tag:blogger.com,1999:blog-44989152631306063152024-03-29T04:29:35.578+01:00"Qui a le savoir, a le pouvoir"Unknownnoreply@blogger.comBlogger13014125tag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-55001163776916132122024-03-26T18:57:00.007+01:002024-03-26T18:57:32.744+01:00De nouvelles aéronavales ? Les avatars de la robotisation<p> </p><p>La décision américaine de cesser la coopération avec la Turquie à propos du F‑35B a signé le début d’une séquence assez particulière. D’une part, la Turquie ne pouvait plus accéder à son rêve, remontant à plusieurs dizaines d’années, de disposer d’une aéronavale embarquée à voilure fixe susceptible d’opérer depuis un LHD justement conçu pour le Lightning II. D’autre part, la marine turque s’engageait dans une voie, le porte-drones, qui pourrait faire florès.</p><p>Analogue au Juan Carlos Ier, l’Anadolu aurait pu embarquer une petite dizaine de F‑35B, soit une capacité intéressante, mais qui reste dépendante d’une conception spécifique des opérations, avec une distribution des capacités d’appui et de soutien – détection aérienne avancée, lutte anti-sous-marine – dans le cadre d’une coalition. En effet, entré en service le 10 avril 2023, l’Anadolu est d’abord et avant tout un LHD (Landing helicopter dock) dont seule une partie des volumes intérieurs est occupée par les installations aéronautiques. Or la cessation du partenariat avec Ankara à propos du F‑35B est aussi le symbole d’une distanciation au sein de l’OTAN et d’une réduction de la probabilité d’assister à la mise en place d’une coalition navale impliquant des moyens aussi lourds qu’un porte-aéronefs.</p><p><b><span style="font-size: large;">Le cas turc : un porte-drones de substitution au porte-aéronefs ?</span></b></p><p>Reste cependant une dimension symbolique extrêmement importante pour Ankara : qu’il embarque 10 ou 30 F‑35B et qu’il soit dépourvu d’un groupe aérien complet, l’Anadolu est avant tout représentatif d’une montée en puissance et d’une diversification capacitaire politiquement exploitable. De même, il symbolise l’action sur le « Mavi Vatan », une « patrie bleue » aussi revendiquée qu’elle est l’expression d’une puissance turque sûre d’elle, en pleine ascension et permettant d’édicter les normes selon lesquelles la Turquie agira stratégiquement (1). Or la solution finalement retenue pourrait faire sortir la Turquie « par le haut » de l’interdiction capacitaire qu’implique la décision américaine. Dès la deuxième moitié de 2020, il était question de mettre en place un groupe aérien embarqué d’un genre nouveau et tirant profit de l’expérience turque en matière de drones, tout en incluant des hélicoptères ASM ou encore des hélicoptères d’attaque (2).</p><p>D’une part, Ankara compte sur le TB3, une évolution du TB2. Si ce drone monomoteur en retient la configuration générale, il est aussi spécifiquement adapté aux opérations aéronavales. Il reçoit ainsi une liaison par satellite, qui réduit les risques liés aux actions de guerre électronique (mais qui devrait également faciliter l’intégration électromagnétique du drone sur un bâtiment ne manquant pas de systèmes pouvant causer des interférences). C’est aussi une machine deux fois plus lourde – 1 450 kg de masse maximale au décollage contre 700 kg pour le TB2 –, ce qui doit faciliter les opérations depuis la mer, mais qui autorise également un accroissement de la charge utile. Celle-ci passe ainsi de 150 à 280 kg sur le TB3, avec six points d’emport, contre quatre sur le TB2. Les munitions vont également connaître une diversification comparativement au TB2, incluant notamment le Kuzgun, une munition modulaire qui peut, une fois dotée d’un turboréacteur, atteindre une portée de 110 km. Le train est par ailleurs adapté et les ailes, dont l’envergure passe de 12 à 14 m, peuvent partiellement se replier. Son roll-out a eu lieu en mars 2023, et son premier vol le 27 octobre – deux jours avant la fête nationale turque. Depuis, les essais en vol se poursuivent.</p><p>D’autre part, la cérémonie d’admission au service actif de l’Anadolu a permis de présenter, sur son pont, un Kizilelma. Ce drone de combat à réaction de six tonnes de masse maximale au décollage a effectué son premier vol le 4 décembre 2022. S’il est officiellement présenté comme adapté à l’Anadolu, rien ne laisse pour l’heure présager son utilisation depuis le bâtiment : le train n’a pas l’air particulièrement renforcé et il ne dispose pas d’une crosse d’appontage – le navire lui-même ne comportant pas de brins d’arrêts. Or il n’est pas certain qu’un drone d’une telle masse puisse apponter sans dispositif d’aide à l’arrêt – sous peine que sa course prenne une longueur excessive. Comme le TB3, son décollage ne nécessite que l’utilisation du tremplin. Reste cependant à voir quelles missions seront affectées au Kizilelma : projet prestigieux, son concept d’opération comme ses capacités précises – en particulier dans le domaine antinavire – sont encore nébuleux.</p><p>Un porte-drones donc, mais pour quoi faire ? Comme pour n’importe quel bâtiment mettant en œuvre des aéronefs, les fonctions du navire sont relatives aux capacités des ceux-ci. Or, si l’on peut imaginer que l’embarquement d’hélicoptères ASM ferait de l’Anadolu une puissante plateforme une fois accompagné par son groupe d’escorte ou qu’il soit, bien évidemment, adapté aux opérations amphibies, quelles seraient ses fonctions dans d’autres scénarios ? Au regard des missions historiques du porte-avions – supériorité aérienne, éclairage, lutte antinavire –, les drones embarqués pourraient avoir une utilité en termes d’éclairage, mais la faiblesse des charges utiles des drones limiterait les aptitudes en termes de lutte antinavire. Un engin comme l’Akinci semblerait plus adapté. De même, le TB3 n’est assurément pas une plateforme de supériorité aérienne et le Kizilelma doit encore faire ses preuves en la matière.</p><p>Pour autant, dans des scénarios d’appui aux opérations amphibies ou encore d’engagement dans des opérations de frappe terrestre en environnement peu contesté – il faut rappeler que le drone est vulnérable et qu’une faible charge utile réduit les aptitudes à opérer à distance de sécurité (3) –, les capacités des drones s’avéreraient intéressantes. Reste également à considérer les évolutions que pourraient subir les drones ; notamment en termes de gamme de missions, à l’instar de ce qu’a pu faire General Atomics pour le MQ‑9B SkyGuardian – il est vrai sur une plateforme plus lourde que le TB3. À ces différents égards, les capacités aéronavales sont directement contraintes par la configuration de l’Anadolu. Sauf à imaginer la conception d’un nouveau drone et non plus l’adaptation du préexistant, ces capacités resteront donc restreintes, tout en offrant un marqueur symbolique.</p><p><b><span style="font-size: large;">General Atomics : changement de voilure</span></b></p><p>Si le drone importe, comme la configuration du bâtiment de l’utilisateur, de réelles opportunités peuvent cependant émerger, avec des concepts déjà bien avancés. En mai 2022, General Atomics indiquait ainsi travailler sur de nouvelles voilures pour les drones MQ‑9B (dans les versions SkyGuardian ou SeaGuardian). Une plus grande surface alaire leur conférerait des capacités STOL (Short take-off landing). La voilure sera également repliable. L’intérêt de cette formule est de permettre des décollages et atterrissages depuis des porte-avions ou des bâtiments amphibies de type LHD, leur offrant une capacité ISR, sans avoir besoin de catapulte ou de brins d’arrêt, les surfaces de contrôle permettant d’optimiser les phases de décollage et d’atterrissage. À terre, le drone est également utilisable depuis des pistes plus courtes. Dans les deux cas, il continue d’offrir une endurance de l’ordre de 30 heures de même que des charges utiles similaires. Surtout, la formule étudiée consiste à remplacer la voilure d’appareils déjà existants, sous forme d’un kit pouvant être installé en un jour – ne nécessitant donc pas l’achat de nouveaux appareils.</p><p>Le marché potentiel est important, certes au regard des marines utilisant des LHD, mais aussi des utilisateurs du MQ‑9B ; avec des combinaisons potentiellement inédites. On ne peut pas écarter l’idée que le Royaume-Uni pourrait utiliser ses Protector – une variante du SkyGuardian – depuis ses porte-avions, pour des missions de frappe ou ISR. Un Mojave, soit un Grey Eagle aux capacités STOL, a ainsi déjà été testé depuis le Prince of Wales en novembre 2023 – sachant qu’à l’horizon 2030, un nouveau type de drone, le Vixen, doit entrer en service en remplacement des Merlin Crowsnest de détection aérienne, mais aussi pour des fonctions de guerre électronique et de ravitaillement en vol (4). Sur les MQ‑9B, l’installation d’un dispenseur de bouées acoustiques permettrait également de faire du drone un outil intéressant pour les opérations ASM, permettant de déployer loin et relativement rapidement des réseaux de bouées. Mais on peut également imaginer que des États ne disposant pas de LHD puissent engager leurs drones, une fois dotés de ces kits, depuis des bâtiments étrangers. La Belgique ou l’Australie pourraient ainsi le faire avec le Royaume-Uni – sachant que Bruxelles s’est déjà rapproché de Londres pour les aspects liés à la formation et à la maintenance – et l’Australie avec les États-Unis. Reste également à voir si les MQ‑9A – dont sont ou seront dotés la France, l’Espagne, les Pays-Bas ou encore l’Italie – pourront recevoir ces kits ; mais aussi si l’envergure, 24 m pour un MQ‑9B, sera compatible avec des bâtiments plus étroits, comme les Mistral et Juan Carlos.</p><p><b><span style="font-size: large;">Rupture portugaise ?</span></b></p><p>À cette formule hybride du porte-aéronefs/porte-drones, il faut aussi ajouter celle du pur porte-drones. La surprise, en l’occurrence, est venue de la passation de commande à Damen d’un bâtiment spécialisé par le Portugal. Sa future « plataforma naval multifuncional », qui sera baptisée Don Joao II, est un bâtiment à pont continu de 94 m de long pour 11 m de large, doté d’un tremplin. D’une longueur totale de 107 m, le navire bénéficiera d’un espace de stockage de 650 m2 permettant d’abriter des drones, mais aussi du matériel. En effet, ses fonctions seront variées. Nombre d’observateurs se focalisent sur la mise en œuvre de drones aériens et l’allure générale du bâtiment. Mais les missions de combat du navire restent à définir et seront limitées par ses dimensions : le pont est ainsi, au mieux, moins large d’un mètre que l’ascenseur arrière du Juan Carlos Ier. Cela peut donc être suffisant pour nombre de drones tactiques, mais interdit un engin comme le SkyGuardian. En revanche, il sera intéressant pour des missions hydrographiques, de secours, voire de mise en œuvre de drones sous-marins. En ce sens, il sera bel et bien « multifonctionnel ».</p><p>Faut-il pour autant considérer le bâtiment porte-drones comme une rupture ? Par définition, depuis les années 1960 et les premiers embarquements d’hélicoptères, les bâtiments se marsupialisent : hélicoptères et dromes diverses trouvent dans les navires de surface des plateformes de mise en œuvre (5). Avec l’alourdissement généralisé des types – les patrouilleurs de 3 000 t.p.c. d’aujourd’hui auraient été considérés comme des frégates dans les années 1980 –, les volumes intérieurs disponibles se sont accrus et l’arrivée de nouveaux types de drones accroît cette tendance à la marsupialisation. La moindre frégate est ainsi appelée à mettre en œuvre plus de drones qu’un porte-avions géant américain – qui n’aura à bord que quatre ou cinq MQ‑25 (6)– et sans doute pour des fonctions bien plus diversifiées. Cette évolution par les dronisations – dont l’aérienne – est déjà en marche et va assurément changer la donne de ce que l’on considère comme une aéronavale. </p><p><b><span style="font-size: large;">Notes</span></b></p><p><span style="font-size: x-small;">(1) Joseph Henrotin, « Le Mavi Vatan : quelle vision maritime pour la Turquie ? », entretien avec Cem Gürdeniz, Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 77, avril-mai 2021.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(2) Voir Philippe Langloit, « Drones tactiques : la percée turque », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 75, décembre 2020-janvier 2021.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(3) Joseph Henrotin, « Retour vers le futur ? De l’adaptation des drones MALE aux opérations de demain », Défense & Sécurité Internationale, no 95, septembre 2013.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(4) Le projet est officialisé depuis 2020 dans le document Future Maritime Aviation Force, mais sans que plus d’informations soient données sur la plateforme porteuse.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(5) Joseph Henrotin, Les fondements de la stratégie navale au XXIe siècle, coll. « Bibliothèque stratégique », Economica, Paris, 2011.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(6) Philippe Langloit, « MQ‑2 : échec programmatique ou pièce essentielle des dispositifs aériens futurs ? », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 62, octobre-novembre 2018.</span></p><p style="text-align: right;"><i>Philippe Langloit</i></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: x-small;">areion24.news</span></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-16568665514694773112024-03-26T18:54:00.005+01:002024-03-26T18:54:21.297+01:00Entre opportunités et défis : regard russe sur le conflit Hamas/Israël<p><br /></p><p>Si Moscou affiche une orientation nettement en faveur de la cause palestinienne depuis l’offensive du Hamas, le Kremlin veille également à ne pas compromettre ses relations avec Israël au risque de fragiliser l’équilibre régional qu’il a patiemment tissé depuis quinze ans.</p><p>Pour la Russie, la guerre actuelle entre le Hamas et Israël ne représente pas plus une opportunité susceptible de détourner l’attention des Occidentaux du conflit en Ukraine qu’un risque mettant en péril l’intégrité de sa politique au Moyen-Orient. Au contraire : ce regain d’hostilité confirme principalement aux yeux de Moscou la partialité évidente des États-Unis en faveur de l’État hébreu et leur échec manifeste à proposer une résolution viable du conflit israélo-palestinien. Ce constat corrobore la vision russe de la nécessaire désoccidentalisation de l’ordre international ; un projet alternatif qui implique notamment l’intégration et la légitimation de nouveaux acteurs dans la gestion mondiale des conflits.</p><p><b><span style="font-size: large;">Hamas : un indéniable soutien</span></b></p><p>Depuis le début des hostilités, le 7 octobre 2023, la Fédération russe manifeste ostensiblement son soutien à la cause palestinienne et à une solution onusienne préconisant l’établissement de deux États distincts. La Russie a ouvert des canaux de discussion avec la direction du Hamas avant même que ce dernier ne reçoive le vote des Gazaouis en 2006. Les Russes encouragent cette dernière à accepter les conditions politiques posées par la communauté internationale afin de « monter en légitimité » et plaident par ailleurs en coulisses en faveur d’une réconciliation entre les factions palestiniennes pour renforcer leur unité politique en prévision d’une éventuelle reprise du processus de paix et des négociations avec la partie israélienne (1).</p><p>La signature en septembre 2020 des accords d’Abraham, à l’instigation de Donald Trump, a néanmoins constitué une véritable déconvenue pour Moscou (2) : non seulement l’initiative américaine reportait-elle sine die la résolution du conflit israélo-palestinien, mais elle reléguait également à la marge les tentatives russes d’unification des forces palestiniennes. Les violentes représailles qui se poursuivent dans la bande de Gaza, ainsi que le nombre substantiel de victimes civiles palestiniennes, remettent dorénavant en question la légitimité de ces accords pour les chancelleries moyen-orientales (3). Pour Moscou, les hostilités actuelles imposent la réinscription à l’ordre du jour de la question palestinienne et sa nécessaire résolution dans un cadre onusien.</p><p>Concrètement, la posture russe s’est traduite jusqu’à présent par son refus catégorique de condamner, de quelque manière que ce soit, l’attaque du Hamas. À la différence de ses rivaux occidentaux, mais en accord avec les normes de l’ONU sur le terrorisme, la Russie ne considère pas le Hamas comme terroriste. Moscou appréhende plutôt l’organisation islamiste comme une force politique engagée dans une lutte contre les inclinations colonialistes des Israéliens. Ainsi, le projet de résolution russe au Conseil de sécurité de l’ONU, soumis dès le 16 octobre et appelant à un cessez-le-feu humanitaire dans la bande de Gaza, évitait délibérément de mentionner explicitement le Hamas comme instigateur du conflit en cours. Parallèlement, une délégation de cette même organisation était accueillie dix jours plus tard à Moscou pour négocier et coordonner la libération des otages israélo-russes.</p><p>De manière concomitante, les principaux médias nationaux russes ont tous adopté une position défavorable aux autorités israéliennes, formulant des critiques acerbes quant au traitement réservé aux civils lors des représailles militaires d’Israël à Gaza. Lors d’une conférence de presse tenue le 21 novembre, le ministre des Affaires étrangères russes, Sergueï Lavrov, réaffirmait la disposition de la Russie à appuyer toute relance du processus de paix en vue de l’établissement d’un État palestinien dans les limites territoriales de 1967 avec pour capitale Jérusalem-Est (4), revendication récurrente des négociateurs palestiniens.</p><p><b><span style="font-size: large;">Israël : un partenaire encore crucial </span></b></p><p>Ce n’est finalement que le 16 octobre — soit dix jours après l’assaut du Hamas en territoire israélien — que Vladimir Poutine, lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, a présenté ses condoléances aux familles des Israéliens tués, sans remettre en question l’acte commis par la branche armée du Hamas. Ce positionnement de Moscou vis-à-vis de Tel Aviv se démarque nettement de leur attitude antérieure, plus pondérée, qui prévalait avant l’attaque du Hamas (5).</p><p>Depuis un peu moins de vingt ans, les autorités russes ont systématiquement cherché à maintenir un équilibre dans la conduite de leurs actions régionales. En cultivant des relations harmonieuses avec pratiquement tous les acteurs en conflit au Moyen-Orient, la Russie s’est présentée comme un intermédiaire indispensable et a cherché ce faisant à rectifier ce qu’elle considère comme une répartition injuste du pouvoir sur la scène internationale. De solides liens ont ainsi été forgés tant avec d’anciens alliés soviétiques (Syrie, Égypte) qu’avec des acteurs davantage orientés vers l’Occident et notamment les États-Unis (Arabie saoudite, Émirats arabes unis). Israël fait partie de cette seconde catégorie.</p><p>Sur le plan militaire, le complexe militaro-industriel israélien attise les appétits d’une armée russe souhaitant combler son fossé technologique avec l’Occident. Toutefois, dans le cas de la dronautique, les professionnels israéliens se sont jusqu’à présent abstenus, à la demande de Moscou, de livrer du matériel militaire aux Ukrainiens. Israël revêt également une importance déterminante pour l’économie de la Russie : Tel Aviv n’a en effet jusqu’à présent imposé aucune limitation aux relations économiques bilatérales ni de sanctions personnelles à l’encontre de citoyens russes et Israël continue à commercer avec des entreprises russes. À cet égard, la présence d’une importante diaspora russe en Israël renforce l’idée que cette connexion russo-israélienne n’est pas fortuite, mais bien le résultat de relations culturelles, historiques et politiques étroites entre les deux nations.</p><p>Bien que la relation bilatérale entre Israël et la Russie soit globalement positive, plusieurs questions d’ordre stratégique opposent diamétralement ces deux partenaires. Moscou continue en effet d’entretenir une franche collaboration avec l’Iran, principal ennemi israélien, notamment dans le secteur de l’armement (avec le risque d’approvisionner indirectement le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien) ainsi que dans celui du nucléaire, ce que Tel Aviv accueille comme une menace vitale. En Syrie, l’installation par l’armée russe de capacités de détection de missiles aériens visait à limiter la possibilité, pour l’armée israélienne de compromette le rétablissement politique du régime de Bachar el-Assad.</p><p>La question palestinienne est une autre source de discorde entre Israël et la Russie, cette dernière ne disposant ni des moyens économiques ni des moyens militaires dissuasifs suffisants pour forcer son partenaire à s’engager pour l’établissement d’un État palestinien à ses frontières. Le 10 décembre, Sergueï Lavrov appelait par exemple au lancement d’une mission d’observation pour évaluer la situation humanitaire à Gaza tout en considérant qu’il n’était pas acceptable, pour Israël, de prendre l’attaque du 7 octobre comme prétexte pour punir collectivement et sans distinction la population palestinienne. Il n’est toutefois pas certain que Moscou soit disposé à sacrifier les principes de justice en faveur de la cause palestinienne au détriment des avantages découlant de sa relation avec Israël. L’objectif actuel de la Russie sur la scène régionale est plutôt de se positionner comme une alternative crédible et moins impartiale que les États-Unis dans la médiation entre Israéliens et Palestiniens.</p><p><b><span style="font-size: large;">De l’antisémitisme à l’escalade incontrôlée : les défis du conflit en cours</span></b></p><p>Le principal défi interne que suscite l’actuel conflit entre le Hamas et Israël pour Moscou réside dans la réémergence de l’antisémitisme en Russie et de sa banalisation. La campagne anti-israélienne dans le paysage médiatique russe crée un contexte favorable à des heurts entre citoyens musulmans et juifs au sein même de la Fédération russe. L’incident du 29 octobre dernier à l’aéroport de Makhachkala, dans la république nord-caucasienne du Daghestan, en constitue une triste illustration. Bien qu’aucun des passagers du vol en provenance d’Israël n’ait été blessé, les émeutiers, arborant des drapeaux palestiniens, avaient été précédemment incités, par des messages sur les réseaux sociaux se référant directement au conflit au Proche-Orient, à venger leurs frères gazaouis. Si les autorités russes se sont empressées de suspecter un complot occidental pour affaiblir la Russie, cet épisode aura tout de même nuit à la cohésion sociale russe.</p><p>Sur le plan bilatéral et depuis les attaques du 7 octobre, de nombreux politiques, parlementaires, professionnels de la sécurité et de la défense, ainsi que d’autres intellectuels, journalistes ou universitaires, appellent à une révision des relations avec la Russie. Cet agacement d’une partie des élites israéliennes représente un risque économique (diminution du volume d’échanges entre les deux partenaires, adoption de sanctions) voire stratégique (fourniture d’armes légères à Kyiv) que le Kremlin doit forcément appréhender. Israël pourrait également remettre en question son accord de déconfliction en Syrie, alors que Bachar el-Assad amorce un retour significatif sur la scène internationale (6).</p><p>Si une rupture totale de leurs relations bilatérales demeure actuellement inenvisageable, une montée subite des hostilités meurtrières entre Israël, d’une part, et les membres de l’axe de la résistance (factions houthies, syriennes, irakiennes, Hezbollah, Iran), d’autre part, pourrait obliger la Russie à prendre plus clairement position envers l’une ou l’autre des parties, choix qui entraînerait des conséquences néfastes à la fois pour son économie et pour la guerre qu’elle mène en Ukraine. Ses gains politiques en Syrie et son approvisionnement militaire de drones iraniens s’en trouveraient directement menacés. Incapable de soutenir financièrement et militairement une lutte sur deux fronts, la Russie serait vraisemblablement amenée à délaisser le Moyen-Orient au profit de la protection de ses prétentions territoriales et sécuritaires en Europe.</p><p><b><span style="font-size: large;">Désoccidentalisation et retour de la question palestinienne : des opportunités bienvenues pour la Russie</span></b></p><p>Une erreur d’appréciation de la part de certains responsables politiques occidentaux leur fait considérer la crise actuelle comme une opportunité pour la Russie de réduire l’intérêt pour le conflit en Ukraine, ce qu’elle n’est que marginalement. L’intensité médiatique envers la situation israélo-palestinienne persistera même après la cessation des opérations militaires israéliennes. Il semble à l’heure actuelle évident qu’un engagement politique substantiel de la communauté internationale se développe à moyen terme, tant pour prévenir de nouvelles attaques du Hamas que pour adopter une perspective plus attentive aux besoins et aux revendications du peuple palestinien. Ce nouvel élan diplomatique nécessitera inévitablement un effort politique considérable sur une période prolongée. Cette situation détournera nécessairement l’attention de la crise en Ukraine, mais elle matérialisera surtout la concurrence des visions entre les États-Unis et la Russie sur le Moyen-Orient.