalistes ont réussi à obtenir des entretiens avec des personnalités majeures de ce mouvement, tenant des discours souvent très différents mais dont se dégage un fil rouge tout à fait passionnant.

Créée en 1928, après l'effondrement de l'Empire ottoman, cette confrérie souhaite un retour au fondamentalisme religieux et une lutte contre l'occupation occidentale, rejetant le modèle diffusé par les puissances coloniales. Les révolutions arabes ont fait ressurgir le rêve, dont était porteuse son idéologie, d'un nouveau califat islamique. En remontant ainsi aux origines de cette démarche, ce document permet de comprendre comment elle a réussi à tirer profit du vent de liberté qui a soufflé sur ces pays après la chute des chefs de gouvernements totalitaires, Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, dont les Frères musulmans furent les victimes, souvent pourchassés et persécutés par leurs régimes.

Implantés dans 80 pays !

Au moment du tournant que représente l'accession au pouvoir de Nasser en Égypte, berceau de la confrérie, s'appuyant sur eux pour ensuite les réprimer, après, il est vrai, un attentat contre lui dont il les soupçonne d'être les commanditaires, on assiste à une certaine radicalisation de penseurs comme Sayyid Qubt, qui propose une interprétation des textes sacrés légitimant le djihad.

Quatre-vingt-cinq ans après sa fondation, la confrérie est implantée dans 80 pays, son expansion ne s'explique pas uniquement par la question palestinienne qui permet surtout de désigner Israël comme l'obstacle au rétablissement d'un vaste califat islamique. Ce conflit israélo-palestinien devient la clef de voûte de cette construction. Pour avoir signé un traité de paix, Anouar el-Sadate en subira les conséquences, assassiné par une mouvance salafiste dont le chef, al-Zawahiri, deviendra numéro un d'al-Qaida à la mort de Ben Laden.

Mais, derrière la complexité des divers courants, on devine la cohérence idéologique qui repose sur une conception unique et absolue de la loi, la loi sacrée,celle de Dieu. C'est elle qui fonde la pratique de la solidarité, permettant l'intervention sociale auprès d'un peuple vivant dans la misère. C'est donc elle qui est à la source de la popularité du mouvement qui lui permet de jouer le jeu de la démocratie et souvent de l'emporter. C'est aussi cette loi qui justifie, tant qu'elle ne sera pas appliquée, que l'on combatte pour son avènement. Si l'on entre dans cette logique, il n'y a pas de limite à ce combat et, pour certains, seul un califat mondial a un sens.

Le rôle important joué par des puissances financières et spirituelles, comme l'Arabie saoudite ou le Qatar, est également esquissé dans cette passionnante enquête. Au terme de ce documentaire particulièrement pédagogique, Michaël Prazan fait part de son inquiétude et s'interroge : la confrérie, portée par son succès humanitaire, va-t-elle choisir la voie démocratique, renonçant à son rêve d'État islamique mondial ? Ou bien...?

Nathalie Rheims 

L'armée Suisse a besoin de toi, deviens GRENADIER !





Egger Ph.

jeudi 23 mai 2013

Meurtre “terroriste” d’un soldat britannique à Londres


Il était environ 14h30, ce 22 mai quand un homme portant le sweat-shirt de l’association caritative “Help for Heroes” a été renversé par une voiture type Opel Tigra, près de la caserne du Royal Artillery, dand le quartier londonien de Woolwich.

La suite est épouvantable. Deux individus noirs qui étaient à bord du véhicule se sont précipités sur lui et l’ont sauvagement tué à coups d’hachoir à viande, de machette et de couteau (des témoins ont même parlé de décapitation), le tout en criant “Allah Akbar” (Dieu est grand).

L’un des deux meurtriers a ensuite pris le temps de donner les raisons de cet acte devant une caméra. “Par Allah tout puissant que nous continuerons de vous combattre jusqu’à ce que vous nous laissiez en paix”, a-t-il déclaré avec un accent londonien. “Nous devons les combattre tout comme ils nous combattent. C’est œil pour œil, dent pour dent. Nous jurons par Allah le tout puissant que nous n’arrêterons jamais de vous combattre”, a-t-il ajouté. A une passante, il a expliqué que sa victime était un “soldat britannique” qui avait “tué des musulmans” en Afghanistan.

Cet individu et son acolyte n’ont à aucun moment cherché à fuir la scène de leur crime. Au contraire, ils ont même demandé aux passants de les filmer à visage découvert. Les deux meurtriers seront ensuite blessés lors de l’intervention des policiers, contraints de faire usage de leurs armes pour les neutraliser.

