Concernant les appels téléphoniques que le corbeau s'amusait à donner avant et après le meurtre, il apparaît qu'il y ait deux voix. Les experts Pinel et Lienard dans un rapport du 13 janvier 1986 est "certainement" celle d'une femme.
Le 28 novembre 1984 les experts Yana et Pfauwadel, dans leurs rapports, avait émis l'hypothèse que la voix provenait de deux sexes différents. D'ailleurs leurs rapports ont été annulés pour vice de forme..!
Un nouvel expert fut désigné en la personne de Monsieur Jonesco et voici son rapport : la première voix, celle antérieure à l'assassinat, serait celle d'un homme âgé de 45 à 55 ans.
Certaines intonations font penser à celle d'une femme légèrement modifiée, évidemment c'est le but d'un corbeau...!
123 voix des membres de la famille ont été étudié par différents experts. Ils retinrent 6 voix d'hommes dont celle de Bernard Laroche...
Mais l'expertise de ces voix est annulé et retiré du dossier...!
En effet, le juge Lambert a bien désigné les deux médecins phoniatres par ordonnance, mais ne les a pas choisis sur une liste agrégée par une cour d'appel ou la cour de cassation..!!
Toujours par rapport aux nombreux coup de fil du corbeau, les appels enregistrés auprès des Télécom augmentaient chez pratiquement tous les membres des Villemins, Laroche et autre Jacquel..
Le nombre des unités de base de la consommation téléphonique des époux Jean-Marie
VILLEMIN aurait augmenté de manière considérable et inexpliquée lors des périodes de
grande activité du Corbeau, notamment en janvier et février 1982, en novembre et décembre 1982 et de janvier à avril 1983.
Cette considération n'apparaît nullement décisive parce que l'activité du Corbeau n'a pas été limitée à ces périodes. Elle s'est exercée de manière continue de 1981 à 1984 et même au delà. Elle a certes été intense à la fin de l'année 1982 mais le nombre des unités de base des époux Jean-Marie VILLEMIN pour le sixième bimestre de cette année là, 208, ne dépasse pas de manière très sensible la consommation de beaucoup d'autres bimestres, par exemple le dernier de 1981, 170, ou le troisième de 1982, 179. Elle est inférieure à celle des troisième et quatrième bimestres de 1983, 283 et 286.
Seuls trois bimestres intéressant l'inculpée présentent une augmentation notable par rapport à la moyenne de leur usage du téléphone, le premier bimestre de 1982 : 376 taxes de base et les deux premiers bimestres de 1983, à savoir 411 et 608 taxes de base.
Au cours des deux premiers mois de 1982 la consommation téléphonique de Michel VILLEMIN a été elle aussi en augmentation: 216 unités de base alors qu'à cette époque elle dépassait rarement et de peu la centaine et elle a été relativement importante au cours des deux premiers bimestres de 1983 : 163 et 148. Il en est de même de Jacky VILLEMIN : 218 taxes de base pour le premier bimestre de 1982 alors que dans l'ensemble ses factures concernaient un nombre d’unités bien moindre.
Quant à la consommation de Bernard LAROCHE à la même époque, elle était assez
importante: 247 taxes.
C'est essentiellement la facturation des deux premiers bimestres de 1983 respectivement calculée sur 411 et sur 608 unités de base qui est surprenante chez l'inculpée et son mari, mais le Corbeau a eu beaucoup d'autres périodes d'intense activité.
Les époux Jean-Marie VILLEMIN ont paru eux-mêmes surpris de cette hausse soudaine et ont protesté auprès de l'administration des postes et télécommunications. Leur réclamation est restée sans suite parce que le système de commutation en vigueur à cette époque ne permettait pas d'identifier les destinataires des communications ce que le supplément d'information a confirmé lors de la recherche des correspondants des familles VILLEMIN et LAROCHE et des époux Marcel JACOB qui est restée de ce fait infructueuse.