</p><p>Comme mentionné précédemment, Washington s’était engagé, sous la direction de Donald Trump, dans un effort substantiel visant à persuader les chancelleries arabes de normaliser leurs relations avec Israël, sans prérequis sur les avancées du dossier palestinien. Cette normalisation comportait en outre une composante défensive vis-à-vis de l’État iranien, devenu un allié de plus en plus crucial pour la Russie. Recréer des liens formels entre Israël et l’Arabie saoudite représentait toutefois déjà un défi plus grand encore ; depuis le 7 octobre, cette perspective diplomatique semble désormais être enrayée pour une durée considérable. Cela constitue toutefois une opportunité véritable pour la Russie, qui avait déjà présenté publiquement en 2019 sa propre architecture régionale de sécurité. Le probable ajournement de ces manœuvres diplomatiques américaines laisse ainsi le champ libre à la Russie pour favoriser, à moyen terme, le renforcement des relations entre l’Iran et les pays du Golfe, tout en tentant de gérer à plus long terme l’antagonisme entre l’Iran et Israël. C’est notamment dans cette perspective que Vladimir Poutine s’est rendu le 6 décembre dernier aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.</p><p>Anticipant que le niveau d’hostilité entre le Hamas et Israël restera circonscrit à Gaza, Moscou utilise pour l’heure sa tribune au Conseil de sécurité de l’ONU pour critiquer la politique de l’administration américaine, en particulier son indignation sélective, et surtout, la monopolisation par les États-Unis du processus de paix entravant la recherche d’une solution durable pour l’établissement d’un État palestinien souverain et indépendant. Ces critiques acerbes sont cependant moins adressées aux Américains eux-mêmes qu’aux autres pays arabes ainsi que plus largement au Sud global. À défaut de disposer des leviers nécessaires pour convaincre Israéliens et Palestiniens de modifier leurs positions, la crise en cours au Proche-Orient offre à Moscou — qui se targue d’être le seul acteur international majeur capable d’entretenir des relations directes avec l’ensemble des parties et des factions impliquées — l’opportunité de renforcer sa popularité en se positionnant comme le chef de file d’un mouvement prônant une désoccidentalisation de l’ordre international, favorisant ainsi l’inclusion et la légitimation de nouvelles entités politiques dans la gestion mondiale des conflits.</p><p>En conclusion, la Russie tire en ce moment avantage du sentiment antiaméricain au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique latine et en Afrique pour promouvoir un ordre mondial alternatif. Estimant représenter un médiateur plus impartial que Washington, la Russie, par sa proactivité diplomatique actuelle, vise moins à soutenir le Hamas ou à condamner le gouvernement israélien qu’à démontrer au reste du monde que la Fédération russe peut jouer un rôle constructif dans le règlement de ce conflit. Les autorités russes se réjouissent ainsi de la possibilité de présider aux reprises des négociations sur la question palestinienne, bien qu’en privé, elles expriment néanmoins davantage de pessimisme quant à cette perspective. Elles sont conscientes que leur pays ne dispose pas seul des ressources nécessaires pour contraindre durablement les parties impliquées à respecter les conditions imposées par l’entité onusienne.</p><p>Cependant, les événements régionaux en cours offrent à la Russie l’occasion de réaffirmer son soutien à une résolution durable du conflit israélo-palestinien, avec l’établissement inévitable à terme d’un État palestinien. Elle appelle en outre la communauté internationale, et en particulier le monde non occidental, à envisager les contours d’un changement systémique majeur de l’ordre international visant à inclure un plus grand nombre d’acteurs internationaux dans la résolution des conflits passés, présents et futurs.</p><p><b><span style="font-size: large;">Notes</span></b></p><p><span style="font-size: x-small;">(1) En février 2019, un sommet pour la réconciliation nationale palestinienne s’est tenu à Moscou. Comprenant de nombreux mouvements politiques palestiniens (dont le Fatah et le Hamas), celui-ci a finalement échoué.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(2) Les accords d’Abraham prévoyaient au départ la normalisation des relations entre Israël et deux pays arabes : les Émirats arabes unis et Bahreïn. Ils seront prolongés quelques mois plus tard avec le Maroc et le Soudan.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(3) Bahreïn a d’ailleurs annoncé le 2 novembre dernier la rupture de ses relations avec Israël et le rappel de son ambassadeur.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(4) Le 6 avril 2017, la Russie est devenue le premier pays à reconnaître officiellement Jérusalem-Ouest comme capitale de l’État d’Israël et Jérusalem-Est comme capitale du futur État palestinien.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(5) Voir Erik Burgos, « Entre opportunités et risques : la Russie au cœur de la nouvelle gouvernance du Moyen-Orient ? », Les Grands Dossiers de Diplomatie, n°67, avril-mai 2022, p. 61-62.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(6) Après une décennie d’exclusion, le président syrien a réintégré en mai dernier la Ligue arabe.</span></p><p style="text-align: right;"><i>Erik Burgos</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://areion24.news"><span style="font-size: x-small;">areion24.news</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-47935091591448774512024-03-26T18:35:00.000+01:002024-03-26T18:35:35.138+01:00Le FSB accuse l’Ukraine et les services secrets occidentaux d’avoir « facilité » les attentats de Moscou<p> </p><p>Le patron du FSB russe, Alexandre Bortnikov, a accusé mardi l’Ukraine et des services secrets occidentaux d’avoir facilité l’attentat près de Moscou qui a fait 139 morts. Ce dernier a pourtant été revendiqué par le groupe djihadiste État Islamique (EI).</p><p>Ce proche de Vladimir Poutine a toutefois assuré que «le commanditaire» n’avait «pas encore été identifié», quatre jours après l’attaque la plus meurtrière sur le sol russe en 20 ans.</p><p>«Nous pensons que l’action a été préparée à la fois par des islamistes radicaux eux-mêmes et, bien entendu, facilitée par les services secrets occidentaux et que les services secrets ukrainiens eux-mêmes sont directement impliqués», a assuré Alexandre Bortnikov, cité par l’agence de presse Ria Novosti.</p><p><b><span style="font-size: large;">Des «éléments», mais pas encore de preuves</span></b></p><p>«Je pense que c’est le cas», a-t-il insisté, répondant à la question de savoir si l’Ukraine, les États-Unis et le Royaume-Uni avaient orchestré l’attaque. «Il s’agit d’informations générales mais il y a déjà certains éléments», a-t-il poursuivi.</p><p>Selon lui, les suspects «avaient l’intention de se rendre» en Ukraine, avec laquelle Moscou est en conflit depuis l’assaut russe de février 2022, et «ils devaient être accueillis en héros de ce côté-là». «On les attendait là-bas», a-t-il assuré. Il n’a toutefois pas fourni de preuves pour étayer ses propos.</p><p>Un peu plus tôt mardi, le secrétaire du Conseil de Sécurité russe Nikolaï Patrouchev, auquel des journalistes demandaient qui de Kiev ou de l’EI était derrière l’attaque, avait répondu : «Bien sûr que c’est l’Ukraine».</p><p><b><span style="font-size: large;">Onze personnes arrêtées</span></b></p><p>Ces affirmations vont dans le même sens que les propos de lundi de Vladimir Poutine, qui avait assuré que celui-ci avait été commis par “des islamistes radicaux”, tout en continuant à sous-entendre un lien avec l’Ukraine.</p><p>“Des mesures de rétorsion seront bien sûr mises en œuvre et ce travail est en cours. Tous ceux qui ont quelque chose à voir avec (l’attaque) (…) seront trouvés et punis”, a averti mardi M. Bortnikov.</p><p>Onze personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre russes à l’heure actuelle, dont les quatre assaillants présumés, tous déjà placés en détention provisoire par un tribunal de Moscou, au même titre que quatre autres suspects.</p><p style="text-align: right;"><i>ATS</i></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-49918464048895542682024-03-26T18:11:00.003+01:002024-03-26T18:11:58.520+01:00Barnea repart à Doha pour s’entretenir avec le chef de la CIA, le Premier ministre qatari et le chef des renseignements égyptiens<p> </p><p>Le chef du Mossad, les services de renseignement israéliens, va revenir vendredi au Qatar dans le cadre des négociations en vue d’une trêve dans la bande de Gaza, a annoncé jeudi le bureau du Premier ministre israélien.</p><p>« Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a approuvé ce soir (jeudi) le départ d’une délégation israélienne menée par le directeur du Mossad, David Barnea, demain (vendredi) pour le Qatar », indique le communiqué.</p><p>Le chef du Mossad y rencontrera « le directeur de la CIA, William Burns, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahman Al-Thani, et le chef des services de renseignement égyptiens, Abbas Kamel, en vue d’avancer vers la libération des otages » retenus à Gaza, dans le cadre d’une trêve entre Israël et le Hamas, ajoute le texte.</p><p>M. Barnea s’était déjà rendu lundi au Qatar dans le cadre de ces discussions.</p><p>États-Unis, Qatar et Egypte essaient d’arracher un accord sur une trêve de six semaines dans la bande de Gaza permettant la libération d’otages retenus à Gaza depuis l’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.</p><p>Environ 250 personnes ont été enlevées ce jour-là et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes d’après les autorités israéliennes.</p><p style="text-align: right;"><i><a href="http://fr.timesofisrael.com">fr.timesofisrael.com</a></i></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-5649376114967090582024-03-26T18:10:00.000+01:002024-03-26T18:10:09.789+01:00Des «carences graves» dans l'encadrement du personnel du SRC<p> </p><p>"Quelques carences graves" existent dans l'administration et l'encadrement des membres du Service de renseignement de la Confédération (SRC), selon un rapport de l'Autorité de surveillance indépendante des activités de renseignement (AS-Rens). "Elles doivent être éliminées de toute urgence."</p><p>En matière de recrutement et d'encadrement du personnel, le SRC peut être confronté à des risques internes pour sa sécurité, tels que la trahison, le vol de données ou l'espionnage. Des membres du personnel mécontents sont susceptibles de démissionner.</p><p>Ces risques se sont accrus ces dernières années, souligne l'AS-Rens dans un rapport publié mardi sur les activités 2023. Et de citer "l'augmentation flagrante des indices et informations relatifs au mécontentement dans les rangs du SRC, les changements à la tête du service, les résultats de la dernière enquête auprès du personnel et les importantes fluctuations au sein du SRC en général".</p><p>Tout en tenant compte de la transformation en cours du SRC, l'AS-Rens estime que les "carences graves" concernent la documentation dans les dossiers personnels, le déroulement des entretiens et des évaluations, ainsi que la définition du déroulement des enquêtes relatives à des personnes en situations particulièrement délicates.</p><p><b><span style="font-size: large;">Acceptation du personnel</span></b></p><p>Il n'y a pas de mouton noir qui devrait être licencié, a précisé Prisca Fischer, présidente de l'AS-Rens, devant les médias à Berne. Elle s'est montrée convaincue de la nécessité de transformer le SRC, mais il s'agit en ce moment d'une phase sensible.</p><p>Avec les changements à différents niveaux de hiérarchie, et surtout à la tête du SRC, le défi est d'obtenir l'acceptation du personnel. Il faut que les gens sachent à qui s'adresser, a relevé Prisca Fischer. "Ce genre d'insécurité est dangereux", a-t-elle dit, parlant de transparence et de confiance.</p><p>Les ressources des services d'appui, comme les ressources humaines, doivent être réévaluées pour que les tâches liées au recrutement, à l'encadrement et au départ puissent être réalisées correctement. "Cette réévaluation est essentielle pour que le SRC puisse tout bonnement mener à bien sa transformation", écrit l'AS-Rens.</p><p><b><span style="font-size: large;">Flexibilité et souplesse</span></b></p><p>L'autorité de surveillance relève qu'elle doit faire davantage preuve de flexibilité et de souplesse dans son travail en raison des crises de ces dernières années comme la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et les derniers développements au Proche-Orient. La transformation du SRC en est aussi une cause, de même que les développements technologiques tels que l'utilisation de l'intelligence artificielle.</p><p>En 2023, l'AS-Rens a procédé à quinze inspections et a rendu onze rapports correspondants. Elle s'est par exemple penchée sur le renseignement en source ouverte. Les possibilités de récolter des informations sont quasi infinies pour les services de renseignement en recoupant des données en libre accès, comme les médias, les registres des autorités fédérales et cantonales, les données personnelles que les particuliers rendent accessibles au public et les déclarations faites en public.</p><p style="text-align: right;"><i>ATS</i></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-34907232462347364142024-03-25T18:25:00.000+01:002024-03-25T18:25:07.619+01:00Attentats de Moscou: la guerre des narratifs<p> </p><p>La Russie a eu son Bataclan. Mais à l’inverse de la tragédie française de 2015, quand personne ne contestait la culpabilité de l’Etat islamique (EI), l’attaque terroriste qui s’est déroulée à Moscou trahit le fossé informationnel entre l’Occident et la Russie.</p><p>Bien qu’elle soit revendiquée par l’EI, l’attaque est couverte très différemment par les médias, selon qu’on soit à Washington ou à Moscou.</p><p><b><span style="font-size: large;">Piste islamiste minimisée</span></b></p><p>D’un côté, les Américains n’ont aucun doute quant à l’implication de l’EI, mais on verra plus loin que personne ne sait qui est l’EI et pour qui l'organisation œuvre. De l’autre, comme le souligne le <a href="https://www.nytimes.com/2024/03/24/world/europe/russia-moscow-isis.html?searchResultPosition=1" target="_blank">New York Times</a>, les principaux concernés, à savoir les Russes, ont un «autre narratif». Evoquant à peine l’EI, ils ont fait allusion à une piste ukrainienne, sans fournir aucune preuve d’une implication de Kiev, mais en affirmant que les assaillants essayaient de se rendre en Ukraine où ils disposaient de contacts.</p><p>L'Ukraine dément fermement toute implication dans cette attaque. Enfin, une théorie affirme – là aussi sans preuves – que c’est la Russie qui se serait auto-infligé cet attentat afin de pouvoir blâmer l’Ukraine et intensifier encore ses attaques contre ce pays.</p><p><b><span style="font-size: large;">Des sources ennemies</span></b></p><p>Là où tout se complique, c’est que les principales sources citées par les médias (USA et Ukraine d’un côté, autorités russes de l’autre) sont ennemies. Dès lors, comme pour l’attentat contre Nord Stream en 2022, plusieurs narratifs co-existent parce que chaque partie a intérêt à défendre une version différente, voire opposée, et que l’information est une arme de guerre. Dans le cas des pipelines détruits, différentes versions se sont côtoyées jusqu’à ce que le <a href="https://www.washingtonpost.com/national-security/2023/11/11/nordstream-bombing-ukraine-chervinsky/" target="_blank">Washington Post révèle que l’armée ukrainienne était responsable du sabotage des pipelines</a> (à l’insu de Zelensky, d’après la CIA). Mais il a fallu attendre un an avant que cette information ne sorte. Outre l’affaire Nord Stream, Kiev avait aussi démenti son implication dans l’assassinat de la fille de l’idéologue russe Aleksandr Dugin dans une voiture piégée à Moscou en 2022, avant qu’il ne s’avère que <a href="https://www.nytimes.com/2022/10/05/us/politics/ukraine-russia-dugina-assassination.html" target="_blank">l’Ukraine était bien à l’origine de l’attentat.</a></p><p>Dans l’affaire de l’attentat de Moscou, ce ne sont pas seulement les versions, mais aussi les rythmes qui diffèrent. Aux Etats-Unis, on a instantanément confirmé l’implication de l’EI. En Russie, au-delà des sous-entendus infondés contre l’Ukraine, l’enquête est officiellement en cours, 11 personnes ont été arrêtées et rien n’est établi. Ce 25 mars, les questions demeurent ouvertes quant à l’identité et aux motivations des perpétrateurs.</p><p><b><span style="font-size: large;">Qui a financé l’opération?</span></b></p><p>On l’aura compris, il est très difficile, en circonstance de conflit Russie-OTAN, de disposer d’informations fiables. Si on admet que le coupable le plus plausible est bien l’Etat islamique, alors rien n’est fait. Il s’agit de savoir qui est le commanditaire et qui finance l’activité de cette branche du Khorasan (qui est active en Afghanistan, en Iran et au Pakistan). En effet, l’Etat islamique est tout sauf un Etat. C’est une organisation terroriste non étatique, qui reçoit des financements de divers gouvernements. Mais lesquels? </p><p>On peut croire confusément que les commanditaires seraient l’Afghanistan ou l’Iran, or c’est tout l’inverse. Ces pays sont les cibles de l’EI, qui y mène des opérations de déstabilisation violentes depuis sa création en 2014. L’EI «a mené des attaques contre les ambassades russe et pakistanaise en Afghanistan et contre des ressortissants chinois basés sur place», relate un article du <a href="https://www.nytimes.com/2024/03/23/world/asia/isis-attack-russia.html" target="_blank">New York Times</a>, qui ajoute que plus récemment, « l’organisation a également menacé les ambassades chinoise, indienne et iranienne en Afghanistan et produit des tonnes de propagande anti-russe ».</p><p><b><span style="font-size: large;">Les USA et la carte djihadiste</span></b></p><p>Reste donc à savoir pour le compte de quels Etats œuvre cette branche de l’EI et qui a financé l’attentat de Moscou. Très peu d’enquêtes sont publiées au sujet des financements de la nébuleuse EI en général, même si on sait qu’elle trafique du pétrole et autres ressources pillées en Irak et ailleurs dans la région. On sait aussi que les Etats-Unis ont utilisé les djihadistes contre Bachar Al Assad en Syrie. Entre 2013 et 2017, Washington a armé et entraîné des rebelles islamistes dans le but de renverser le dictateur syrien, à l’aide de plusieurs programmes, dont un fonds secret de 1 milliard de dollars de la CIA, opération appelée « Timber Sycamore » dont le <a href="https://www.nytimes.com/2017/08/02/world/middleeast/cia-syria-rebel-arm-train-trump.html" target="_blank">New York Times avait révélé tous les détails</a>. Un programme qui avait pris fin en 2017 à l’arrivée de Donald Trump, suite à l’affiliation gênante de nombre de ces rebelles aux groupes islamistes Al Nosra et Al Qaeda, et suite aux pertes infligées à ces rebelles par l’armée russe. </p><p>C’était l’une des plus grosses opérations de financement américain de l’islamisme armé. Officiellement, le programme touchait à sa fin déjà au terme du mandat d’Obama parce que la priorité était de combattre un nouvel acteur dans la région : l’Etat islamique. Mais la déclassification <a href="https://www.judicialwatch.org/wp-content/uploads/2015/05/Pg.-291-Pgs.-287-293-JW-v-DOD-and-State-14-812-DOD-Release-2015-04-10-final-version11.pdf" target="_blank">d’un document du Pentagone </a>en 2015 montre une dynamique plus complexe entre les USA et l’EI. Ce memo du département de la défense d’août 2012 révèle que, tandis que les Etats-Unis envisageaient d’armer et d’entraîner les rebelles pour faire tomber Assad, le Pentagone évoquait en parallèle l’intérêt d’«établir une principauté salafiste déclarée ou non déclarée» à l’est de la Syrie pour «isoler le régime syrien». </p><p>L’Etat islamique est né en 2014. Officiellement, les Etats-Unis, bien qu’ils aient pactisé à contrecœur avec Al Nosra et Al Qaeda en Syrie, ont toujours combattu l’EI, tuant plusieurs de ses leaders. De son côté, l’EI a commis une série d'attaques terroristes aux USA entre 2015 et 2017, dont la tuerie du Club pulse à Orlando (49 morts) et l'attentat d'Halloween en 2017 à New-York (8 morts). Mais depuis 2017, l’EI n’a plus perpétré d’attentat contre les Etats-Unis ou contre des intérêts américains. En revanche, il a été le principal agent de déstabilisation en Asie centrale, ciblant systématiquement des pays ennemis et rivaux de Washington. Le principal mobile attribué à l’EI pour attaquer Moscou ce 22 mars 2024 serait que le régime russe oppresse les musulmans; or l’EI du Khorasan s’est toujours attaqué à des musulmans, ses premières cibles étant, comme déjà évoqué, l’Iran, le Pakistan et les Talibans afghans, et l’organisation a attaqué des mosquées à plusieurs reprises.</p><p>Quel(s) que soi(en)t le ou les sponsors ultimes de l’EI du Khorasan, le conflit fondamental est celui qui oppose la Russie et l’Occident et non la Russie et des mercenaires islamistes. A l’évidence, le régime de Poutine a tout intérêt à pointer Kiev du doigt, et en filigrane, l’OTAN. Dans cette confrontation des grandes puissances, les attaques ne sont pas signées, les guerres ne sont pas déclarées, les sponsors ne sont pas révélés et l’information est brouillée.</p><p style="text-align: right;"><i>Myret Zaki</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://blick.ch"><span style="font-size: x-small;">blick.ch</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-35571829452870155012024-03-25T18:15:00.002+01:002024-03-26T18:08:19.980+01:00Vigipirate rehaussé à «urgence attentat»<p> </p><p>Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé dimanche soir «rehausser» le plan Vigipirate en France à son niveau le plus élevé: «urgence attentat», à la suite de l'attaque de Moscou revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).</p><p>Le plan Vigipirate avait été rétrogradé au niveau 2 ("sécurité renforcée - risque attentat") en janvier.</p><p style="text-align: right;"><i>ATS</i></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-83867903859758775712024-03-25T18:13:00.000+01:002024-03-25T18:13:32.120+01:00Chine : marginaliser le cantonais pour mieux régner<p> </p><p>Préserver la diversité linguistique au sud de la Chine, à Hong Kong, Macao et dans la province de Canton, n’est pas vraiment dans les plans du pouvoir central. Cela fait deux décennies que le cantonais, une des spécificités régionales, est dans le viseur du gouvernement. Depuis fin 2016, diminuer son usage à Hong Kong fait partie intégrante du projet d’unification par la langue au cœur de la « Grande Baie », cette mégalopole de 70 millions d’âmes conçue par Pékin pour fondre l’ancienne colonie britannique dans le Guangdong.</p><p>En salle depuis la fin février 2024, Black Tea est un film dramatique co-écrit et réalisé par Abderrahmane Sissako. La première scène a lieu en Côte d’Ivoire, pays natal d’Aya, le personnage principal de l’histoire : elle participe à un mariage collectif. La jeune trentenaire choque tout le monde en rejetant son époux devant les invités. Dès la séquence suivante, changement de continent : Aya se promène à Canton, où elle travaille dans un magasin d’exportation de thé. Son patron, Cai, un Chinois de 45 ans, lui enseigne l’art du thé. La suite de l’histoire est prévisible : ils doivent chacun affronter leur passé et les préjugés des autres.</p><p>Le générique du début indique une coproduction internationale entre la France, la Mauritanie, le Luxembourg, la Côte d’Ivoire et Taïwan. Tout le film se déroule à Canton (officiellement Guangzhou), où les Africains de différents pays s’installent depuis plus de vingt ans. Nombre d’entre eux vivent dans le quartier de Xiaobei, que la population locale nomme « Chocolate City ». La Chine ne s’est pas vraiment dotée d’une politique migratoire. La plupart des Africains n’ont qu’un visa de court séjour. Conséquence : ils font constamment des allers-retours entre les deux continents, alors que la demande du titre de résident relève du parcours du combattant. Difficile d’avancer des chiffres exacts sur le nombre de commerçants ou même de résidents africains (hors étudiants) à Chocolate City, ni de distinguer qui est en situation régulière et qui ne l’est pas. Le site en chinois de Wikipédia estime à plus de 14 000 la population d’origine africaine à Canton, tous pays confondus. La cohabitation entre les Chinois du cru, qui parlent principalement le cantonais, et les Africains, qui maîtrisent rarement le mandarin, est une histoire complexe, ce qui confirme bien l’absence de politique d’intégration du gouvernement chinois.</p><p>L’aventure d’Aya dans le film semble fluide et agréable. Affable, douce et sinophone, elle connaît tous les gens de son quartier et semble bien acceptée. Les images lisses et léchées du film nous montrent le quotidien tranquille de la jeune femme. Tous les personnages, même les Africains, parlent chinois. Les panneaux et les enseignes sont écrits en caractères non simplifiés ; le quartier est calme et propre ; les agents municipaux sont bienveillants envers les Africains – l’un de ces agents fréquente même le salon de coiffure tenu par un Africain. Les personnages du film se rendent à une plantation de thé située en banlieue de Canton, une montagne immense, verdoyante et ondulée.</p><p>Détrompez-vous, ce film est une fable, imaginée de toutes pièces par le réalisateur, qui connaît mal Chocolate City et ne s’intéresse pas vraiment aux conditions insalubres de ses compatriotes — ni au racisme dont ils sont victimes – qui rêvent d’un eldorado chinois. En réalité, Chocolate City est un quartier bruyant, bouillonnant et brutal. Mais entendons-nous bien, cet article n’est pas une critique de film. Il traite de la volonté du pouvoir central de remplacer le dialecte cantonais par le mandarin (ou putonghua en Chine continentale) au sud du pays, notamment à Hong Kong.