Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 25 février 2012

L'affaire Natascha Kampusch




Huit ans de calvaire

Le récit avait frappé de stupeur l’Autriche et le monde entier. En 2006, la jeune Natascha Kampusch s’échappe d’une cave de Strasshof, près de Vienne. Tous la croient morte. Elle a 18 ans, dont huit passés à la merci de Wolfgang Priklopil. C’est cet homme qui l’a enlevée un jour de 1998, alors qu’elle se rendait à l’école. Le soir même de l’évasion, le corps de l’électricien de 44 ans est retrouvé sur une voie de chemin de fer. La jeune femme a raconté son calvaire dans le livre «3096 jours».  

Le dossier de Natascha Kampusch, séquestrée à l’âge de 10 ans et gardée captive pendant huit années, semble prendre une nouvelle tournure. La police allemande s’intéresse à une vidéo pédophile où l’on verrait l’Autrichienne et son ravisseur.


C’est un graphiste allemand, Thomas Vogel, qui a annoncé détenir la séquence. Pourtant, l’homme ne comprend pas pourquoi les autorités ne s’intéressent que maintenant à cette archive. Il avait en effet communiqué à la police, il y a deux ans, l’existence de ces images. «J’ai obtenu la vidéo via mon entreprise d’hébergement web. Il semble que ce soit un proche du ravisseur Wolfgang Priklopil qui me l’a transmise», a-t-il déclaré au Sudkurier.

Quoi qu’il en soit, pour cet habitant de Tengen (Constance), c’est la preuve qu’un témoin ou un complice intervient dans cette affaire de rapt. Natascha Kampusch avait toujours affirmé que son bourreau avait agi seul. Le procureur autrichien en charge de l’affaire a justement annoncé, samedi, que l’ami de Wolfgang Priklopil, Ernst Holzapfel, est soupçonné d’être impliqué dans le kidnapping. L’homme avait reconnu avoir rencontré Natascha Kampusch en compagnie de son ravisseur. Mais il avait prétendu ne pas savoir qu’elle avait été enlevée.


Le plus proche ami de Wolfgang Priklopil, l'homme qui avait séquestré durant plus de huit ans la jeune autrichienne Natascha Kampusch, a été entendu durant neuf heures par le parquet de Vienne qui le soupçonne de complicité.


Récemment mis en examen dans ce dossier, trois ans après la spectaculaire évasion de la jeune femme, Ernst H. a été auditionné vendredi jusqu'à une heure avancée de la nuit, a confié son défenseur, Manfred Ainedter.

«Je pense que nous avons pu éclaircir la plupart des points», a assuré l'avocat, interrogé par l'agence APA. Le parquet de Vienne n'a pu être joint samedi pour confirmer ces informations.

En 2006, la justice autrichienne avait conclu que Priklopil, qui s'était suicidé après l'évasion de sa victime le 26 août 2006, avait agi seul. Ernst H. avait reconnu avoir rencontré Priklopil entre le moment de l'évasion et le suicide, mais n'avait alors été entendu qu'à titre de témoin.

La justice souhaite aujourd'hui qu'il s'explique sur des dépositions contradictoires et sur des transferts d'argent qu'il avait effectués au profit du ravisseur, son associé dans une affaire immobilière.

Dans une interview devant être diffusée sur la télévision publique autrichienne ORF lundi 16 novembre, Natascha Kampusch, 21 ans, a répété n'avoir jamais eu connaissance de complicités, selon des extraits diffusés vendredi.

Selon Me Ainedter, la jeune femme a elle aussi été réentendue vendredi par le parquet de Vienne, mais sans y croiser Ernst H.

Le dossier avait été réouvert en octobre 2008 pour établir si Priklopil n'avait tout de même pas bénéficié de complicités. Au printemps dernier, une commission d'enquête avait jugé probable que plusieurs personnes étaient au courant de la séquestration.

Natascha Kampusch avait été enlevée à l'âge de dix ans sur le chemin de l'école à Vienne en mars 1998 et séquestrée dans un cachot construit dans la cave du pavillon de Priklopil à Strasshof, dans la grande banlieue de la capitale autrichienne.


Natascha Kampusch, la jeune Autrichienne enlevée à l'âge de 8 ans par Wolfgang Priklopil, qui l'avait séquestrée durant plus de huit ans près de Vienne avant qu'elle ne parvienne à s'enfuire, a démenti lundi la thèse de l'existence d'un complice lors de son enlèvement.


La jeune femme était interrogée par la chaîne de télévision publique ORF2 suite à la longue audition vendredi de l'ami de son ravisseur, Ernst H par le parquet de Vienne, ainsi que sur les nouvelles auditions comme témoin auxquelles elle a été soumise à deux reprises la semaine dernière.




Trois ans après son évasion et le suicide le même soir de son ravisseur le 23 août 2006, la justice autrichienne avait décidé en octobre 2008 de rouvrir l'enquête pour vérifier une nouvelle fois si le ravisseur avait eu un complice, comme l'affirme toujours une femme témoin de l'enlèvement. Au printemps dernier, une commission d'enquête avait jugé probable que plusieurs personnes étaient au courant de la séquestration.

«J'ai été enlevée par un seul ravisseur», a-t-elle réaffirmé en ne s'expliquant pas comment ce témoin, une enfant à l'époque des faits, peut continuer à affirmer avoir vu deux hommes dans la camionnette lors de l'enlèvement.

A la question de savoir si Ernst H. a été le complice du ravisseur Wolfgang Priklopil, un agent immobilier de 44 ans, elle a répondu «l'enquête le dira».

Elle-même ne l'a rencontré qu'une fois, en 2006, «lorsque le ravisseur a voulu m'intégrer dans une vie normale». Il l'avait fait sortir du cachot aménagé dans le sous-sol de sa maison de Strasshof dans la grande banlieue de Vienne, pour la présenter comme une voisine à son ami Ernst H. «La rencontre s'est limitée à une poignée de main», a-t-elle dit, «ensuite je suis restée enfermée jusqu'à mon évasion».


Le policier qui menait les investigations sur cette affaire d'enlèvement, a été retrouvé mort à son domicile


L'inspecteur, âgé de 58 ans, a eu recours à son arme de service pour mettre fin à ses jours, selon le Telegraph.

Franz Kröll avait mené l'enquête sur l'enlèvement de Natascha Kampush. La jeune Autrichienne, qui avait 10 ans au moment des faits, avait été séquestrée huit ans, jusqu'à ce qu'elle réussisse à prendre la fuite. L'enquêteur ne s'était jamais remis de l'échec de ses investigations et était en dépression.


Natascha Kampusch, publie son autobiographie


La jeune femme y raconte en 284 pages son enlèvement en mars 1998 sur le chemin de l'école, les violences physiques et morales que lui a fait subir pendant huit ans Wolfgang Priklopil, dans une cave de son pavillon à Strasshof, dans la banlieue de Vienne, et dont elle a fini par s'échapper le 23 août 2006.

Selon des extraits publiés dans les journaux autrichiens, elle décrit la «prison psychique» dans laquelle son bourreau l'avait enfermée, victime de coups et d'humiliations: «Il l'a fait plusieurs fois: me jeter nue à la porte de la maison, en me disant: Enfuis- toi. Voyons jusqu'où tu peux aller.»

«Amour dérangé»
Natascha Kampusch, aujourd'hui âgée de 22 ans, parle de «l'amour dérangé de Priklopil», qui malgré les abus sexuels recherchait autre chose: «L'homme, qui me battait, m'enfermait dans sa cave et me laissait mourir de faim, voulait être cajolé».

«Il voulait avoir quelqu'un pour qui il serait la personne la plus importante au monde. Il semble n'avoir trouvé aucun autre moyen que d'enlever une timide enfant de dix ans», relate-t-elle.

Réduite à l'état d'esclave, les cheveux parfois rasés pour qu'on ne la reconnaisse pas lors des rares sorties de la cave, Natascha est renommée à onze ans «Bibiana» par son bourreau. «Dans la cave, j'étais Bibiana. Elle était plus patiente», a expliqué la jeune femme dans une interview au quotidien «Kurier».

Paranoïaque, anorexique, mysogine
Poussée selon ses propres dires par le besoin de «se débarrasser» de son histoire, la jeune femme dresse en négatif le portrait de son ravisseur, un paranoïaque, voulant tout contrôler, anorexique et misogyne.

Natascha Kampusch a co-écrit ce livre, tiré à 50'000 exemplaires, avec deux femmes journalistes. Elle a prévu d'en lire des extraits au public mercredi soir dans une librairie à Vienne.


Natascha Kampusch, accuse la police de négligence.


«A quel point le ravisseur était près de se faire arrêter, si la chose avait été prise au sérieux, je ne l'ai appris qu'après ma captivité», raconte la jeune femme, aujourd'hui âgée de 22 ans, dans son livre intitulé «3096 Tage» (3096 Jours), soit la durée de sa détention.

Natascha Kampusch y évoque ses premiers jours dans le réduit de 5 m2 aménagé sous le pavillon de Strasshof, près de Vienne, où son ravisseur, Wolfgang Priklopil, l'a séquestrée après l'avoir enlevée sur le chemin de l'école.

Alors âgée de 10 ans et grande amatrice de séries policières, elle imaginait depuis son sous-sol comment la police tentait de la sauver, notamment en cherchant des traces ADN ou des morceaux de tissu de ses vêtements.

«Mais en surface, la réalité était bien différente: la police n'a rien fait de tout ça», assène-t-elle dans l'ouvrage paru mercredi en Autriche.