Il convient en outre d'observer :
- que la plupart des abonnés au téléphone dont les factures ont été étudiées ont eu à une
certaine époque des consommations anormales :
*Bernard LAROCHE au deuxième bimestre 1984 : 844 taxes de base, soit environ quatre fois plus qu'en temps normal,
*Albert VILLEMIN au quatrième bimestre 1981: 405 unités de base, soit plus du double de sa consommation à cette époque,
*Marcel JACOB au cinquième bimestre 1982 : 317 unités de base, soit quatre fois plus que d'habitude,
*Jacky VILLEMIN au deuxième bimestre 1982 : 248 unités de base, environ le double de sa consommation habituelle,
*Roger JACQUEL pendant le quatrième bimestre 1984 : 110 unités de base, soit également le double ;
- que les appels du Corbeau provoquaient d'autres appels de ses interlocuteurs destinés soit à vérifier si les informations données étaient réelles ou mensongères, soit à tenter de l'identifier,
- que les époux Jean-Marie VILLEMIN s'étaient inscrits sur la liste rouge en 1983, ce qui les obligeait à appeler leurs correspondants qui ne pouvaient pas les joindre et qu'ils téléphonaient beaucoup à AUMONTZEY, localité située dans une circonscription différente de la leur.
Les facturations du téléphone ne constituent dès lors pas une charge significative à l'encontre de Christine VILLEMIN.
Donc il est inutile de chercher quelques coupables de ce côté là, puisque tout le monde est à mettre dans le même contexte...
J'ai retranscrit quelques appels du corbeau qui me semble les plus intéressants, voici leurs contenus:
Appel du 24 avril 1983 à Jean-Marie Villemin, à son travail
La retranscription de cet appel a pu se faire à l’aide des PV et de l’enregistrement effectué par sa mère, lorsqu’il lui relatait l’appel qu’il l’avait reçu la veille. C'est le directeur qui a pris l'appel, lui n'a pas eu un homme au bout du fil, c’est une femme qui lui a demandé de lui passer Jean-Marie Villemin.
X : hé ben, ça va les gendarmes sont pas près de guetter mon coin, je vais pouvoir continuer… Pour la table d’écoute chez VERDU, vous vous trompez bien, ce n’est pas VERDU qui vous veut du mal… Marcel JACOB est à éliminer
JM : ta gonzesse est à l'écouteur?
(rire féminin derrière l'individu) *
X : Pour savoir comment ta femme travaille, j’ai téléphoné à son usine en me faisant passer pour l’inspecteur du travail, c’est comme çà que je connais ses horaires de travail… Je suis même allé au magasin d’usine, car je me suis dit: tiens! La femme du chef a peut-être été pistonnée, et c’est peut-être elle qui tient le magasin… Je me suis rendu compte que ce n’était pas elle qui tenait le magasin… Mais je me suis alors dit que la gonzesse qui tenait le magasin ne valait pas mieux qu’elle, elle aussi une ***** toute maquillée…
JM : Arrête de te faire passer pour Roger Jacquel. Viens t'expliquer entre quatre yeux
X : entre quatre yeux? ça m'étonnerait entre quatre yeux...il y en avait du monde ce jour là.. le jour des pneus
JM : maintenant que tu as résolu le problème, ta fille va être bien vue (JM fait allusion à sa belle soeur Liliane, fille de Roger Jacquel)
X : elle a déjà mangé la fondue chez moi? Liliane , quand elle vient me voir, elle me dit "ouais mes beaux-parents vont croire que c'est moi? je ne reçois pas d'appel anonyme...les parents vont finir par me découvrir" Alors l'idée m'est venue de lui téléphoner, comme je savais qu'elle entregistrait, de lui mettre tout sur le dos, comme ça elle peut se laver les mains..de toute façon une fois on a voulu m'accuser mais ça n'a pas pris...toi avec tes coups de téléphone où tu changes ta voix je t'ai reconnu...et moi avec ça tu me fais un alibi.. tiens tes parents l'autre fois, je les ai vus à Granges, ils m'ont dit bonjour, et j'ai pensé sacrée bande de cons! j'étais au café chez Lenard
X : T’es plein de pognon.
JM : Jacky gagne autant que moi
X : tu ne te fous pas un peu de ma gueule, Jacky gagne dans les 7000 frs, et toi tu gagnes bien un million par mois.
JM : alors là, j'en suis loin
X : pas tant que ça...C’est toi qui touche le plus dans la famille. T’es quand même un chef.