</p><p>Les manifestations pro-démocratiques de 2019 à Hong Kong ont non seulement été marquées par l’extrême violence des affrontements entre jeunes et policiers, mais aussi par la créativité des slogans et des formes d’expression. L’usage du cantonais est devenu un symbole de la résistance contre la deuxième puissance économique mondiale.</p><p>La question de la survie du cantonais n’était évidemment pas la principale préoccupation des jeunes manifestants qui ont fait irruption dans le bâtiment du Conseil législatif en 1er juillet 2019. Mais elle fut l’une des raisons de leur colère face au basculement irréversible de leur mode de vie. En protestant contre la promesse non tenue de garantir le principe « un pays, deux systèmes », la jeunesse hongkongaise a déployé tous les moyens d’expression en cantonais pour rappeler les différences politiques et culturelles. Des chants entonnés dans les rues aux phrases peintes (en respectant la grammaire cantonaise) sur les panneaux et les bâtiments, le langage cru et l’ironie propres à l’oralité du cantonais ont à la fois renforcer la solidarité des manifestants et souligner la différence fondamentale entre Hong Kong, dont le cantonais est au cœur de l’identité, et la Chine, qui ne jure que par le mandarin.</p><p>Selon RFI, le 28 août 2023, le président de la Hong Kong Language Learning Association (HKLLA), Chan Lok-hang, a annoncé sur les réseaux sociaux qu’il cessait toutes les activités de l’association afin d’assurer la sécurité de sa famille. Créée en 2013, avec pour objectif de sauvegarder le cantonais, la HKLLA subit la même pression que toutes les autres structures associatives à Hong Kong depuis 2020, après l’application de la loi relative à la sécurité nationale.</p><p>Il existe deux langues écrites et parlées à Hong Kong, les idéogrammes non simplifiés et l’anglais pour l’écrit, et le cantonais et l’anglais à l’oral. C’est au lendemain de la rétrocession que la troisième langue parlée, le mandarin, a été imposée à l’école et lors des cérémonies officielles. Aujourd’hui, il est courant de voir les chefs successifs de l’exécutif hongkongais se forcer à prononcer leur discours dans un mauvais mandarin. Rapidement, le gouvernement a mis l’accent sur le trilinguisme : deux langues écrites, trois langues parlées (兩文三語).</p><p>Depuis 2012, le mandarin a pris le pas sur l’anglais et s’est imposé comme deuxième langue à Hong Kong. Une enquête menée en 2014 a montré qu’environ 70 % des écoles primaires et 40 % des écoles secondaires étaient passées au mandarin pour les cours de chinois, tandis que les autres matières étaient toujours enseignées en cantonais.</p><p>Au début du siècle dernier, le gros de la population de l’ancienne colonie britannique est constitué d’ouvriers du bâtiment. Mais il se trouve aussi des marchands. À Canton, la ville la plus proche et d’où provient la majorité des migrants à Hong Kong, on parle cantonais. En outre, depuis les temps les plus reculés jusqu’à la dynastie Qing, le cantonais était la langue dominante de la région de Lingnan (嶺南), qui couvre les actuelles provinces chinoises du Guangdong, du Guangxi et de Hainan, ainsi que Hong Kong, Macao et le nord du Vietnam.</p><p>Après la guerre sino-japonaise et lors que la guerre civile éclate entre nationalistes et communistes, Hong Kong voit l’arrivée massive de réfugiés des provinces voisines. Lorsque le Kuomintang s’est retiré du continent, certains de ses soldats et un certain nombre de civils sympathisants restent dans la colonie britannique. Ils côtoient beaucoup de capitalistes de Shanghai venus fuir les communistes. Toutefois, le gouvernement de Hong Kong introduit le cantonais dans les écoles après 1945, afin d’aider la prochaine génération de Chinois dont la langue maternelle n’est pas le cantonais à mieux s’intégrer dans un seul groupe linguistique. Avant les années 1970, la plupart des chansons et des films tournés à Hong Kong étaient en mandarin.</p><p>En 1967, des émeutes conduites par des syndicalistes chinois éclatent à Hong Kong. Afin de renforcer l’identité de la population locale, le gouvernement hongkongais supprime les émissions en langues non cantonaises et interdit l’enseignement du mandarin dans les écoles en 1970. Du jour au lendemain, toute la production audiovisuelle passe en cantonais, de même que les chansons populaires (粵語流行歌曲), la « Cantopop », se multiplient et caracolent aux côtés des compositions en anglais. À partir des années 80, la vague de la culture pop en cantonais déferle sur la Chine. Elle inaugure l’ouverture de la Chine au monde.</p><p>Hong Kong est une cité-État mondiale. Son positionnement n’a jamais été celui d’un État-nation et, par conséquent, ses caractéristiques linguistiques sont différentes. Un État-nation – dans la majorité des pays du monde – n’a qu’une seule langue nationale officielle par laquelle ses citoyens pensent et se représentent le monde, la langue et la politique des États-nations ayant toujours été liées. À l’oral comme à l’écrit, notre langue est un mélange de chinois et d’anglais, et Hong Kong est à l’origine une plate-forme permettant à différentes cultures et langues d’interagir et d’échanger, rappelle Cheung Lik-kwan, chercheur à l’Université de Hong Kong.</p><p>À la veille des Jeux asiatiques de Canton en 2010, le comité municipal de la ville soumet une proposition aux autorités : que la chaîne d’information de la station de télévision de Canton (GZTV), qui utilise principalement le cantonais, soit diffusée désormais en mandarin, notamment en prime time. Cette proposition suscite une forte contestation. Plus de 10 000 habitants de Canton n’hésitent pas à descendre dans la rue pour défendre leur langue maternelle, un événement rarissime en Chine après le printemps de Pékin en 1989. Pour ne pas ternir l’image de l’événement sportif tant attendu, les autorités enterrent très vite ladite proposition. Cependant, le gouvernement local s’efforce de promouvoir l’usage du mandarin dans les écoles. Ainsi, le Guangdong est passée d’une province presque exclusivement cantonaise à un bilinguisme où le madarin est peu à peu devenu la langue dominante.</p><p>Selon les statistiques de l’organisation linguistique Ethnolingua, le nombre de locuteurs natifs du cantonais dans le monde s’élève à 120 millions.</p><p>L’affaiblissement continu du cantonais, associé à l’hostilité à l’égard du bilinguisme, montre que les pouvoirs en place se méfient encore beaucoup du cantonais, en particulier de la possibilité qu’il donne lieu à un « localisme » et à un « féodalisme » parmi la population locale. Comme le tibétain ou le ouïghour, qui ont été fortement réprimés au cours des dernières décennies, le cantonais relie ses utilisateurs à des identités, des histoires et des cultures qui ne relèvent pas de la compétence du gouvernement. Ce qui, pour le PCC, pourrait constituer une menace, selon James Griffiths, l’auteur du livre Speak Not: Empire, Identity and the Politics of Language.</p><p>Revenons au film Black Tea. La langue parlée dans le film est bien celle du guoyu (國語) de Taïwan, cahier des charges obligé puisque c’est une coproduction taïwanaise. Les spectateurs sinophones ayant déjà voyagé sur l’île de Formose savent bien qu’il y a des différences notables entre le guoyu et le mandarin. C’est exactement comme l’anglais des Britanniques et des Américains. Si les différences de prononciation sont subtiles et ne sautent pas aux oreilles du tout-venant, en revanche, les expressions divergent beaucoup puisque les cultures des deux rives se distinguent.</p><p>Le film se déroule sur un rythme lent. Les protagonistes africains parlent guoyu entre eux comme avec les personnages taïwanais, de manière molle et poussive. Au-delà d’un choix esthétique du réalisateur mauritanien, la prosodie joue ici un rôle déterminant. La prosodie, selon la définition du Larousse, désigne l’ensemble des phénomènes de modulation de l’expression verbale (intonation ou rythme, par exemple) permettant d’en nuancer le sens, l’intention ou l’émotion. L’accent, l’intonation et le rythme des répliques des acteurs taïwanais montrent explicitement les caractéristiques du guoyu. Pour un film censé se dérouler à Chocolate City à Canton, cette incongruité relève du défaut artistique et d’une paresse intellectuelle qui ont déjà suscité un malaise parmi les critiques sinophones lors de la projection à la Berlinale de février dernier.</p><p>Entraver, voire interdire une langue locale, c’est minimiser une culture, qui devient alors subalterne. Quand le cantonais est la langue par laquelle s’expriment les opposants hongkongais au régime de Pékin, on ne peut que regretter que ce film n’ait pas su mettre en exergue la diversité linguistique de la Chine. Sissako a raté l’occasion de s’engager pour la résistance contre la mainmise du pouvoir central chinois, lui qui nous avait transportés magistralement dans son précédent film, Timbuktu (2015, 7 césars), un réquisitoire contre la dictature intégriste et l’obscurantisme.</p><p style="text-align: right;"><i>Tamara Lui</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://asialyst.com"><span style="font-size: x-small;">asialyst.com</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-62904677683526402052024-03-24T14:40:00.002+01:002024-03-24T14:41:10.005+01:00L'attentat de Moscou est plus une opération sous fausse bannière que d'origine de l'Etat islamique comme le démontre les faits<p> </p>
<div style="text-align: center;"><iframe allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" referrerpolicy="strict-origin-when-cross-origin" src="https://www.youtube-nocookie.com/embed/cfuJ44mwiUY?si=O-1DKLWBdS4hQ4NP&controls=0" title="YouTube video player" width="560"></iframe></div><div style="text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;"> «ceux qui sont derrière ces terroristes seront punis» et «n’auront pas un destin enviable»</span></b></div><div style="text-align: center;"><br /></div><div style="text-align: center;"><br /></div><div style="text-align: center;"><br /></div><div style="text-align: left;">Vladimir Poutine a promis samedi de « punir » les responsables de l’attaque qui a fait 133 morts dans la banlieue de Moscou la veille, assurant que les assaillants avaient été arrêtés en chemin vers l’Ukraine.</div><div style="text-align: left;"><div><br /></div><div>“Ils ont tenté de se cacher et se sont dirigés vers l’Ukraine, où, selon des données préliminaires, une fenêtre leur a été préparée du côté ukrainien pour franchir la frontière de l’État.”</div><div><br /></div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmSChDhZNiizKuIvCt2QgQkNwtBbGxrFyRJScEyygb0H36FrNvU3kJaEyQ7GUdmeIdUU7LuaxyMr9iQnMguzl_JC-hDWyZ31T9ertx3hZLeJNdgRjoYgi_D3_g1GduWS8tHVEVhnEuiBxFpvsMX27tqJBcgw_FPFOY-VcZ7eCcLpIksoOMOZ3OP_73nhGY/s840/Sans%20titre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="748" data-original-width="840" height="570" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmSChDhZNiizKuIvCt2QgQkNwtBbGxrFyRJScEyygb0H36FrNvU3kJaEyQ7GUdmeIdUU7LuaxyMr9iQnMguzl_JC-hDWyZ31T9ertx3hZLeJNdgRjoYgi_D3_g1GduWS8tHVEVhnEuiBxFpvsMX27tqJBcgw_FPFOY-VcZ7eCcLpIksoOMOZ3OP_73nhGY/w640-h570/Sans%20titre.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;">Selon Pervy Kanal, ces hommes ont été arrêtés dans le village de Khatsoune, dans la région de Briansk</span></b></div><div style="text-align: left;"><br /></div><br /><div><div><br /></div><div>11 personnes ont été arrêtées dont 4 ont participé directement à l’attaque. Ils ont pu s’enfuir en voiture en se mêlant aux spectateurs qui sortaient et ont été interpellés par les forces spéciales dans la région de Bryansk en direction de l’Ukraine.</div><div><br /></div><div><div>L’identité de quatre des six terroristes présumés qui ont commis la fusillade à Crocus est connue.</div><div><br /></div><div>1) Nasridinov Makhmadrasul 37 ans</div><div>2) Ismonov Rivozhidin 51 ans</div><div>3) Safolzoda Shokhinjonn 21 ans</div><div>4) Nazarov Rustam 29 ans.</div><div><br /></div><div>Tous sont citoyens du Tadjikistan.</div></div><div><br /></div><div>L’un d’eux a reconnu être entré en Russie depuis la Turquie le 4 mars. Un autre travaillait comme coiffeur dans la banlieue de Moscou, un autre était chauffeur de taxi à Moscou. L’un d’eux a déclaré avoir été en contact par Telegram avec un commanditaire “inconnu” qu’il appelle “prédicateur” lui ayant promis 500.000 roubles (5000 euros) pour participer à l’attaque. Une partie aurait été versée sur son compte directement. Les ordres étaient de “tuer tout le monde.</div></div><div><br /></div><div>Tous les terroristes ont été réunis à Moscou dans les locaux du Comité d’Enquête, qui dirige les opérations. Le FSB s’est placé sous ses ordres. Le Comité d’Enquête est une structure qui dépend directement du Kremlin en charge des affaires délicates.</div><div><br /></div><div><div>La revendication de l’Etat Islamique semble être fausse. Certains éléments ne correspondent pas aux schémas de l'EI, l’attitude des terroristes n’est absolument pas celles de membres de l’EI qui se battent jusqu’au bout, qui ne se font pas payés pour faire un attentat. A Moscou les assaillants se sont rapidement enfuis parmi les spectateurs alors qu’ils auraient pu faire beaucoup plus de victimes et finir en martyr.</div><div><br /></div><div>Cette revendication est poussée par les services occidentaux qui tiennent probablement pas à ce que les soupçons ne se portent sur une Ukraine qu’ils financent et arment, cela les feraient complices de terrorisme.</div></div><div><br /></div><div>Il ressort des premières déclarations après les arrestations que les terroristes tentaient de passer en Ukraine où selon leurs dires des officiers des services secrets les attendaient pour leur verser la dernière partie de l’argent. En fait probablement pour les exécuter mais c’est une autres histoire…</div><div><br /></div><div>Il s’avère que le recrutement des terroristes a eu lieu au Tadjikistan par l’intermédiaire de l’ambassade d’Ukraine. </div><div><br /></div><div><div>Quelques semaines avant l'attaque terroriste, un ordre d'embauche de mercenaires a été ouvertement publié sur la page de l'ambassade d'Ukraine au Tadjikistan. L'agence recherchait des étrangers pour rejoindre la Légion internationale et fournissait tous les contacts. Le travail de recrutement de citoyens étrangers était dirigé par l'ambassadeur extraordinaire d'Ukraine Valery Evdokimov, ancien président du renseignement étranger sous Zelensky. La page entière le concernant sur le site Internet du ministère a été effacée.</div><div><br /></div><div>Les autochtones du Tadjikistan deviennent régulièrement des cibles de recrutement pour les services secrets ukrainiens : l'un d'eux a été arrêté alors qu'il photographiait des objets dans une unité militaire près de Moscou. L'annonce de recherche des tueurs a été supprimée, mais Internet se souvient de tout : une capture d'écran de l'annonce a été conservée par les médias locaux. </div></div><div><br /></div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghZYiDgJyE9AJtubM4SZpunhmmJT8VQYhf7Ylc-nngjLUYsvQRoee1tD33aA6SGHwm_rA29GadtGDtuXFTUjz-7_s6IW_MMZK6hNteUTz6vPBcdIX0H23x5icOXmoVhs7NT1zJQA8N7YV7kGbJsycOcjCBfgDF_Pozu_MlebciH89CcuTJSpklRYCvuiNZ/s800/photo_2024-03-23_17-08-59.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="460" data-original-width="800" height="368" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghZYiDgJyE9AJtubM4SZpunhmmJT8VQYhf7Ylc-nngjLUYsvQRoee1tD33aA6SGHwm_rA29GadtGDtuXFTUjz-7_s6IW_MMZK6hNteUTz6vPBcdIX0H23x5icOXmoVhs7NT1zJQA8N7YV7kGbJsycOcjCBfgDF_Pozu_MlebciH89CcuTJSpklRYCvuiNZ/w640-h368/photo_2024-03-23_17-08-59.jpg" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;">Capture d'écran de l'annonce de l'ambassade d'Ukraine au Tadjikistan</span></b></div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;"><br /></div>Il est notoire que les services secrets ukrainiens tentent de recruter des musulmans immigrés en Russie, certains sont ensuite envoyés dans des unités de combat musulmanes ukrainiennes, d’autres restent sur le territoire russe pour être activés en temps utile.</div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;">Commanditaire ukrainien… et manipulateurs occidentaux? Il est impossible que les ukrainiens (et encore moins l'EI) aient décidé seuls d'une telle opération avec la logistique qui doit permettre cette opération qui a été préparée depuis longtemps. Les opérateurs sur le terrain étaient entrainés avec un bon niveau, on l’a vu sur <a href="https://reseau-libre.org/site/2024/03/24/ils-ne-meritent-aucune-pitie/" target="_blank">les vidéos sur leur manière de se déplacer, de tirer, de recharger</a> etc. Ils savaient également parfaitement où aller, ils avaient donc travaillé sur des plans du bâtiment. Le batiment abritait la cache d'armes qui a permis aux assaillants de commettre leurs actes. Ce ne sont pas 4 pauvres imbéciles qui ont décidé un beau matin d’aller tuer tout le monde!</div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: right;"><i>TF121</i></div>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-11490188742969617232024-03-24T11:20:00.002+01:002024-03-25T18:11:17.957+01:00Il n'y a pas que Kate Middleton qui fait de la retouche photo<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;"><br /></span></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiG9HIPwMgKFHmGBh7KQmdi_dh8OXnQ1K6GhaGCxi5KnLPb3kzClflm5ovcM1w0k8JN38JZG2UFGBs8QQt58h5IWEzTWPB2DF-3HlLsItUZ8qrhXWjymX0hGiscTH6gHJD6u6yt88MqauThOEIlf-2N1hfbjnfORiJHcX69SEd1Hry3yc86tiG8bXDSBaWk/s1080/2b03b8b2-bd45-4783-af36-5b393a9af88b.webp" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><b><span style="font-size: x-small;"><img border="0" data-original-height="725" data-original-width="1080" height="430" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiG9HIPwMgKFHmGBh7KQmdi_dh8OXnQ1K6GhaGCxi5KnLPb3kzClflm5ovcM1w0k8JN38JZG2UFGBs8QQt58h5IWEzTWPB2DF-3HlLsItUZ8qrhXWjymX0hGiscTH6gHJD6u6yt88MqauThOEIlf-2N1hfbjnfORiJHcX69SEd1Hry3yc86tiG8bXDSBaWk/w640-h430/2b03b8b2-bd45-4783-af36-5b393a9af88b.webp" width="640" /></span></b></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;">Photo retouché montrant un président "combatif"</span></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;"><br /></span></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;"><br /></span></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJCpzVCwenrJu8ICzg6bkIOfXiM8ho-Igkq_ChDSR-9YcRjSkgN7zMB7SnMlb8nzv_F9At-aihyphenhyphenL0sJ9e3FnyiZkKebVUWGG-Cp0c-7p-Y-ONrLNo2wybNni5rJg4HOAU87YBGPop1pcN16V2f8E2fzjryNOzy20MNOkQCkaqBx9hHnztReAXybolvauyQ/s869/1710938015-gjhai-jxgaell8m.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><b><span style="font-size: x-small;"><img border="0" data-original-height="493" data-original-width="869" height="364" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJCpzVCwenrJu8ICzg6bkIOfXiM8ho-Igkq_ChDSR-9YcRjSkgN7zMB7SnMlb8nzv_F9At-aihyphenhyphenL0sJ9e3FnyiZkKebVUWGG-Cp0c-7p-Y-ONrLNo2wybNni5rJg4HOAU87YBGPop1pcN16V2f8E2fzjryNOzy20MNOkQCkaqBx9hHnztReAXybolvauyQ/w640-h364/1710938015-gjhai-jxgaell8m.jpeg" width="640" /></span></b></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;"><br /></span></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;"><br /></span></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCcYFeFN4Lo1J6VJP2-L-y7NhHoM41wq5TWWW6Nz2atF085Jlyc_DftiBOAdxoeGtnkSAM4U4iPI5-4m3vaj6T9lieEIOKwnzizETgkdvlFUswv4d8ZIKfyJ8PtVDQDxDfor5vLdSDSLgCHDIf5fcpIv-VvyLwFlWtLl9UVreMEL6WcQXDlx-wHSzjOO8C/s1083/t%C3%A9l%C3%A9chargement.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><b><span style="font-size: x-small;"><img border="0" data-original-height="1083" data-original-width="694" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCcYFeFN4Lo1J6VJP2-L-y7NhHoM41wq5TWWW6Nz2atF085Jlyc_DftiBOAdxoeGtnkSAM4U4iPI5-4m3vaj6T9lieEIOKwnzizETgkdvlFUswv4d8ZIKfyJ8PtVDQDxDfor5vLdSDSLgCHDIf5fcpIv-VvyLwFlWtLl9UVreMEL6WcQXDlx-wHSzjOO8C/w410-h640/t%C3%A9l%C3%A9chargement.jpg" width="410" /></span></b></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;">La véritable musculature de M Macron</span></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;"><br /></span></b></div><div style="text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;"> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaSvMv_kd5mIrw3Pw6r9NS6lsiYgAmVkhwqLPTUF70dAWFQ79xNlPF5X8RfYKCkvgHbCSD56VhDO1PQ66t3F0PM1SH1VE0cDSVTVgaPAQpfOTY1TcAONmlxHEYK-iPG_KlddDu6Y3pMhMdMXpPWvbqKSvCXCaabdzZpeGC9PQ7uNVbP8FTKWRxzbyHMSBg/s763/IMG_20240322_114939_424.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="668" data-original-width="763" height="560" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaSvMv_kd5mIrw3Pw6r9NS6lsiYgAmVkhwqLPTUF70dAWFQ79xNlPF5X8RfYKCkvgHbCSD56VhDO1PQ66t3F0PM1SH1VE0cDSVTVgaPAQpfOTY1TcAONmlxHEYK-iPG_KlddDu6Y3pMhMdMXpPWvbqKSvCXCaabdzZpeGC9PQ7uNVbP8FTKWRxzbyHMSBg/w640-h560/IMG_20240322_114939_424.jpg" width="640" /></a>M. Macron s'entraînant à la guerre !</span></b></div><div style="text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;">Faire des retouches, c'est tellement facile de nos jours</span></b></div><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;">M. Macron est-il crédible en laissant sa photographe attitrée publier des photos retouchée de lui ? </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;">Prend-il la plèbe pour des imbéciles ? </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: large;">M. Macron devrait un peu plus consulter ses généraux et ses services de renseignements avant de parler et de se mettre en avant sur les réseaux sociaux...</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: right;"><i>TF121</i></div>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-31930834668189133132024-03-23T16:35:00.000+01:002024-03-23T16:35:00.290+01:00Porte ouverte dans un Boeing aux USA: un possible crime<p> </p><p>Au début mars, le ministère américain de la justice avait annoncé ouvrir une enquête criminelle sur cet incident spectaculaire survenu le 5 janvier, lorsqu'une «porte-bouchon» (un panneau de métal placé à un endroit capable d'accueillir une porte) s'est détaché du fuselage d'un avion de la compagnie Alaska Airlines.</p><p>Personne n'avait été grièvement blessé, mais le 737 MAX 9 avait dû effectuer un atterrissage d'urgence. Les images des passagers terrifiés, assis à côté du trou béant en plein vol, ont fait le tour du monde.</p><p>Les passagers ont récemment reçu une lettre du FBI, qui enquête sur cette affaire, a indiqué vendredi le Seattle Times. «Je vous contacte parce que nous vous avons identifié comme une victime possible d'un crime», écrit un agent de la police fédérale américaine dans ce document.</p><p><b><span style="font-size: large;">Des boulons manquants</span></b></p><p>«Une enquête criminelle peut être une entreprise de longue haleine et, pour plusieurs raisons, nous ne pouvons pas vous informer de son évolution à l'heure actuelle», ajoute-t-il.</p><p>Plusieurs boulons censés bloquer la porte-bouchon étaient manquants, selon l'agence américaine de sécurité des transports (NTSB), qui a mis en cause Boeing. L'avionneur a notamment été critiqué pour la lenteur de sa coopération avec les autorités.</p><p>Au début mars, la NTSB a expliqué qu'elle n'avait pas reçu certains documents importants et que l'entreprise n'avait toujours pas fourni les noms des employés qui ont travaillé sur la pièce en question. «Il est absurde que deux mois plus tard, nous n'ayons pas ces informations», avait dénoncé la présidente de la NTSB, Jennifer Homendy, face aux parlementaires américains.</p><p style="text-align: right;"><i>ATS</i></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-30272085250332221462024-03-23T16:33:00.001+01:002024-03-23T16:33:26.980+01:00Des Ukrainiens sont prêts à tout pour échapper à la mobilisation<p><br /></p><p>Le scandale a éclaté à la suite de recherches menées par l’organisation ukrainienne anti-corruption NGL.media, relayées par «<a href="https://www.demorgen.be/oorlog-in-oekraine/via-gekochte-schijnhuwelijken-met-gehandicapte-vrouwen-ontduiken-oekraiense-mannen-mobilisatie~b9eec98d/?referrer=https://www.blick.ch/" target="_blank">De Morgen</a>». Un trafic est littéralement en train d'exploser en Ukraine, celui des mariages arrangés. Mais pas n'importe lesquels: ceux qui permettent à certains Ukrainiens en âge d'aller se battre d’éviter la mobilisation, en épousant... des handicapées!</p><p>On le sait: l’armée ukrainienne manque d’hommes pour contenir l’avancée des forces russes et un récent appel à la mobilisation à échouer à renforcer les rangs. Le refus de prendre les armes, la peur légitime de mourir au front, ainsi que la crainte des conditions de vie sur le champ de bataille ont ruiné les espoirs de garnir les rangs ukrainiens, révèle la récente enquête d'un centre de recherche basé à Kiev.</p><p><b><span style="font-size: large;">Ils passent d'hommes en âge de se battre... à proches aidants</span></b></p><p>Ainsi, certains hommes vont jusqu'à payer pour se marier avec une femme souffrant d'un handicap. En qualité de proches aidants, ils sont donc exclus de la mobilisation.</p><p>Ils sont également autorisés à quitter le pays, contrairement à la majorité des hommes ukrainiens. Une bonne partie d’entre eux part donc désormais «à la chasse» aux femmes en situation de handicap pour obtenir une dispense.</p><p>Et pour pousser le vice à son plus haut niveau, un marché d'intermédiaires a même vu le jour. Ces intermédiaires, présents sur des groupes de discussion, offrent leurs services payants afin de mettre en relation les hommes intéressés et les femmes visées.</p><p><b><span style="font-size: large;">Entre 1950 francs et 5800 francs, en paiement échelonné!</span></b></p><p>Selon l'enquête de NGL.media, un faux mariage coûte entre 1950 francs et 5800 francs. Un paiement généralement effectué en plusieurs étapes, jusqu’à la traversée de la frontière. Et bien qu'il soit illégal, difficile pour les autorités de prouver qu'il s'agit d'un mariage arrangé.