La victime, âgée d’une vingtaine d’années, est effectivement un militaire. D’après la presse d’outre-Manche, affecté à un centre de recrutement situé dans le centre de Londres, il revenait à la caserne du Royal Artillery quand il a été renversé par la voiture des tueurs.

Pour les autorités britanniques, il ne fait aucun doute que cet assassinat est un acte de terrorisme. Le Premier ministre, David Cameron, a ainsi immédiatement demandé la tenue d’une réunion de crise au sein du Comité Cobra, lequel est constitué des ministres en charge de la sécurité.

Cette affaire fait penser à celle de Mohamed Merah, qui a tué de sang froid 3 militaires français pour des raisons similaires à celles avancées par les deux assassins de Woolwich. En outre, en 2008, Parviz Kahn a été condamné pour avoir planifier l’enlèvement et le meurtre d’un soldat britannique à Birmingham.

Quoi qu’il en soit, ce type d’actions était préconisé par plusieurs hauts responsables de la mouvance jihadiste, dont Anwar al-Aulaqui, qui était l’idéologue d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA).

Tué lors d’une frappe américaine au Yémen en semptembre 2011, il avait exhorté les militants islamistes à commettre des attentats suicides dans les centres commerciaux ou de s’en prendre directement aux militaires occidentaux, considérant que des opérations plus sophistiquées étaient plus difficiles à réaliser en raison de l’efficacité des services et des mesures anti-terroristes des pays “cibles”. En outre, al-Aulaqui était passé à la pratique en encourageant le major américain Nidal Malik Hasan à réaliser la fusillade de Fort Hood, en novembre 2009 (13 tués et 42 blessés).

Le Pentagone va reprendre la main sur une partie des missions confiées aux drones de la CIA


Le programme de contre-terrorisme qui, géré par la CIA, consistent à utiliser des drones armés de type Predator et Reaper pour éliminer les militants de groupes jihadistes au Pakistan et au Yémen continue de susciter la controverse aux Etats-Unis, notamment sur le plan juridique. Au point que le président Obama a promis davantage de transparence à son sujet.

Le nombre de frappes réalisées au moyen de drones a considérablement augmenté depuis que ce dernier est arrivé à la Maison Blanche. Selon la New America Foundation, au moins 355 ont été effectuées au Pakistan et 66 autres au Yémen.

Le président Obama devrait aborder ce sujet lors d’un discours qu’il prononcera devant la National Defense University de Washington le 23 mai. Mais, selon Reuters, il aurait déjà pris la décision de transférer au Pentagone la responsabilité de certaines opérations jusqu’alors confiées à CIA, laquelle aurait environ 80 drones à sa disposition.

Toutefois, et d’après certaines sources, ces engins sont toujours pilotés à distance par des militaires. Ces derniers appuient ou non sur la gâchette en fonction des ordres qu’on leur donne, qu’ils viennent du Pentagone ou de la CIA.

Dans un premier temps, les opérations impliquant des drones armés au Yémen passeraient sous le contrôle total de l’US Air Force. Cette décision se justifie par le fait que l’armée américaine apporte déjà son concours aux forces yéménites contre les réseaux d’al-Qaïda dans la pénsinsule arabique (AQPA).

En revanche, il n’est pas question, du moins pour le moment, d’en faire de même au Pakistan. Et cela pour une raison simple : si les opérations y sont menées secrètement par la CIA, avec des appareils gérés sur place par des sociétés militaires privées, cela permet de nier toute implication des Etats-Unis sans froisser, croit-on, Islamabad. Cela dit, personne n’est dupe…

La tendance est donc de faire en sorte que la centrale de Langley se recentre sur ses activités traditionnelles, qui sont bien évidemment le renseignement, son exploitation et son analyse.

Il avoue un triple meurtre avec Tamerlan


L'homme tué mercredi en Floride lors d'un interrogatoire avec le FBI avait peu avant sa mort avoué son implication dans un triple meurtre commis selon lui avec Tamerlan Tsarnaev.

Un triple meurtre, jamais élucidé, avait eu lieu le 11 septembre 2011 à Waltham, dans la banlieue ouest de Boston. Trois hommes avaient été retrouvés égorgés dans un appartement, couverts de marijuana.