JM : chef, chef, chef, tu sais ce que c'est qu'un chef, c'est un surveillant
X : Tu es dans l’équipe à Henry et Thomas ; tu te fais toujours péter le cul ?
JM :oh hé arrête un peu, je me suis pas toujours laissé faire dans le boulot
X : je sais bien, mais maintenant tu te fais péter le cul
JM : N'importe quoi!
X : Je ne peux pas blairer les chefs. Quand tes parents montent chez Jacky, ta mère leur dit: ouais, Jean-Marie est borné, il est borné, à dire que c’est vous qui téléphonez.
JM : ah bon?
X : On ne voit que toi.. J'en avais ras le bol d'entendre Jacky et Liliane se plaindre. C'est pour ça que je me suis décidé de vous en faire voir...J’arrête de téléphoner, pas comme la dernière fois, parole d’homme.
JM : Mais t'as qu'à venir on va s'expliquer entre quatre yeux
X : Oh ben cela serait trop beau, tu saurais qui je suis, et puis tu es trop balèze...ah oui, pour les pneus de Liliane , ça ne peut être que toi, car l'autre tout fou qui est à côté de chez ton père, il a aussi la trouille que son père...
X : tu ne peux pas blairer la Liliane!
JM : même si je pouvais pas la blairer la Liliane, comme tu le dis, je n'aurais pas été crever les pneus à Jacky, car c'est lui seul qui travaille dans son ménage
X : Oui mais ta femme ...elle, elle est couturière, alors que la femme à Jacky, elle, elle est journaliste! Je t'ai vu samedi près de l'église de Granges, face à la boucherie Mourot, avec ta femme et ta R20 toute neuve. Vous aviez des lunettes de soleil...et je t'ai reconnu l'autre fois au téléphone à deux heures du matin
JM : mais si tu dis ça, c'est que t'es Roger Jacquel
X : mais t'es comme ta mère, tu peux pas m'avoir au téléphone que c'est Roger Jacquel...et pis, la table d'écoute chez tes parents, je m'en fous, je peux téléphoner d'une cabine...Ton père je l’ai vu l’autre fois, le jour du pneu. Je l’ai vu faire le tour de la maison avec le fusil, j’ai tout juste eu le temps de quitter les lieux, pour partir le long des parcs derrière le lampadaire et longer le chemin pour rejoindre ma voiture… De toute façon, ta femme je l’aurai. Heureusement qu’elle n’a pas marché dans le coup du faux accident
JM : oh!
X : on l’attendait à la sortie de DOCELLES.
JM : mais qu'est ce que tu lui aurais fait?
X : On l’aurait violée
JM : tu m'as l'air bien poussif pour la violer
X : moi je me serais contenter de la tenir, le jeune qui est avec moi aurait fait le boulot….
JM : je m'en fous, j'ai de l'argent, je suis jeune, j'aurai une autre minette. Et si tu veux aller après elle, attends au moins qu'elle le veuille, que tu ne lui fasses pas mal, que tu n'y ailles pas comme un lapin
X : Espèce de ***** ! Je lui dirai à ta femme, ça va pas lui faire plaisir. De toute façon, je te mettrai une balle entre les épaules et si je te loupe, je viendrais t’apporter des oranges à l’hôpital… oh pis non ! Je m’en prendrai à ton mioche ça te fera plus mal. Ne le laisse pas traîner, je le surveille avec des jumelles, si je le trouve dehors, je l’embarque et tu le retrouveras “squofié” en bas, et tu n’iras pas voir qui c’est
JM: Espèce de fumier, n'essaie pas de toucher au gamin, tu es un homme mort
X : Ah ! Ah! J’y vais comme je veux chez toi…
JM :Ah oui?
X : C’est pas mal chez toi, tu as de la tapisserie à carreaux dans ta cuisine. Dans la grande pièce tu as du carrelage couleur pain. Tu as une belle salle à manger en chêne, mon ***** !