«Comme une criminelle»
Des agents se sont bien rendus chez Priklopil quelques jours après sa disparition, ils ont inspecté son domicile et son véhicule, celui-là même qui a servi à l'enlèvement. Priklopil n'avait pas d'alibi pour ce jour-là, mais la police n'a pas suivi cette piste.

A son évasion, Natascha n'a pas été mieux traitée: réfugiée dans le jardin d'une voisine à qui elle a demandé de prévenir la police, elle voit deux voitures arriver et un agent lui intimer l'ordre de ne pas bouger et de lever les mains en l'air.

«Avec les bras en l'air comme une criminelle, j'ai expliqué à la police qui j'étais», raconte-t-elle, en ajoutant: «ce n'est pas ainsi que j'avais imaginé mes premiers instants de liberté.»

Lors de la description de ses huit ans de calvaire et son évasion aux policiers, elle a ressenti une certaine hostilité du fait qu'elle se soit évadée seule: «Ils (les policiers) n'étaient dans ce cas pas les sauveurs, mais ceux qui avaient échoué pendant des années» à la délivrer.

Attitude ambigüe
Natascha Kampusch a raconté avoir pleuré quand elle a appris que Priklopil s'était suicidé en se jetant sous un train, le jour de son évasion.

«Avec ma fuite, je ne me suis pas seulement libérée de mon ravisseur, j'ai aussi perdu une personne avec laquelle j'avais été, par la force des choses, très proche», écrit-elle dans son autobiographie.

Cette attitude ambiguë a alimenté les spéculations, laissant entendre qu'elle aurait sympathisé avec son ravisseur et protègerait des complices.

Des coups et des sévices
Natascha, elle, dénonce également cette théorie du complot: «Il semblerait qu'il soit plus facile pour les autorités de croire à une conspiration autour de ce crime que d'admettre n'avoir pas trouvé pendant tout ce temps le criminel, qui était seul et avait l'air inoffensif».

Elle n'est pourtant pas tendre avec le ravisseur, souvent qualifié de «paranoïaque», en relatant dans le détail les violences physiques - «en date du 23.08.2005: au moins 60 coups dans le visage, avec son poing sur la tête à en provoquer des nausées, 70 coups de genou sur le coccyx...» - et privations: «je n'avais plus que la peau sur les os... et mon corps présentaient des taches comme celles trouvées sur les cadavres.»

Elle relate également ses tentatives de suicides, mais ne détaille à aucun moment dans son livre des sévices sexuels subis, arguant simplement: «Je veux me préserver un dernier coin de ma sphère de vie privée.»


Les autorités autrichiennes ont refusé d'indemniser celle qui fut enlevée et séquestrée pendant huit ans avant d'échapper à son ravisseur en août 2006


Natascha Kampusch, aujourd'hui âgée de 23 ans, avait déposé en février au ministère de l'Intérieur une demande d'indemnisation à hauteur d'un million d'euros, pointant du doigt les défauts de l'enquête et des pistes non suivies qui auraient pu, selon son avocat, lui permettre d'échapper à son ravisseur, Wolfgang Priklopil.

Le ministère de l'Intérieur a estimé qu'il n'y avait pas de «soupçons fondés» contre celui qui s'est avéré ensuite être le ravisseur et que la poursuite de l'enquête n'avait donc pas été jugée nécessaire.

«Ce refus n'est pas inattendu, mais Natascha Kampusch avait espéré que le ministère de l'Intérieur serait prêt au moins à faire un geste symbolique d'indemnisation, au vu des nombreuses négligences et erreurs dans l'enquête», a commenté mardi Maître Ganzger dans un communiqué.

La jeune femme «ne veut pas intenter de procès qui durerait des années et lui pèserait trop lourd», a-t-il ajouté.

Il a précisé que Natascha Kampusch ne comptait pas garder pour elle l'argent issu d'une éventuelle indemnisation, mais qu'elle souhaitait financer un projet caritatif d'aide aux femmes et aux enfants des milieux défavorisés.

Dans son autobiographie publiée à l'automne dernier, Natascha Kampusch dénonçait déjà les lacunes dans l'enquête de la police. Des enquêteurs se sont rendus dans les jours suivant l'enlèvement au domicile de Wolfgang Priklopil à Strasshof, dans la banlieue de Vienne, où elle était séquestrée, mais n'ont ensuite pas suivi cette piste.


Mécontent du travail de la justice, le parlement autrichien souhaite reprendre l'affaire Kampusch. Il s'agira de découvrir si Natascha Kampusch a eu un enfant avec son ravisseur


L'affaire Kampusch est loin d'être bouclée. Les investigations de la police autrichienne et du Ministère public n'ayant apporté que peu de réponses, c'est au tour du parlement de reprendre l'affaire en main, écrit «20 Minuten». Il s'agira notamment d'éclaircir plusieurs points de l'affaire qui sont restés inexpliqués. Un comité parlementaire, présidé par le député du parti populaire autrichien (övp) Werner Amon, a été mis en place.

Questions ouvertes
Le chef du parti libéral autrichien (fpö) Christian Heinz a salué cette réactivation de l'affaire Kampusch. «J'espère que cela permettra de répondre aux nombreuses questions restées ouvertes jusqu'à maintenant. Il s'agira notamment de revenir sur les pas des enquêteurs ayant investi la maison du ravisseur Wolfgang Priklopil.» Les agents auraient affirmé avoir retrouvé la maison en désordre. Mais le ravisseur était connu pour être un grand maniaque de l'ordre et de la propreté. De plus, trois des six chambres que comptait la propriété n'auraient pas été fouillées correctement. Dans une de ces trois chambre, les enquêteurs auraient retrouvé un mouchoir utilisé dans la poubelle. Mais aucune analyse ADN n'a été effectuée. Et c'est précisément à ce genre de question qu'essaiera de répondre le comité.

Un enfant?
Le comité souhaite aussi, une fois pour toute, vérifier l'hypothèse selon laquelle Natascha Kampusch aurait eu un enfant avec son ravisseur. Selon le comité, beaucoup d'indices iraient dans ce sens. Dans la cave de la maison de Wolfgang Priklopil à Strasshof, les enquêteurs auraient retrouvé une mèche de cheveu ainsi qu'un livre sur les nouveau-nés. «Qu'en est-il de cet enfant? Si il vit, alors chez qui?», s'interroge Dagmar Belakowitsch, une membre du comité.

Un éventuel complice
Un témoin ainsi qu'un enquêteur avait affirmé, lors de l'interrogatoire, qu'ils soupçonnaient l'existence d'une deuxième victime. Le lieu de détention de Natascha Kampusch ne pouvait d'ailleurs pas se fermer à clé. C'est pour cela que la fpö part maintenant du principe que Wolfgang Priklopil avait un complice. Des versements à son ami Ernst H. ainsi qu'un compte en banque renforcent ces soupçons. La justice autrichienne avait également confisqué une vidéo montrant Natascha Kampusch avec deux hommes. La commission parlementaire se demande notamment pourquoi la victime n'a jamais été confrontée avec ces enregistrements.

Un enquêteur mort
Autre point mystérieux dans cette affaire: la mort de Franz Kröll, un enquêteur chargé de l'affaire. Ce dernier avait raconté à un journaliste qu'il était sur le point de résoudre l'affaire Kampusch. Peu de temps après, il est mort. Un suicide, selon les sources officielles.


Fou de BMW, solitaire et minutieux, tels sont les traits caractéristiques du ravisseur de Natascha Kampusch. Mais qui était-il vraiment? A-t-il agi seul durant toutes ces années?


Wolfgang Priklopil n'avait pas encore 36 ans lorsqu'il a enlevé la petite Natascha Kampusch, âgée de 10 ans en 1998. Durant quelque 3'096 jours, il a tenu la jeune fille en captivité dans sa maison, rue Heine 60, à Vienne, avant de mettre fin à sa vie en se jetant sous un train. Six ans après sa mort, le 23 août 2006, et malgré l'enquête en cours, Priklopil reste toujours un mystère.


Le ravisseur a fait son apprentissage en tant qu'ingénieur en communication chez Siemens. Dans sa boîte, le jeune homme passe pour un particulier, qui préfère éviter tout contact social. Solitaire, il est obsédé par la propreté et cultive l'ordre autant que son amour pour les BMW. Chaque jour, il note méticuleusement ce qu'il vit dans un journal intime. C'est en 1982 qu'il fait la connaissance d'Ernst H.*, qui devient son partenaire en affaires ainsi que son ami.

Pour Priklopil, la famille est importante. «Pour autant que je sache, il rendait visite à sa grand-mère plusieurs fois par semaine», a affirmé Ernst H. à la police lors d'un interrogatoire. «Et il se rendait presque tous les jours sur la tombe de son père.» En outre, le ravisseur entretenait d'excellentes relations avec sa mère Waltraud. Cette dernière se rendait parfois chez son fils. Comme elle le relate dans sa biographie «3096 jours», Natascha Kampusch devait ranger la maison et faire disparaitre toute trace de son existence, avant d'être ramenée dans son lieu de détention.

Priklopil, seul à son enterrement
Ernst H. était le seul ami de Priklopil. Selon des témoignages récoltés par la police, «les deux formaient la paire». Ils ne se voyaient pas uniquement pour des raisons professionnelles, mais passaient parfois leur temps libre ensemble -ils partaient notamment skier entre amis. Il est donc étonnant que la soeur d'Ernst H., Margit W., n'ait pas bien connu et peu fréquenté Priklopil. Plus incompréhensible encore, le fait qu'elle se soit occupée des obsèques du ravisseur, une tâche normalement dévolue à la mère du défunt. Le corps de Priklopil gît à présent parmi dans le caveau familial de la famille de Margit et Ernst, malgré l'attachement manifeste du ravisseur aux membres vivants et défunts de sa propre famille.