L'homme tué mercredi matin, un jeune d'origine tchétchène de 27 ans, Ibragim Todashev, connaissait Tamerlan Tsarnaev, l'aîné des frères accusés de l'attentat du 15 avril qui a fait 3 morts et 264 blessés lors du marathon de Boston. Il pratiquait comme lui les arts martiaux et avait un temps habité Boston, a indiqué un de ses amis Khusn Taramiv sur la chaîne locale wesh.com.

L'interrogatoire de Todashev durait depuis deux heures mercredi matin dans son appartement d'Orlando, lorsqu'il a tenté d'attaquer un enquêteur, a expliqué une source policière au «New York Times». Il avait auparavant reconnu son implication dans le triple meurtre et également incriminé Tsarnaev. «Il l'avait reconnu oralement, mais n'avait rien signé», a précisé cette source.

Le FBI à Boston et le procureur local se sont refusés à tout commentaire, l'enquête sur le triple meurtre étant toujours en cours. Le FBI de Boston avait plus tôt dans la journée confirmé la mort de Todashev, expliquant qu'il avait «provoqué un violent affrontement» lors de son interrogatoire «en lien avec l'enquête sur l'attentat du marathon de Boston».

Cet interrogatoire impliquait un agent du FBI, deux policiers de l'Etat du Massachusetts --où se trouve Boston-- et d'autres représentants des forces de l'ordre, selon le FBI qui a précisé que l'agent du FBI avait été «légèrement blessé» dans l'affrontement. Todashev avait parlé encore le mois dernier au téléphone à l'aîné des Tsarnaev. Le FBI s'intéressait à lui depuis l'attentat du 15 avril et l'avait interrogé plusieurs fois, selon son ami Taramiv.

Les enquêteurs auraient établi un lien entre le triple meurtre et les frères Tsarnaev sur la base de leur ADN, après l'attentat de Boston, selon ABC news. Tamerlan Tsarnaev, 26 ans, a été tué trois jours après l'attentat, lors d'un échange de coups de feu avec la police. Son frère Djokhar, 19 ans, a été arrêté quelques heures plus tard à l'issue d'une vaste chasse à l'homme et est détenu dans une prison-hôpital près de Boston.


Des abeilles pour détecter des mines




Le système qui n’est pas encore au point promet un avenir que peu auraient prédit aux abeilles. Le projet repose désormais sur trois décennies de travail sur la détection d’explosifs et 25 ans de recherche sur les biosystèmes de la part de l’Université du Montana. La DARPA co-finance les recherches pour mettre au point le procédé.

Les abeilles serviraient ainsi à détecter des mines anti-personnelles dissimulées sur les terrains de guerre. Ce qui intéresse les entomologistes de l’Université du Montana ce sont les poils des insectes. Leur composition permettrait de capter des molécules de résidus d’explosifs. Autrement dit, lorsque les abeilles survoleraient des zones qui n’ont pas été passées auparavant au peigne fin par des sapeurs démineurs elles absorberaient de fines particules détectables au spectrophotomètre.

Les tests en cours semblent concluants, les abeilles permettraient de détecter des zones où sont posées du TNT. Les chercheurs américains savent dorénavant de quelle manière les poils d’abeilles captent la poussière environnante et comment détecter ceux qui ont traversé une zone infestée d’explosifs. Pour autant, le système est encore expérimental.

Loin d’être encore opérationnel, les chercheurs reconnaissent que le procédé mérite encore de nombreux tests en fonction du changement d’environnement, d’humidité, de poussière, de température ou encore de type d’explosifs composant les mines. Il est tout de même prometteur pour épargner de nombreuses vies humaines. Les mines ont tué plus de 500 soldats et plus de 1000 civils en Afghanistan.

Charles Hernu, ce collabo


L'ancien ministre de Mitterrand a servi jusqu'au bout le régime de Vichy, affirme, preuves à l'appui, "Franc-Maçonnerie Magazine" à paraître jeudi.

Charles Hernu fut le ministre de la Défense de François Mitterrand de 1981 à 1985. © AFP 



Le journaliste Jean-Moïse Braitberg a mené l'enquête. Il a retrouvé des témoins de l'époque et les procès-verbaux qui attestent du passé de Charles Hernu. Un passé bien trouble. Le député-maire socialiste de Villeurbanne, décédé en 1990, était franc-maçon. Ce sont ses frères qui les premiers l'ont sommé de s'expliquer. En vain.