JM : Hé oui
X : Dis donc le chef, tu as du goût, elle coûte combien ? Quatre à cinq million… Je vais monter chez toi. Demain quand tu rentreras du boulot tes beaux petits arbres qui sont devant ta maison je les aurai arrachés et j'aurais marqué Giscard sur ton crépi, tout autour de la maison… Là, tu ne peux pas prévenir ta femme, tu ne peux pas téléphoner à l’extérieur, qu’en dehors des heures du bureau.
JM : ce n'est pas grave, j'avais l'intention de changer le crépi en couleur saumon
X : et pis, quand Liliane descend chez les parents à AUMONTZEY, elle me dit: Oh! Ben quand Jean-Marie est là avec sa femme, je n’ose pas rentrer, elle est toujours bien habillée, je suis gênée…
JM : arrête, elle est toujours en jean
X : oh oui! En jeans, mais alors quel cul... Liliane me dit aussi: quand je veux me plaindre auprès de ma belle-mère, il faut toujours qu’elle me dise, oh ben! La femme de Jean-Marie à des problèmes de veines, et pis la femme à Gilbert a des problèmes de sang.
JM : ma parole, t'es Roger Jacquel?
X : c'est à toi de chercher
JM : je vais te citer quatre noms, et je te demande d'être franc pour me dire si tu fais partie d'un des quatre.
X : d'accord
JM : Roger Jacquel, Pascal Verdu, Serge Noël ou Marcel Jacob?
X : je fais partie d'un des quatre...de toute façon, pour l'histoire des rétroviseurs, il n'y avait pas que moi qui étais au courant
JM : tu sais ça par Liliane?
X : tu sais, il faut pas trop les écouter non plus...les rétroviseurs il n'y avait pas que moi qui étais au courant
JM : et mon frère Gilbert, qu'est ce que tu en penses, car je ne suis pas tout seul dans la famille?
X : Hé ben lui, je voulais lui crever les pneus mais comme il a une vieille bagnole. elle est souvent en panne et il n'a pas une belle baraque lui!
JM : et mon frère Michel, il n'y a pas que moi qui ai une belle baraque, il y a Michel qui habite à côté de chez les parents.
X : hé oui mais si j'approche de la baraque, il y a le cabot qui gueule. et le père est à côté et encore bien en train de guetter
JM : non, ça m'étonnerait ils sont en discorde...
X : Oh non, plus maintenant!
(en fait ils venaient de se réconcilier, et JM ne le savait pas encore, comme la plupart de la famille d'ailleurs)
X : ton père il a pas l'age adulte...pauvre con. Il met encore des chaussettes quand il va se coucher...
X : tu vois, le chef, que tu fais rien, ça fait 40 minutes que tu es au téléphone. Je ne téléphonerai plus, parole d'homme, mais ce n'est pas comme la dernière fois, cette fois-ci je ferai des vacheries
* On comprend donc que c'est un couple qui téléphone ensemble, côte à côte, c'est la femme qui passe l'appel et demande à parler à JM, puis elle passe le combiné à un homme, mais reste à côté pour écouter la conversation.
Dans cet appel le corbeau futur assassin décrit très précisément son plan, comment il enlèvera l'enfant et le tuera, et décrit dans le détail l'itinéraire qu'il suit quand il se rend chez les Villemin en cachette, le long des parcs derrière le lampadaire et longer le chemin pour rejoindre ma voiture , ce qui correspond exactement au lieu de stationnement désigné par Muriel, à 30 mètres environ du carrefour Orée du Bois/rue des Champs, d'où l'on ne voit en effet que le toit de la maison des Villemin. C'était rodé depuis longtemps....
Appel d'avril 1983 chez Albert et Monique Villemin
MV : Allo, c'est toi? tu recommences? Bonjour! Comment vas tu? On avait le temps long, tu sais, tu nous manquais, hein? Bon, oui, ah c'est toi? Oui t'es revenu? Oh merci aussi pour la petite surprise, hein, du 3 mars..c'est gentil de ta part...(allusion à l'envoi des pompiers chez les grands parents Villemin)
X : Ben oui
MV : oui oui..c'est gentil tu sais, hein! Qu'est ce que tu deviens? On t'a pas vu, dis voir, depuis un certain temps, on t'a pas attendu.