</p><p>Les autorités ukrainiennes ont annoncé cette semaine avoir démantelé 400 réseaux de «passeurs» spécialisés dans ce type d’exfiltration depuis le début de la guerre. D’autres hommes, bien plus nombreux, se contentent quant à eux d’ignorer les appels à la mobilisation et tentent simplement de déserter.</p><p style="text-align: right;"><i> Laurent Barbe</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://blick.ch"><span style="font-size: x-small;">blick.ch</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-44454018616930611992024-03-23T14:04:00.004+01:002024-03-23T14:04:11.989+01:00Mort du petit Grégory: la justice ordonne de nouvelles expertises ADN<p> </p><p>Près de 40 ans après le meurtre du petit Grégory Villemin, la justice a ordonné des expertises complémentaires en matière d'ADN et de reconnaissance vocale. Elle veut tirer parti des progrès de la science et tenter de résoudre, enfin, cette affaire emblématique.</p><p>La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon a accordé «essentiellement» «des vérifications techniques et des expertises scientifiques complémentaires aux actes déjà ordonnés» auparavant, a déclaré le procureur Thierry Pocquet du Haut-Jussé, confirmant des informations de la radio RTL. Le magistrat a également confirmé que cette décision répondait «à des demandes d'actes de la partie civile», les parents du petit Grégory, Christine et Jean-Marie Villemin.</p><p>Le 16 octobre 1984, le corps de leur fils, âgé de quatre ans, était retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne (Vosges). Les enquêteurs s'étaient orientés d'abord vers un cousin du père, Bernard Laroche. Inculpé d'assassinat et écroué, il avait été remis en liberté mais assassiné peu après par Jean-Marie Villemin. L'affaire qui a passionné le pays s'est ensuite concentrée sur un «corbeau» auteur de nombreuses lettres anonymes menaçantes envers les Villemin, sans parvenir à lever le mystère. Des membres de la famille Villemin avaient également reçu des appels téléphoniques anonymes.</p><p><br /></p><p>En 2017, des expertises en graphologie avaient attribué une lettre de 1983 à Jacqueline Jacob, grand-tante de Grégory. Elle et son mari Marcel avaient été mis en examen, mais l'acte a été annulé en mai 2018 pour vice de procédure. Les époux ont toujours nié être mêlés à l'affaire. Même 40 ans après, «on est satisfaits» d'avoir obtenu de nouvelles analyses, a réagi Me Marie-Christine Chastant-Morand, l'une des avocates des parents. «Ça montre qu'en définitive, la justice se donne les moyens de (...) tenter d'arriver à la vérité».</p><p><b><span style="font-size: large;">Rapprochements entre certaines personnes</span></b></p><p>Selon elle, la famille a demandé des analyses d'ADN supplémentaires «pour faire des rapprochements entre certaines personnes de la famille et les profils et les mélanges ADN que l'on a au dossier». Ces analyses seront faites «sur des échantillons d'ADN qui soit n'avaient pas été répertoriés, soit n'avaient pas été attribués à une identité particulière, soit n'avaient pas été croisés avec d'autres éléments de la procédure», a précisé un autre avocat des parents, Me François Saint-Pierre.</p><p>Ces demandes «ne révèlent pas l'identité d'un ou de suspects», a-t-il ajouté. Pour autant, elles sont essentielles à l'enquête car «il faut que le dossier soit complet», a insisté Me Saint-Pierre. Les nouvelles expertises porteront notamment sur des comparaisons des ADN retrouvés sur les cordelettes qui entouraient le corps de l'enfant, son anorak, son menton et certains courriers du «corbeau», a indiqué l'avocat. Les comparaisons seront faites avec les ADN de Michel Villemin, l'oncle du garçon, et de plusieurs membres de la famille élargie, a-t-il encore confirmé.</p><p><b><span style="font-size: large;">Audiométrie vocale</span></b></p><p>Autre volet, «l'audiométrie vocale», a fait savoir Me Marie-Christine Chastant-Morand, pour tenter de tirer parti «des progrès de la science». Il s'agit d'"identifier les fréquences vocales d'une personne, comme une personne laisse une empreinte digitale», a expliqué Me François Saint-Pierre. S'agissant d'une nouvelle technologie, la cour d'appel de Dijon a demandé à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) «son avis pour savoir si c'est faisable en l'état de cette technologie», a développé l'avocat.</p><p>Me Stéphane Giuranna, l'un des avocats des époux Jacob, s'est montré plus dubitatif. «Depuis 2000, des expertises, il y en a eu par dizaines. Prudence: ce n'est pas parce qu'on fait des expertises qu'on va trouver l'assassin», a-t-il déclaré. Concernant les expertises vocales, «ce n'est pas fiable», a-t-il encore estimé. Même en cas de succès, cela permettrait d'identifier «un des multiples corbeaux», mais «pas l'assassin», a-t-il fait valoir.</p><p style="text-align: right;"><i><a href="http://blick.ch">blick.ch</a></i></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-74463480455206227462024-03-22T19:16:00.005+01:002024-03-22T19:16:25.704+01:007 octobre 2023 : effondrement d’un modèle opérationnel<p> </p><p>Il en va des modèles opérationnels, soit la manière d’organiser et d’utiliser ses forces afin d’atteindre un objectif stratégique, comme des paradigmes scientifiques. Ils durent tant qu’ils parviennent à résoudre les problèmes rencontrés, mais ils doivent être changés lorsqu’ils ne parviennent pas à en surmonter un seul important. D’un point de vue militaire, l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël apparaît comme une énorme et horrible anomalie qui met sérieusement à mal le paradigme de défense israélien en vigueur depuis plus de vingt ans.</p><p>Une différence majeure entre paradigmes scientifiques et paradigmes opérationnels est que l’univers dans lequel on pense les stratégies nationales n’est pas fixe, mais changeant et souvent changeant brutalement, dans tous les sens du terme. Il y a un temps où le modèle en vigueur résout des problèmes et se renforce même en les résolvant, à la manière d’Urbain Le Verrier utilisant la physique newtonienne pour résoudre le problème de l’orbite étrange de la planète Uranus par la découverte de Neptune. Il y a ensuite le temps du remplacement lorsque l’on ne parvient pas à résoudre le problème rencontré, comme celui du mouvement de la planète Mercure, que personne ne parvient cette fois à comprendre avec les équations de Newton. Une difficulté majeure est que l’on ne sait généralement pas sur le moment de quelle nature est le problème rencontré.</p><p><b><span style="font-size: large;">Le modèle de la mise à distance</span></b></p><p>Le modèle opérationnel en vigueur en Israël depuis le début du siècle est celui du maintien à distance des menaces les plus probables grâce à un bouclier aéroterrestre construit progressivement. Ce bouclier est constitué d’une barrière de surveillance le long de la frontière et d’une défense aérienne multicouche très dense. Seule la Cisjordanie, jugée stratégique, fait l’objet d’une présence militaire physique doublant le réseau des colonies de peuplement. Pour le reste, le Sud-Liban et la bande de Gaza, jugés bourbiers inutiles, sont évacués militairement en 2000 et en 2005, avec cet inconvénient accepté que ces deux espaces sont alors occupés respectivement par le Hezbollah et par le Hamas et constituent de véritables proto – États. Le bouclier israélien est doublé d’une épée, à base de raids terrestres et surtout de frappes aériennes, destinée à porter des coups suffisamment forts à l’ennemi pour le neutraliser pendant quelque temps, tout en espérant que, par dissuasion cumulative, il finisse même par renoncer définitivement à porter des attaques.</p><p>On assiste ainsi pendant plus de vingt ans à une confrontation sous le seuil de la guerre ouverte entre Israël et l’Iran et entre Israël et la Syrie, et à une série de petites guerres avec le Hezbollah en 2006 et surtout le Hamas de 2006 à 2021. Ces guerres ont toutes la même forme. Les organisations armées tentent de frapper Israël par des tirs de projectiles divers et par des coups de main s’efforçant de percer ou contourner. Tsahal (1), l’armée israélienne, pare ces coups par le réseau de surveillance et de défense des abords ainsi que par la défense civile et le système antiprojectiles Dôme de fer mis en œuvre à partir de 2012. Dans le même temps, l’aviation israélienne lance systématiquement de puissantes campagnes de bombardement, tandis que l’armée de Terre tente parfois des incursions de plus ou moins grande ampleur sur le territoire ennemi.</p><p>On assiste ainsi à une série d’affrontements asymétriques tellement routiniers que l’armée israélienne parle de « tondre le gazon régulièrement ». Cela a plutôt mal fonctionné contre le Hezbollah à l’été 2006, lorsque Tsahal a perdu 119 soldats sans parvenir à détruire significativement l’armée ennemie ni à empêcher 4 000 roquettes du Hezbollah de tuer 44 civils dans le nord d’Israël, mais c’est un cas unique. Les pertes du Hezbollah, plus de 600 combattants, et les ravages au Liban, avec notamment plus de 1 100 civils tués par les Israéliens, ont par ailleurs été tels qu’ils ont sans doute effectivement dissuadé l’organisation libanaise d’attaquer de nouveau.</p><p>Cela a beaucoup mieux réussi, semble-t‑il, contre le Hamas : pendant quinze ans, de 2006 à 2021, les attaques de l’organisation contre le territoire israélien par le ciel et le sol ont été parées, faisant finalement assez peu de victimes (environ 30 civils tués par les roquettes et obus et moins de 90 soldats tués). Il est même possible qu’en réduisant épisodiquement la vie de la société israélienne, et notamment son trafic routier, ces petites guerres – 2006, 2008, 2012, 2014, 2021 – aient eu pour conséquence de réduire la mortalité globale en Israël. L’erreur a été de croire que cela fonctionnerait toujours.</p><p><b><span style="font-size: large;">Vers le croisement des courbes</span></b></p><p>En fait, ce modèle de maintien à distance comporte deux faiblesses intrinsèques. La première est que cette manière de faire touche beaucoup plus la population arabe que celle d’Israël, avec au total pour Gaza plusieurs dizaines de milliers de morts et blessés civils, dans des frappes aériennes essentiellement. Cela a pour première conséquence de réduire progressivement le soutien international à Israël. À l’exception de l’opinion américaine, la seule qui compte vraiment, tout cela n’influence cependant guère la politique israélienne, d’autant plus que la question palestinienne s’estompe du paysage politique.</p><p>En reprenant la classification du sociologue canadien MacCurdy à propos de la population londonienne pendant les bombardements de 1940 à 1945, cela a surtout pour conséquence de constituer, notamment à Gaza, une population primaire de « touchés directs », blessés, familles et proches, de plusieurs centaines de milliers de personnes, soit une proportion très importante pour 2,3 millions d’habitants (2). Ces gens en colère peuvent se retourner contre ceux qui ont causé cette guerre et qui par ailleurs les administrent mal, mais ils forment surtout le premier bassin de recrutement de combattants contre Israël. Les touchés secondaires, c’est-à‑dire le reste de la population qui assiste à ces drames et qui subit aussi les conséquences du blocus, ont des sentiments plus ambivalents, mais on n’imagine pas non plus qu’Israël soit très populaire parmi eux.</p><p>La deuxième faiblesse est que ce modèle opérationnel israélien de guerre à distance n’écrase pas suffisamment l’ennemi pour l’empêcher de monter en puissance. Le Hamas a certes subi des pertes beaucoup plus importantes que celles des Israéliens, peut-être 2 500 combattants de 2006 à 2021, mais c’est assez faible au regard de son potentiel. Au bout du compte, la pression israélienne s’avère donc plutôt stimulante. Grâce à l’aide matérielle étrangère, mais surtout grâce à des ressources endogènes, la branche militaire du Hamas ne cesse de progresser en capacités depuis 2006, malgré les affaiblissements épisodiques des « tontes de gazon ». L’arsenal de roquettes est toujours plus important et permet de frapper toujours plus loin. Les combattants du Hamas sont décrits par les soldats israéliens comme fuyards en 2006, puis maladroits, mais acceptant le combat en 2008, puis devenus capables de mener des combats d’infanterie complexes en 2014. Si leur capacité offensive reste contrainte par la solidité de la barrière de défense israélienne, leur capacité défensive associée à un modelage du terrain urbain et souterrain est au fil du temps de plus en plus importante.</p><p>En résumé, pour reprendre l’expression du théoricien soviétique Alexandre Svetchine, la « courbe d’intensité stratégique » du Hamas ne cesse de monter depuis 2007 alors que celle des Israéliens ne croît pas au même rythme malgré les perfectionnements permanents apportés au modèle. On pouvait donc, par projection, imaginer que ces deux courbes finiraient par se croiser, même si elles se trouvaient encore loin l’une de l’autre.</p><p><b><span style="font-size: large;">L’horrible anomalie</span></b></p><p>Le croisement a eu lieu le 7 octobre 2023 au matin. Il est beaucoup plus le résultat d’une planification précise du Hamas que d’une percée technologique. En cela, l’opération « Déluge d’Al – Aqsa », comme l’ont baptisée les commandants du Hamas, ressemble beaucoup à l’opération de franchissement du canal de Suez par les Égyptiens le 6 octobre 1973, le caractère terroriste en plus. Le Hamas a commencé par cartographier très précisément le dispositif ennemi, pour se doter ensuite des moyens permettant de le paralyser ou de l’aveugler. Du côté de la force de frappe, il s’est agi de tirer plusieurs milliers de roquettes en une seule journée et avec des cadences de tir très rapides sur une même zone afin de saturer le Dôme de fer. L’élément le plus nouveau et le plus important est cependant l’ambition de pouvoir détruire aussi simultanément que possible les capteurs, les mitrailleuses téléopérées et les moyens de communication qui parsèment le mur et les clôtures de la barrière ainsi que les tours de surveillance et de communications en arrière. On prépare ainsi une force d’aveuglement du réseau avec tous les moyens de frappe précise à distance, fusils de tireurs d’élite, missiles antichars et, surtout, – seule vraie nouveauté technique – une flotte de drones kamikazes ou porteurs de projectiles. Une fois le système aveuglé, le mur devra être percé à l’explosif ou au bulldozer et plusieurs vagues d’assaut pourront se répandre sur le territoire israélien proche.</p><p>Toute cette préparation n’aurait cependant pas suffi pour que la courbe du Hamas rejoigne celle de Tsahal si les Israéliens n’avaient pas non plus fait baisser la leur. Avant le 7 octobre, le commandement militaro – sécuritaire et le gouvernement d’Israël, entre lesquels les relations sont par ailleurs plutôt conflictuelles, sont persuadés que la menace du Hamas est très réduite. Ils ont été aidés dans cette croyance par le Hamas lui – même, qui a pris soin d’éviter de participer aux évènements violents de 2022 et de 2023 et qui a sciemment laissé croire aux Israéliens, par un vrai plan d’intoxication, que leur organisation était aux abois et n’avait plus l’intention de se battre. L’effort militaire israélien est alors porté sur la protection des colons en Cisjordanie. Pis, le 7 octobre, jour de shabbat et de fête religieuse, les partis nationalistes-religieux ont obtenu qu’une part inédite des militaires puisse être en permission. En ajoutant des circonstances particulières, comme la mise en maintenance des trois grands ballons de surveillance, le dispositif de surveillance et d’action autour de la bande de Gaza n’a jamais été aussi faible et peu vigilant que le 7 octobre 2023, ce que les chefs du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar et Mohammed Deif, savaient parfaitement.</p><p>La suite est connue. Le 7 octobre, l’attaque massive de roquettes est plutôt contrée par les Israéliens. L’attaque terrestre du Hamas en revanche réussit à percer la barrière à 20 endroits et au moins 2 000 combattants, suivis de civils, pénètrent jusqu’à plusieurs kilomètres à l’intérieur du territoire israélien, attaquant les bases militaires, massacrant la population et ramenant 240 otages à Gaza. Du côté israélien, c’est la confusion, ce cas de figure n’ayant jamais été anticipé, et une improvisation complète pour rétablir la sécurité dans la zone attaquée. Le dimanche 8 octobre, le bilan est terrible avec 312 militaires, 59 policiers et 843 civils tués ; jamais Israël n’avait été frappé aussi violemment en une seule journée, qui plus est par une organisation armée.</p><p>Parmi les victimes, il y a également le modèle opérationnel israélien, qui a manifestement failli. On pourrait se dire qu’il y a eu surtout des causes circonstancielles à cet échec, et qu’en renforçant la barrière tout en frappant massivement à l’intérieur de Gaza, il sera possible d’assurer de nouveau la sécurité, sinon la paix, pendant des années. C’est d’abord ce qui est tenté, comme si, dans le doute, on commençait par faire simplement ce que l’on sait faire. On perçoit cependant très vite que cette réponse ne sera pas forcément à la hauteur du choc subi et, surtout, qu’un doute énorme s’est installé. Un paradigme repose aussi sur la confiance dans son efficacité. À partir du moment où cette confiance est perdue, il ne peut subsister très longtemps. Le problème israélien est qu’il lui faut trouver un remplaçant dans l’urgence et que les modèles de remplacement, en premier lieu une opération de conquête de Gaza suivie d’une occupation difficile pour celui qui la mènera, sont tous déplaisants. </p><p><b><span style="font-size: large;">Notes</span></b></p><p><span style="font-size: x-small;">(1) Tsva ha-Haganah le-Israël ou « Force de défense d’Israël ».</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(2) J. T. MacCurdy, The Structure of Morale, Kessinger Publishing, 2010 (1943).</span></p><p style="text-align: right;"><i>Michel Goya</i></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: x-small;">areion24.news</span></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-72232602630869841132024-03-22T19:12:00.012+01:002024-03-22T19:12:51.637+01:00Objectif Lune : vers une nouvelle géopolitique spatiale<p> </p><p>Plus de cinquante ans après que le dernier homme a foulé en 1972 le sol de la Lune, cette dernière redevient centrale dans la compétition entre les grandes puissances spatiales, notamment avec la mission « Artemis 1 » de la NASA en novembre-décembre 2022 – « Artemis 3 » prévoit une nouvelle présence humaine sur la surface lunaire en 2025. Quant aux implantations prévues sur l’unique satellite naturel de la Terre, elles auront des impacts géopolitiques de premier ordre et participeront à dessiner l’échiquier international.</p><p>Depuis le début de la « course à l’espace » entre l’URSS et les États-Unis dans les années 1960, le ciel est devenu un objet géopolitique. Les programmes « Apollo » et « Spoutnik » ont placé la Lune au centre de la compétition pour la prédominance de l’espace entre les deux superpuissances ; une compétition qui s’est terminée en décembre 1972 avec le dernier pas humain posé sur le satellite, cédant la place à un système de gouvernance multilatéral basé sur les principes de liberté d’accès, de non-appropriation et de pacifisme.</p><p><b><span style="font-size: large;">De nouvelles ambitions chinoises</span></b></p><p>L’intérêt actuel pour la Lune est alimenté par les ambitions des nouveaux acteurs de l’espace et l’effet réactif qu’ils provoquent sur les puissances spatiales traditionnelles. On voit ainsi l’Inde, le Japon et l’Union européenne (UE) se positionner pour l’exploration et l’exploitation de l’espace malgré des problèmes de financement et des échecs, comme celui de la mission indienne « Chandrayaan‑2 » en 2019.</p><p>Mais c’est principalement la Chine qui incarne la revitalisation de la course à l’espace en général, à la Lune en particulier. Apparue en 1993, l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA) est le résultat de quarante-cinq ans de recherches. En 1956, en pleine guerre froide, Mao Zedong (1949-1976) prend la décision de développer un programme de missiles balistiques. Après plusieurs années de balbutiements et aidé par Moscou, Pékin parvient en 1970 à lancer la fusée Chang Zheng 1 (en mandarin, cela signifie « Longue marche ») et son premier satellite Dong Fang Hong 1 (« L’Orient est rouge »). Mais la Chine ne devient réellement une puissance spatiale qu’à partir des années 2000. En septembre 2011, elle lance Tiangong 1 (« Palais céleste »), sa première station spatiale prototypale.</p><p>En janvier 2019, elle annonce être parvenue à faire germer des graines de coton sur la Lune, soit la première expérience biologique menée ailleurs que sur Terre, d’autant plus sur la face cachée du satellite, autre exploit historique. Les efforts déployés dans l’espace font partie de la stratégie du « rêve chinois », qui aspire à donner au pays une position prédominante dans le monde. En mars 2021, le rover « Zhurong » se pose sur le sol martien. Exclue de la principale initiative multilatérale, la Station spatiale internationale (ISS), la Chine a achevé la construction de sa propre station, appelée Tiangong, à l’automne 2022 ; en décembre, les équipes de « Shenzhou-14 » et de « Shenzhou-15 » se sont relayées à bord.</p><p>Après avoir arrêté « Apollo » en 1972, les États-Unis ont orienté leurs efforts sur l’ISS. Mais Washington a renouvelé ses ambitions spatiales pour contrer le programme chinois, dans le cadre d’une stratégie plus large de contestation politique, économique et militaire de la Chine. La Lune est ainsi devenue l’épicentre des rivalités spatiales sino-américaines. Si Pékin envisage de construire une base sur le pôle Sud de la Lune afin d’avoir un arrière-poste pour les futures expéditions humaines à destination de Mars, Washington vise le même but. C’est avec « Artemis » que la NASA souhaite réitérer l’exploit d’envoyer des astronautes sur la Lune dès 2025.</p><p><b><span style="font-size: large;">Intérêts géoéconomiques pluriels</span></b></p><p>Bien que l’espace extra-atmosphérique soit considéré depuis 1967 comme un héritage commun de l’humanité et régi par un traité signé par 132 pays, dont les États-Unis, la Russie et la Chine, les États peinent à cacher leur intérêt. Si la Lune redevient un enjeu stratégique, les terres rares qu’elle contient n’y sont pas étrangères. En décembre 2020, Pékin choisissait comme site d’alunissage pour la sonde Chang’e 5 une zone ayant pour particularité d’abriter une concentration élevée de ces métaux. Par ailleurs, d’importantes quantités d’hélium 3 seraient présentes dans la poussière de la surface lunaire ; ce gaz léger non radioactif pourrait servir de combustible pour les futures centrales nucléaires à fusion. La Lune offre ainsi des opportunités en termes d’exploration, de recherche, de développement technologique et d’exploitation des ressources.</p><p>Les États ne sont pas les seuls à s’y intéresser. Plusieurs entreprises privées sont entrées dans la course, parmi lesquelles Blue Origin, SpaceX, RocketLab ou Virgin Galactic. En avril 2019, la société israélienne SpaceIL lançait la première mission lunaire financée par des fonds privés, en partenariat avec SpaceX. En avril 2021, cette compagnie américaine fondée par Elon Musk était choisie par la NASA pour développer le système d’alunissage lors de sa prochaine mission lunaire. En décembre 2022, c’était le tour de la société japonaise Ispace de lancer le premier atterrisseur privé sur la Lune pour le compte des Émirats arabes unis, qui souhaitent y déposer le rover « Rashid » au nom d’un programme ambitieux, avec notamment un astronaute à bord de l’ISS.</p><p>Au-delà des enjeux économiques, la Lune et, plus largement, l’espace extra-atmosphérique sont aussi au cœur d’enjeux majeurs. La sécurité spatiale comprend trois dimensions interdépendantes : la sécurité dans l’espace liée à la gouvernance et à la durabilité ; l’espace pour la sécurité, c’est-à‑dire son utilisation à des fins défensives ; la sécurité depuis l’espace, qui se concentre sur l’utilisation des capacités spatiales pour des questions telles que la protection de l’environnement, la gestion des catastrophes naturelles ou les prévisions météorologiques. La deuxième est stratégique à l’heure du ravivement des tensions entre les grands blocs historiques : les moyens spatiaux servent de support à des activités civiles et militaires, avec des applications importantes dans des domaines tels que la communication, la géolocalisation ou la surveillance. Sans oublier l’aspect prestigieux, donc de soft power, que cela apporte.</p><p>Si la Lune est l’épicentre actuel des rivalités géopolitiques spatiales, les grandes puissances regardent déjà au-delà. Selon le Livre blanc sur son programme spatial publié en 2022, Pékin pourrait lancer en 2028 une mission pour envoyer un vaisseau sur Mars afin d’y prélever des échantillons de roches pour les ramener sur Terre. Les prochaines années verront par ailleurs l’achèvement de recherches en vue d’une mission d’exploration de Jupiter, qu’Européens, Américains et Chinois aspirent à découvrir durant cette décennie. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCJLCC31NrkpILjDQH9jKdqZVuZAGptMhNq4a-ApKj_rgUvFWVhna4uhTYi54HQDYdyLGXjRQ7A7b-ePCWTrg76InxYi081WGU0EtBN3pOXtNefKuafSjHCStCVlSn59aXlxqA6nUWMMKN7yiyk_-M52rzHytH_Zzh00IuPiqx1i1b_IcaPYUXpv7b9axA/s1536/Livre-CARTO76_BD-41-630x1536.