Certes, ce n'est pas la première fois que médias et historiens évoquent le passé collaborationniste de Hernu. L'Idiot international de Jean-Edern Hallier ou encore L'Événement du jeudi de Jean-François Kahn s'en étaient déjà fait l'écho. Mais cette fois, Franc-Maçonnerie Magazine publie, à l'appui de ces affirmations, des documents inédits, à commencer par le procès-verbal de l'interrogatoire de l'ancien ministre dans sa prison de Grenoble où il est incarcéré à la Libération.

Propagande ouvrière

Selon le récit du magazine, Eugène Charles Hernu, âgé de 20 ans en 1943, est appelé à servir dans les chantiers de jeunesse créés par Vichy qui remplacent le service militaire. Au printemps 1944, il est réformé et rejoint le service de la propagande ouvrière à Lyon, dépendant de l'information sociale. Dans sa thèse sur la propagande sous Vichy, l'ancien patron du Parisien Philippe Amaury écrit : "La propagande ouvrière est la plus dynamique et la mieux organisée. (...) Il s'agit de rallier les ouvriers à la Révolution nationale, à la charte du travail, de leur faire accepter la relève et le STO. (...) Les cadres du mouvement sont regroupés dans les Ouvriers de la Révolution nationale, dont le secrétaire général est Félix Fossat. (...) En juin 1942, la propagande ouvrière est placée sous la responsabilité directe de Laval et devient une direction du ministère de l'Information. Le service comprend des délégués régionaux et départementaux."

Après un stage en avril 1944 à l'École des cadres de Mayet-de-Montagne, dans l'Allier, Hernu est nommé délégué départemental à l'information sociale pour le département de l'Isère. À Grenoble, sa mission est la suivante : "Le délégué a pour mission de briser l'hostilité contre la relève et contribuer au climat de collaboration franco-allemande... en faisant comprendre le caractère européen de la lutte menée par l'Allemagne contre le bolchevisme. (... ) Le principal but de l'information ouvrière est de dresser entre les communistes et les travailleurs une digue solide et de ramener les ouvriers à la Révolution nationale." Le délégué est titulaire d'une carte qui porte la mention "Je déclare n'être ni juif, ni franc-maçon, ni communiste et m'engage à servir de toute ma ferveur l'oeuvre du Maréchal". À partir de 1943, une commission de propagande pour le STO est formée au ministère de l'Information. Elle comprend des représentants des services allemands et des ministères français. "Chaque mois, les délégués départementaux étaient réunis à Vichy pour faire le point au cours d'une journée de formation et de débat." Hernu s'y rendra jusqu'en juillet 1944.

Zèle

"Fin mai 1944, les carottes sont cuites pour la politique de collaboration" écrit Braitberg. Le 4 mai, le général de Gaulle a signé le décret décernant la croix de la Libération à la ville de Grenoble. "Mais, plutôt que de s'engager dans la Résistance ou de rejoindre le maquis à l'instar de nombreux garçons parfois plus jeunes que lui, le zélé délégué à l'information continue à travailler en étroite collaboration avec la préfecture de l'Isère qui, sous les ordres de Philippe Frantz, mène une politique de répression impitoyable contre les maquis de l'Isère. Ce qui vaudra à ce préfet de 33 ans d'être exécuté par les FFI. À la suite de cette exécution, Hernu écrit à son chef, l'ancien communiste Félix Fossat, une lettre indignée, demandant que soit accrue la répression contre la Résistance."

Charles Hernu sera incarcéré à la Libération. Non pas, comme il l'a prétendu, en raison de rumeurs anonymes sur son action durant l'Occupation mais à la suite de ses activités de délégué départemental à l'information sociale. En outre, il fait alors l'objet d'une plainte d'un commerçant juif qui l'accuse de l'avoir exproprié de son magasin. Des faits que Charles Hernu nie, reconnaissant au passage sa fonction de délégué départemental à l'information sociale, comme l'atteste cet extrait du P-V d'interrogatoire publié par le magazine : "Je suis arrivé à Grenoble fin mai 1944. (...) Le but de ma venue à Grenoble était d'exercer les fonctions de délégué départemental à l'information sociale. (...) je n'ai jamais eu en ma possession les clefs du local en question, dans lequel je n'ai jamais pénétré. Dans ces conditions, si M. Wolberg, fourreur, a été victime de vols, ce que j'ignore, ils ne peuvent m'être imputables."

Aziz Zemouri 

Deux attentats frappent le Niger


Les deux attaques coordonnées se sont produites ce matin à Agadez et à Arlit.

D’après RFI, un double attentat a été perpétré ce matin aux environs de 5h30 heure locale au Niger. Les deux attaques à la voiture piégée ont touché un camp militaire nigérien à Agadez et la mine d’Arlit, site d’uranium justement exploité par Areva. Les deux localités sont distantes de moins de 300 kilomètres.