X : on ne peut plus rien vous faire croire..il est trop bien surveillé lui, ...le chef
MV : Oh, je ne sais pas..Merci dis, tu as envoyé une lettre, c'est gentil (allusion à la lettre sous les volets chez JM et Christine)
X : quand j'ai été la poster, ils n'ont rien entendu
MV : Oh écoute, tu y as été vers 5 heures du matin on s'en doute, hein?
X : je peux y aller quand je veux
MV : Oh tu te lèves même la nuit?
X : bien sur
MV : Ben dis donc, t'es courageux, hein! moi je m'amuserais pas à me lever la nuit hein. tu sais c'est bête, tu casses ton sommeil pour nous, c'est ridicule
X : Enceinte une fois... tu t'envoies tranquille...eh sale p*** ...
MV : oh bah dis donc, la p*** j'ai surement pas été la tienne
X : c'est encore à voir
MV : c'est encore à voir? c'est vu d'avance...écoute dis, eh, si t'es mon maquereau, je saurais qui tu es alors, hein!
X : que tu t'es lavée les mains...tu as peur que je révèle... tu te plains où que j'ai mis les mains
MV : tu te trompes, tu sais, parce que moi, j'ai rien à me reprocher, si j'ai eu un gosse, je l'ai élevé et je n'ai pas eu besoin de toi. *
X : il y a un con qui l'a ramassé
MV : il y a un con qui l'a ramassé? oh surement pas. Et ce "le con" il t'*****
X : il est pas encore accroché? ..moi j'irais bien couper la corde..il fera comme son père... (allusion à la pendaison du père d'Albert)
MV : et toi, tu t'accrocheras pas un jour? tu sais pas ce qui t'attend..tu sais pas ce que l'avenir te réserve, hein.
X : tu as honte
MV : je n'ai pas honte..t'es plus malin qu'eux, oh mais tu te crois fort
X : on sait...que pas vu pas pris.
MV : bah de toute façon on ne fait rien du tout pour que tu sois pris hein, on veut ne pas mettre de l'argent pour toi.
X : ce n'est pas la peine de faire venir les gendarmes, ça sert à rien
MV : peut-être pas. comment tu sais qu'ils sont venus? tu les as vus les gendarmes?
X: méé, je me renseigne
MV : tu te renseignes, bas t'as dit vendredi, t'as des bons renseignements hein
X : c'est pour la table d'écoutes (il est informé qu'il est question de mettre une table d'écoutes..)
MV : on peut dire qu'y a un contact avec toi
X : quand elle sera branchée, j'abandonnerai les téléphones privés.
(raccroché)
* Cette phrase de Monique, souvent négligée dans les analyses des enregistrements, pourrait bien être beaucoup plus importante qu'on ne le pense, quant à l'identité du corbeau et son mobile. Monique nourrissait certainement des soupçons sur cette identité. On a le sentiment d'assister à un jeu du chat et de la souris, où chacun sait très bien que l'autre sait et comprend de quoi il parle.
Appel chez Jacky et Liliane Villemin, le 8 mars 1984. Dernier appel enregistré connu du corbeau, 6 mois avant le drame. JM et CV n'auront pas connaissance de cet appel avant le crime, car ils sont fâchés avec le couple Jacky/Liliane, et ne se parlent plus depuis un an.
X : devine
LV : on aurait du mal à deviner on sait que c'est...toujours le même cinglé à part ça..heu..tu sais tu ne me déranges plus maintenant (aboiements de chien et voix d'enfant) les histoires de chez Villemin tu sais, heu, j'en ai rien à foutre hein
Enfant : on n'y va plus
X : ouais et puis quand les flics viendront chez toi, c'est toi qui seras arrêtée la première. Parce que jusqu'à maintenant mon coup je l'avais bien manigancé tout est sur ton père et sur toi
LV : oui
X donc y savent bien qu'il y a toujours une vengeance, donc ils vont croire que c'est vous, vu qu'ils étaient tous cons (?)
LV : qu'est ce que tu veux que ça me foute! les gendarmes ils savent très bien que j'ai des problèmes ailleurs mon pauvre petit. Je m'en fous pas mal des Villemin
X : tu penses
LV : ah si tu savais tout. Tu ne sais pas tout
Enfant : maman
Lv : ah t'es bien feinté là
X : elle avance ta baraque? tu vas bientot déménager?