Lors d'une audience en octobre 2009, Ernst H. a déclaré avoir eu connaissance de la tendance pédophile de Priklopil. Ce dernier possédait selon lui de la pornographie enfantine et des vidéos porno. Du matériel qu'il a toujours caché avec soin à sa mère. «Il n'a jamais dissimulé son désir d'avoir une jeune fille vierge dans son lit». Des préférences qui étaient connues par d'autres, semble-t-il.

Le 14 avril 1998, quelques semaines seulement après l'enlèvement, le chef de file de la police avait dit suspecter qu'une personne résidant dans la commune de Strasshof soit liée à la disparition de Natascha Kampusch. Selon lui, la personne pouvait avoir des penchants pédophiles. Cependant, la piste n'a jamais abouti, et le calvaire de Natascha s'est prolongé jusqu'en 2006.

Le corps rasé
Priklopil souffrait de problèmes relationnelles avec les femmes. Une connaissance de Priklopil, Rudolf H.*, a affirmé à la police que le ravisseur avait l'obésité en horreur. «Je sais seulement qu'il n'aimait pas les femmes fortes, et qu'il avait une préférence pour les blondes aux yeux bleus», a-t-il ajouté. Natascha Kumpusch a attesté ces particularités lors d'une interview télévisée. Pour reprendre ses mots, Priklopil transférait son anorexie sur elle. Il l'a parfois laissé mourir de faim, avant de la dorloter à nouveau. Entre 2000 et 2004, Natascha a dû se raser le corps entièrement, comme elle l'a certifié lors d'une audience le 15 septembre 2006.

Kampusch destinée à quelqu'un d'autre?
L'enquête n'a pu encore déterminer si la victime était destinée exclusivement à Priklopil. Dans sa biographie, Natascha Kampusch parle à plusieurs reprises de tiers. Dans les instants qui ont suivi le kidnapping, Priklopil avait déclaré: «Je t'amène maintenant dans la forêt, et te transmets aux autres. Après, je n'ai plus à rien à voir avec cette situation».

Natascha Kampusch laisse entendre dans son livre que le projet de son ravisseur a avorté. «Je ne me souviens pas combien de temps nous avons roulé. Nous étions dans une forêt de pins comme il y en a beaucoup dans les environs de Vienne. A un moment donné, il a coupé le moteur et a téléphoné. Quelque chose semblait avoir mal tourné. Il a grommelé: 'Ils ne viennent pas, ils ne sont pas ici'. Il a redémarré et a continué sa route.»

Priklopil pas préparé?
Comme le décrit Natascha Kampusch dans son livre, Priklopil a dû improviser. Après avoir garé sa camionnette blanche dans son garage, dans la commune de Strasshof, le ravisseur a enveloppé sa captive dans une couverture et l'a enfermé dans une pièce sans fenêtres. Puis il s'est rendu à Vienne, afin de ramener un matelas. De toute évidence, l'homme ne s'attendait pas à devoir s'occuper de la jeune fille.

Johann Rzeszut, ancien président de la Cour suprême de Vienne, a indiqué à 20 minuten online ne pas savoir si, au moment de l'enlèvement, la prison de Natascha était prête ou non. «C'est une question ouverte», assure-t-il.

De toute évidence, l'enlèvement ne s'est pas déroulé selon le plan initialement prévu. Natascha Kampusch n'a pas souhaité fournir plus de détails sur cette énigme à 20 minuten Online. Comme l'a expliqué Wolfgang Brunner, responsable des affaires médiatiques de la jeune fille, Mme Kampusch ne donne pas d'interview. Elle a expliqué le cours de son enlèvement une centaine de fois dans les médias, et sa biographie fournit la même version que ses dires.»

De son côté, Ernst H., jouissant d'une présomption d'innocence, n'a pas souhaité prendre position non plus. Son avocat Manfred Ainedter a déclaré que son client ne pouvait et ne voulait pour l'heure pas s'exprimer sur l'affaire.


De nouveaux documents remettent en cause la version officielle du suicide de Wolfgang Priklopil, le ravisseur de Natascha Kampusch


L'ancien président de la Cour suprême de Vienne, Johann Rzeszut, fait partie de ceux qui remettent en cause la version officielle. Pour l'ancien membre de la commission d'évaluation de l'affaire Kampusch, les adieux écrits laissés par Wolfgang Priklopil iraient à l'encontre de la théorie du suicide. «Les doutes sur la théorie du suicide sont légitimes. J'en doute d'ailleurs personnellement», explique l'ancien magistrat. Pour lui, la lettre d'adieu est un élément décisif: «Selon la déposition d'Ernst H.*, seul ami de la victime, Wolfgang Priklopil aurait rédigé cette lettre à l’intention de sa mère, mais se serait arrêté après le mot 'Mama'. D'après mon expérience, un homme de 40 ans qui veut dire adieu à sa mère écrit au moins deux ou trois phrases. Du genre: "je n'en peux plus, je suis désolé" ou alors "merci pour tout".» Le rapport graphologique va dans le même sens en démontrant qu'il est fort improbable que Wolfgang Priklopil soit l'auteur de sa lettre d'adieu. Les experts reconnaissent en revanche de fortes similitudes avec l'écriture de son meilleur ami, Ernst H.

Une dépouille presque intacte
L’image de la dépouille de Priklopil sur les rails que nous avons pu nous procurer révèle un autre élément troublant. La tête et le corps ont été sectionnés de manière nette et sont quasi intacts. D’après des spécialistes, il est impossible qu’un corps écrasé par un train ressemble à celui de la photo. Lors du drame, la locomotive était équipée de grilles en forme de râteaux situés à 13 cm des voies. La tête et le corps de la victime auraient donc dû être déchiquetés.

Lors de l’enquête, Franz Kröll, le policier chargé de l'affaire et décédé entre-temps, s’était penché sur cet élément. Selon nos informations, Franz Kröll avait l’impression d’assister à une mise en scène. Il en avait d'ailleurs informé son équipe et s’interrogeait sur le fait que le corps de Priklopil était déposé d'un côté des rails et sa tête de l'autre. «Comme si quelqu'un avait voulu que Wolfgang Priklopil soit reconnu directement, sans qu'on ait besoin de faire des analyses sanguines. Une personne qui se suicide saute sous un train et son cadavre est dispersé sur des kilomètres. Ici, ça ne ressemble pas du tout à ça», avait alors estimé Franz Kröll.

«20 Minuten» a rencontré à Vienne le frère de Franz Kröll, qui insiste sur ce point: «Mon frère disait que les suicidaires ne posent d'habitude par leur tête sur les rails. Je pense qu'Ernst H. devait tuer Wolfgang Priklopil pour éviter qu'il ne parle.»

Zones d'ombre

A ce jour, d’autres zones d’ombre n’ont pu être éclaircies. Par exemple, l’employé des chemins de fer qui a découvert le corps sous son train n’a jamais été interrogé. On ne sait donc pas s’il y avait beaucoup de sang autour du corps. Un élément qui permettrait de confirmer que Priklopil est bel et bien mort sur les lieux.
Priklopil s'est-il vraiment jeté sous un train? Etait-il déjà mort quand il a été écrasé? A-t-il d'abord été drogué par son meurtrier? Une dernière question impossible à vérifier car aucun prélèvement sanguin n'a été fait après sa mort.

Ernst H. n'a pas souhaité s'exprimer sur ce sujet. Son avocat, Manfred Ainedter, contacté par 20 Minuten Online, indique que l’ami de Priklopil ne veut ni ne peut aborder cette affaire pour l’instant.


La justice autrichienne cherche à déterminer d'éventuels complices dans la séquestration de Natascha Kampusch


Entre la police autrichienne accusée de négligences lors de l'enquête, et les propos parfois incohérents tenus par la victime, l'affaire Natascha Kampusch a subi de nombreux rebondissements. Le nombre de personnes impliquées dans la séquestration, le suicide du ravisseur puis de l'enquêteur Franz Kröll, la relation entre Natascha Kampusch et son bourreau sont autant de questions en suspend.

20minutes Online, en menant une enquête sur le terrain, a eu accès à de nombreux fichiers secrets sur l'affaire Kampusch. Divers documents mettent notamment au jour plusieurs incohérences dans les propos tenus par Natascha Kampusch lors de ses auditions judiciaires. En outre, de nombreux documents mettent en lumière les étapes de l'enquête policière autour de l'affaire. 20minutes Online a effectué des recherches durant plusieurs semaines, suivi des traces dans et autour de Viennes, et a visité les principaux lieux dans lesquels l' affaire s'est déroulée. En plus de l'interview de nombreux témoins, 20minutes Online a effectué des entretiens avec des hommes politiques autrichiens, tels que l'ancien chef de la justice, ou encore le frère du directeur de la SOKO.

Des suicides déguisés?
Le cas Kampusch a pris une tournure encore plus tragique le 25 juin 2011, alors que le colonel Franz Kröll, chargé de l'enquête, est retrouvé mort sur la terrasse de son appartement, son revolver de service à la main. Quelques jours auparavant, il avait annoncé subir des entraves dans son enquête. La thèse du suicide de Priklopil et de l'enquêteur, soutenue par certains, ne convainc cependant pas tout le monde.