Toujours selon la radio française internationale, le gouvernement nigérien accuse le Mujao d’être derrière l’organisation de ces attaques.

La zone est activement surveillée par les Forces Spéciales françaises, les groupes terroristes (Mujao, AQMI) sont soupçonnés de s’être repliés dans cette région à l’est du Mali. Avec ces deux attaques, ils frappent au-delà des frontières du Mali et exporte la menace permanente au Niger.

mercredi 22 mai 2013

Attentats de Boston: le FBI tue un suspect


Un agent américain a abattu un homme de 27 ans suspecté d’avoir un lien avec les attentats de Boston.

 Ibragim Todashev


Un agent du FBI a tiré sur un homme de 27 ans suspecté d’avoir un lien avec les frères Tsarnaev, les auteurs de l’attentat de Boston. Et ce en plein interrogatoire! Le suspect, identifié comme étant Ibragim Todashev, 27 ans, est décédé.

Selon certains médias américains, il était interrogé par des agents du FBI, à Orlando, en Floride. Il se serait d’abord montré coopératif puis se serait énervé et aurait attaqué les agents. Avec un couteau, selon NBC. Un officier du FBI aurait alors sorti son arme et l’aurait abattu. Le FBI a reconnu le décès, sans livrer beaucoup de détails. «L’agent a rencontré le suspect dans le cadre de ses obligations officielles. Le suspect est décédé», a fait savoir un porte-parole de l’agence fédérale, évoquant la légitime défense. Le FBI a promis de divulguer davantage d’informations ultérieurement.

Selon plusieurs médias américains, Ibragim Todashev, lui aussi d’origine tchétchène, connaissait Tamerlan Tsarnaev, l’aîné des deux auteurs de l’attentat de Boston. Ils partageaient une passion pour le MMA – arts martiaux mixtes. Il a été interrogé dans le cadre de l’enquête. Mais n’aurait au final pas de lien avec l’attaque terroriste qui avait endeuillé le marathon. Par contre, croit savoir NBC, Ibragim Todashev aurait confessé être impliqué dans un meurtre commis il y a deux ans à Boston. Et c’est au moment de signer ses confessions qu’il aurait attaqué les agents.

Le Conseil fédéral veut acheter du matériel pour 740 millions de francs


Alors que le Parlement n'a toujours pas donné son feu vert à l'achat de 22 Gripen, le Conseil fédéral revient avec un nouveau programme d'armement. Il a demandé mercredi de libérer 740 millions de francs pour acheter notamment de nouveaux camions blindés et du matériel de communication.

Il ne devait initialement pas y avoir de programme d'armement 2013. Les retards pris au Parlement avec l'achat des avions de combat suédois Gripen sont la raison pour laquelle le gouvernement a décidé de ne pas attendre, a expliqué devant la presse le ministre de la défense Ueli Maurer.

Le paquet proposé ne contient pas de nouvelles acquisitions mais est principalement destiné à combler des lacunes déjà constatées. Il ne s'agit pas de donner de l'argent supplémentaire à l'armée. Avec 740 millions, la copie 2013 est néanmoins la plus onéreuse depuis 2008, Gripen mis à part.

Le plus gros montant (222 millions) concerne les véhicules protégés de transport de personnes, des sortes de camions blindés et pourvus d'une tourelle armée. Une nouvelle flotte de 130 engins viendra compléter, entre 2015 et 2017, les 290 engins déjà commandés. Ces derniers ne suffisent pas pour doter simultanément l'ensemble des 20 bataillons d'infanterie de ce genre de véhicules ou de chars de grenadiers à roue.

Télécommunications

Autre grand projet: le "réseau d'engagement Défense", devisé à 209 millions et qui vise à connecter tous les systèmes importants d'une infrastructure de télécommunications uniforme.

Il en va de la sécurité informatique de le Confédération et de la protection contre les pirates, a noté Ueli Maurer, précisant qu'une deuxième étape est prévue dans un prochain programme. Avec le nouveau système, qui sera acquis entre 2014 et 2020, il sera aussi possible d'augmenter le débit de données et de réduire la dépendance par rapport aux exploitants civils.

Le réseau sera en priorité réalisé à partir d'infrastructures militaires existantes et à titre secondaire via celles d'opérateurs civils comme Swisscom. Il sera connecté à plusieurs systèmes fixes et mobiles (comme ceux de surveillance de l'espace aérien ou d'alarme à la population en cas de crise). Il s'agit donc d'un projet concernant aussi les autorités civiles, a fait valoir Ueli Maurer.