LV : qu'est ce que ça peut te foutre? hein, qu'est ce que ça peut te foutre Jean-Marie?
X : y a pas de Jean-Marie qui compte
LV : dis hé hé hé..à d'autres mais pas à moi hein!
X : c'est certain, puisque t'es le seul que jusqu'à maintenant a été...Pourquoi...c'est lui même qu'il lui disait le mec au téléphone, puis lui il était bien aussi dedans comme vous. Puisque toi tu t'es vendue avec le bâtard d'à côté. Jean -Marie descendu, je serai mieux vu dans la famille Villemin Parce que dans la boite où...
LV : pourquoi t'es mal vu? t'es mal vu? t'es comme Jacky, t'es mal vu! qu'est ce que ça peut faire Il n'y a pas que les Villemin sur terre. On a des amis hein, on n'est pas obligé d'avoir que de la famille, ça nous empèche pas de vivre...pourquoi t'as envie d'être bien vu?
X : toi ce n'est pas tes parents. Jacky t'as déjà demandé son avis à lui, il n'a pas envie de revoir ses parents peut-être
LV : Jacky il s'en fout hein...Jacky ce qu'il fait? tu sais...je vais te le dire ce qu'il fait. hé bien il cherche son vrai père hein! tu comprends, parce que lui sa famille, c'est son père d'abord.
X Ouais, mais il aura du mal à trouver, elle en a eu tellement sur le dos la bourrique qu'elle aura du mal à trouver qui c'est son père..c'est la ***** de tout le monde.
LV : hum! t'en es sur?
X : renseigne toi à Aumontzey, tu verras bien ce que les gens pensent de la Monique avec son premier bâtard
LV : pourquoi elle en a eu des autres?
X : elle en a un deuxième et ça se voit parce que son père il n'est pas si aimé que ça...et dans Aumontzey, donc le deuxième bâtard ça peut être Michel ou Jacqueline, Gilbert ou Jean-Marie..il est dans Aumontzey leur père. C'est lui que tu recherches, tu n'as qu'à le trouver
LV : il est à Aumontzey son père?
X : elle vous a toujours raconté des sc******* il n'y a jamais eu de Thiebault que de beurre au cul*
LV : et qui c'est son père, tu le sais? Parce que Jacky ce qui le rend malheureux c'est son père figure toi. Sa mère et l'autre, il s'en fout. C'est son père qu'il voudrait bien connaître.
X : qu'il demande la vérité à sa mère parce qu'elle aussi elle ment. Elle dit que c'est Thiebault même à son vrai mari mais elle ne veut pas dire qui c'est le mec d'Aumontzey vu qu'elle s'est envoyée encore souvent en l'air avec lui et qu'elle ait eu un deuxième jeune avec
LV : dis donc ça ne serait pas toi le père de Jacky?
X : ben à toi de deviner...pourquoi sa mère a toujours eu peur de la vérité, parce que je l'ai coincée une fois quand elle allait aux courses et je lui ai dit que je remettrai tout à l'air.
LV : que tu quoi? Pardon je n'ai pas compris
X : que je remettrai tout en l'air, que tout le monde saurait la vérité
LV : oui mais pourquoi tu t'en prends à tous les gosses, tu ne devrais pas...et nous mettre ça sur le dos pourquoi? On n'est pas méchant, nous, on ne fait pas de mal aux gens..on laisse vivre le monde? Pourquoi tu nous fais du mal comme ça? Laisse les pour ce qu'ils sont. Même s'ils ne t'aiment pas il y en a des autres qui t'aiment hein! si tu as besoin de téléphoner...
X : ..ça ne sera peut-être pas découvert
LV : ecoute voir, si t'as besoin de téléphoner, de te confier à qqun n'hésite pas. ne nous fais pas de mal, hein! tu comprends nous on est en train d'acheter une maison. tu sais la vérité, on vient d'aller signer, on a signé alors ne nous mets pas dans la m***** ...on demande qu'une chose, c'est d'être heureux tous les trois, les autres on s'en fout tu sais
X : ah bon, c'est grave de...