L'ancien président de la Cour suprême de Vienne, Johann Rzeszut, fait partie de ceux qui remettent en cause la version officielle. Pour l'ancien membre de la commission d'évaluation de l'affaire Kampusch, les adieux écrits laissés par Wolfgang Priklopil iraient à l'encontre de la théorie du suicide. Rzeszut, dans une lettre destinée au Parlement, avait d'ailleurs critiqué avec véhémence le travail de certains procureurs et avait demandé de rouvrir le dossier.

Dans une interview qu'il avait accordée à 20Minutes, l'ancien président de la Cour suprême avait expliqué que continuer l'enquête qui a amené à la mort du colonel Kröll était pour lui une question de conscience.

«Les doutes sur la théorie du suicide sont légitimes. J'en doute d'ailleurs personnellement», avait expliqué l'ancien magistrat au sujet du ravisseur. Pour lui, la lettre d'adieu est un élément décisif: «Selon la déposition d'Ernst Holzapfel, seul ami de la victime, Wolfgang Priklopil aurait rédigé cette lettre à l’intention de sa mère, mais se serait arrêté après le mot 'Mama'. D'après mon expérience, un homme de 40 ans qui veut dire adieu à sa mère écrit au moins deux ou trois phrases. Du genre: "je n'en peux plus, je suis désolé" ou alors 'merci pour tout'.»

Le rapport graphologique allait dans le même sens en démontrant qu'il est fort improbable que Wolfgang Priklopil soit l'auteur de sa lettre d'adieu. Les experts reconnaissent en revanche de fortes similitudes avec l'écriture de son meilleur ami, Ernst H.

Pourquoi maintenant?
20Minutes a décidé de publier ses résultats dès maintenant, pour plusieurs raisons. Pour commencer, les députés ont pris des mesures sur l'affaire Kampusch. Le Sous-Comité permanent de la commission de l'Intérieur travaille actuellement sur l'affaire, dans le secret. Les politiciens se sont procurés l'ensemble des documents, des rapports et entrevues déjà réalisés. Werner Amon, directeur du sous-comité, a récemment déclaré au sujet de l'enquête: «Il y a des résultats surprenants, qui restent cependant encore secrets. Le voile sera levé en avril.»

Les données rassemblées par le 20minutes dans son enquête donnent une lumière tout à fait différente à l'affaire Kampusch. L'enquête a reconstruit une fresque complète, qui s'appuie sur des preuves concrètes, des fichiers fiables et des questions audacieuses. Par exemple, 20minutes s'est demandé si Natascha Kampusch se sentait mieux auprès de son ravisseur qu'à la maison. Pourquoi les autorités ont mis toute leur foi dans le témoignage du seul témoin oculaire de l'enlèvement, aussi peu fiable soit-il? En effet, Ishtar A., du haut de ses 12 ans, avait assuré avoir aperçu deux hommes dans la camionnette blanche qui a servi à l'enlèvement de la jeune fille. Que savait exactement le meilleur ami du ravisseur Ernst Holzapfel au sujet de la séquestration de la jeune fille? Pourquoi l'affaire Kampusch semble-t-elle liée à un réseau d'exploitation sexuelle? Et pourquoi le politique se mêle-t-il à cette saga judiciaire?

20minutees dévoile les dessous de l'affaire Kampusch. Jamais l'histoire n'a été décortiquée d'une façon aussi complète et à si grande échelle. 20minutes vous dévoile tout ce qui n'a pas pu être dit jusqu'à présent.


Natascha a connu une enfance tourmentée, ballottée entre une mère violente et un père alcoolique


Natascha Kampusch n'a pas eu une enfance des plus heureuses. Lorsque la jeune fille parle de sa jeunesse, les termes de «conflit», «douleur» ou «détresse» reviennent de façon récurrente. A la maison, elle estime avoir manqué de sécurité et de stabilité. Comme elle l'explique dans sa biographie, «3096 jours», la séparation de ses parents, cinq ans avant son enlèvement, a provoqué un changement dans l'attitude de sa mère.

 Brigitta Sirny a en effet transféré sa frustration sur sa petite fille. Natascha dit avoir subi une forme quotidienne de violence, notamment par une «combinaison fatale d'oppressions verbale et classique, à savoir les claques. Elle m'a montré qu'en tant qu'enfant, j'étais la plus faible.»

Les rapports issus des interrogatoires menés par la police attestent également, à travers certains témoignages, que la petite Natascha était battue régulièrement par sa mère. Souvent seule dans l'appartement familial, la petite était parfois prise en charge par sa voisine Brigitte Weber. Lors d'une audition qui a fait suite à la disparition de Natascha, la voisine s'est rappelée avoir découvert une coupure d'environ 15 centimètres le long du dos de la jeune fille. Sa mère lui aurait infligé cette blessure lors d'une crise de colère durant laquelle elle avait fracassé la plaque en verre d'une table de séjour.

Etranges clichés
Outre un passé marqué par la violence, une série de clichés particulièrement étranges montrent Natascha dans des poses perverses. Sur l'une des images, la petite est couchée dans une position de diva, avec pour seuls habits une étole de fourrure, des bottes cavalières qui lui montent au-dessus des genoux, et un fouet. «Ce ne sont pas des images que l'on classerait dans les photos de famille traditionnelles», commente le député autrichien Werner Amon, directeur de la sous-commission parlementaire responsable de l'affaire Kampusch. De son côté, Johann Rzeszut, ancien président de la Cour suprême à Vienne, en convient. «Ce sont des photos d'enfant qui vont au-delà du cadre acceptable.»

De Sirny à Koch, de Koch à Kampusch
Natascha Kampusch vient au monde dans une structure familiale passablement éclatée. La mère, alors âgée de 38 ans, a déjà deux filles issues de son premier mariage avec Johann Sirny, à savoir Claudia, 20 ans, et Sabine, 16 ans. En 1970, Brigitta Sirny divorce pour épouser le frère de son premier époux, Herbert Sirny. Puis elle habitera avec Ludwig Koch, dans un bâtiment simple, en dalles. C'est de cette dernière relation inattendue qu'est née Natascha, le 17 février 1988. L'enfant illégitime porte le nom de famille Kampusch, le patronyme de Brigitta.

«Ma mère ne s'attendait pas à retomber enceinte», explique Natascha dans son livre. Son père, Ludwig Koch, avait repris la boulangerie de son père et menait un train de vie chaotique. «La nuit, il arpentait les bars en compagnie de ses amis, et lorsque le réveil sonnait, vers deux heures du matin, il lui était difficile de rester éveillé. La journée, il gisait ronflant sur le canapé pendant des heures», explique encore la jeune fille. «Ses problèmes d'alcool étaient connus de tout le quartier.»

L'enlèvement, une rédemption?
Après leur séparation, Ludwig Koch ne verra sa fille que pendant le week-end. La fillette se sent rejetée par ses parents et compense par la nourriture. Le père emmène souvent sa fille en Hongrie, où il possède un petit chalet. La demi-soeur de Natascha, Claudia, affirmera plus tard lors d'un interrogatoire que le père emmenait la petite dans des clubs de strip-tease avec lui.

Peu avant le kidnapping, en fin de semaine, la situation se durcit encore au sein de la famille. Alors qu'il avait emmené une fois de plus Natascha en Hongrie, Ludwig Koch revient avec du retard à Vienne. Un imprévu qui provoque l'ire de Brigitta Sirny, qu'elle laisse éclater en présence de sa fille. «La colère que m'a mère éprouvait contre mon père s'est retournée une fois de plus contre moi», écrit Natascha Kampusch.

Une théorie délicate
Brigitta Sirny ne reverra sa fille que 3108 jours plus tard - Natascha laissera passer près de deux semaines avant de revoir ses parents, après sa fuite. Dans une interview, elle ira même jusqu'à classer sa famille en troisième position sur l'échelle de la confiance qu'elle accorde aux gens,«après le Dr. Frederik et mon psychologue».

Son évasion, survenue quatre mois après son 18ème anniversaire, «ne serait pas un hasard», selon des sources proches de la jeune fille. Elle aurait en effet attendu d'être majeure pour échapper à l'emprise de Priklopil. «Elle savait que si elle fuyait avant, elle serait soit placée dans un foyer, soit contrainte de rejoindre sa terrible famille», affirme à «20 minutes» une source ayant des liens étroits avec la police et qui souhaite garder l'anonymat. «C'est pourquoi certains ont pensé qu'elle restait auprès de son ravisseur de son plein gré».


La seule personne ayant assisté au rapt de Natascha Kampusch a toujours affirmé avoir vu deux complices lors de l'enlèvement de la jeune Autrichienne. Sa version des faits sème le doute


Depuis quatorze ans, Ischtar A.*, la seule personne témoin oculaire de l’enlèvement de Natascha Kampusch, raconte avoir vu deux ravisseurs. Elle contredit ainsi diamétralement la version officielle de l’affaire, malgré la pression des enquêteurs.

La vie d’Ischtar A., alors âgée de 12 ans, a été fondamentalement bouleversée le 2 mars 1998. Ce jour-là, elle se rendait à l’école à Vienne, lorsque, sous ses yeux, une jeune fille a été enlevée dans une camionnette blanche. Ischtar A. a immédiatement rapporté l’incident à ses amies, à sa maîtresse d’école et à sa mère. Dès le lendemain, son témoignage a été recueilli par la police.

