Selon la presse, les deux hommes, qui ont crié des slogans islamistes, semblent avoir été élevés dans la religion chrétienne avant de se convertir à l'islam.
Le tueur, machette à la main. © Capture d'écran/The Sun
Les autorités britanniques ont établi que les deux hommes accusés du meurtre à l'arme blanche d'un soldat dans une rue de Londres sont des Britanniques d'origine nigériane, a-t-on appris jeudi de source proche de l'enquête. Les médias ont révélé que l'un d'eux, âgé de 28 ans, s'appelait Michael Adebolajo et était né en Grande-Bretagne. La police a perquisitionné jeudi la demeure de sa famille dans un village proche de Lincoln, dans l'est de l'Angleterre.
Selon la presse britannique, les deux hommes, qui ont crié des slogans islamistes pendant et après l'assassinat mercredi, semblent avoir été élevés dans la religion chrétienne avant de se convertir à l'islam. Les deux suspects, dont l'un est peut-être né à l'étranger, ont été interpellés et sont interrogés après avoir été blessés par balle par la police. Cette attaque renforce la thèse du danger couru par les habitants des grandes villes occidentales face à des opérations menées par des "loups solitaires", comme celle de l'attentat du marathon de Boston, le mois dernier.
"Nous ne céderons jamais devant la terreur"
"Nous ne céderons jamais devant la terreur ou le terrorisme, quelles qu'en soient les formes", a déclaré jeudi le Premier ministre David Cameron, après avoir présidé une réunion de crise dans le cadre du dispositif Cobra, appliqué en cas de menace sur la sécurité nationale. "Ce n'est pas seulement une attaque contre la Grande-Bretagne et son mode de vie, c'est aussi une trahison de l'islam et des communautés musulmanes qui donnent tant à notre pays. Rien dans l'islam ne justifie cet acte véritablement affreux", a-t-il ajouté devant le 10 Downing Street, la résidence du chef du gouvernement britannique. David Cameron a précisé que les deux hommes étaient connus des services de renseignements et qu'une enquête de routine serait menée pour vérifier si ces services avaient bien fonctionné.
Anjem Choudary, l'un des religieux musulmans les plus respectés de Grande-Bretagne, a déclaré qu'Adebolajo était connu par ses coreligionnaires comme un moudjahid, un combattant en arabe. Au Nigeria, où les autorités combattent dans le nord une insurrection islamiste, on dit de source gouvernementale qu'il n'existe aucune preuve de l'existence de liens entre les deux hommes et des organisations islamistes d'Afrique de l'Ouest. Mercredi après-midi, près d'une caserne de l'armée à Woolwich, dans le sud-est de la capitale, les deux hommes ont d'abord percuté avec leur voiture le soldat, dont l'identité n'a toujours pas été officiellement révélée. Munis de couteaux et d'un hachoir, ils l'ont ensuite poignardé et ont tenté de le décapiter, ont rapporté des témoins.
"OEil pour oeil, dent pour dent"
Une vidéo, prise par un passant avant l'arrivée de la police, montre un homme les mains couvertes de sang et tenant un couteau et un hachoir à viande ensanglantés. "Nous jurons par Allah le tout-puissant que nous ne cesserons jamais de vous combattre. La seule raison pour laquelle nous faisons ça est parce que des musulmans meurent chaque jour", dit l'homme, selon un enregistrement obtenu par la chaîne de télévision ITV. "Ce soldat britannique, c'est oeil pour oeil, dent pour dent", ajoute le meurtrier présumé, qui porte un gilet en laine et un jean.
Cette agression est le premier meurtre à mobile apparemment islamiste en Grande-Bretagne depuis les attentats de Londres en juillet 2005. Quatre kamikazes avaient fait exploser des bombes dans les transports en commun, faisant 52 morts et des centaines de blessés. Selon la police, la victime a été prise à partie par ces deux hommes dans John Wilson Street, près d'une caserne de Woolwich, quartier qui a longtemps abrité une caserne d'artillerie royale. À son arrivée sur place, la police n'a pu que constater son décès. D'après certains médias, les agresseurs criaient en arabe "Dieu est le plus grand !" pendant qu'ils poignardaient la victime.
Un acte peu sophistiqué
L'homme sur la vidéo déclare : "Je demande pardon aux femmes qui ont assisté à cela, mais, dans nos pays, nos femmes aussi doivent assister à de pareilles choses." "Vous ne serez jamais en sécurité. Débarrassez-vous de votre gouvernement. Il ne se soucie pas de vous", ajoute cet homme avant de traverser la rue et de s'adresser tranquillement à l'autre agresseur présumé. Scotland Yard n'a pour l'instant pas établi formellement si les deux agresseurs avaient agi seuls ou s'ils font partie d'une organisation.
Pour Peter Clarke, responsable de l'antiterrorisme lors de l'enquête sur les attentats de 2005, il ne fait pas de doute qu'il s'agit d'un acte isolé. "Une telle opération ne nécessite pas un financement sophistiqué, ni une préparation et des communications complexes. Elle peut être organisée et effectuée ensuite dans la foulée", a-t-il expliqué. La victime portait un T-shirt avec l'inscription "Help for heroes", nom d'une association caritative britannique d'aide aux anciens combattants d'Afghanistan et d'Irak.
Une femme, Ingrid Loyau-Kennett, présente sur les lieux au moment du drame, a tenté de discuter avec l'un des agresseurs pour le calmer. "Il avait ce qui ressemblait à des outils de boucher - une petite hache pour couper les os et deux grands couteaux. Il m'a dit : Éloigne-toi du corps", a-t-elle témoigné devant les médias locaux. "Il a ensuite dit : Je l'ai tué parce qu'il a tué des musulmans et j'en ai assez que des gens tuent des musulmans en Afghanistan."
Le «Daily Mirror» a publié une séquence révélant que les tueurs d'un soldat britannique ont tenté d'attaquer la première patrouille de police appelée sur les lieux.
Le site du «Daily Mirror» a mis en ligne une vidéo qui montrerait les assaillants tentant d'attaquer des policiers. Il s'agirait de la première patrouille arrivée quatorze minutes après le massacre d'un soldat à l’arme blanche, dans le quartier de Woolwich.
On distingue Adebolajo qui se rue vers le véhicule en brandissant un hachoir. Selon le «Daily Mirror», la policewoman qui conduisait la voiture n'a dû sa survie qu'au réflexe de son collègue, qui a ouvert le feu. Le jeune assaillant a été projeté vers le sol. Au même moment, son acolyte, Adebowale, pointait une arme à feu en direction de la voiture des policiers. Il aurait été touché quelques secondes plus tard par des policiers d'élite.