LV : ben si tu nous les mets sur le dos
X : y a qu'au chef que je vais lui en faire
LV : écoute voir..écoute moi...écoute moi tu veux leur faire du mal, mais tu nous le mets sur le dos. tu te rends compte tout le mal que tu nous fais hein! Moi les gendarmes ils sont venus ici et ils m'ont fait monter à la brigade, ils m'ont accusée...
X : ben oui, je...
LV : et j'en suis tombée malade
X : oui oui, je sais encore hein
(raccroché)
* On comprend que le corbeau a de gros doutes quant à la batardise de Jacky, en tout cas du père désigné, Thiebaud, et qu'il pense que Monique raconte des mensonges aussi là dessus. Il insinue à moitié qu'en fait il serait bien d'Albert comme les autres, mais conçu avant le mariage, ce qui rendrait l'attitude d'Albert encore plus indigne puisque c'est son propre fils qu'il aurait refusé d'élever (tout en le reconnaissant lors du mariage)
En réalité, Jacky et Thiebault se rencontreront plus tard, Thiebault n'avais jamais été au courant de la naissance de cet enfant.
Concernant l'appel revendiquant le meurtre de Grégory:
il a été mis en doute par Madame Paulette Kinet épouse Jacquel, belle-mère de Jacky Villemin, Jean-Marie, Christine Villemin et bien d'autres.
En effet à part Michel Villemin, le témoin qui a reçut l'appel, personne n'a pu prouver l'existence de ce coup de fil...Si ce n'est Lionel, (qui mourra dans un accident de la route en 1991) le fils Villemin âgé de 12 ans avait affirmé, auprès du juge Simon en 1988, avoir entendu la sonnerie alors qu'il jouait dans le jardin avec son camarade Savas Alici, mais celui-ci ne l'a pas confirmé et Lionel avait dit le contraire aux gendarmes le 19 octobre 1984...Ce qui, là aussi, est un véritable casse-têtes...!
17 h 35 environ
Michel VILLEMIN, sort de chez lui et hèle son jeune frère Lionel et lui demande de chercher d’urgence leur mère qui était avec son mari, chez une de ses sœurs à peu de distance.
Quelques minutes plus tard, il leur raconte que le corbeau lui avait téléphoné pour signaler le kidnapping. Il a prétendu que le corbeau à voie rauque et déguisée, avait dit « Je te téléphone car cela ne répond pas à côté. Je me suis vengé du chef et j’ai kidnappé son fils. Je l’ai étranglé et je l’ai jeté à la Vologne. Sa mère est en train de le rechercher mais elle ne le trouvera pas. Ma vengeance est faite. »
Or l’enfant n’a jamais été étranglé ?!!
La chambre d’accusation de Nancy a estimé qu’il était singulier qu’à 17 h 32, quand Michel Villemin a reçu un appel téléphonique du corbeau que celui-ci soit déjà informé que la mère recherchait elle-même son enfant.
Pourquoi Michel n’est-il pas allé lui-même voir ses parents avec son véhicule ou même à pied, il serait arrivé plus rapidement que son jeune frère ? Une nouvelle de cette importance était urgente à transmettre !
Etait-il sous le choc de la nouvelle ?
De gros doutes concerne la véracité des dires de Michel VILLEMIN.
De nouveaux appels téléphoniques parvinrent chez Albert Villemin après le meurtre de l'enfant. L'un d'eux donnera des détails horribles sur la mort du petit garçon, stipulant qu'il avait été noyé dans une baignoire !. Rumeur...?
On peut conclure deux choses de ces appels anonymes :
le corbeau femme se manifeste avec des faits graves : accidents de circulation, crise cardiaque, pendaison...Et d'où elle était, elle voyait tout...!
Le corbeau homme se manifeste, lui, par la réussite professionnelle et sociale, l'argent, l'épouse, l'enfant et s'en prend souvent à Jean-Marie.
Monique tenait un cahier où étaient consignés tous les appels du corbeau. On s’apercevra, lors de la reprise du dossier par le juge Simon, que les pages où étaient inscrit les appels survenus pendant les heures de travail de Christine avaient été supprimées...Parce que cela disculpait Christine de nombreux appels...!
Egger Ph.