Deux ravisseurs

Depuis, Ischtar A. raconte toujours la même histoire: sur le chemin de l’école, elle a vu une grosse voiture blanche avec des vitres teintées, qui était garée du côté où se dirigeait l’autre fille. Dans le procès-verbal, elle raconte: «Sur le siège du conducteur, il y avait un homme assis que je ne pouvais pas voir, car il était tourné vers la gauche.» Alors que Natascha Kampusch atteignait l’arrière du véhicule blanc, la porte s’est ouverte soudainement: «J’ai seulement pu voir deux bras l’entraîner par-derrière dans le véhicule.»

Selon Ischtar A., l’homme qui a capturé Natascha Kampusch était âgé d’environ 30 ans et avait des cheveux noirs courts. Dans de nombreuses interviews, Ischtar A. a répété ce qu’elle avait dit depuis le début: elle est certaine qu’il y avait deux ravisseurs, dont l’homme assis sur le siège du conducteur de la camionnette.

Après l’évasion de Natascha Kampusch, le 23 août 2006, Ischtar A. a pu identifier, à partir de photos, Wolfgang Priklopil comme étant l’homme qui avait capturé la jeune fille. Lorsqu’on lui a dit que Natascha Kampusch avait prétendu avoir été enlevée par une seule personne, Ischtar A. a répondu: «Même si c’est ce qu’elle dit, je suis certaine d’avoir vu deux personnes dans la camionnette.»

Ischtar A. a clairement identifié Priklopil et donné une description détaillée de la deuxième personne. De plus, elle a «formellement exclu que Priklopil était seul dans la camionnette».

Confrontation avec Kampusch

Malgré la cohérence de ses propos, Ischtar A. a été interrogée sans relâche. Le 3 décembre 2009, une confrontation entre Natascha Kampusch et Ischtar A. a été organisée. Selon un compte-rendu officiel datant de janvier 2010, Ischtar A. a reconnu, lors de ce face-à-face, qu’elle pouvait avoir commis une erreur en évoquant deux kidnappeurs.

Le 29 juillet 2011, Ischtar A. est convoquée par le Tribunal d’Innsbruck en tant que témoin dans le cadre d’une procédure ouverte contre cinq magistrats en lien avec l'affaire Kampusch. C'est à cette occasion qu'elle lâche une bombe. Selon son témoignage, Ischtar A. affirme n'avoir jamais changé de version lors de sa rencontre avec Natascha Kampusch et a toujours parlé de deux kidnappeurs. De plus, elle a affirmé devant le tribunal que les policiers lui avaient dit de ne jamais mentionner deux ravisseurs et que cela serait néfaste à l'enquête.

Doutes exprimés
Johan Rzeszut, ancien président de la Cour suprême de Vienne, a décrit la confrontation de 2009 entre les deux jeunes femmes comme étant une «farce» et parle d’influence extrêmement suggestive et anormale sur Ischtar A.

Pour le magistrat, plusieurs zones d'ombre subsistent: «Dès le départ, dans l’affaire Kampusch, des pistes n'ont pas été suivies et des informations fournies par le principal témoin ont été ignorées de manière injustifiable». Le député Werner Amon, président de la commission parlementaire qui réexamine actuellement l’affaire Kampusch, se demande également, dans un entretien accordé à 20 Minuten online, si on n’a pas «donné plus de poids aux déclarations de Natascha Kampusch qu’à celles d’Ischtar A.»

De son côté, Johann Rzeszut écrit en juillet 2009: «L’une des deux femmes ne dit pas la vérité. En tant que témoin oculaire, Ischtar A. n’a pas de motif valable pour faire une telle chose, tandis que la victime pourrait avoir plusieurs raisons plausibles pour le faire, comme couvrir un complice éventuel.»

Zones d'ombre
La théorie du ravisseur solitaire n'explique pas, comme Kampusch l’a raconté dans sa biographie, comment Priklopil avait raconté durant le voyage en camionnette qu’elle serait bientôt transférée vers «l’autre». Elle n’explique pas non plus pourquoi, questionnée sur des complices éventuels, Natascha Kampusch a déclaré en août 2006 qu’elle ne connaissait pas «les noms», sous-entendant ainsi qu’il y aurait plusieurs ravisseurs.

Sollicitée, Natascha Kampusch ne veut pas commenter l’affaire. Wolfgang Brunner, qui coordonne ses activités médiatiques, a écrit à 20 Minuten online: «Mme Kampusch ne donnera pas d’interview. Elle s’est déjà exprimée sur les circonstances de son enlèvement des centaines de fois dans les médias, tout comme dans sa biographie.» 



La jeune Autrichienne a passé 3096 nuits dans la cave de Wolfgang Priklopil, selon ses propres dires. Cependant, la police estime qu’elle pouvait se déplacer librement dans la maison de son ravisseur


Les images ont fait le tour du monde. Une pièce sans fenêtre qui pourrait difficilement être plus étroite. C’est là que Natascha Kampusch est censée avoir enduré un calvaire pendant huit ans. A l’époque, le monde entier attendait avec impatience la première apparition publique de la captive. Comment allait-elle s’exprimer? Dans quelle forme physique se trouvait-elle après huit ans d’enfermement? C’est à peine deux semaines après son évasion, le 23 août 2006, qu’elle a donné sa première interview télévisée. Avant l'émission, le présentateur de l’ORF avait expliqué que la jeune femme devrait souvent fermer ses yeux à cause de leur sensibilité extrême à la lumière. Ce qu’elle avait fait durant l’entretien.

 Lors d’autres apparitions médiatiques, Natascha Kampusch avait décrit comment elle avait perdu le sens du jour et de la nuit dans son cachot, le bruit du ventilateur qui avait failli la rendre folle ou encore à quel point elle avait espéré que la police la délivrerait de sa prison. Dans son livre, la jeune femme raconte que la pièce était devenue à la fois une retraite et une prison durant ses 3096 nuits.

Une autre histoire
Les dossiers de la police racontent pourtant une autre histoire: Kampusch a expliqué elle-même qu’après son enlèvement, elle avait d'abord dû rester dans son cachot. Mais son ravisseur, Wolfgang Priklopil, l’avait par la suite autorisée à se rendre dans la maison et le jardin. Des voisins l’avaient même aperçue près du jardin potager. Les documents révèlent de plus que le kidnappeur et sa victime ont voyagé ensemble, notamment pour aller skier.

Le député autrichien Werner Amon, président de la commission parlementaire qui réexamine actuellement l’affaire Kampusch, a expliqué à 20 minuten online que «sans aucun doute, Natascha Kampusch n’avait pas passé toute sa captivité dans son cachot, quand elle n’était pas en déplacement dans d’autres lieux en compagnie de Wolfgang Priklopil. C’est un fait».

Pièce non habitable
D’autres éléments remettent en cause la thèse d’un enfermement strict. Un rapport de police explique qu’avant l’évasion de la jeune femme, la pièce installée au sous-sol n’avait pas été habitée depuis un certain temps.

Une note de la police datée du 4 août 2009 indique: «Dans la pièce O (n.d.l.r.: avec laquelle le cachot communiquait), il est à remarquer que, dans l’état où elle a été trouvée, on ne peut pas la considérer comme une pièce résidentielle».

Le rapport fournit les détails qui mènent à une telle conclusion:
«1. La seule chaise est occupée par des objets, il n’y a aucune surface disponible pour y déposer un livre.
2. Aucun aliment n’a été retrouvé.
3. Des produits de nettoyage et d’autres objets se trouvent sur le couvercle des toilettes.
4. Il y a un grand désordre (par opposition aux autres pièces).»
Un enquêteur, qui souhaite garder l'anonymat, ajoute: «Le cachot était tout simplement inhabitable. Par ailleurs, peu après sa fuite, on n’a trouvé sur Kampusch aucun signe qui montre qu’elle vivait dans cet espace.» Ses cheveux et ses habits auraient semblé propres. «Si elle y avait vraiment habité, on aurait dû le sentir.»

Porte manipulée de l'intérieur
De plus, la lourde porte de la pièce ne pouvait être fermée que de l’intérieur. Dans un rapport, Johann Rzeszut, ancien président de la Cour suprême de Vienne, écrit que «la porte du prétendu cachot ne pouvait être fermée sans une contre-pression à l’intérieur». Autrement dit, Natascha Kampusch a probablement dû donner un coup de main lorsqu’elle était enfermée dans sa cellule, à l’occasion par exemple des visites de la mère de Wolfgang Priklopil.

Dans son rapport du 4 août 2009, la police estime qu’une chambre, située à l’étage de la maison, était la résidence principale de Natascha Kampusch, du moins durant les derniers temps de sa captivité. Quatre soutiens-gorge ont été retrouvés dans cette pièce, dont un bustier qui, selon la police, n’aurait pas pu être porté par une femme plus âgée (n.d.l.r.: comme la mère de Priklopil). Dans un placard à l'étage, les policiers ont retrouvé une valise remplie de vêtements pour femme, qui contenait en outre une brosse à dents et un bikini.

Une question importante
Combien de temps Natascha Kampusch a-t-elle vraiment passé enfermée dans son cachot ? Et pourquoi raconte-t-elle dans son livre, par exemple, une version qui ne tiendrait pas? Pourquoi, après son évasion, a-t-on dépeint le portrait d’une femme qui ne pouvait presque jamais quitter la cave et devait toujours y dormir? Selon Werner Amon, «on doit se poser la question de savoir qui a un intérêt à ce que l’affaire Kampusch soit présentée telle qu’elle a été présentée. C’est une des questions les plus importantes à laquelle nous devons répondre».