Pièces de rechange

Troisième gros budget: l'achat entre 2014 et 2021 pour 149 millions de pièces de rechange destinées aux avions de combat FA-18 et aux véhicules Puch, Duro et Steyr. Actuellement, il arrive parfois d'attendre des semaines voire des mois avant de recevoir l'objet désiré, selon le ministre de la défense.

Le Conseil fédéral réclame encore 86 millions pour un système de pont d'appui permettant de franchir des cours d'eau et d'autres obstacles d'une largeur de 45 mètres. L'achat est composé, outre du matériel, de dix modules de véhicules de pose et de 290 mètres de passerelles. Il sera remis à la troupe dès 2016.

Ce système de ponts est utilisé à titre subsidiaire et pour des durées limitées en cas de catastrophe naturelle. La nouvelle acquisition complétera celle déjà approuvée dans le programme d'armement 2011.

Enfin, 74 millions serviront à renouveler entre 2014 et 2016 la flotte de véhicules. Le gouvernement veut 100 camions, 360 voitures de livraison et 500 remorques à un essieu. Une bonne partie de la flotte actuelle arrive en fin de vie, avec des coûts de maintenance élevés et des pannes. Il faut aussi s'adapter aux nouvelles prescriptions de sécurité et d'émissions de gaz.

Gripen en sursis

Le sort des Gripen reste ouvert. La commission de la politique de sécurité du National a posé en avril de nouvelles conditions avant de trancher. Le plénum ne traitera pas du dossier avant l'automne.Lors de la session de printemps, le Conseil des Etats avait quant à lui douché, à la surprise générale, les espoirs du ministre de la défense. Il a certes accepté de justesse l'achat des avions. Mais à une voix près, il n'a pas libéré les 3,126 milliards requis.

mardi 21 mai 2013

La Maison-Blanche espionne-t-elle les journalistes ?


Une semaine après que l'agence Associated Press s'est indignée de la saisie de relevés téléphoniques, une nouvelle affaire embarrasse la présidence. 

Le porte-parole d'Obama a refusé de s'exprimer "sur une affaire en cours" © Jewel Samad / AFP 


La Maison-Blanche est sur la sellette après la révélation d'une nouvelle affaire de surveillance présumée d'un journaliste, une affaire qui concerne un journaliste de Fox News et qui éclate une semaine après que l'agence de presse Associated Press (AP) s'est indignée d'une saisie de ses relevés téléphoniques. Le porte-parole du président Barack Obama, interrogé à de nombreuses reprises sur cette nouvelle affaire lors de son point de presse quotidien lundi, a refusé de s'exprimer sur une "enquête en cours".

"Je partage tout à fait, et je pense que c'est le cas de la plupart des Américains, les convictions du président selon lesquelles nous devons avoir une presse capable d'effectuer du journalisme d'investigation et qu'il nous faut défendre le premier amendement" de la Constitution qui sanctuarise la liberté d'expression, a assuré Jay Carney. Mais, a-t-il ajouté, "je pense aussi qu'il est vraiment important, et je crois que les membres des deux partis (démocrate et républicain) l'ont dit, de faire en sorte que les fuites ne soient pas tolérées, parce que des fuites peuvent mettre en danger des vies (...) et menacer notre sécurité nationale". Puis il a insisté sur le fait qu'il ne pouvait pas s'exprimer "sur une affaire spécifique".

Mails privés

Le Washington Post a affirmé dimanche, documents à l'appui, qu'un correspondant de la télévision Fox News, James Rosen, avait été visé en 2010 par une enquête sur des fuites sur la Corée du Nord impliquant un responsable du département d'État. Le quotidien a affirmé que le parquet fédéral avait utilisé les informations du badge magnétique d'accès de M. Rosen au département d'État, obtenu des relevés téléphoniques pour isoler l'origine des fuites et même obtenu un mandat pour accéder à sa boîte aux lettres électronique privée.

La révélation de cette affaire intervient une semaine après qu'AP eut annoncé que des relevés de 20 de ses lignes téléphoniques, à Washington et New York, utilisées par une centaine de journalistes sur une période de deux mois, avaient été saisis à la demande du parquet fédéral. Pour calmer la controverse, qui s'est ajoutée à l'affaire de Benghazi et au scandale du fisc, la Maison-Blanche a annoncé l'exhumation au Congrès d'une loi sur la protection des journalistes, alors qu'elle a été critiquée dans le passé par les défenseurs de la liberté de la presse pour sa lutte sans merci contre les fuites d'informations confidentielles.