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="630" height="1050" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCJLCC31NrkpILjDQH9jKdqZVuZAGptMhNq4a-ApKj_rgUvFWVhna4uhTYi54HQDYdyLGXjRQ7A7b-ePCWTrg76InxYi081WGU0EtBN3pOXtNefKuafSjHCStCVlSn59aXlxqA6nUWMMKN7yiyk_-M52rzHytH_Zzh00IuPiqx1i1b_IcaPYUXpv7b9axA/w430-h1050/Livre-CARTO76_BD-41-630x1536.jpg" width="430" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b><span style="font-size: large;"><br /></span></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b><span style="font-size: large;">Les ambitions spatiales sur la Lune</span></b></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKHbOQ_0LDNgBAjq0q08RFFCsy1lKJ-KGjFE_SDlUbZ1NfT7kC0O5Ol6iCs_04p2iLqjg-12TPTeFPsZbID-cePFNJDb__6E5xy_fMzOYZ7SL2dpJJmJaLvzONqrXz0VcBkQYcadLvGm6ZIrBbcY7piIAUyapeVkfo-QSypCFUGnoo1EePXYy92y5lGycR/s1536/0702_Lune_DoublePage_V3-1220x1536.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="1220" height="734" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKHbOQ_0LDNgBAjq0q08RFFCsy1lKJ-KGjFE_SDlUbZ1NfT7kC0O5Ol6iCs_04p2iLqjg-12TPTeFPsZbID-cePFNJDb__6E5xy_fMzOYZ7SL2dpJJmJaLvzONqrXz0VcBkQYcadLvGm6ZIrBbcY7piIAUyapeVkfo-QSypCFUGnoo1EePXYy92y5lGycR/w583-h734/0702_Lune_DoublePage_V3-1220x1536.jpg" width="583" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtv30KeVNSJGq-YI5p2clkAZGY4Y7jzZG5ItRPtsLmZobi2KnNVB0SQtAMnfRxwRh0Is7SmkEN_T7__WnnQXbATsSQlMddQbM7qjmx8_YgRJudtR17fNnH2ywU4Lyj0gI8rJvtd0YudC8z040gfidahJ2PDlTl195w_674-J1ZGFXNlUFTOEU9nRCKn9_w/s1536/0702_Lune_DoublePage_V31-1164x1536.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="1164" height="765" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtv30KeVNSJGq-YI5p2clkAZGY4Y7jzZG5ItRPtsLmZobi2KnNVB0SQtAMnfRxwRh0Is7SmkEN_T7__WnnQXbATsSQlMddQbM7qjmx8_YgRJudtR17fNnH2ywU4Lyj0gI8rJvtd0YudC8z040gfidahJ2PDlTl195w_674-J1ZGFXNlUFTOEU9nRCKn9_w/w581-h765/0702_Lune_DoublePage_V31-1164x1536.jpg" width="581" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b><span style="font-size: large;">La mission « Artemis 1 », de la Terre à la Lune</span></b></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_-Ci1xI8k8EJ_P_C0M4qCJaLVukTXNLwxTUnuZwOElz6-O-8T8jyh-YaiCPLtvGTdfKYe2owVlgxv_iLy7U3zJMY9x-ZoBhvAlAiW9-7-6zS4pIwsL7cFm_SzG8EducPtcRkJRUwShn7V0t5LabyT7Ov_0SH4SjZCCAJ1lhOuVD92PlOQu6vLBNanWhLC/s2048/0703_Lune_Artemis_V3-scaled.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1212" data-original-width="2048" height="378" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_-Ci1xI8k8EJ_P_C0M4qCJaLVukTXNLwxTUnuZwOElz6-O-8T8jyh-YaiCPLtvGTdfKYe2owVlgxv_iLy7U3zJMY9x-ZoBhvAlAiW9-7-6zS4pIwsL7cFm_SzG8EducPtcRkJRUwShn7V0t5LabyT7Ov_0SH4SjZCCAJ1lhOuVD92PlOQu6vLBNanWhLC/w640-h378/0703_Lune_Artemis_V3-scaled.jpg" width="640" /></a></div><br /><p style="text-align: right;"><i>Nashidil Rouiaï</i></p><p style="text-align: right;"><i>Laura Margueritte</i></p><p style="text-align: right;"><i>Gaëlle Sutton</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://areion24.news"><span style="font-size: x-small;">areion24.news</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-67017038670420080432024-03-22T19:07:00.007+01:002024-03-22T19:07:31.580+01:00Le conflit afghan dans et au-delà de ses frontières<p> </p><p>Deux ans après le retour des talibans au pouvoir, aucun pays n’a encore formellement reconnu l’Émirat islamique d’Afghanistan (EIA). Des relations extérieures sont cependant maintenues, sans caractère diplomatique officiel, via un « bureau politique » que les talibans avaient ouvert à Doha en 2013. Mais après avoir longtemps arboré la fière qualification de « cimetière des empires » (1), le pays semble désormais s’enfoncer dans son propre « trou noir » qui ne renvoie plus aucun rai de lumière pour éclairer l’avenir : les femmes sont totalement exclues de la vie publique, la situation humanitaire est dramatique et l’économie en berne. Les espoirs d’ouverture ont fait long feu devant l’ultra-rigorisme de Haibatullah Akhundzada, chef des talibans depuis 2016 et de l’Émirat depuis 2021. L’EIA fait le dos rond en espérant s’imposer à l’usure…</p><p>En revanche, la tension est extrême avec le Pakistan voisin où 493 accrochages de frontière ont fait 1 405 morts d’août 2021 à novembre 2023, dans la seule province de Khyber Pakhtunkhwa (2). La plupart de ces actions létales ont été menées par le Tehrik-i-Taliban Pakistan (TTP), revenu sur le versant pakistanais de ses origines. Ainsi l’acronyme « AfPak », inventé en 2009 par l’administration de Barack Obama, prend tout son sens : le conflit afghan se déplace inexorablement autour de cette fameuse Ligne Durand (LD) imposée par les Britanniques en 1893, et devenue la fracture pachtoune entre « Af » et « Pak » (3), à l’origine de tous les casus belli depuis la création du Pakistan en 1947. C’est d’ailleurs sur cette fracture qu’est né le mouvement taleb en 1994 et la terreur qu’y exerce trente ans plus tard le TTP est l’aboutissement d’une histoire extrêmement complexe dont l’effet boomerang est une malédiction pour un Pakistan déjà fragilisé par une crise politique majeure, une économie et une situation financière catastrophiques.</p><p>Enfin, le vieux conflit afghan s’inscrit dans une géopolitique évolutive. Au milieu des nouveaux tumultes du monde, l’adhésion de l’Iran à l’Organisation de la coopération de Shanghaï (OCS) est passée presque inaperçue en juillet dernier. Cet immense ensemble compte désormais 43 % de la population mondiale sur un continuum territorial d’un seul tenant : Russie, républiques d›Asie centrale (hormis le Turkménistan), Chine, Pakistan, Inde, Iran. Ainsi, la nouvelle carte géopolitique montre que l’Afghanistan se trouve désormais enclavé dans un nouvel ensemble, comme si le « Grand Jeu », cher aux Britanniques pour expliquer le partage des empires, un concept qui a fonctionné du XIXe siècle jusqu’au départ dramatique de l’armée américaine en 2021, appartenait à une autre époque ou que son centre de gravité se fut déplacé. Désormais, la suite du conflit afghan dépendra moins de Washington, de Londres ou de Bruxelles que de Pékin et des pays de l’OCS concernés par les grands projets de développement de Xi Jinping. En attendant, l’EIA reste pourtant campé sur ses positions obscurantistes, mais croise déjà le fer avec son voisin immédiat, le Pakistan.</p><p><b><span style="font-size: large;">La politique du dos rond : l’émir afghan Akhundzada ne cède sur rien</span></b></p><p>« Les droits sociaux, économiques, politiques et éducatifs seront garantis aux femmes, en ligne avec les principes de l’islam », tel était l’engagement de Shir Mohammad Abbas Stanikzai, signataire de la déclaration commune de la conférence de paix de Moscou en février 2019 (4). Chef du bureau politique des talibans, et négociateur aux côtés d’Abdul Mollah Baradar de l’accord de Doha du 29 février 2020, Stanikzai est aujourd’hui vice-ministre des Affaires étrangères. Mais seul le chef suprême de l’Émirat et commandeur des croyants, Haibatullah Akhundzada, a autorité pour interpréter cette précision, apparemment anodine dans le texte de la déclaration, « en ligne avec les principes de l’islam ». Et c’est ainsi que l’espace des femmes est désormais réduit à zéro : les écoles de filles ont été fermées en 2022 ; en 2023, c’est l’université et l’exercice d’une profession dans les ONG nationales et internationales qui leur sont interdits. En réponse à la désapprobation d’autres pays musulmans, dont le Qatar, le Premier ministre Mohammad Hassan Akhund répond que « personne ne peut amender les lois divines ».</p><p>Stanikzai avait pris un autre engagement lors de cette même conférence : « Nous ne voulons pas le monopole du pouvoir, […] une telle domination n›apporterait pas la paix » (5). Or, le gouvernement du 7 septembre 2021, dit provisoire mais qui dure depuis deux ans sans remaniement majeur, ne compte évidemment aucune femme et il est ethniquement monochrome : sur 33 ministres, 29 sont Pachtounes ! Et si les talibans, tous pachtounes dans les années 1990, avaient en 2020 ouvert leurs rangs à d’autres ethnies pour faciliter leur conquête du Nord peuplé d’Ouzbeks, de Tadjiks et de Hazaras, ils se sont ensuite empressés de s’en débarrasser. Le jeune Mawlawi Mehdi Mujahid, Hazara shiite, avait été nommé chef taleb de la province de Sar-e Pul, en avril 2020, puis gouverneur après la victoire de 2021. Déposé en avril 2022, il a été tué en août suivant. Une cinquantaine de talibans tadjiks révoqués, selon le quotidien Hasht-e Subh, dont au moins deux commandants de haut rang : Mawlawi Aziz, gouverneur de la province de Takhar, et Mawlawi Qudratullah Hamza, qui avait pourtant dirigé la prise de Mazar-i-Sharif, la grande ville du Nord, le 14 août 2021.</p><p>Le tropisme pachtoune des talibans est donc une réalité en 2023, n’en déplaise à quelques experts qui se voulaient rassurants en 2021 en arguant que la charia promue par les talibans est un don d’Allah à valeur universelle, et qui transcende tous les clivages ethniques. Ce serait trop beau ! Car dans un pays où « Afghan » est synonyme de « Pachtoune », et où les jeunes talibans ont été entraînés dans les zones tribales pachtounes du Pakistan, avant de se déployer en Afghanistan en 1994, il va presque sans dire que leur conquête du pouvoir en 1996, et leur reconquête en 2021, menées sous l’étendard de la charia, ont été comprises par tous les chefs de tribus, qui les ont alors soutenus, comme un retour de l’autorité pachtoune sur le pays qui en porte le nom. L’histoire de la branche Haqqani des Zadran, une tribu transfrontalière de Khost en Afghanistan et du Waziristan au Pakistan, en est l’exemple vivant : Mawlawi Jalaluddin Haqqani (décédé en 2018), chef du redoutable réseau terroriste éponyme, avait taillé son fief dans les deux zones susnommées, comme un mini émirat de quelque 20 000 km2, à cheval sur la LD. Son fils Sirajuddin est aujourd’hui l’héritier de ce déni permanent de la frontière entre les deux États de l’AfPak, mais il est aussi ministre de l’Intérieur de l’émirat d’Afghanistan (6) ! De même, Noorullah Noori, de la tribu pachtoune tokhi de Zabol en Afghanistan et de Zhob au Pakistan, est ministre des « Frontières et des Affaires tribales » (sic) ! Ces deux exemples parmi d’autres expliquent les duplicités et les pathologies que développent, autour de cette LD, aussi bien les populations locales fracturées que les deux États concernés. Nous sommes au cœur du conflit de l’AfPak que les talibans n’ont aucune intention de « dépachtouniser », nous y reviendrons.</p><p>Enfin, le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (PAM) dresse un tableau catastrophique de cette fin d’année 2023 : 15,3 millions de personnes ne mangent pas à leur faim et 4 millions d’enfants de moins de 5 ans sont en malnutrition aiguë. Pour couvrir l’urgence, le PAM a besoin de 1,04 milliard de dollars. En août 2023, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) n’avait reçu que 26,8 % des 3,2 milliards de dollars requis. De surcroît, la non-reconnaissance du régime rend compliqué le transfert des fonds qui passent donc par les ONG encore opérationnelles et capables d’atteindre directement les populations, mais les talibans ont bien compris le système au point que, selon le dernier rapport de l’Inspecteur spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR) (7) d’octobre 2023, des chefs locaux ont créé leurs propres ONG pour avoir accès aux aides humanitaires en compensation de la fin des aides au développement, soit environ 8 milliards de dollars par an qui représentaient 40 % du PIB en 2020. De plus, l’interdiction de la culture et du commerce de l’opium fait un manque à gagner brut évalué à un milliard. L’Institut américain pour la paix (USIP) remarque cependant, dans sa publication du 10 août 2023, que grâce à une augmentation des exportations, une réduction drastique de la corruption et une collecte très performante de l’impôt, « les talibans ont fait mieux qu’attendu » (8), avec un taux de change stabilisé et une inflation contenue à 6,5 % de juin 2022 à juin 2023, contre 18,3 % l’année précédente.</p><p>Les conditions ne sont donc pas encore réunies pour sortir le pays de l’impasse, même si le rapport trimestriel du Conseil de sécurité des Nations Unies de septembre 2023 indique une baisse de 67 % des conflits armés, et 81 % des attentats par bombes improvisées. Tel n’est pas le cas du côté pakistanais de la LD.</p><p><b><span style="font-size: large;">Regain du terrorisme : le Pakistan dans le rôle de l’arroseur arrosé</span></b></p><p>La grille de lecture selon laquelle le Pakistan est seul responsable des maux de l’Afghanistan depuis le retrait des Soviétiques en 1989 ne fonctionne plus pour expliquer la situation d’aujourd’hui. Certes, les talibans ont bien été formés et armés par le Pakistan dans les années 1990, mais il n’y avait alors ni le TTP créé en 2007 ni l’EIKP fondé en 2014. Il est donc temps, pour comprendre ce qu’il se passe en AfPak aujourd’hui, de démêler ici des imbroglios où les services de l’armée pakistanaise (ISI) se sont eux-mêmes empêtrés.</p><p>Aucun conflit en Afghanistan n’a jamais été contenu dans les limites d’une frontière avec le Pakistan pour la simple raison qu’une telle frontière n’existe pas. Ou plutôt, le tracé de la LD, qui joue ce rôle de facto, n’a jamais été reconnu comme frontière de jure par l’Afghanistan qui, tous régimes confondus, a toujours considéré que les aires de peuplement pachtoune à l’est de la LD étaient des « territoires usurpés », selon l’expression du président afghan Mohammad Daoud Khan (1973-1978). Ce dernier œuvrait parfois par les armes et toujours avec l’appui des partis nationalistes à la promotion d’un « Grand Pachtounistan », équivalant pour le Pakistan à l’amputation d’un cinquième de son territoire. Cette crainte absolue fonde son obsession de contrôler l’Afghanistan, comme les Britanniques autrefois ! Et c’était bien pour cela que le général Nasrullah Babar, alors ministre de l’Intérieur du gouvernement de Benazir Bhutto avait, en 1994, mis les talibans sur orbite jusqu’à leur prise du pouvoir en 1996. Il ne faisait alors pas mystère de sa stratégie (9) : d’abord, les talibans sont tous pachtounes ; ils leur devront la victoire et la pérennité de leur pouvoir ; ils finiront donc bien par reconnaître à la LD son statut de frontière. Peine perdue, les talibans ont fait la sourde oreille pendant leurs cinq années au pouvoir. Mais vingt ans plus tard, dès leur retour aux affaires et après plusieurs accrochages sur la LD, le ministre de l’Information Zabihullah Mujahid, cité par Dawn le 3 janvier 2022, déclare que « la Ligne Durand reste une question non résolue ».</p><p>Entretemps, dans la plus rebelle des agences tribales, le Waziristan, naissait le TTP qui, contrairement aux talibans d’Afghanistan, n’était pas une création des services pakistanais. Le TTP a été formé dès 2005, en réponse à une opération militaire dans le Waziristan-Sud pour chasser les djihadistes du Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO). Le TTP fédère une vingtaine de groupes terroristes, dont ceux qui ont été bannis en 2002 par décret du président Pervez Musharraf, mais aussi des groupes exogènes de la nébuleuse Al-Qaïda, à l’instar du MIO, du East Turkestan islamic movement (ETIM) ouïghour, et d’autres, dont le but est de punir le Pakistan de s’être allié avec les États-Unis dans leur guerre contre le terrorisme. Il est vrai que si le Pakistan a continué à soutenir les talibans insurgés, il a fermement combattu sur son sol les groupes terroristes stricto sensu, et il en a payé le prix : trois attentats contre Musharraf, plusieurs contre le Q.G. de l’armée, des casernes et des bases navales, l’assassinat de Benazir Bhutto en 2007, etc. Au pic de ces attaques, et en comptant les répliques de l’armée dans les zones tribales infestées, la terrible année 2009 a fait 11 320 morts (31 par jour) selon le décompte journalier du South Asia Terrorist Portal.</p><p>Mais le pire restait à venir. Omar Khalid Khorasani, dissident du TTP, veut un djihad sans frontières et crée le Jamaat-ul-Ahrar (« Congrégation des hommes libres »). Lui aussi appartient à une tribu transfrontalière, entre Mohmand et Jalalabad. En juin 2014, il fait allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, chef de Daesh au levant, avant de créer Daesh en Afghanistan sous le nom d’État islamique au Khorassan (EIKP). L’EIKP manque de moyens et se spécialise dans les attentats-suicides, essentiellement contre les chiites aussi bien au Pakistan qu’en Afghanistan. Leur capacité de nuisance est énorme mais nous sommes là très loin du soutien du Pakistan aux talibans qui combattent d’ailleurs l’EIKP. En 2014, la terreur au Pakistan n’étant plus tenable (5 510 tués en un an), l’armée pakistanaise monte l’opération « Zarb-e-Azb » avec plus de 30 000 soldats et l’aviation. Les talibans du TTP sont tous chassés du Waziristan et se réfugient avec leurs familles en Afghanistan où le plus grand nombre se mettra au service des talibans afghans.</p><p><b><span style="font-size: large;">Que reste-t-il aujourd’hui de cet imbroglio talibans-TTP-EIKP ?</span></b></p><p>Les talibans « historiques » ne sont plus des insurgés puisqu’ils gouvernent l’EIA. Restent les réseaux terroristes, qui se retournent contre le Pakistan. En signant les accords de Doha, les talibans ont pris au moins un engagement qu’il est de leur intérêt de respecter, ou au moins d’en donner l’illusion : rompre toutes relations avec les groupes de type Al-Qaïda qui pourraient porter atteinte à la sécurité des États-Unis. Or, s’il y a un dirigeant qui connaît bien le TTP et ses accointances structurelles avec Al-Qaïda, c’est Sirajuddin Haqqani, ministre de l’Intérieur, puisque le Waziristan est justement son fief, où il a la haute main sur tous ces entrelacs de la terreur. En éloignant le TTP de Kaboul, il éloigne aussi Al-Qaïda. Le tandem est en partie retourné au Waziristan mais ses combattants hantent surtout la ceinture pachtoune des deux côtés de la LD où les attaques ont augmenté de 67 % en deux ans.</p><p>Si l’on en revient à la déclaration du ministre Mujahid, selon qui « la Ligne Durand reste une question non résolue », on comprend alors que les deux États sont entrés dans une relation schizophrénique. Les talibans n’ont probablement pas renoncé aux « territoires usurpés », et le TTP / Al-Qaïda serait donc instrumentalisé à dessein. Ajoutons que c’est aussi Sirajuddin Haqqani qui sert d’intermédiaire pour négocier une paix entre TTP et Pakistan. Mais ce sont les généraux pakistanais qui se déplacent à Kaboul pour rencontrer la partie afghane, ce qui est ressenti comme une humiliation, alors qu’ils avaient été les mentors des talibans pendant trente ans ! Pis, le TTP exige que les districts de la frontière qui, après un vote majoritaire du parlement, avaient fusionné en 2018 avec la province Khyber Pakhtunkhwa, retrouvent leur ancien statut où seul compte le droit coutumier (pachtounwali) et dont le TTP assurerait alors l’administration. Refus évidemment. Alors, le chef du TTP, Noor Wali Mehsud, rompt en décembre 2022 le cessez-le-feu, ordonne à ses djihadistes d’intensifier partout le combat contre les forces de sécurité du Pakistan et reprend son antienne : les frères talibans afghans ont réussi à vaincre la plus grande puissance du monde, les talibans pakistanais ont maintenant pour but de faire tomber le régime impie du Pakistan et de le remplacer par un émirat islamique ! Les attaques reprennent de plus belle en 2023. L’envoyé spécial du Pakistan à Kaboul, Arif Durrani, parle de cauchemar et ne voit pas d’issue… En représailles, le gouvernement pakistanais décide en octobre de renvoyer chez eux, par la force et à partir du 2 novembre, tous les réfugiés afghans en commençant par ceux (1,7 million) qui n’ont pas de papiers. Une déportation massive. Au 15 novembre, le Frontier Post publie le chiffre de 327 000 personnes déjà expulsées.</p><p>Tous ces rebondissements du conflit afghan déstabilisent profondément le Pakistan déjà fragilisé par une économie vacillante sur fond d’inondations désastreuses en 2022 et 2023, qui ont fait chuter de 60 % la production de coton et ruiné une partie de l’industrie textile, fleuron de l’économie. La dette extérieure s’élève à 125 milliards de dollars. En juin, le Pakistan est presque en défaut de paiement et le FMI ne débloque que 3 milliards de dollars sur la tranche de 6,5 milliards qui avait été conclue en 2019. Et la crise politique s’ajoute au marasme financier. Le Premier ministre Imran Khan, élu en 2018, avait pris le risque de défier l’armée en contestant le choix du général Nadeem Ahmed Anjum au poste de chef de l’ISI, alors que commençaient justement les tractations avec le TTP et l’EIA. Le 10 avril suivant, il est déposé par une motion de censure, le 3 novembre il est blessé par balles au milieu d’une manifestation populaire de soutien, puis il est finalement arrêté le 7 mai 2023, accablé de charges pour corruption. Imran Khan reste populaire chez les jeunes et les classes moyennes qui sont descendus dans la rue en grand nombre et de très nombreuses fois, d’autant que le gouvernement qui lui succède est un attelage étonnant de la Muslim League de Nawaz Sharif et du PPP des Bhutto, qui ont été des grands rivaux pendant un demi-siècle, plus un parti islamiste, le Jamaat-i-Ulema-i-Islam. Cette coalition démissionne le 8 août 2023, le gouvernement intérimaire est dirigé par un proche de l’armée, Anwarul Hak Kakar, et les prochaines élections, qui auraient dû se tenir en novembre, sont reportées à février 2024.</p><p><b><span style="font-size: large;">La Chine au secours de l’AfPak ?</span></b></p><p>Moteur de l’OCS, la Chine a de grandes ambitions de développement qui passent par les nouvelles routes de la soie en direction de la Russie et de l’Europe. Or, la jonction principale entre les routes terrestres au nord et les routes maritimes au sud passe par le Pakistan, le fameux China-Pakistan economic corridor (CPEC) qui, de Kashgar dans le Xinjiang chinois au port pakistanais de Gwadar, empruntera la très escarpée Karakoram highway (KKH) sur 750 km à partir de la frontière chinoise (col de Khunjerab à 4 693 m) et se prolongera dans la plaine le long de la LD. Et c’est là que le bât blesse, à deux titres.</p><p>Techniquement d’abord, à cause du réchauffement climatique et la fonte des plus grands glaciers de montagne du monde, dans la partie hunza de la KKH, où des lacs glaciaires aux parois fragiles rompent régulièrement, embarquant tout, routes et ponts, sur le passage des flots d’eau, de boue et de rochers. Pour qui connaît bien la KKH, actuellement très dangereuse, le projet du CPEC est à revoir de fond en comble, techniquement et financièrement, compte tenu de l’endettement du Pakistan. Ce n’est donc pas demain que la bretelle du CPEC, promise par les Chinois entre Peshawar et Kaboul pour intégrer l’Afghanistan dans le projet global de développement sera mise en œuvre. L’autre question est évidemment que le tracé du CPEC, tel que projeté, traverse aussi les zones tribales pachtounes qui sont à nouveau à feu et à sang du terrorisme.</p><p>La Chine n’abandonne cependant pas ce projet pharaonique, mais a exigé des talibans qu’ils éliminent d’abord les djihadistes ouïghours d’Al-Qaïda, basés dans le corridor du Wakhan dans l’extrême Nord-Est de l’Afghanistan, d’où ils menacent le Xinjiang — ce qui fut fait dès 2021 ! En retour, la Chine vient de nommer un ambassadeur à Kaboul, le 15 septembre dernier, en précisant que cela ne valait pas reconnaissance de l’EIA ; il n’y aura donc pas de présentation des lettres de créance, mais le nouvel ambassadeur, Zhao Sheng, qui n’aura donc rang que de chargé d’affaires, résidera toutefois à l’ambassade de Chine. Il a été accueilli au palais présidentiel par une haie d’honneur militaire. Cette ouverture fait suite au contrat d’exploitation du gisement pétrolier du bassin Amou-Daria de Sheberghan, signé en janvier 2023 entre les talibans et la China National Petroleum Company.</p><p><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><div style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgc_YsMBBVi5701t3wNSspMQjZJSYf1rvONhk0zdeTmUNhIPkV7fpJbpng-bvyqFWh8dPl0unU_flhpdd_t79lI5TOJx3U9KqyLOIBEBwxpATpnwPemzymJQ18JD24xETblEF7zASFUdfAuEDNhTvdUUshol4s0L5n3wph8C97a0mgR05SOvf4_IOYulAu3/s1536/GDD77_Book-83-419x1536.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="419" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgc_YsMBBVi5701t3wNSspMQjZJSYf1rvONhk0zdeTmUNhIPkV7fpJbpng-bvyqFWh8dPl0unU_flhpdd_t79lI5TOJx3U9KqyLOIBEBwxpATpnwPemzymJQ18JD24xETblEF7zASFUdfAuEDNhTvdUUshol4s0L5n3wph8C97a0mgR05SOvf4_IOYulAu3/w174-h640/GDD77_Book-83-419x1536.jpg" width="174" /></a> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpRzBxt7HiSuwkA3ngl8P4gfpsCNJYQLZrlTQnPQbH9MjC83i_28gZpqv9sDosymwR9-jI0AaTLf_zSiQnNw_NN-lLyq5V_ChkSFvYgLV8Lq3fPoAC8wzFOyJQGW5lDRCxQ4DrW7ooJOVh_a5PFfYSNVKoTC-kBYsFR_T-EoD-UJMwc-wbFzDLAEFeWZQd/s1536/GDD77_Book-85-416x1536.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="416" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpRzBxt7HiSuwkA3ngl8P4gfpsCNJYQLZrlTQnPQbH9MjC83i_28gZpqv9sDosymwR9-jI0AaTLf_zSiQnNw_NN-lLyq5V_ChkSFvYgLV8Lq3fPoAC8wzFOyJQGW5lDRCxQ4DrW7ooJOVh_a5PFfYSNVKoTC-kBYsFR_T-EoD-UJMwc-wbFzDLAEFeWZQd/w174-h640/GDD77_Book-85-416x1536.jpg" width="174" /></a></div></div><p><br /></p><p><b><span style="font-size: large;">Notes</span></b></p><p><span style="font-size: x-small;">(1) Georges Lefeuvre, « L’Afghanistan, cimetière des empires », Diplomatie, n°111, septembre 2021.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(2) D’après le Portail sur le terrorisme en Asie du Sud (<a href="https://www.satp.org/">https://www.satp.org/</a>).</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(3) 19 millions (estimation) de Pachtounes en Afghanistan, 40 millions au Pakistan.