Il avait été donné pour mort (mais la France n’avait toutefois pas confirmé) mais apparemment, il bouge encore. Le chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, alias Mr Marlboro, qui a fondé sa propre katiba (brigade), appelée les “Signataires par le sang” après avoir quitté al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), aurait supervisé les deux attaques commises le 23 mai à Arlit et Agadez, au Niger, lesquelles ont fait 19 victimes.
C’est du moins ce que prétend El-Hassen Ould Khlil, alias Jouleibib, le porte-parole des “Signataires par le sang”, cité par l’agence mauritanienne Alakhbar. “C’est Belmokhtar qui a supervisé lui-même les plans d’opération des attaques” qui ont “visé les forces d’élite françaises assurant la sécurité des installations de la firme nucléaire (Areva) et une base militaire nigérienne”, a-t-il en effet affirmé.
Pour rappel, ce double attentat avait été rapidement revendiqué par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), actif dans le secteur de Gao, au Nord-Mali. Il était l’un des trois groupes principaux établis dans cette région en 2012, avant d’en être chassé par les forces françaises de l’opération Serval.
Plus tôt, dans un communiqué mis en ligne sur des sites de la mouvance jihadiste, le groupe de Belmokhtar, par ailleurs responsable de la prise d’otages géante sur le site gazier algérien d’In-Amenas, en janvier dernier, a aussi menacé de “mener plus d’opérations” au Niger et de s’en prendre également à la France ainsi qu’à tous les pays engagés militairement au Mali. Et le double attentat commis la veille était sa “première réponse à une déclaration du président du Niger (Mahamadou Issoufou, ndlr), inspirée de ses maîtres à Paris, affirmant que les jihadistes ont été écrasés militairement.”
L’attaque ayant visé un camp militaire à Agadez a été la plus sanglante des deux (l’autre, commise contre une filiale d’Areva, a fait 1mort et 14 blessés). Selon un bilan donné par le ministre nigérien de l’Intérieur, Abdou Labo, 18 soldats nigériens ont été tués tandis que 15 autres ont été touchés, dont 6 gravement.
La chronologie des évènements reste imprécise. Cela étant, l’assaut des terroristes a commencé par l’explosion d’une voiture piégée à l’intérieur du camp. Des jihadistes en auraient profité pour s’enfermer dans un local en prenant en otage des élèves officiers alors en stage à Agadez.
Et, une source sécuritaire nigérienne avait indiqué, hier, que des forces spéciales françaises avaient été déployées aux côtés des troupes nigériennes afin de les aider à libérer les otages. Ce que le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a confirmé ce 24 mai.
“A l’heure où je vous parle, la situation est stabilisée, en particulier à Agadez, où nos forces spéciales sont intervenues en soutien des forces nigériennes à la demande du président (nigérien Mahamadou) Issoufou”, a-t-il affirmé, alors qu’il était interrogé par BFMTV. Environ 60 militaires appartenant au Commandement des opérations spéciales (COS) seraient affectés à la protection du site minier d’Areva à Arlit.
Le ministre a précisé qu’au moins deux “terroristes” ont été tués lors de l’assaut, lequel a eu lieu “à l’aube”. Son homologue nigérien, Mahamadou Karidjo , avait quant à lui affirmé que l’opération s’était terminée le 23 mai au soir…
“Leur objectif était que le Mali devienne un sanctuaire islamiste, ça ne le sera pas. Il faut maintenant éviter qu’il y ait, soit au Nord-Niger, soit dans une partie du Tchad, des risques identiques”, a par ailleurs affirmé M. Le Drian, en évoquant les groupes jihadistes.
Quant au président Hollande, il avait averti la veille que la France appuierait “tous les efforts des Nigériens pour faire cesser la prise d’otages” et “anéantir” le groupe responsable des attaques à Arlit et à Agadez.