Le général de Saint-Quentin, prochain patron du COS?


Photo: Grégoire de Saint-Quentin

Le général Grégoire de Saint-Quentin, 52 ans, sera probablement le prochain patron du Commandement des opérations spéciales, sans doute à l'été. Le général de Saint-Quentin commande actuellement l'opération Serval au Mali. A la tête des Eléments français au Sénégal (EFS) depuis 2011, c'est à ce titre qu'il a pris la responsabilité d'une opération au cours de laquelle les forces spéciales ont joué un rôle de premier plan. (On pourra lire ici l'interview qu'il a donné à Fréderic Pons de Valeurs actuelles)

Saint-Quentin les connait bien : il a notamment commandé le 1er RPIMa (2004-06) et servi au COS. "Para-colo", le "grand Saint-Quentin" comme on le surnomme dans les armées, a également servi au Rwanda, en 1994, au moment du déclenchement du génocide.

Sauf coup de théâtre, il devrait donc prendre les rênes du COS à la suite du général Christophe Gomart, même si le nom d'un autre officier de l'armée de terre circule également, Hugues Delort-Laval.

Le prochain G-COS (général commandant le COS) aura le rare privilège dans les armées de voir ses effectifs augmenter. Le Livre blanc prévoit en effet un effort en faveur des forces spéciales. Cela ne devrait pas se traduire par l'arrivée d'un régiment supplémentaire au sein du COS, comme certains l'espéraient, mais par un renforcement des moyens de commandement (état-major) et de soutien, afin de pouvoir mieux "durer" sur le terrain ou dans les centres de décision. "Nous avons assez de commandos, mais pas assez de spécialistes" assure-t-on dans les forces spéciales. Un effort en faveur des moyens aériens (hélicoptères et avions) est également attendu. La question des rapports avec le Service Action de la DGSE continuera de se poser.

Jean-Dominique Merchet

lundi 20 mai 2013

Moscou: l'agent de la CIA enquêtait sur les attentats de Boston





L'agent présumé de la Central intelligence agency (CIA), Ryan Christopher Fogle, pris en flagrant délit en train de recruter un Russe afin de le convertir en informateur, a été arrêté par le service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie dans la nuit de lundi à mardi 14 mai. Selon le quotidien russe Kommersant, mercredi 15 mai, l'espion présumé, qui était troisième secrétaire à la section politique de l'ambassade à Moscou, enquêtait sur les attentats qui ont frappé Boston le 15 avril 2013.

Au lendemain de l'attentat de Boston, perpétré par deux frères, les Tsarnaev, étant originaires du Caucase, les gouvernements américains et russes auraient décidé de faire coopérer leurs services de renseignement respectifs. Les agents de la CIA, dans le cadre de cette collaboration, se seraient rendus à Makhatchkala, la capitale du Daguestan d'où sont originaires les deux Tsarnaev. «On peut supposer que les Américains ont gardé les numéros de téléphone des représentants du FSB qui les accompagnaient et ils ont voulu s’en servir pour établir des contacts personnels», avance Kommersant, arguant que «les Américains avaient besoin d’un agent antiterroriste russe».

C'est ce qui se serait passé avec Fogle. Il aurait tenté de recruter un officier chargé de la lutte antiterroriste dans le Caucase russe. L'agent présumé a été remis aux autorités américaines mardi soir, il a fait l'objet d'une procédure d'expulsion du territoire russe.

dimanche 19 mai 2013

Le 5 mai 2013, François Hollande était personnellement "dans la boucle"


Le tir raté du missile M51, le 5 mai dernier, n'est pas élucidé. Mais des pistes s'ouvrent à la commission d'enquête.

Le dimanche 19 mai, les journalistes interrogeant avec Jean-Pierre Elkabbach le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian sur Europe 1 ne lui ont posé aucune question sur l'incident du M51. Raison de plus pour se demander quelle est la nature de l'accident qui a provoqué l'échec du tir de validation d'un missile M51 de série, le 5 mai dernier, au large du petit port breton de Penmac'h, dans le sud du Finistère. À ce stade, la commission d'enquête, réunie sous la présidence de l'ingénieur général de l'armement (IGA) Denis Plane, n'a pas encore abouti à des conclusions précises. Les techniciens de haut vol - militaires, industriels, ingénieurs de l'armement - réunis autour de l'IGA Plane auraient cependant à ce stade abouti à une première conviction, qui doit encore être confirmée : le bateau transportant et lançant le missile, le sous-marin nucléaire lanceur d'engins Le Vigilant, ne serait pas en cause dans l'accident.