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(4) Syed Zabiullah Langari, « Joint Declarations Issued After Moscow Talks », Tolo News, 6 février 2019 (<a href="https://tolonews.com/index.php/afghanistan/joint-declaration-issued-after-moscow-talks">https://tolonews.com/index.php/afghanistan/joint-declaration-issued-after-moscow-talks</a>).</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(5) Secunder Kermani, Sami Yousafzai, « Taliban “not seeking to seize all of Afghanistan” », BBC News, 6 février 2019 (<a href="https://www.bbc.com/news/world-asia-47139908">https://www.bbc.com/news/world-asia-47139908</a>).</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(6) Rappelons que Sirajuddin Haqqani est sur la liste américaine des terroristes et sa capture est mise à prix à 10 millions de dollars.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(7) Special Inspector General for Afghanistan Reconstruction (SIGAR), « Quarterly report to the United States Congress », 30 octobre 2023 (<a href="https://www.sigar.mil/pdf/quarterlyreports/2023-10-30qr.pdf">https://www.sigar.mil/pdf/quarterlyreports/2023-10-30qr.pdf</a>). SIGAR est une agence du Congrès américain.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(8) William Byrd, « Two Years into Taliban Rule, New Shocks Weaken Afghan Economy », United States Institute of Peace, 10 août 2023 (<a href="https://www.usip.org/publications/2023/08/two-years-taliban-rule-new-shocks-weaken-afghan-economy">https://www.usip.org/publications/2023/08/two-years-taliban-rule-new-shocks-weaken-afghan-economy</a>).</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(9) Lors de rencontres de l’auteur avec Nasrullah Babar.</span></p><p style="text-align: right;"><i>Georges Lefeuvre</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://areion24.news"><span style="font-size: x-small;">areion24.news</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-22188475690297660022024-03-22T19:01:00.003+01:002024-03-22T19:01:16.246+01:00SpaceX va déployer des centaines de satellites espions pour la NRO<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz0SSEQ6R1F76o1ucAUYSfshyphenhyphen4Zd7muGTbaio1t2_L9fzcw7XXc08j1UYAd-1t8sI6hFPz9WkednSoFJD9uezOs9ZHcOPOKjIFhnXr8ZiBr9sXhHgo5PCf-LRgHfEGEEFbP_d_yPS9aWiNWe1V3153qgkpoJR1qmYu_cLcBjX3uuK105pNJsvF8GIQa5v3/s498/NROL-39-1024x495.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="495" data-original-width="498" height="398" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz0SSEQ6R1F76o1ucAUYSfshyphenhyphen4Zd7muGTbaio1t2_L9fzcw7XXc08j1UYAd-1t8sI6hFPz9WkednSoFJD9uezOs9ZHcOPOKjIFhnXr8ZiBr9sXhHgo5PCf-LRgHfEGEEFbP_d_yPS9aWiNWe1V3153qgkpoJR1qmYu_cLcBjX3uuK105pNJsvF8GIQa5v3/w400-h398/NROL-39-1024x495.jpg" width="400" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-size: x-small;">Le patch de NROL-39, l’un des satellites espion de la NRO</span></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><p></p><p>SpaceX prépare le déploiement d'un réseau de centaines de satellites espions dotés de capacités d'imagerie de la Terre et pouvant fonctionner en essaim sur des orbites basses, pour le compte du renseignement états-unien, révèle l'agence Reuters.</p><p>L'unité commerciale Starshield de SpaceX aurait en effet signé en 2021 un contrat classifié de 1,8 milliard de dollars avec le National Reconnaissance Office (NRO), le service de renseignement en charge des satellites espions.</p><p>Le réseau, destiné à « étendre considérablement » les capacités de télédétection du gouvernement américain, sera composé de grands satellites équipés de capteurs d'imagerie, ainsi que d'un plus grand nombre de satellites relais pour transmettre les données d'imagerie et d'autres communications à travers le réseau « à l'aide de lasers intersatellites », ont déclaré deux des sources de l'agence.</p><p>Le programme « améliorerait considérablement » la possibilité, pour les services de renseignement et les militaires, de « repérer rapidement des cibles potentielles presque partout dans le monde », précise Reuters. « Personne ne pourra se cacher », explique l'une des sources au sujet de la portée du système.</p><p>Une douzaine de prototypes ont été lancés depuis 2020, parmi d'autres satellites sur les fusées Falcon 9 de SpaceX, ont indiqué trois des sources de l'agence de presse, qui précise que le Pentagone « est déjà un gros client de SpaceX ». La société utilise ses fusées Falcon 9 pour lancer des charges militaires dans l'espace.</p><p>Une base de données du gouvernement américain consacrée aux objets en orbite montre que plusieurs missions de SpaceX ont déployé des satellites que ni l'entreprise ni le gouvernement n'ont jamais reconnus, souligne l'agence.</p><p>Le réseau Starshield prévu sera distinct de Starlink, la constellation commerciale à large bande de SpaceX, qui compte environ 5 500 satellites dans l'espace pour fournir un accès Internet quasi mondial aux consommateurs, aux entreprises et aux agences gouvernementales.</p><p>La Chine prévoit également de commencer à construire ses propres constellations de satellites, et le Pentagone a par ailleurs mis en garde contre les menaces d'armes spatiales de la Russie, qui pourraient être capables de désactiver des réseaux entiers de satellites, conclut Reuters.</p><p style="text-align: right;"><i><a href="http://next.ink">next.ink</a></i></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-37348973505709488612024-03-20T19:06:00.000+01:002024-03-20T19:06:03.709+01:00Le SRC est en crise<p> </p><p>Le Service de renseignement de la Confédération (SRC), sous la direction de Christian Dussey, en poste depuis avril 2022, traverse une crise profonde. Dans l'enquête auprès du personnel 2023, la performance de la «direction» a été évaluée à tout juste 35 points sur 100.</p><p>L'évaluation portait sur les critères suivants: «clarté des objectifs», «transmission d'informations en temps utile en cas de changements importants», «exécution des décisions», «résolution des problèmes urgents», «confiance du personnel dans les décisions de la direction». A titre de comparaison, la moyenne de l'administration fédérale était de 61 points.</p><p>Mais pour les employés des services secrets suisses, qui comptent environ 400 postes à plein temps, l'enquête n'a pas suffi, et certains d'entre eux cherchent maintenant une aide extérieure.</p><p>Selon les informations de CH Media, environ 80 personnes se sont adressées au service de confiance pour les collaborateurs du Département de la défense (DDPS).</p><p>Ce service de confiance est là pour conseiller et proposer des solutions en toute confidentialité «dans des situations conflictuelles survenues sur le lieu de travail, avec des supérieurs ou au sein d'une équipe», comme l'indique un dépliant. Le DDPS est le seul département à avoir son propre médiateur. Il s'appelle Walter Mengisen et a été directeur adjoint de l'Office fédéral du sport jusqu'à sa retraite il y a trois ans.</p><p>Les autres employés de l'administration fédérale doivent s'adresser au service de médiation pour le personnel fédéral. Les critiques soupçonnent depuis longtemps le DDPS d'avoir mis en place son propre service de médiation afin de mieux gérer les problèmes – et d'éviter de les rendre publics.</p><p><b><span style="font-size: large;">Selon le médiateur du DDPS, tout est confidentiel</span></b></p><p>Contacté par CH Media, Walter Mengisen n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet. Ni sur le nombre très élevé de 80 personnes issues des services secrets qui se sont présentées à lui avec leurs plaintes. Pas davantage sur le contenu des plaintes, la nécessité d'agir ou la suite des événements.</p><p>Le médiateur du DDPS précise que toutes les informations que son service reçoit ainsi que les consultations avec les employés sont hautement confidentielles afin de protéger leurs clients. Il semble tout de même que la demande de CH Media ait eu un effet dans la mesure où les plaignants ont obtenu un rendez-vous pour un entretien peu après.</p><p>Selon une personne bien informée, l'une des principales préoccupations du personnel est la relation avec les collaborateurs.</p><p>Une profonde réorganisation est en cours au SRC, sous l'impulsion de l'ancien diplomate Dussey et de la ministre de la Défense Viola Amherd. Ainsi, tous les membres de la direction et les cadres ont dû poser une nouvelle candidature. Entre autres, la sécurité intérieure et la sécurité extérieure sont à nouveau séparées de manière plus nette, bien que l'on ait prêché ces dernières années qu'il n'y avait pas de différence entre la sécurité intérieure et la sécurité extérieure.</p><p>Pour rappel, le SRC est né en 2010 de la fusion des services de renseignement intérieur et extérieur. Les membres des services secrets étrangers considéraient cette fusion comme une grave erreur – manifestement à juste titre.</p><p><b><span style="font-size: large;">Le manque d'espace pèse sur les agents secrets</span></b></p><p>Le fait que leur centrale, le Pentagone bernois, soit en train d'être totalement rénovée, pèse également sur le moral des services secrets. Le personnel a dû déménager dans la banlieue de Liebefeld. Les bureaux en open space seraient beaucoup trop petits et il y aurait un manque de place.</p><p>Mais le problème est encore plus profond. Les agents sont aussi frustrés par la politique: ils considèrent qu'elle assume beaucoup trop peu ses responsabilités. Selon le personnel du SRC, elle n'intervient que lorsqu'une menace devient visible, lorsque des événements dramatiques se produisent, ou lorsque la pression publique la contraint à agir.</p><p><b><span style="font-size: large;">La politique sous-estime le danger posé par la Russie</span></b></p><p>Selon les informations de CH Media, les stratèges du SRC se plaignent que la politique sous-estime massivement la menace que représente la Russie pour la sécurité intérieure et extérieure. L'infiltration et la désinformation par des espions et des trolls russes seraient trop peu prises au sérieux, et les ressources destinées à la lutte contre de tels phénomènes n'auraient cessé d'être réduites ces dernières années au profit d'autres dangers comme le terrorisme ou l'extrémisme violent.</p><p>Les capacités des services secrets dans le domaine de l'acquisition de renseignements à partir de sources ouvertes (Osint) devraient être renforcées, dit-on au sein du SRC.</p><p>Il serait également important que le public soit informé de manière transparente sur les découvertes. Il faudrait un bulletin régulier, accessible au public, sur les influences étrangères. Selon les initiés, la politique, et en premier lieu le département des Affaires étrangères, devrait se défaire de cette dangereuse retenue diplomatique à l'égard des Etats autoritaires.</p><p><b><span style="font-size: large;">Il faut urgemment défendre la démocratie</span></b></p><p>Certaines personnes au sein du SRC sont convaincues que les valeurs démocratiques fondamentales doivent être défendues de manière beaucoup plus ferme et offensive, sinon il sera trop tard. Selon elles, des dirigeants autoritaires comme Trump, Poutine, Orban ou Xi ont depuis longtemps reconnu les faiblesses de l'Occident et veulent en provoquer la chute depuis l'intérieur.</p><p>Les dictateurs utiliseraient pour ceci des hommes de main locaux corrompus ou opportunistes, notamment dans le monde politique. La progression des partis d'extrême droite antidémocratiques en Europe serait l'expression de l'efficacité avec laquelle Poutine téléguide l'Occident.</p><p style="text-align: right;"><i>Henry Habegger</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://watson.ch"><span style="font-size: x-small;">watson.ch</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-18877452362105895312024-03-20T19:01:00.001+01:002024-03-20T19:01:20.282+01:00Aleksandr Moïsseïev est le nouveau commandant en chef de la marine russe<p> </p><p>C'est un nouveau changement de direction dans l'armée russe: mardi, Aleksandr Moïsseïev a été nommé nouveau chef de la marine lors d'une cérémonie solennelle sur l'île de Kotlin en mer Baltique, au large de Saint-Pétersbourg. C'est ce qu'ont rapporté de concert les agences de presse publiques russes Ria Novosti et Tass. L'homme de 61 ans succède à Nikolaï Ievmenov.</p><p>Les médias russes avaient déjà rapporté il y a une semaine et demie que le chef de la marine Nikolaï Ievmenov avait été limogé. Le Kremlin avait refusé de commenter cette information. C'est désormais l'actuel commandant de la flotte russe du Nord qui lui succède.</p><p><b><span style="font-size: large;">Aleksandr Moïsseïev peut-il sauver la réputation de la marine russe?</span></b></p><p>Ces dernières semaines, la Russie a subi plusieurs pertes en mer Noire. Au total, l'armée ukrainienne affirme avoir coulé plus de deux douzaines de navires russes depuis le début du conflit en février 2022. En raison des attaques ukrainiennes, la marine russe s'est vue contrainte de déplacer des navires plus à l'est de sa base historique de la flotte en mer Noire à Sébastopol, en Crimée.</p><p>Le bilan désastreux de la mer Noire n'a pas connu d'amélioration au cours des derniers mois, bien au contraire. Cela a dû inciter le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, à tirer sur la corde. La destruction de navires comme le navire de débarquement Caesar Kunikov ou le patrouilleur Sergueï Kotov le mois dernier était également embarrassante dans la mesure où l'Ukraine ne dispose pas d'un seul navire de guerre. Le nouveau chef de la marine doit désormais relever le défi de sauver la réputation de la marine.</p><p><b><span style="font-size: large;">Un «héros de la Russie»</span></b></p><p>Aleksandr Moïsseïev est militaire depuis 1981 – d'abord dans l'armée soviétique, puis dans les forces armées de la Fédération de Russie. Pendant plus de 29 ans, il a servi sur des sous-marins nucléaires. Il a terminé le cours d'officier de la marine russe en 1995.</p><p>Aleksandr Moïsseïev a été décoré. Après une mission au pôle Nord, il a été décoré de l'ordre du courage. En 2011, il a reçu le plus haut titre honorifique russe et a été nommé «Héros de Russie» pour avoir réussi un lancement de missile depuis un sous-marin stratégique.</p><p><b><span style="font-size: large;">Sergueï Sourovikine a dû partir en janvier 2023</span></b></p><p>Aleksandr Moïsseïev a rapidement gravi les échelons au sein de la flotte du Nord et a également commandé la flotte de la mer Noire à certains moments. Ce n'est pas la première fois que Aleksandr Moïsseïev succède à Evmenov. En 2018, le natif de Kaliningrad a succédé à celui de Moscou au poste de commandant de la flotte du Nord.</p><p style="text-align: right;"><i>Marian Nadler</i></p><p style="text-align: right;"><span style="font-size: x-small;"><a href="http://blick.ch">blick.ch</a></span></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-40247549667168612852024-03-19T19:05:00.015+01:002024-03-19T19:05:58.738+01:00L’Asie du Sud-Est en pleine déconsolidation démocratique ?<p> </p><p>Il est loin le temps où l’Asie du Sud-Est était présentée comme un modèle de démocratisation. Les alternances ne sont plus à l’ordre du jour. Ce sont plutôt les vieilles structures politiques, souvent liées aux dynasties familiales et aux milieux d’affaires (Cambodge, Philippines, Singapour, Thaïlande), à l’armée (Thaïlande, Birmanie) et au nationalisme ethnico-religieux (Malaisie) qui ont le vent en poupe.</p><p>Pendant une dizaine d’années, du milieu des années 1990 au milieu des années 2000, l’Asie du Sud-Est avait plus ou moins réussi à développer et à renforcer ses processus démocratiques tout en accélérant son intégration régionale tant au niveau politique qu’économique. Cependant, dès le milieu des années 2000, bien avant la montée des populismes et des nationalismes en Europe, elle s’est engagée dans un mouvement de reflux démocratique. Aujourd’hui, à l’exception du Timor-Leste, qui devrait finalement devenir membre de plein droit de l’ASEAN (1) en 2025, l’idée de démocratie libérale au mieux stagne mais plus souvent recule dans la région.</p><p>L’Indonésie, considérée un temps comme la « troisième démocratie mondiale », ne fait pas exception. L’actuel président Joko Widodo, pourtant perçu comme un « homme du peuple », qui doit quitter le pouvoir l’année prochaine, n’a pas été en mesure de stopper l’érosion des libertés citoyennes engagée depuis la présidence de son prédécesseur, le président Susilo Bambang Yudhoyono (2004-2014). La pression des élites conservatrices fait doucement et par à-coups glisser le pays sur la pente savonneuse de l’« illibéralisme politique ». L’élection probable à la présidence, l’année prochaine, de l’actuel ministre de la Défense, Prabowo Subianto, ne ferait qu’accélérer le processus.</p><p><b><span style="font-size: large;">Une parenthèse démocratique qui se referme</span></b></p><p>La greffe démocratique sud-est-asiatique n’a pas pris. La parenthèse se referme d’autant plus vite que l’Occident et notamment les États-Unis ne font plus rêver. Les modèles alternatifs proposés par la Chine et la Russie semblent d’autant plus intéressants que les élites d’Asie du Sud-Est ne souhaitent ni se renouveler ni se diversifier. Elles cherchent avant tout à asseoir leur pouvoir et à renforcer leurs propres intérêts. Face à un Occident qui a perdu de sa superbe, la démocratie est de plus en plus perçue comme illusoire et ineffective. Si elle est encore ardemment désirée par certains, c’est surtout par la jeunesse, comme l’ont très bien illustré les élections législatives qui se sont tenues au printemps en Thaïlande. Or la région vieillit. Plusieurs pays d’Asie du Sud-Est sont déjà des « sociétés vieillissantes » selon le critère de classification retenu par l’Organisation mondiale de la santé et les Nations Unies (2). C’est particulièrement le cas de de la Malaisie, de Singapour, de la Thaïlande et du Vietnam. Dans ces trois derniers pays, les personnes âgées de plus de 65 ans représentent déjà entre 7 et 14 % de la population totale. La transformation démographique est rapide. Elle s’opère à une vitesse similaire à celle du Japon mais intervient alors que le niveau de revenu par habitant reste plus faible. Or, une population vieillissante est souvent plus encline aux idées conservatrices. C’est du moins ce que nous montrent les exemples japonais et sud-coréens en Asie du Nord-Est.</p><p>Alors, si en Asie du Sud-Est on maintient des élections dans les pays où c’est la règle, c’est surtout pour conserver les apparences. Le résultat des urnes compte peu. Ce qui importe, ce sont les négociations internes et les concessions que les différents groupes d’influence peuvent passer entre eux. À ce titre, l’année 2023 pourrait être considérée comme un cas d’école.</p><p><b><span style="font-size: large;">Des élections pour légitimer une succession « dynastique »</span></b></p><p>Le Cambodge a ainsi organisé des élections législatives auxquelles le principal parti d’opposition, le Parti de la bougie, n’a pas pu prendre part, pour des « raisons techniques ». Le Parti du peuple cambodgien (PPC) mené par le Premier ministre Hun Sen a ainsi facilement remporté 120 des 125 sièges du Parlement. Quelques jours après que les résultats ont été promulgués, Hun Sen, âgé de 71 ans, a annoncé démissionner du poste de Premier ministre qu’il occupait depuis trente-huit ans au bénéfice de son fils, Hun Manet. Ce dernier, général quatre étoiles, a été formé en Grande-Bretagne où il est titulaire d’un doctorat en économie de l’université de Bristol et à l’académie militaire américaine de West Point. Il dirige également l’armée cambodgienne depuis 2018. Cette succession « dynastique » a été préparée de longue date. Cela faisait plus d’un an que Hun Sen avait ouvertement fait savoir qu’il souhaitait transmettre le pouvoir à son fils aîné sans pour autant se retirer de la vie politique. Il a aussi affirmé qu’il avait l’intention de continuer à exercer son influence et à occuper des postes officiels au moins jusqu’en 2033. Il prévoit déjà de devenir président du Sénat l’année prochaine, ce qui lui permettrait de devenir numéro deux dans le protocole après le roi. Cela devrait limiter les marges de manœuvre du nouveau Premier ministre et des nouvelles équipes qu’il souhaiterait mettre en place. Ainsi, son frère cadet, Hun Many, a été nommé ministre de la Fonction publique et son cousin, Neth Savoeun, l’ancien chef de la police depuis 2008, est devenu Vice-Premier ministre. Par ailleurs, Tea Seiha et Sar Sokha, les fils des ministres de la Défense et de l’Intérieur, ont tous les deux pris les places de leurs pères, Tea Bank et Sar Kheng. Avec une opposition muselée, des élections faites sur-mesure, une presse sous contrôle et une succession bien assurée, il est peu probable que le Cambodge s’engage dans une direction plus libérale. On change de génération, pas de système.</p><p><b><span style="font-size: large;">Gagner une élection n’est pas synonyme de gouverner</span></b></p><p>En Thaïlande, gagner une élection ne signifie pas forcément pouvoir gouverner. La Constitution actuelle (3) a été rédigée en partie pour empêcher un parti de gouverner seul. On peut donc remporter une élection et se retrouver sur la touche au moment de la constitution du gouvernement. Sans grande surprise, c’est ce qui s’est passé cette année. Des élections législatives se sont tenues le 14 mai. Les partis d’opposition ont clairement remporté le scrutin. Coalisée, l’opposition pro-réformatrice a obtenu 313 sièges sur les 500 soumis au vote. Or, le Premier ministre doit être désigné par la majorité des 500 députés auxquels on doit ajouter les 250 sénateurs nommés par l’armée, soit 750 parlementaires. Par conséquent, ce ne sont pas 251 sièges qu’il faut pour obtenir une majorité mais 376. Ce système permet à l’armée de faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre, et ce, peu importe le résultat des élections. L’armée n’a pas souhaité travailler avec le parti Move Forward, mené par Pita Limjaroenrat, pourtant largement arrivé en tête du scrutin (38 % des suffrages, 112 députés de circonscription et 30 sièges de liste), car jugé trop radical dans sa volonté de réforme institutionnelle. La volonté affichée par Move Forward de revoir la législation sur le crime de lèse-majesté, mais aussi de limiter l’influence de l’armée dans la société, a provoqué un fort rejet dans les milieux conservateurs et traditionnalistes, ce qui l’a exclu de la composition d’un gouvernement dont il aurait dû prendre la tête. Finalement, malgré une défaite cuisante, les deux partis pro-militaires ont réussi à se maintenir au pouvoir en soutenant le parti Pheu Thai, mené par Paethongtarn Shinawatra, fille de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, et arrivé second avec 28 % des voix (112 députés de circonscription et 29 députés de liste).</p><p>La base électorale de Move Forward est essentiellement constituée de jeunes urbains avides de plus de liberté et de réforme constitutionnelle. Le camp conservateur, composé essentiellement de l’armée, de l’administration, du système judiciaire et d’une bonne partie des milieux d’affaires a remporté la partie tout en ayant perdu les élections. Si une partie des électeurs de Pheu Thai, déçue par l’alliance de ce dernier avec les partis pro-militaires, pourrait basculer à l’occasion d’une prochaine élection vers Move Forward, il n’est pas certain que cela soit suffisant pour changer la donne. Au pouvoir ou en exil, Thaksin Shinawatra a mis vingt ans pour imposer des réformes économiques qui ne sont aujourd’hui plus discutées. Cela pourrait prendre également de nombreuses années pour que Move Forward, sous ce nom ou un autre, parvienne à faire passer l’idée des réformes institutionnelles qu’il propose. En attendant, la question de l’intérêt du vote se pose, notamment pour une jeunesse thaïlandaise qui réalise que peu importe le résultat des élections, ce sont toujours les mêmes, à savoir les milieux conservateurs et l’armée, qui restent au pouvoir. Depuis la semi-révolution de 1932, le schéma est toujours le même : élections, nomination d’un gouvernement, crise politique, manifestations ou troubles sociaux, coup d’État, constitutions intérimaires, constitution définitive, élections sans pour autant que l’élite ou la classe dirigeante ne change. Certes, le pays apparaît souvent comme turbulent mais, malgré un nombre important de coups d’État et de constitutions, le système apparaît comme plutôt stable et prévisible au risque d’épuiser celles et ceux qui œuvrent encore pour des réformes institutionnelles par voie démocratique. Face à une machine administrativo-judiciaire puissante et une armée omniprésente, les options et les marges de manœuvre de l’opposition réformiste sont limitées. Son principal outil est sans doute d’infuser goutte à goutte ses idées pour qu’elles se diffusent progressivement dans la société jusqu’au moment où elles deviendront acceptables pour les cercles conservateurs. Cela paraît long mais, au final, ce n’est pas grand-chose pour un pays à l’histoire aussi ancienne, qui n’a pas connu de véritable révolution et qui n’est pas passé par les affres de la colonisation. En Thaïlande, le temps fait tout à l’affaire.