Sollicitée, Natascha Kampusch ne veut pas commenter l’affaire. Wolfgang Brunner, qui coordonne ses activités médiatiques, a écrit à 20 minuten online: «Mme Kampusch ne donnera pas d’interview. Elle s’est déjà exprimée sur les circonstances de son enlèvement des centaines de fois dans les médias, tout comme dans sa biographie.»


Ernst H.* est complètement revenu sur sa première déclaration de 2006, trois ans après. Sa nouvelle version est contradictoire, mais il n'a jamais été réinterrogé par la justice


En cette fin de soirée du 23 août 2006, la première réaction d'Ernst H.* face à deux officiers de police qui l’informent de la mort de son meilleur ami, Wolfgang Priklopil, a la valeur d’un aveux: «L’a-t-il tuée?» demande Ernst H.* lorsque l'inspectrice Margit Wipfler lui annonce la triste nouvelle. La policière reste perplexe. L'homme qui se trouve en face d'elle, «grimace sensiblement», semble étonnamment nerveux et transpirant. Elle informe alors Ernst H., l'associé du défunt, qu’il risque gros et qu’il a plutôt intérêt à coopérer.

Quelques jours plus tard, Margit Wipfler a écrit un rapport sur cette étonnante déclaration. Elle y explique qu’elle a attiré l’attention de Ernst H.* sur le fait qu'il n’était encore qu’«un témoin» mais que cette situation pouvait changer et qu’il pouvait aussi être arrêté. Son étonnante réaction «L’a-t-il tuée?» le place dans le collimateur des policiers puisqu’à cet instant le nom de Kampusch n’avait pas encore été évoqué.

Une nouvelle version de la mort de Priklopil
Le 24 août 2006 lorsque Ernst H.* est confronté à sa déclaration de la veille, mais il livre cependant une explication. Il dit qu’il a entendu parler de l'évasion de Natascha Kampusch par la presse et qu’en voyant les policiers, il a émis l’hypothèse: qu’«il» (Priklopil n.d.l.r) serait le meurtrier. Avant cela Ernst H.* avait expliqué que son meilleur ami lui avait téléphoné peu après midi, paniqué, pour dire qu'il était en fuite à cause d'une infraction routière. En se basant sur cette version, Ernst H.* ne pouvait donc pas établir un lien entre son ami Priklopil et le cas Kampusch.

En 2009, trois ans après l'évasion de Kampusch, cette contradiction frappante est enfin décelée. Ernst H.* comprend qu’il est dans de sales draps et il décide alors de changer d’avocat. L'équipe dirigée par Ainedter Manfred met alors au point une nouvelle version. Ernst H.* doit avoir été mis au courant pour Kampusch. Priklopil aurait livré des aveux à son ami, une véritable «confession de vie». Ernst H.* lui aurait alors demandé s’il l’avait tuée. Mais cette version comporte aussi son lot d’interrogations. Si Priklopil a mentionné l’évasion de la jeune fille, Ernst H.* aurait dû soupçonner qu’elle avait ensuite été prise en charge par la police. Ainsi, comment pouvait-il supposer qu'elle soit morte ?

Johann Rzeszut, ancien président de la Cour suprême de Vienne, livre une nouvelle explication des contradictions de Ernst H.*. Selon lui, il souhaitait orienter les enquêteurs vers la thèse du suicide de Priklopil en posant la question :«S’est-il tué ?» (ndlr et non pas «L’a-t-il tuée?»). Dans une déclaration lue lors d'une conférence de presse à Vienne, le 30 août 2006, Ernst H.* avait alors déclaré avoir rencontré la jeune femme sans savoir qui elle était.

Une transaction monétaire éveille d’autres soupçons
Les transactions financières entre Ernst H.* et Priklopil ont également éveillé les soupçons des enquêteurs. Le 13 mars 1998, soit 11 jours après l’enlèvement de Natascha Kampusch, Ernst H.* a versé environ 500’000 schillings (environ 45'000 francs) à Priklopil. Or le 23 mars un autre versement de 460'000 shilling a été enregistré au bénéfice de Ernst H.* depuis un compte portant le nom de la mère du meurtrier, Waltraud Priklopil. Pour justifier ces étranges transactions, Ernst H* explique que Priklopil remboursait un prêt effectué pour acheter une voiture de sport de la marque Porsche.

Ces déclarations de Ernst H.* sont surprenantes notamment car Priklopil était connu pour être un fan quasi exclusif de BMW. Le ravisseur s’était notamment offert la «voiture de ses rêves», une BMW 850, quelque temps auparavant. Le ministère public de Vienne allait donc reprendre cette thèse en décembre 2009. Le rapport estime donc qu’«il faudrait supposer, faute d'autre explication plausible et sur la base de la proximité temporelle de la transaction, que cet argent avait un lien avec le kidnapping de Natascha Kampusch. Le fait que la majorité de la somme ait été remboursée, ne serait pas une contradiction avec cette conclusion puisque cela pourrait être une avance, qui a été récupérée mis à part quelques ‘frais’, car la victime n’a pas été transférée.»

Le partenaire d’affaire de Priklopil a aussi dû expliquer aux policiers pourquoi il s’était rendu à Vienne avec le ravisseur le jour même de l’évasion de Kampusch. Durant cinq heures, les deux hommes ont changé de lieux fréquemment et avaient, qui plus est, débranché leurs téléphones portables respectifs.
Ernst H.*, témoin qui était sur le point de devenir suspect, tentait de se disculper. Quelques jours après la mort de son ami, il dévoilait -sur les conseils de sa sœur- une note de Priklopil sur un ticket de métro comportant l’inscription «maman» qu’il a présenté comme un soi-disant message d’adieu à sa mère.

Ernst H.* sans doute au courant du kidnapping
Les enquêteurs n’ont pas considéré comme digne de foi les indications du témoin. Les investigations de l’époque ont en outre démontré que la graphologie du «maman» sur le billet de métro ne correspondait pas à celle de Wolfgang Priklopil. Au contraire, cet écrit ressemblerait à la manière d’écrire de Ernst H.*.
En mai 2009, les soupçons à l’encontre de Ernst H.* sont renforcés et il est établi que l’homme avait connaissance de l’existence de Natascha Kampusch et de son enlèvement dès mai 2004. Johann Rzeszut, ancien président de la Cour suprême de Vienne, écrit dans une lettre destinée au ministre de la justice Claudia Bandion-Ortner datant de juillet 2009 : «H.* se trouvait à plusieurs reprises au même endroit que Wolfgang Priklopil et sa victime.»

Qui protège Ernst H.* ?
«Les contradictions entre les différentes déclarations du partenaire de Priklopil sont infinies», a expliqué Rzeszut. «On ne peut croire aucun mot de lui. Qu’il n’ait jamais été entendu par la justice en quatorze ans est incompréhensible, selon moi », a-t-il ajouté.

Comment Ernst H.* a-t-il pu passer entre les mailles du filet de la justice? Selon les initiés, deux explications sont possibles: soit la justice a trop privilégié la piste d’un assassin solitaire, soit Ernst H.* s’appuyait sur des preuves solides qu’il a mobilisées pour obtenir la protection de puissants, subrepticement.

Ernst H.* n’a pas souhaité aux questions. Son avocat, Manfred Ainedter, a déclaré à 20minutes Online : «Nous ne pouvons ni ne souhaitons nous exprimer sur le sujet».


Les éléments troublants s'accumulent au sujet de la sœur de Ernst H., grand ami du ravisseur de Natascha Kampusch. Son rôle et son influence semblent toutefois négligés par les enquêteurs


C'est dans la foulée des investigations menées sur l’associé et ami de Priklopil Ernst H.* que la sœur de ce dernier, Margit W.* s'est trouvée dans le viseur de la police. Karl Kröll, frère de l'ancien président de la commission spéciale sur l’affaire Franz Kröll, la décrit comme une «femme de pouvoir».

Divorcée, elle a étudié l'économie et travaille comme conseillère en marketing et organisatrice de séminaires de formation. Elle est domiciliée dans un château, où elle a déménagé peu après l'évasion de Natascha Kampusch, le 23 août 2006.

A vrai dire, Margit W.* semble omniprésente tout au long de l'affaire. C'est chez elle que la police s'est rendue pour trouver son frère Ernst. H*. C’est elle qui organisait les conférences de presse de ce dernier, y compris celles au cours desquelles son frère a livré des explications erronées sur les faits. Mais Margit W*. n'était pas uniquement une attachée de presse.

Drôles d'agissements
Johann Rzeszut, ancien président de la Haute Cour de Vienne, fait état de drôles d'agissements de la femme après la fuite de Natascha Kampusch. Margit W.* a fait le nécessaire pour l'inhumation du ravisseur dans sa propre concession familiale, sous un faux nom. Elle a aussi, selon des documents de police, été la première à évoquer la crémation du corps de Priklopil. Cela éveille le soupçon, comme si elle avait cherché à faire disparaître des preuves rapidement. Car, entre temps, des détails troublants ont émergé: Priklopil pourrait ne pas s'être donné la mort en se jetant sous un train, mais avoir été assassiné.

Selon une déposition de Margit W.* le ravisseur de Kampusch aurait été enterré «pour des raisons humanitaires» dans son caveau familial. La mère de Priklopil Waltraud lui aurait fait pitié, et elle aurait offert son aide. Elle s'est même occupée des formalités pour que Madame Priklopil change d'identité – pour la «protéger des médias». Malgré tout, la business woman affirme avoir à peine connu Priklopil. Elle l'aurait rencontré en 1996, et pendant les 10 années suivantes ne l'aurait revu qu'une seule fois. Quant à Natacha Kampusch, elle n'aurait jamais entendu parler d’elle avant sa fuite. En 2010, elle a toutefois menée l'ancienne captive de Priklopil sur la tombe de son ravisseur.