Sous-marin hors de cause

Si tel avait été le cas, l'échec de ce tir aurait été considéré comme une "énorme catastrophe" par les experts militaires et industriels : la composante sous-marine de la dissuasion nucléaire, clé de voûte de la défense française, se serait alors trouvée durablement compromise. Selon nos informations et à ce stade - soyons prudents ! -, les causes du problème du M51 sont recherchées dans une ou plusieurs anomalies de fonctionnement de certains de ses équipements, gyrolasers et calculateurs de bord, notamment. Mais les enquêteurs sont encore dans le flou et seraient incapables à ce stade de déterminer, dans l'hypothèse d'un problème informatique, s'il concerne l'équipement (hardware) ou un élément logiciel (software).

Tir en conditions réelles

L'échec du tir du 5 mai est d'autant plus dommageable qu'il était en réalité une première depuis que la force de dissuasion existe. Jamais depuis l'entrée en service du premier SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d'engins) français Le Redoutable, en décembre 1971, un tir n'avait été préparé dans les conditions réelles d'un lancement stratégique inopiné depuis un sous-marin en patrouille opérationnelle. Cela veut dire que le missile stocké sur le site-bunker de Guenvénez, à quatre kilomètres de l'île Longue, avait été transporté vers Le Vigilant dans des conditions et un timing "opérationnels", avant d'être embarqué à bord du sous-marin qui a ensuite quitté la rade de Brest, dans les mêmes conditions que pour une mission classique. Pour que ce tir soit "réel", il fallait que l'ordre du feu nucléaire le soit aussi.

François Hollande à la manoeuvre 

Pour cette raison, le président de la République François Hollande se trouvait personnellement "dans la boucle". Dans des conditions et dans une situation que nous n'avons pas déterminées, le chef des armées a donc utilisé en personne le code d'accès au feu nucléaire. Il a transmis ses instructions par des moyens classifiés exigeant une chaîne de communication protégée permettant à la "chaîne stratégique" de s'assurer qu'il se trouvait bien aux commandes, avant d'appuyer sur le "bouton rouge". L'agenda du président ne mentionne aucune activité officielle pour la journée du 5 mai. On peut gager que vers 9 heures, entouré de son chef d'état-major particulier, l'amiral Benoît Puga, et de l'adjoint de celui-ci, le capitaine de vaisseau Bernard-Antoine Morio de L'Isle - un sous-marinier chargé, entre autres, des affaires nucléaires militaires -, le chef de l'État était à son affaire quand il a appuyé pour de vrai sur le bouton rouge. Qui lui a annoncé l'échec ? Comment François Hollande a-t-il réagi ? Sans doute pas très bien...

Autodestruction

Les tirs nucléaires de missiles sous-marins sont très particuliers : le ciblage de l'engin est programmé sans que l'équipage sache vers quelles cibles ses têtes nucléaires seront tirées. Après que l'ordre de mise à feu a été reçu par le commandant du submersible, qui exécute en personne la directive présidentielle, l'engin quitte le navire en étant expulsé par une puissante "chasse" d'air comprimé. Le premier étage ne s'allume que lorsque le missile est complètement sorti de l'eau, comme le montre une vidéo du fabricant Astrium, une filiale d'EADS, visionnée le 18 mai vers 23 heures. Dès lors que le coup est parti, plus personne ne peut l'arrêter et aucune instruction extérieure ne peut plus être reçue par l'engin, qui n'émet pas non plus la moindre donnée. Pour cette raison, le communiqué officiel publié après l'échec évoque à juste titre une "autodestruction" qui s'est produite sans intervention humaine.

Pas de boîte noire

Le missile ne contient aucune "boîte noire". Pour les artisans de la filière militaro-nucléaire française - Direction générale pour l'armement DGA, marine nationale, industriels -, crème de la crème de l'appareil militaro-nucléaire français, l'échec n'est pas une option ! A tel point que les sites du ministère de la Défense n'ont pas été mis à jour après l'accident du 5 mai. Sur le portail de la DGA, on peut encore lire ce dimanche matin, à propos de la plus puissante des armes françaises, que "tous les essais en vol du M51 ont été des succès complets"...

Jean Guisnel