</p><p><b><span style="font-size: large;">Des élections annulées lorsque le résultat ne convient pas</span></b></p><p>La libération d’Aung San Suu Kyi en 2010 et la victoire de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) aux élections législatives de 2015 avaient suscité l’espoir d’un assouplissement et d’une normalisation du régime birman. Le drame des Rohingyas en 2016-2017 puis le coup d’État du 1er février 2021 ont remis les pendules à l’heure. Placée à l’isolement depuis le coup d’État, Aung San Suu Kyi a été condamnée à 33 ans de prison au cours de différentes procédures qui ont duré 18 mois. Après la très large victoire de son parti aux élections législatives qui se sont déroulées en novembre 2020, cinq ans après celles de 2015 qui l’avaient portée au pouvoir, Aung San Suu Kyi aurait pu espérer continuer à œuvrer pour davantage de liberté, d’ouverture et de dialogue, malgré son image dégradée à l’international. Les généraux birmans en ont décidé autrement. En juillet 2021, la junte a annulé les résultats des élections arguant que le scrutin n’était « ni libre, ni juste ». Au lendemain du dernier coup d’État, les militaires s’étaient engagés à organiser de nouvelles élections après la fin de l’état d’urgence en février 2022. La date du scrutin a ensuite été repoussée au mois d’août 2023 avant d’être une fois encore reportée à une date qui n’a pas encore été fixée. Dans l’intervalle, en février 2023, la junte a dissous la LND ainsi que 39 autres partis qui avaient décidé de ne pas participer aux éventuelles prochaines élections dans le cadre de la loi électorale actuelle considérée comme trop stricte et favorable à l’armée. En attendant, la guerre civile aux racines anciennes et complexes dans laquelle est plongé le pays depuis son indépendance n’en finit pas de faire des victimes sans que la communauté internationale ne s’en émeuve (4). Les Nations Unies, bloquées par la Chine et la Russie, qui soutiennent le régime birman, semblent impuissantes. Début septembre, l’ASEAN a annoncé que la Birmanie ne prendrait pas la présidence tournante de l’association en 2026 comme le prévoyait le calendrier. Elle sera remplacée par les Philippines. La Birmanie n’est également plus invitée aux réunions de haut niveau du groupe. Cependant, les capacités de l’ASEAN à influencer la junte birmane sont très limitées. La non-ingérence dans les affaires intérieures des pays membres réduit les marges de manœuvre de l’organisation et surtout, plusieurs pays membres de l’association continuent à développer un dialogue de haut niveau avec les responsables de la junte. La Thaïlande a ainsi organisé en juin une réunion de « réengagement » avec la Birmanie à laquelle ont participé des représentants du Brunéi, du Laos, du Cambodge et du Vietnam ainsi que de la Chine et de l’Inde. Si l’initiative a été critiquée par plusieurs autres membres de l’ASEAN, notamment la Malaisie, l’Indonésie et Singapour, elle illustre clairement l’incapacité de l’organisation à parler d’une seule voie sur la question birmane.</p><p><b><span style="font-size: large;">La permanence du pouvoir</span></b></p><p>Les apparences sont souvent trompeuses. Alors que Singapour prône la transparence au niveau des affaires, il a beaucoup de mal à se l’appliquer au niveau politique. Le Parti d’action populaire (PAP) est au pouvoir sans discontinuer depuis 1959. L’enjeu des élections n’est pas de savoir qui sera élu mais de connaître avec quel pourcentage le candidat soutenu par le PAP le sera. Ainsi, c’est sans surprise que Tharman Shanmugaratnam, un « poids lourd » du PAP, ancien Senior minister, ministre coordinateur des Affaires sociales et président de l’Autorité monétaire de Singapour, a remporté avec plus de 70 % l’élection présidentielle qui s’est tenue en septembre 2023. Le rôle du président étant principalement honorifique, c’est vers les élections générales — qui doivent se tenir au plus tard en novembre 2025 — que les regards sont tournés. S’il ne fait quasiment aucun doute que le PAP remportera encore une fois ces élections, la transition voulue par Lee Hsien Loong, Premier ministre depuis 2004, et par son père avant lui — Lee Kuan Yew, premier Premier ministre de Singapour de 1959 à 1990 —, risque toutefois d’être plus complexe qu’initialement prévu. Dans un pays où le débat politique reste feutré et où la plupart des décisions sont prises dans la plus grande discrétion, une série récente d’enquêtes lancées par l’agence anti-corruption à l’encontre de personnalités politiques de premier plan laissent supposer que le transfert progressif des pouvoirs vers la quatrième génération de leaders (4G) depuis l’indépendance ne se fait pas sans quelques difficultés (5). La procédure de sélection du prochain Premier ministre a commencé en 2016 quand six candidats potentiels, tous d’origine chinoise, ont été présentés au public. Et pourtant, rien ne semble vouloir se dérouler comme prévu, surtout depuis le retrait du favori Heng Swee Keat en avril 2021.</p><p>Aussi, sauf nouvel incident de parcours le moment venu, ce sera Lawrence Wong, actuel Vice-Premier ministre et ministre des Finances, qui succédera à Lee Hsien Loong. Toutefois, les marges de manœuvre du prochain Premier ministre seront sans doute limitées. Resté longtemps dans l’ombre de son mentor Lee Hsien Loong, Lawrence Wong semble avoir encore du mal à s’affirmer comme un acteur politique autonome. Ayant également travaillé sous la responsabilité de Tharman Shanmugaratnam, il lui sera sans doute difficile de s’imposer face à son ancien patron. À Singapour, la technocratie l’emporte sur le politique. Des questions se posent sur la capacité de l’élite politique et du gouvernement à répondre aux attentes de plus en plus pressantes de la population. Le pays est bien géré et est, à bien des égards, perçu comme un modèle de développement économique, mais le système mis en place depuis l’indépendance répond de moins en moins aux attentes d’une population inquiète par le ralentissement économique et la montée des tensions dans son environnement proche.</p><p>Après la chute du régime Marcos en 1986, les Philippines ont été considérées comme un bastion de la démocratie en Asie du Sud-Est, bien que son paysage politique et économique soit toujours dominé par quelques grandes dynasties familiales. Comme d’autres pays de la région, les Philippines semblent aussi vouloir faire marche arrière en matière d’avancées démocratiques. Le mouvement est devenu visible avec l’élection du président Rodrigo Duterte en 2016. Sous couvert d’une lutte dure contre la drogue et le terrorisme, les libertés individuelles et démocratiques ont reculé sous son administration et la liberté d’expression a été limitée. Officiellement, 5 900 personnes ont été tuées dans le cadre d’opérations de police. Le haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies recense 8 663 victimes. Des organisations de défense des droits humains affirment qu’il y aurait eu entre 20 000 et 30 000 exécutions extrajudiciaires entre 2016 et 2022.</p><p>Pour le remplacer, les Philippins ont élu en mai 2022 Ferdinand Marcos Junior, fils de l’ancien dictateur. Trente-six ans après avoir perdu le pouvoir, la famille Marcos a réussi à revenir aux premières loges ; belle illustration de la permanence du pouvoir parmi les grandes familles. De manière surprenante, le nouveau président a jusqu’à présent réussi à modérer certains des excès de l’administration précédente. Reste à voir quelle sera son action dans la durée.</p><p>En Malaisie, les élections fédérales partielles qui se sont tenues le 12 août 2023 dans six États de la fédération de Malaisie n’ont pas bouleversé l’équilibre précaire des forces. Le gouvernement conduit par l’ancien opposant Anwar Ibrahim depuis novembre 2022 est sorti conforté de ces élections et peut dorénavant se concentrer sur la réforme de l’administration et la relance de l’économie. Toutefois, l’opposition islamo-nationaliste est également sortie renforcée du scrutin et a confirmé sa place de premier parti pour les électeurs malais ethniques au détriment de l’historique Organisation nationale des Malais unis (UMNO), parti membre de la coalition gouvernementale et dont l’appui est nécessaire pour le maintien au pouvoir d’Anwar Ibrahim. La pression sur les épaules de ce dernier est d’autant plus forte que les doutes sur la probité de son gouvernement s’accumulent. La Malaisie n’est pas tout à fait sortie de la période de turbulences politiques qui la secoue depuis plusieurs années et qui, là encore, illustre les difficultés de la région à renouveler une classe politique encore dominée par de vieilles, pour ne pas dire de très vielles, figures.</p><p>À Brunéi Darussalam, la question des élections ne se pose pas. Le système repose sur une monarchie absolue que laisse peu de place au débat. Au Laos et au Vietnam, le Parti communiste continue de régenter la vie politique de ces pays et garde la main sur toutes les nominations. Garant de stabilité, le système offre que peu d’opportunités de renouvellement, d’autant plus que sous l’impulsion de Nguyen Phu Trong, secrétaire général du parti depuis 2011, c’est l’aile conservatrice du parti qui reste aux commandes.</p><p>L’Asie du Sud-Est est confrontée à des degrés divers en fonction des pays à un retour, à la persistance voire au regain des autoritarismes. L’ASEAN, principal outil d’intégration régional, ne peut rien ou pas grand-chose pour freiner la mécanique qui s’est enclenchée. Malgré quelques effets d’annonces ou l’adoption, en 2007, d’une charte faisant référence à la démocratie et aux droits de l’homme, le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États membres signifie qu’il est peu probable que l’association prennent des mesures concrètes pour favoriser le retour ou le développement de la démocratie dans la région. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas ici ou là, comme en Thaïlande, des tentatives de relances démocratiques, mais le recul de la liberté politique, la désaffection croissante de la population, notamment des jeunes générations, à l’égard des institutions démocratiques et la perte de confiance, souvent liée à la corruption, vis-à-vis des élus, laissent supposer que l’Asie du Sud-Est s’est engagée dans un processus de déconsolidation démocratique.</p><p><b><span style="font-size: large;">Notes</span></b></p><p><span style="font-size: x-small;">(1) L’association des nations d’Asie du Sud-Est regroupe 10 États membres. Créée par l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande et les Philippines en 1967, elle a été rejointe par le Brunéi (1984), le Vietnam (1995), le Laos et la Birmanie (1997) et enfin le Cambodge (1999). Son secrétariat général est installé à Jakarta (Indonésie).</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(2) La vitesse à laquelle un pays « vieillit » est calculée en fonction du nombre d’années séparant son entrée dans la catégorie de « société vieillissante » à celle de son entrée dans la catégorie « société âgée », où les plus de 65 ans représentent plus de 14 % de la population totale. Cette transition s’est effectuée en 115 ans en France, en 69 ans aux États-Unis et en 25 ans au Japon. Elle s’effectuera en moins de 20 ans en Thaïlande et au Vietnam et en environ 25 ans à Singapour et en Malaisie. Singapour a basculé en 2020 dans la catégorie des « sociétés âgées ». Cela devrait être le cas pour la Thaïlande en 2025.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(3) Il s’agit de la Constitution de 2017, la vingtième depuis 1932. La durée de vie moyenne d’une constitution en Thaïlande est de quatre ans et demi. Sur la même période, la Thaïlande a connu 19 coups d’État militaires dont 12 réussis. La Constitution de 2017 a été promulguée à la suite du coup d’État de 2014 déclenché par Prayuth Chan-o-cha et visant à destituer Yingluck Shinawatra, la sœur de Thaksin Shinawatra, Premier ministre « populiste » contraint à l’exil après un coup d’État en 2006. La fille de Thaksin Shinawatra a conduit la liste du parti Pheu Thai aux élections de mai 2014. L’actuel Premier ministre thaïlandais, Srettha Thavisin, est issu du Pheu Thai et est un proche de Thaksin Shinawatra. Ce dernier est finalement rentré en Thaïlande en août 2023.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(4) Lire à cet égard l’entretien avec Amaury Lorin, « Birmanie : une guerre civile qui dure », Conflits, janvier 2023 (<a href="https://www.revueconflits.com/birmanie-une-guerre-civile-qui-dure/">https://www.revueconflits.com/birmanie-une-guerre-civile-qui-dure/</a>).</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(5) Voir : Arnaud Leveau, « Singapour : une transition pas si tranquille », extrait de la Lettre confidentielle Asie21 – Futuribles n°174, juillet-août 2023 (<a href="https://www.asie21.com/2023/07/16/singapour-une-transition-pas-si-tranquille/">https://www.asie21.com/2023/07/16/singapour-une-transition-pas-si-tranquille/</a>).</span></p><p style="text-align: right;"><i>Arnaud Leveau</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://areion24.news"><span style="font-size: x-small;">areion24.news</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-70776106806145833772024-03-19T19:02:00.004+01:002024-03-19T19:02:20.535+01:00Missiles antinavires et batteries côtières : nouvelles technologies et nouveaux marchés pour les industriels européens<p> </p><p>Parmi les grandes leçons du conflit ukrainien, on retiendra sans doute longtemps la manière dont les forces navales ukrainiennes, privées de leur accès à la mer, ont réussi à acquérir la supériorité navale sur leur adversaire grâce, notamment, à l’utilisation intelligente de batteries côtières chargées de missiles antinavires. Alors que de nombreuses forces navales renouvellent leurs parcs de missiles antinavires, il est temps de faire un point sur les dernières évolutions proposées par les industriels européens dans ce domaine.</p><p>À partir des années 1950, le missile antinavire est devenu l’arme de référence pour traiter les cibles de surface. Du côté occidental, où l’allonge du feu était (et est toujours) offerte par l’aviation, on s’est dirigé vers des missiles moins encombrants que ceux des Soviétiques, mais plus agiles, discrets et précis, pouvant être emportés par des avions tactiques, des corvettes et des frégates de petit tonnage, ou encore des batteries côtières mobiles. Il en est résulté, aux États-Unis, l’indémodable Harpoon à guidage radar qui a équipé des générations entières de navires, de sous-marins et d’avions, que ce soit dans les forces américaines ou dans des dizaines de pays alliés.</p><p>Mais nombre de pays européens ont aussi entrepris de développer leurs propres missiles antinavires, que ce soit pour faire vivre une industrie locale ou pour répondre un peu mieux à leurs besoins. Certains de ses missiles imaginés au cours des années 1970, comme l’AS.34 Kormoran allemand ou le Sea Eagle britannique, ont cessé d’être produits et n’ont pas eu de successeurs. Mais d’autres engins européens apparus à la même époque, comme l’Exocet français, le RBS‑15 suédois ou l’Otomat italien, restent encore des références aujourd’hui.</p><p><b><span style="font-size: large;">Des technologies qui évoluent en continu</span></b></p><p>Si certains missiles ont su traverser les décennies, c’est avant tout parce qu’ils ont évolué constamment en adoptant de nouvelles technologies. Si la fin de la guerre froide a sonné l’arrêt des programmes de missiles antinavires de nouvelle génération (souvent supersoniques), certaines briques technologiques développées alors ont été intégrées au sein des cellules existantes, leur permettant de rester de redoutables outils de supériorité navale.</p><p>En premier lieu, l’évolution radicale de l’électronique embarquée et la numérisation des systèmes ont permis de réaliser des autodirecteurs plus performants et plus résistants au brouillage et aux leurres, grâce à des senseurs plus précis et à des algorithmes de traitement du signal plus sophistiqués. L’amélioration de l’intelligence embarquée dans les missiles, l’intégration de liaisons de données à longue distance sur les navires et les batteries côtières ainsi que l’utilisation de drones de reconnaissance navale renforcent aussi considérablement les capacités de frappe au-delà de l’horizon tout en réduisant le recours à des hélicoptères et à des avions pilotés pour le rafraîchissement des données à mi-parcours.</p><p>Pour exploiter au mieux cette capacité d’engagement lointaine, les moteurs-fusées des missiles seront remplacés par de petits turboréacteurs optimisés pour les profils de vol à haute vitesse subsonique et à très basse altitude. Là où les missiles du début des années 1980 se contentaient de quelques dizaines de kilomètres de portée, en cohérence avec les capacités de détection de l’époque, les engins actuels peuvent frapper à 180 ou 200 km, voire à plus de 300 km pour les dernières évolutions du Teseo italien et du RBS‑15 suédois. Dans le cadre d’un champ de bataille interconnecté, ces rayons d’action permettent aux navires et aux batteries côtières d’attaquer des cibles de surface situées bien au-delà de leurs propres capteurs, en se basant notamment sur des données obtenues par des satellites, des avions de patrouille, des sous-marins ou des drones.</p><p>Mais, là encore, le plus grand rayon d’action et la généralisation des liaisons de données vont ouvrir la voie à de nouvelles doctrines d’engagement. Les missiles peuvent ainsi contourner leur cible pour l’attaquer depuis un secteur moins surveillé, ou pour réaliser des attaques simultanées depuis différents vecteurs. Dans des opérations littorales, les missiles peuvent même épouser le trait de côte pour rester cachés par le relief le plus longtemps possible.</p><p><b><span style="font-size: large;">Ruptures technologiques et nouvelles doctrines</span></b></p><p>Toutes ces caractéristiques réunies – autodirecteurs plus précis, liaisons de données, portée améliorée – permettent aux missiles antinavires modernes d’agir comme de véritables missiles de croisière capables de frapper des cibles côtières ou situées au cœur des terres. Cette polyvalence devrait encore se renforcer avec les prochaines générations de missiles antinavires furtifs ou supersoniques. Optimisés pour percer les défenses aériennes des groupes navals, ces derniers seront nativement adaptés à la suppression des défenses adverses (SEAD) à terre (1).</p><p>Leurs modes de guidage pourraient également évoluer. À l’exception des missiles de plus petits calibres comme le Naval Strike Missile norvégien ou l’ANL/Sea Venom franco-britannique qui utilisent un guidage infrarouge, la quasi-totalité des missiles antinavires actuels s’appuient sur des autodirecteurs radar couplés à une navigation INS/GPS. Avec l’arrivée des technologies GaN (2), les radars peuvent être plus compacts, plus légers, moins énergivores et plus résistants au brouillage, sans sacrifier les performances. De quoi intégrer, dans un volume identique, des autodirecteurs à voies multiples combinant guidage radar et guidage infrarouge par exemple. À plus long terme, le déploiement de mégaconstellations en orbite basse, optimisées aussi bien pour les communications que pour la détection de cibles, permettrait à des missiles de longue portée d’être informés en temps réel des déplacements de leurs cibles. Opérant comme de gigantesques munitions rôdeuses, ils frapperont à la demande avec une extrême précision, évitant les erreurs de tir et réduisant le nombre de missiles nécessaires pour obtenir un coup au but à très longue distance.</p><p><b><span style="font-size: large;">Missiles antinavires et batteries côtières aujourd’hui</span></b></p><p>Néanmoins, en attendant que ces programmes débouchent sur des équipements concrets, il convient de réaliser un tour d’horizon des principaux systèmes aujourd’hui proposés sur le marché européen et à l’exportation, en nous concentrant sur les missiles antinavires conçus pour être embarqués sur des bâtiments de combat et compatibles avec des installations côtières (3).</p><p><b><span style="font-size: large;">Exocet (MBDA – France)</span></b></p><p>Difficile de commencer cette sélection sans aborder l’Exocet, qui s’est rendu célèbre aux Malouines et dans le Golfe durant les années 1980. Après une première version mer-mer MM‑38, l’Exocet a été dérivé en MM‑40 plus performant, compatible avec une intégration sur navires ou sur batteries côtières. Lancée au début des années 2000, la version MM‑40 Block 3 pèse 780 kg et voit sa portée passer de 70 à près de 200 km grâce à l’intégration d’un turbopropulseur. Livré dès 2022, le nouveau Block 3c comprend enfin un nouvel autodirecteur radar plus précis et plus résistant au brouillage, grâce à des technologies numériques de pointe.</p><p>Toutes versions confondues, l’Exocet est sans doute l’un des missiles antinavires les plus répandus au monde, avec de nombreux opérateurs en Amérique latine, en Europe, en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient. On notera que le Qatar, qui s’est équipé du MM‑40 Block 3 pour ses récents navires de surface, a également intégré ce missile sur ses batteries côtières.</p><p><b><span style="font-size: large;">RBS‑15 (Saab – Suède)</span></b></p><p>Développé par Saab dans les années 1980, le RBS‑15 est propulsé dès l’origine par un turboréacteur qui confère à la version Mk1 une portée de 70 km. Par la suite, la version Mk2 vient améliorer le système de guidage et les liaisons de données. Mais c’est avec la version Mk3, produite à partir de 2004, que le RBS‑15 changera de dimension. Développé en coopération par Saab et l’allemand Diehl, le Mk3 est doté d’un nouveau système propulsif lui donnant une portée d’environ 200 km. L’intelligence embarquée du missile est aussi améliorée, et son imposante charge militaire de 200 kg est modifiée pour lui permettre de détruire aussi bien des navires que des cibles terrestres. Enfin, en 2018, Saab a présenté la famille de RBS‑15 Mk4 Gungnir qui affiche une portée supérieure à 300 km. Conçu dès l’origine pour pouvoir être lancé depuis un navire, un camion ou un avion, le Gungnir peut détruire des cibles aussi bien navales que littorales ou terrestres.</p><p>Dans ses versions mer-mer, le RBS‑15 équipe plusieurs marines, notamment en Suède, en Finlande, en Allemagne, en Algérie et en Pologne. Le RBS‑15 Mk3 a également été sélectionné par la Bulgarie afin d’équiper ses futurs patrouilleurs. Enfin, il convient de noter que le RBS‑15 connaît un beau succès en tant que système de combat littoral. Il équipe notamment des batteries côtières suédoises, croates et finlandaises.</p><p><b><span style="font-size: large;">Teseo Mk2/EVO et Marte-ER (MBDA – Italie)</span></b></p><p>Tout à la fin des années 1960, la firme italienne Oto Melara et la société française Matra développent conjointement le missile Otomat. Mais la France lui préfère l’Exocet et l’Italie poursuit seule le développement du missile, nommé localement Teseo. À partir des années 1970, la version Mk.2 est dotée d’un turboréacteur et d’une capacité de rafraîchissement à mi-parcours, permettant des tirs jusqu’à 175 km. Entré en service en 2007 en Italie sous la désignation Teseo Mk.2/A, l’Otomat Mk.2 Block IV dispose de capacités de frappe vers la terre, et a été exporté en Égypte et au Bangladesh.</p><p>Plus récemment, MBDA Italie a conçu le Teseo Mk.2/E, aussi nommé Teseo EVO ou Otomat Mk.2E. Malgré sa désignation, il s’agit d’un tout nouveau missile, doté d’un fuselage entièrement revu, plus court, plus léger et plus furtif, équipé d’un nouveau propulseur lui conférant une portée de plus de 350 km et surtout d’un autodirecteur combinant un radar et un senseur électro-optique. Il doit être livré vers 2027, et devrait même pouvoir être intégré à des lanceurs verticaux, si un client le demande.</p><p>À noter que MBDA Italie commercialise également le Marte‑ER, un missile à guidage radar deux fois plus léger (350 kg au lieu de 700 kg), capable de porter à plus de 100 km. Optimisé pour un emport sur hélicoptères, il peut être utilisé depuis un navire ou des batteries côtières, le Qatar l’utilisant en ce sens aux côtés de l’Exocet Block 3.</p><p><b><span style="font-size: large;">Naval Strike Missile (Kongsberg – Norvège)</span></b></p><p>Successeur du missile Penguin, qui a équipé de nombreux hélicoptères de l’OTAN, le NSM de Kongsberg est également un missile léger de 350 kg, ce qui ne l’empêche pas de pouvoir parcourir près de 200 km. Il se distingue aussi de ses concurrents par son autodirecteur infrarouge qui a l’avantage d’être plus discret qu’un radar, au détriment d’une portée de détection plus faible, notamment par mauvais temps.</p><p>Occupant une niche commerciale que le Marte‑ER n’a pas encore réellement pénétrée, le NSM est pour l’heure le missile antinavire de conception européenne qui se vend le mieux, en grande partie parce qu’il a été sélectionné par les États-Unis pour équiper les navires de combat littoral (LCS) et les nouvelles batteries côtières mobiles des Marines. Sous la désignation JSM, c’est aussi le seul missile antinavire intégré à l’omniprésent chasseur F‑35, ce qui lui ouvre un gigantesque marché captif. De fait, Kongsberg profite pleinement de la force de frappe commerciale de ses partenaires américains Raytheon et Lockheed Martin, qui positionnent le NSM sur le marché de remplacement du Harpoon.</p><p>En Europe, il équipe ainsi de nombreuses batteries côtières polonaises et certaines frégates allemandes. Ces trois dernières années, le missile a aussi été sélectionné par la Roumanie et la Lettonie pour leurs batteries côtières, ainsi que par l’Espagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas (ainsi que probablement la Belgique) pour équiper des frégates. Un véritable rouleau compresseur commercial qui n’est pourtant pas une solution parfaite en toutes circonstances.