Opérations immobilières et financières
Il y a d'autres liens étonnants entre cette soeur entreprenante et la famille Priklopil. Le 2 octobre 2006, seulement six semaines après la fuite de Kampsch, Magrit W.* a obtenu une procuration très large sur les affaires de la mère du ravisseur. Elle pouvait ainsi s'assurer que la propriété de deux appartements soit transférées à son frère Ernst H.*, alors que ce dernier aurait eu des dettes auprès de son ami décédé. De surcroît, Margit W.* aurait liquidé des actions appartenant à Priklopil.

«Après la mort de Priklopil, Margit W.* a pris en main toutes les affaires de la famille», résume Dagmar Belakowitsch-Jenewein, une députée autrichienne. «Elle a exploité la détresse psychologique de la mère.» L'élue a soulevé la question devant le Parlement. Dernièrement, elle a posé d’autres interpellations sur l’affaire. Pourquoi Margit W.* a-t-elle, en 2002, essayé de vendre une maison de vacances sur l'île brésilienne de Itaparica? La députée, rappelle que des indices permettent de penser que Natascha Kampusch a passé des périodes prolongées à l'étranger. Ultime étrangeté: quand on entre le mot-clé «makemehot» («excite-moi», en anglais) dans le moteur de recherche Google, on tombe directement sur la société de formation dont Margit W. est la seule administratrice.

Masse d’éléments non exploités
Comment relier tous ces éléments? Margit W.* connaissait-elle vraiment «à peine» Priklopil? Quel rôle a joué cette businesswoman dans l'affaire? D’après Karl Kröll, «elle sait que son frère est un maillon faible, alors elle a tout pris en main.» Dans ces conditions, les enquêteurs autrichiens vont-ils s'intéresser davantage à elle? Johann Rzeszut rappelle qu’il existe «une masse d'éléments qui n'ont pas été pris en compte jusqu'à présent.» Sollicitée par 20 minuten online, Margit W.* n'était atteignable ni par e-mail, ni par téléphone.
Quant à son frère, il a refusé de prendre position. Tous les deux bénéficient de la présomption d'innocence.


Plusieurs témoins affirment que Natascha Kampusch et son ravisseur s'aimaient. Ils auraient même eu un enfant


L’événement à l’origine de l’évasion de Natascha Kampusch, le 23 août 2003, rappelle une banale dispute de couple. Selon le rapport de police, la jeune femme et son ravisseur Wolfgang Priklopil se seraient disputés au sujet de la manière de cuisiner une courgette, qui devait composer leur repas.

 Les déclarations d’un témoin viennent corroborer la thèse selon laquelle Natascha Kampusch et Priklopil avaient une relation intime. Selon Franz Kröll, un policier interviewé par 20 Minuten online, un voisin du ravisseur affirme avoir vu, deux mois avant l’évasion, Priklopil et sa victime s’embrasser devant la maison où Natascha était retenue prisonnière.

Selon Ernst H.*, l’ami de Priklopil, le kidnappeur aurait confié à ses parents qu’il aimait Natascha Kampusch et que ses sentiments étaient réciproques. La mère du criminel, Waltraud Priklopil, a déclaré lors d’une interview au journal allemand «Bild» en 2008: «Je pense qu’il aimait Natascha. Et elle l’aimait aussi.»

Une rupture amoureuse
«Lorsque Natascha Kampusch s’est enfuie, elle ne s’est pas précipitée chez ses parents, ni dans un poste de police», relève la mère de Priklopil. «Elle s’est promenée à proximité de la maison, puis y est revenue. N’est-ce pas la preuve qu’il y avait quelque chose entre eux?»

L’évasion de Kampusch n’était-elle donc finalement que le résultat d'une rupture amoureuse? La thèse paraît vraisemblable, sachant que la jeune fille avait eu d’innombrables autres occasions de s’échapper durant ses huit ans de captivité.

Pour les 18 ans de Natascha, Priklopil aurait demandé à l’épouse d’Ernst H.* de cuire un gâteau en forme de 18. Il l’aurait mangé le soir en tête à tête avec sa victime. L'adolescente lui aurait fait un bisou sur la joue pour le remercier. Selon les dossiers d’enquête, le ravisseur appelait sa prisonnière «Bibi» et cette dernière appelait son bourreau «Wolfi».

Envie de mariage
Natascha Kampusch a avoué aux enquêteurs avoir eu des relations sexuelles consenties avec son ravisseur. Lors de sa première audition, en 2008, a elle raconté que Priklopil lui avait parlé de sexualité alors qu’elle n’avait que 10 ans. Il lui aurait expliqué qu’elle lui appartenait et qu’il souhaitait qu’elle reste toujours son esclave. Selon les confidences d'Ernst H., Priklopil désirait fonder une famille avec sa prisonnière.

Une question continue de préoccuper les enquêteurs. Natascha Kampusch a-t-elle eu un enfant? Les premiers soupçons ont été générés par la découverte, lors de la fouille du cachot, d’une mèche de cheveux et d’un livre sur la puériculture. Le médecin qui l’a examinée juste après son évasion a lui aussi des doutes. «Natascha m’a demandé pendant combien de temps je pouvais déceler une grossesse qui avait été menée à terme», a-t-il déclaré à la police. Le docteur lui a répondu «pendant un certain temps » et la jeune fille a rétorqué: «Alors ce n’est pas grave car c’était il y a longtemps».

Une naissance inexpliquée
Un certificat de naissance atteste qu’une fillette est venue au monde en mars 2003 dans une clinique privée de Vienne. Mais aucune déclaration officielle n’a été faite au sujet de ce document. Seul Karl Kröll, le frère du policier défunt Franz Kröll, s’est exprimé à ce propos. Il affirme que le père du bébé est Priklopil, mais refuse de dire qui est la mère.

Le certificat de naissance stipule que l'enfant est de Margaret W., la sœur de Ernst H. Mais Karl Kröll ne croit pas en la validité de ce document. Selon le policier, Margaret W. est bien enregistrée dans la clinique d’où provient l’acte de naissance, mais son dossier patient est vide…

En Autriche, la question d'une éventuelle maternité de Natascha Kampusch n'a jamais pu être élucidée. Tant qu'aucune nouvelle procédure n'est ouverte à l'encontre de la jeune femme, l'affaire relève de sa sphère privée.


Priklopil et Ernst H. ont eu des contacts réguliers avec une pro du porno. Un haut gradé de l’armée autrichienne est également mis en cause. Mais ces pistes n'ont jamais vraiment été suivies


C’est Natascha Kampusch elle-même qui a amené le thème du réseau pornographique sur la table. Dans son livre, «3096 jours», elle a déclaré: «Son annonce (n.d.l.r.: de Priklopil) de me transférer aux «autres» m’a terrifiée. J’étais paralysée par la peur, je voyais très bien où il voulait en venir. Les réseaux de pornographie infantile, les médias en parlaient depuis des mois.» Kampusch a déclaré pouvoir s’imaginer parfaitement la scène. «Des hommes qui me traînent dans une cave, certains me touchent partout pendant que d’autres prennent des photos.»

Dans cette histoire, il est difficile de démêler la réalité de la fiction. La jeune fille nourrit d’ailleurs elle-même les rumeurs concernant le réseau pédophile. «Je n’ai pas de nom à donner», a-t-elle déclaré lors de sa première audience. Cette phrase peut sous-entendre qu’il y a plusieurs suspects dans cette histoire. Le député autrichien Werner Amon, directeur d’une commission parlementaire chargée de réexaminer l’affaire Kampusch, sème également le flou: «Je ne peux seulement déclarer qu'il y a de nouvelles rumeurs sur un réseau porno.»

Un officier supérieur appelé «Be Kind Slow»
Environ un an et demi après l'évasion de Natascha Kampusch, la commission d'évaluation a demandé une analyse détaillée des communications téléphoniques de Priklopil et de son ami Ernst H. Les connexions avec la scène porno étaient nombreuses. Ernst H. aurait régulièrement appelé une certaine Helga Z. directrice d’un sex-shop à Vienne. Immédiatement après ces conversations, il appelait systématiquement un numéro enregistré sous le mystérieux nom de «Be Kind Slow» (n.d.l.r.: sois gentil et doux).

Derrière ce pseudonyme se cache en fait Peter B., un officier supérieur de l’armée autrichienne. Ce dernier a des contacts dans les cercles les plus élevés de la société. Fin 2008, une enquête a été ouverte contre lui. On le soupçonnait d’avoir trempé dans des affaires de pornographie infantile. Il est frappant de constater que les coups de fil entre Ernst H. et Helga Z. ont cessé après l’évasion de Kampusch. Priklopil a également eu des contacts avec Helga Z., la vendeuse du sex-shop. Mais la fréquence des appels n’était en rien comparable à celle qu’elle pouvait avoir avec Ernst H. Par ailleurs, le kidnappeur de Kampusch était en possession de matériel de pornographie juvénile. Mais on n’en sait pas vraiment plus sur cette piste.

Les pistes n'ont pas été suivies
Johann Rzeszut, ancien président de la Cour suprême à Vienne, admet que la justice autrichienne n’a pas poussé jusqu’au bout les investigations concernant les indices récupérés à partir des appels d’Ernst H. L’absence de demande de rançon ou d’appel à la maltraitance d’enfant justifiait selon lui cette démarche.

De son côté, la politicienne autrichienne Dagmar Belakowitsch-Jenewein ne comprend pas pourquoi l’enquête n’a pas été poussée plus loin. Elle a même demandé l’ouverture d’une enquête parlementaire pour faire la lumière sur d’éventuels liens entre l’affaire Kampusch et un réseau porno-pédophile. A la suite de cette requête, le député Ewald Stadler devra préciser si une implication possible d'un réseau pédophile avec les plus hauts représentants politiques peut être exclue dans cette affaire.

En fait, presque rien ne s’est passé. A l'automne 2009, les enquêteurs ont évoqué la piste du bout des lèvres. On n'a pas vraiment cherché à comprendre comment Ernst H. et Peter B. avaient enregistré les mêmes numéros de mobile. Tous deux ont déclaré ne pas se connaître et l’enquête en est restée là.

L’histoire du DVD secret
Un autre point a agité les rumeurs autour d’un réseau pédophile. Des DVD explosifs ont été cachés par l’accusation. On peut y voir des images d’une jeune femme qui ressemblait à Kampusch. Ces pièces à conviction sont longtemps restées sous scellés. Même l'ex-enquêteur en chef chargé de l’affaire Kampusch, Franz Kroll, n'a jamais eu accès à ces DVD.

Les soupçons de réseau pédophile s’alourdissent lorsqu’on découvre des images de la petite Kampusch avant son enlèvement. Elle a 5 ans, est lascivement habillée d’une étole et munie d’une cravache et de bottes d’équitation. Mais ces photos ont été prises dans la maison de la mère, Brigitta S., pour qui la présomption d’innocence s’applique.

Une enquête approfondie sur ce DVD pourrait faire la lumière sur le mystère Kampusch. Reste une déclaration du père de la jeune fille, Ludwig Kampusch, qui déclare à partir de 2009: «Ma fille est victime de chantage, elle est soumise à un chantage.» Ou encore une prédiction teintée de mystère énoncée par Natascha Kampusch elle-même: «L'affaire ne sera jamais éclaircie.»

Présumé innocent, Ernst H. n'a pas pris position sur l'affaire. «Cela ne peut pas être commenté», a déclaré son avocat, Manfred Ainedter, à «20 minutes».



Le suicide du détective chargé du cas Kampusch, retrouvé une balle dans la tête, reste un mystère. Les autorités ont parfois entravé le déroulement de son enquête. 


Franz Kröll était un détective très respecté par ses collègues et son milieu. Il était également chef de la Commission spéciale (SOKO), qui s'occupait notamment du kidnapping de la petite Natascha Kampusch. Rien d’étonnant à ce que cette affaire, l'une des plus complexes que l’Autriche ait connues ces dernières années, se soit terminée de tragique façon.

Kröll connaissait le dossier comme personne. Il a travaillé d’ arrache-pied sur le cas Kampusch, même lorsque des obstacle se sont dressés sur son chemin. De façon surprenante, certaines barrières sont venues des autorités. Pour exemple, Kröll s’est vu refuser l’accès à six des sept rapports de police émanant des auditions de Natascha Kampusch. Cet ordre provenait directement du Procureur général de Vienne, Werner Pleisch.

Des preuves sur DVD, comprenant une série de photos d’une jeune fille qui ressemble à Natascha Kampusch, ont été écartés de l'enquête. Ces preuves, controversées mais centrales pour l'affaire, ont été maintenue sous scellé par les autorités. Même Kröll, de loin le plus impliqué par l’enquête, n’a pu mettre la main sur ces clichés.

Le député autrichien Werner Amon, directeur du sous-comité qui suit actuellement le cas Kampusch, trouve très problématique que certains documents n’aient pas été fournis par les autorités. Kröll, d’ailleurs, n’a jamais eu l’occasion d’entendre personnellement Natascha Kampusch. Un manquement des autorités qui a fait réagir son fère, Karl: «S’il avait parlé lui-même avec Natascha Kampusch, il aurait pu résoudre le cas».

Calculs erronés
Franz Kröll a toujours été convaincu par les déclarations initiales d’Ischtar A., le seul témoin oculaire de l’enlèvement. Cette dernière, qui affirmait depuis plusieurs années avoir aperçu deux malfaiteurs dans la camionnette, a progressivement changé sa version des faits. Au final, elle dit s’être trompée et n’avoir aperçu qu’un seul kidnappeur, Comment expliquer ce revirement? L’ancien président de la Cour suprême à Vienne, Johann Rzeszut, connaît la réponse. Le témoin a progressivement changé son point de vue.

Contraint à renoncer
Franz Kröll a constamment été entravé dans son enquête par le Parquet. Ses requêtes ont parfois été ignorées. Rzeszut parle de la volonté obsessionnelle du Procureur pour garder la maîtrise de l’affaire Kampusch. L’ex-Président de la Cour suprême mentionne également certaines pressions exercées sur Kröll. En 2010, ce dernier avait d’ailleurs refusé de participer à une conférence de presse annonçant la clôture de l’enquête sur Kampusch.

Auparavant, Kröll avait obtenu l’ordre d’ajuster ses conclusions sur l'enquête, contre son avis. Il a déclaré dans un mail qu’on avait clairement laissé entendre que l’enquête prenait fin. L’enquête Kampusch a donc brutalement avorté, malgré ses incohérences massives dont la complicité suspecte entre Priklopil et son ami Ernst H..

Kröll s’est adressé beaucoup de reproches. Il a exprimé ses sentiments de culpabilité à maintes reprises suite au bilan négatif de l’enquête. C’est le 25 juin 2010 que Franz Kröll, selon la version officielle, s’est suicidé avec sa vieille arme de service.

Les doutes de son frère
Pour son frère Karl, la version du suicide ne tient pas. «Je suis convaincu qu’ils ont liquidé Franz parce qu’il en savait trop», a-t-il déclaré à 20 Minuten Online. Son frère avait continué à récolter des indices après la clôture officielle du dossier. Il détenait les preuves que certains politiciens fréquentaient les milieux sado-masochistes. «Et je pense qu’il en savait plus. Il avait toujours un cahier sur lui, dans lequel il notait toutes ses hypothèses. Le cahier a cependant disparu après sa mort, mystérieusement».

Pour Karl, beaucoup de questions restent ouvertes autour du suicide présumé de son frère. Selon lui, un policier expérimenté se serait tiré une balle dans la bouche et non dans la tête. En outre, la version officielle estime qu’il s’est tiré une balle dans la tempe gauche en tant que droitier. Pour son frère, la logique voudrait qu’il ait atteint sa tempe gauche avec sa main gauche, ce qui n’a aucun sens.

Au premier abord, les policiers qui ont relevé des indices sur le lieu du drame n’ont fait aucune mention d’une note au sujet du suicide de leur collègue. «Puis, quelques jours plus tard, les policiers ont retrouvé une lettre d’adieu et un testament dans le coffre-fort de la chambre de mon frère, retrouvé ouvert». Pour Karl Kröll, la lettre et le testament ont été placés là postérieurement à la mort de son frère. «Ce n’était pas son écriture», affirme-t-il ensuite. Même Johann Rzeszut parle de circonstances qui génèrent des questions de fond en ce qui concerne la mort de Franz Kröll. Pour le chef du ministère public autrichien Graz, l’affaire est claire, au contraire; des particules de munition ont été retrouvées sur la main droite de Franz Kröll, ce qui validerait de façon incontestable la piste du suicide.

L’arrestation du frère
Depuis la mort de son frère, Karl Kröll n’a guère pu se reposer. Souhaitant finir le travail que s’était assigné son frère, il travaille sans relâche sur l’affaire Kampusch. Immédiatement après le suicide de Franz, Karl s’est rendu à son appartement. Il a ramassé une clé USB, qu’il a retrouvée dans une tasse de café, des documents cachés sous un matelas ainsi qu’un ordinateur portable. Il a rassemblé ainsi un maximum de données et avait tout loisir de poursuivre l’enquête là où elle s’était arrêtée. C’est Franz qui avait mis Karl au courant de tout ce matériel.

Peu de temps après, Karl Kröll reçut une convocation de l’inspecteur en chef Kurt Linzer. Cet appel était lié au matériel que Karl avait récemment récupéré. Karl a fait savoir qu’il livrerait les documents secrets à des politiciens de haut rang, ainsi qu’à la presse. Puis Karl Kröll a subi une perquisition chez lui, peu de temps avant d’être arrêté.

Les documents secrets publiés
La mort de Franz Kröll n’a pas laissé Johann Rzeszut de marbre. Il avait en effet travaillé en étroite collaboration avec lui dans la commission spéciale d’évaluation. Peu de temps après la mort de l’inspecteur, Johann Rzeszut a écrit une lettre dramatique aux politiciens de haut rang, dans laquelle il démontre à quel point l’enquête sur l’affaire Kampusch s’était mal passée.

Son appel n’a pas résonné dans le vide. Une sous-commission a été mise sur pied, qui a pour mission d’analyser l’ensemble de l’affaire Kampusch. Un succès partiel est déjà à prendre en compte: sous la pression politique, le ministère public s’est vu contraint de rendre certains documents, jusque là maintenus sous scellé, accessibles. Les premiers résultats sont attendus pour mars-avril. Rzeszut garde dans son cœur la conviction que, si Franz Kröll était encore vivant, il n’aurait jamais lâché l’affaire,et aurait saisi le ministère de Vienne ainsi que le procureur général.

*Nom connu de la rédaction

20minutesonline