</p><p><b><span style="font-size: large;">Besoins croissants en mer Noire et en Méditerranée orientale</span></b></p><p>Dans les prochaines années, après une vague d’achats en Europe du Nord, c’est le flanc sud-est de l’OTAN qui pourrait connaître une recrudescence des acquisitions de missiles antinavires, notamment pour de nouvelles batteries côtières. En Ukraine, l’usage combiné des missiles Neptune et des drones a montré la pertinence de ce concept, nettement plus facile et discret à déployer qu’une unité navale majeure, tout en offrant une réelle capacité d’interdiction d’accès. Dans cette zone, deux pays sont probablement à surveiller de près. Le premier est la Bulgarie, qui a récemment fait l’acquisition de RBS‑15 Mk3 pour ses futures corvettes MMPV, mais qui pourrait avoir besoin de renouveler rapidement ses vieilles batteries côtières armées de missiles P‑15 de l’ère soviétique. De l’autre côté des Dardanelles, la Grèce fait face à un besoin criant en nouveaux missiles antinavires. Pour Athènes, la menace est moins celle de la marine russe que celle du déclassement vis-à‑vis d’Ankara, qui produit déjà son nouveau missile Atmaca alors même que les Harpoon de la marine grecque arrivent progressivement en fin de vie.</p><p>Pour la Bulgarie comme pour la Grèce, le besoin porte sur un engin capable de frapper en haute mer, mais aussi d’opérer en zones littorales. Pour les forces de défense bulgares, il s’agit de contrer des opérations amphibies ou des déposes de commandos russes par exemple. Pour la marine grecque, l’enjeu est le maintien du contrôle sur les îles de la mer Égée. Pour l’un comme pour l’autre, le besoin en mobilité pourrait militer pour l’acquisition du NSM norvégien, qui semble largement séduire du côté de la Baltique. Cependant, plusieurs considérations techniques et opérationnelles tendraient à faire pencher la balance dans une autre direction, en tout cas sur ces deux marchés potentiels.</p><p><b><span style="font-size: large;">Comment choisir son missile antinavire ?</span></b></p><p>D’une part, si la petite taille du NSM permet de l’intégrer sur des batteries très mobiles, elle impose aussi une charge militaire réduite de moitié par rapport à celle d’un missile lourd, limitant son efficacité face à de gros navires de transport ou de débarquement amphibie. Le guidage infrarouge, certes discret, présente une portée bien plus réduite qu’un autodirecteur radar, surtout dans des conditions météo dégradées, et peut être berné par certains leurres ou fumigènes. De manière générale, les autodirecteurs radars modernes restent plus performants par tous les temps, notamment lorsqu’il s’agit d’estimer la distance exacte de la cible et d’adapter la trajectoire du missile. De plus, le conflit ukrainien a montré l’importance d’utiliser ses armes de longue portée en mode tire-et-oublie afin de s’exposer le moins possible aux ripostes ennemies. Autant d’éléments qui militeraient pour l’acquisition de missiles à guidage radar, disposant d’un plus grand champ de détection, en attendant que des autodirecteurs à voies multiples arrivent sur le marché.</p><p>D’autre part, dans un contexte de conflit de haute intensité, les questions logistiques restent essentielles. La possibilité de gérer un stock unique de missiles pour armer à la fois ses navires de surface et ses batteries côtières pourrait alors s’avérer très précieuse, notamment si un navire est indisponible ou hors de combat, mais ses missiles encore intacts. Mieux encore, un système commun peut faciliter la conduite de frappes coordonnées entre des lanceurs à terre et des navires de combat, notamment pour des actions décisives en début de conflit.</p><p>Concrètement, cela pourrait jouer en faveur du MM‑40 Exocet en Grèce, qui utilise déjà le Block 3 sur ses vedettes de la classe Roussen, et qui intégrera le Block 3c sur ses futures frégates FDI ainsi que l’AM‑39 sur ses Rafale. Athènes est aussi un client historique des batteries côtières Exocet, ayant réceptionné des MM‑38 dans les années 1970, et des MM‑40 Block 2 dans les années 1990. Alors que les Harpoon intégrés sur ses vieilles frégates arrivent à bout de potentiel, ce pourrait être l’occasion d’uniformiser sa logistique autour d’un seul missile lourd. En Bulgarie, suivant la même logique, le RBS‑15 se présente comme une solution rationnelle et performante, d’autant plus que le Mk3 sélectionné pour les patrouilleurs modulaires polyvalents (MMPV) est une toute nouvelle capacité de haut niveau pour la marine bulgare. Reste à voir si Sofia débloquera le budget pour le remplacement de ses P‑15 Termit antédiluviens.</p><p>Affaires à suivre, d’autant que ces arguments s’appliquent également à d’autres États demandeurs de missiles antinavires et de batteries côtières, notamment au Moyen-Orient et en Asie du Sud‑Est.</p><p><b><span style="font-size: large;">Notes</span></b></p><p><span style="font-size: x-small;">(1) C’est notamment ce qui est prévu pour le futur missile supersonique conçu dans le cadre du programme FMC/FMAN mené par la France et le Royaume-Uni, avec la participation de l’Italie.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(2) Les antennes électroniques actives GaN utilisent des modules intégrants des semi-conducteurs au nitrure de gallium, plus efficients que les modules GaAs (arséniure de gallium) des générations précédentes.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(3) Les missiles lancés de sous-marins ou d’avions seront abordés dans un prochain numéro de DefTech.</span></p><p style="text-align: right;"><i>Yannick Smaldore</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://areion24.news"><span style="font-size: x-small;">areion24.news</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-64524521836266174912024-03-19T18:55:00.001+01:002024-03-19T18:55:04.500+01:00Les STOVL concrétisent-ils leurs promesses ?<p> </p><p>Au cœur du concept de sea control ship, il y avait l’entrée en service des Harrier, qu’il s’agisse du FRS.1 britannique ou de l’AV‑8A américain. Mais leurs capacités restaient limitées – tout comme celles des Yak‑38 Forger soviétiques. Depuis lors, plusieurs projets sont apparus, mais, pour le moment, seul le F‑35B a été rendu opérationnel, en attendant la concrétisation d’un projet chinois. Mais pour quel premier bilan ?</p><p>L’histoire du F‑35B se confond avec celle du Joint strike fighter, mais ne s’y limite pas : dès les années 1980, il est question de trouver un remplaçant à l’AV‑8B et au Sea Harrier britannique, au travers des projets Advanced short take-off/vertical landing (ASTOVL) puis Common affordable lightweight fighter (CALF). Le choix d’une plateforme déclinée en trois variantes a été largement critiqué : la mesure, considérée comme de saine gestion et devant réduire les coûts de développement, d’achat et de mise en œuvre s’est avérée contre-productive (1). C’est en particulier le cas au regard des contraintes liées à la configuration V/STOL (Vertical/short take-off landing) : propulsion spécifique et tuyères additionnelles de stabilisation (2) ; devis de masse ; conséquences sur le rayon d’action et la charge utile. L’emport en carburant comme en armement est réduit comparativement aux F‑35A, respectivement d’un peu plus de 2,3 t et de 1,3 t. Le positionnement de la soufflante a également impliqué de ne pas pouvoir positionner le canon autrement que dans un pod spécifique.</p><p>Le F-35B est, dans une certaine mesure, mal né. Il combine des problèmes qui lui sont spécifiques et ceux affectant l’ensemble de la famille F‑35. Au rang des problèmes spécifiques, il y a notamment des problèmes structurels limitant la durée de vie des premiers appareils produits, tout comme une limitation, pour l’ensemble des F‑35B (3) du domaine de vol supersonique pour réduire les dommages causés à la structure arrière par l’usage de la postcombustion. Si nombre de problèmes de la famille ont été résolus, d’autres restent saillants, comme l’impossibilité d’utiliser l’appareil par temps orageux, la surchauffe à l’intérieur de la cellule, la question de l’intégrité des surfaces à haute vitesse ou encore la mise en œuvre d’armement guidé par laser de manière autonome. Ayant accédé à la capacité opérationnelle initiale dans les Marines en 2015, l’appareil ne va pas cesser d’évoluer. Comme pour les F‑35A et F35‑C, la structure interne et le hardware informatique des premiers appareils produits seront pour partie rétrofités du TR2 au TR3 ; ce qui permettra d’accéder à l’essentiel du standard capacitaire Block 4.</p><p>Début 2024, la qualification du standard TR3 était toujours attendue, ce qui a entraîné la suspension des livraisons des premiers appareils répondant à cette norme, potentiellement jusqu’en juin 2024, soit un retard d’un an. Le prix unitaire du F‑35B, longtemps sujet de préoccupation pour les acheteurs potentiels, est appelé à baisser : du Lot 15, soit le premier au standard TR3 au Lot 17, il passe de 80,9 à 78,3 millions. Mais il doit aussi être relativisé en fonction de deux paramètres : d’une part, le coût du rétrofit des premiers appareils du TR2 au TR3, estimé à environ 25 millions de dollars par avion (4) ; d’autre part, l’ensemble des capacités liées au Block 4 dépendra d’un nouveau radar, l’APG‑85, au coût encore imprécis, mais qui ne sera probablement pas inférieur à dix millions de dollars. Pour la Royal Air Force britannique, ces coûts combinés sont une véritable bombe à retardement – sachant que 14 de ses 48 F‑35B commandés ne pourront pas être convertis au standard matériel, ce qui pose la question d’un éventuel décrochage capacitaire dans les prochaines années et d’un achat de nouveaux appareils en remplacement.</p><p>Si tous les problèmes du F‑35B ne sont pas encore résolus, un certain nombre d’inconnues qui laissaient craindre pour le futur des aéronavales britannique, espagnole et italienne sont levées. Engagé en opérations dès septembre 2018 par les Marines, l’appareil acquiert une place centrale pour les capacités de ces pays, mais aussi pour le Japon, qui le choisit lorsqu’il effectue son grand saut vers le porte-avions ; il devient même le deuxième appareil embarqué le plus utilisé au monde après le F/A‑18E/F Super Hornet, dont près de 700 appareils auront été reçus par l’US Navy.</p><p>Sur le plan des performances fondamentales – charge utile, rayon d’action –, le F‑35B reste évidemment inférieur à bon nombre d’appareils de combat, et ce d’autant plus que, pour l’instant, le concept de sea control ship ne prévoit pas l’appui de ravitailleurs en vol. Mais l’évolution est notable : un F‑35B est nettement supérieur à un MiG‑29K et est largement compétitif, dans un combat à distance de sécurité, face au Su‑33 et au J‑15. Dans les missions air-sol, il leur est supérieur du fait de la nature de la mise en œuvre des Flanker et dérivés. Concrètement, l’appareil va continuer d’évoluer avec l’intégration, via le Block 4, d’une série de nouvelles capacités, notamment les munitions Meteor et SPEAR 3, mais aussi le JSM antinavire, la bombe planante JSOW (Joint stand-off weapon) ou encore l’AGM‑158 JASSM (Joint air-to-surface standoff missile) de croisière et l’AGM‑158C LRASM (Long range antiship missile) antinavire. Pour peu que l’aptitude à entretenir les appareils en mer – c’est-à‑dire en lien avec les systèmes logistiques aux États-Unis – soit maintenue, le gain capacitaire sera bien réel.</p><p>Reste également l’inconnue chinoise. Un appareil STOVL est évoqué depuis 2011 et serait développé par AVIC. Les informations concernant un programme J‑18 ne sont pas confirmées – il pourrait s’agir d’une manœuvre d’intoxication visant Taïwan –, mais la presse spécialisée locale s’est fait l’écho des ambitions de Pékin d’utiliser ces appareils depuis des LHD Type‑075. De même, des travaux menés depuis les années 1960 sur des designs STOVL sont évoqués – aucune preuve d’un prototype ou un démonstrateur en bonne et due forme n’a jamais été observée – de même que l’achat en 1994 de l’un des deux seuls Yak‑141 russes construits. D’autres intervenants dans les débats chinois nuancent également ce qui n’est pour l’instant que des rumeurs, indiquant que le développement d’un tel appareil nuirait aux autres priorités dans l’aviation navale et rencontrerait des difficultés liées au retard qu’accusent les motoristes chinois sur leurs concurrents étrangers. Reste un autre aspect : le développement parallèle de deux aviations navales est-il pertinent au regard d’une doctrine amphibie de projection à longue distance encore balbutiante ?</p><p>De facto, le Lightning II revalorise le concept de sea control ship, intrinsèquement limité par les performances des Harrier, des Sea Harrier et des AV‑8B, lesquelles découlent directement de leur configuration V/STOL. Poussée à son terme, la formule du Harrier offre des performances plus importantes que les premiers appareils de la famille, mais son potentiel d’évolution a atteint son optimum. Logiquement, par extension, c’est aussi le cas pour les sea control ships. Comparativement, le Lightning II est supersonique et la gamme d’armements embarqués, en particulier depuis l’intégration du JSM (Joint strike missile), évolution du NSM antinavire, devient particulièrement intéressante pour les aéronavales (5). C’est d’autant plus le cas que les capacités air-air du F‑35B, notamment une fois l’intégration du Meteor réalisée, seront incomparablement plus importantes que celle des Harrier FRS.1, FA2 et autres AV‑8B. L’intégration dans des structures de force de plus en plus réticulées et selon des logiques multidomaines sera également favorisée. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkKgOrHppXAn6eCcSq83Q8bE_DU85ZCAF2fYhosl4w4qb_vNNWYoMdGyn-rx2lFezg0NdUGA_KA5cmkCzE-DysvZOBpjDXPGlrR2pkf8WO5geerPn5Swdq_uQiDYzA8id5R0Y5xy0bTa87iyLjbBlesC9JpyQWqyry7oP4tMoCqOSKsLStMcarPwsZ86iI/s1500/DSIHS94-89.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="624" data-original-width="1500" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkKgOrHppXAn6eCcSq83Q8bE_DU85ZCAF2fYhosl4w4qb_vNNWYoMdGyn-rx2lFezg0NdUGA_KA5cmkCzE-DysvZOBpjDXPGlrR2pkf8WO5geerPn5Swdq_uQiDYzA8id5R0Y5xy0bTa87iyLjbBlesC9JpyQWqyry7oP4tMoCqOSKsLStMcarPwsZ86iI/w640-h266/DSIHS94-89.jpg" width="640" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinB58pcDesfEO7LwTMijJuJ-DN_M4XPa3TEmtlcaOFs6-cZF7Fh0nKmbmaUWYybvhXr8E9rPhNSj0G1jMnQZ5dvCIY601E3jKYafKG1_wwjmatLtI-qO_FB3be64buwnYXLNBaO-z8IwCAiZGof97F-ZrIi7Z9gaTRVE-71jIoqwFQOtLEOVhDMHgBeXrZ/s1446/DSIHS94-90.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1166" data-original-width="1446" height="516" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinB58pcDesfEO7LwTMijJuJ-DN_M4XPa3TEmtlcaOFs6-cZF7Fh0nKmbmaUWYybvhXr8E9rPhNSj0G1jMnQZ5dvCIY601E3jKYafKG1_wwjmatLtI-qO_FB3be64buwnYXLNBaO-z8IwCAiZGof97F-ZrIi7Z9gaTRVE-71jIoqwFQOtLEOVhDMHgBeXrZ/w640-h516/DSIHS94-90.jpg" width="640" /></a></div><p><br /></p><p><b><span style="font-size: large;">Notes</span></b></p><p><span style="font-size: x-small;">(1) Mark A. Lorell et coll., Do Joint Fighter Programs Save Money ?, RAND Corp., Santa Monica, 2013.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(2) L’appareil est doté d’une version spécifique du réacteur F135 auquel est intégrée une tuyère vectorielle s’abaissant, après ouverture de deux trappes pour libérer le mouvement. Le réacteur est également couplé à une soufflante, positionnée derrière le cockpit et dont le mouvement est alimenté par une boîte de vitesse spécifique. Au décollage ou à l’atterrissage, deux trappes s’ouvrent vers le bas, de même que trois trappes sur la partie supérieure de la cellule. Des gaz chauds prélevés sur le réacteur sont éjectés sous l’intrados des ailes par deux petites tuyères, assurant la stabilité en tangage lors de l’atterrissage.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(3) Mais aussi des F-35C destinés à un usage CATOBAR.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(4) Yannick Smaldore, « F-35 : l’avion de toutes les contradictions », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 90, juin-juillet 2023.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(5) Yannick Smaldore, « Missile antinavire NSM : où s’arrêtera-t-il ? », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 93, décembre 2023-janvier 2024.</span></p><p style="text-align: right;"><i>Jean-Jacques Mercier</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://areion24.news"><span style="font-size: x-small;">areion24.news</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-72731924072112291502024-03-19T18:26:00.004+01:002024-03-19T18:26:34.782+01:00Le général israélien Dan Goldfuss tire à boulets rouges sur le gouvernement Netanyahu<p> </p><p>Les généraux de guerre sont connus pour leur expertise sur le champ de bataille. Il est extrêmement rare de les voir s'aventurer sur le terrain politique. Mais lorsque c'est le cas, ils n'y vont pas à moitié. Les relations tendues entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son ex-chef de l'armée Valeri Zaloujny en sont la preuve.</p><p>Au Proche-Orient aussi, les généraux se soulèvent. Un militaire israélien s'est récemment exprimé sur la guerre qui ravage actuellement Gaza. Le général Dan Goldfuss s'en est pris à son Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en le critiquant explicitement dans un discours incendiaire.</p><p>Alors que les soldats israéliens se battent côte à côte à Gaza, sans se soucier de l'appartenance de leurs camarades à des camps politiques ou religieux, les politiciens de l'Etat hébreu continuent de mener leurs intrigants jeux de pouvoir, a accusé l'officier. «Vous devez être dignes de nous, a martelé Dan Goldfuss. Vous devez être dignes des soldats qui ont perdu la vie.» L'homme a prononcé son discours en tenue de guerre complète, un carnet à la main.</p><p>«Nous ne fuirons pas nos responsabilités», a promis le soldat. Une pique claire à Benjamin Netanyahu qui, contrairement au ministre de la Défense et à l'armée nationale, a jusqu'à présent évité d'assumer la responsabilité de l'attaque du Hamas du 7 octobre.</p><p><b><span style="font-size: large;">Ses déclarations font écho dans l'opinion publique</span></b></p><p>Le fait que Dan Goldfuss ait en outre abordé le thème de la religion n'est pas le fruit du hasard. Les Israéliens ultra-orthodoxes ne sont pas appelés au service militaire, ce qui agace le général de brigade. Benjamin Netanyahu et ses acolytes devraient s'assurer qu'ils participent également au combat, estime le militaire.</p><p>Sans surprise, les déclarations du général ont fait mouche. Ce dernier a compris que sa parole avait du poids dans l'opinion publique. Ses paroles ont été bien accueillies, et pas seulement par les soldats israéliens.</p><p>Le chef d'état-major Herzi Halevi ne lui a adressé qu'une réprimande à demi-mot. Même parmi ceux qui ne combattent pas, le gouvernement Netanyahu est loin d'être apprécié. La réprimande de Dan Goldfuss a vraisemblablement fait écho chez plus d'un.</p><p><b><span style="font-size: large;">Le début de sa carrière politique?</span></b></p><p>Mais qui est Dan Goldfuss? Sa carrière a débuté après des études de sciences politiques à Haïfa et à l'université d'élite américaine Harvard. Son intervention choc vient de le faire connaître dans tout Israël. Il pourrait avoir posé les bases d'une future carrière politique.</p><p>Ce ne serait pas la première fois qu'un haut responsable de l'armée s'engagerait à la Knesset, le Parlement israélien, après avoir abdiqué. Avec le ministre de la Défense Yoav Gallant et son prédécesseur Benny Gantz, ce sont désormais deux ex-militaires qui siègent au cabinet de guerre.</p><p style="text-align: right;"><i>Marian Nadler</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://blick.ch"><span style="font-size: x-small;">blick.ch</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-64437709971223724312024-03-19T18:23:00.000+01:002024-03-19T18:23:00.547+01:00Les restrictions imposées par Israël causant la famine sont des "crimes de guerre"<p> </p><p>L'ONU estime que les restrictions imposées par Israël sont responsables de la famine imminente observée dans la bande de Gaza, ce qui pourrait équivaloir à une utilisation de la nourriture comme arme de guerre et donc "constituer un crime de guerre", a déploré l'agence mardi.</p><p>L’armée israélienne a lancé lundi une opération autour du plus grand hôpital de l’enclave palestinienne : al-Chifa, situé dans la ville de Gaza. L’armée israélienne a affirmé disposer « d’informations indiquant l’utilisation de l’hôpital par des terroristes hauts gradés » du Hamas, et a demandé à la population d’évacuer immédiatement le secteur. Sur le plan humanitaire, une évaluation sur la sécurité alimentaire par les Nations unies indique que la moitié des habitants de Gaza souffre d’une faim catastrophique et que la famine devrait toucher le nord du territoire d’ici le mois de mai sans intervention urgente. Le résumé de la journée du lundi 18 mars.</p><p>Dans le sud du Liban, les affrontements se sont poursuivis entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais (soutenu par l’Iran) lundi 18 mars, au 164e jour de la guerre entre le Hamas et Israël. Le média libanais Ici Beyrouth évoque une « flambée de violence » sur le front sud après « une journée relativement calme ». </p><p>Parallèlement, dans la bande de Gaza, l’armée israélienne a lancé lundi une opération autour du plus grand hôpital de l’enclave palestinienne : al-Chifa, situé dans la ville de Gaza. Des témoins ont fait état de frappes aériennes sur le quartier dévasté où il est situé. Selon des habitants plus de 45 chars et des véhicules blindés de transport de troupes israéliens sont entrés dans le quartier de l’hôpital. L’armée israélienne a affirmé disposer « d’informations indiquant l’utilisation de l’hôpital par des terroristes hauts gradés » du Hamas, et a demandé à la population d’évacuer immédiatement le secteur.</p><p><b><span style="font-size: large;">Famine dans la bande de Gaza</span></b></p><p>Sur le plan humanitaire, la moitié des habitants de Gaza souffre d’une faim catastrophique et la famine devrait toucher le nord du territoire d’ici le mois de mai sans intervention urgente selon une évaluation sur la sécurité alimentaire par les Nations unies. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti que « ce rapport est la preuve de la nécessité d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat ».</p><p>Le chef de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, a déclaré lundi qu’Israël lui avait interdit d’entrer dans la bande de Gaza. Le chef l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré qu’il avait l’intention de se rendre à Rafah lundi mais qu’il a été informé que son entrée lui avait été refusée lors d’une conférence de presse conjointe au Caire avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri.</p><p><b><span style="font-size: large;">Négociations à Doha</span></b></p><p>Sur le front diplomatique, en ce qui concerne la possible trêve négociée depuis plusieurs semaines, le chef des renseignements israéliens ainsi que des responsables qataris et égyptiens devaient s’entretenir lundi à Doha. Par ailleurs, pour la première fois depuis plus d’un mois, Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président américain Joe Biden se sont entretenus lundi selon la Maison Blanche. Cet appel intervient dans un contexte de tensions croissantes liées à l’offensive israélienne à Gaza.</p><p>L’armée israélienne a par ailleurs annoncé lundi que de ses 250 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l’offensive terrestre de l’État hébreu dans l’enclave palestinienne.</p><p><b><span style="font-size: large;">Le numéro 3 du Hamas a été tué </span></b></p><p>Le numéro trois du groupe islamiste palestinien Hamas a été tué la semaine dernière lors d'une opération de l'armée israélienne à Gaza, a annoncé lundi la Maison-Blanche. «Marwan Issa a été tué lors d'une opération israélienne la semaine dernière», a dit le conseiller à la sécurité nationale de l'exécutif américain, Jake Sullivan, lors d'une conférence de presse.</p><p><b><span style="font-size: large;">Combats meurtriers dans le plus grand complexe hospitalier</span></b></p><p>L’armée israélienne a affirmé avoir tué lundi 20 combattants palestiniens et arrêté des dizaines d’autres lors d’une vaste opération contre le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, qui a poussé des centaines de civils à fuir le secteur bombardé.</p><p>Cette nouvelle opération contre l’hôpital al-Chifa de la ville de Gaza dans le nord du territoire palestinien assiégé a lieu alors que les inquiétudes s’amplifient face à la catastrophe humanitaire provoquée par plus de cinq mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas et la menace de famine.</p><p>La bande de Gaza est devenue un “cimetière à ciel ouvert”, a affirmé le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, ajoutant que “la famine (était) utilisée comme arme de guerre”.</p><p>L’ONG Oxfam a accusé elle Israël d’empêcher “délibérément” l’entrée de l’aide humanitaire dans le petit territoire, où selon l’ONU 2,2 millions des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine.</p><p>“Israël autorise une importante aide humanitaire à Gaza, par terre, air et mer”, a rétorqué le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz.</p><p><b><span style="font-size: large;">Haut-gradés du Hamas visés</span></b></p><p>En lançant son opération avant l’aube contre le complexe hospitalier d’al-Chifa dans le quartier al-Rimal, l’armée israélienne a affirmé que “des terroristes haut-gradés du Hamas” s’y trouvaient.</p><p>L’armée a appelé les civils à évacuer le secteur, alors que selon le ministère de la Santé du Hamas, “des dizaines de milliers” de personnes se trouvent dans le complexe où vivent des personnes déplacées par la guerre.</p><p>Des combats accompagnés de bombardements aériens et à l’artillerie ont commencé autour et dans ce complexe, que l’armée avait pris d’assaut le 15 novembre avant de s’en retirer.</p><p>Selon des habitants, plus de 45 chars et véhicules blindés de transport de troupes israéliens sont entrés dans al-Rimal.</p><p>Des frappes aériennes ont visé plusieurs bâtiments aux abords de l’hôpital et des centaines de personnes, en majorité des enfants, des femmes et des personnes âgées ont fui leur domicile, a constaté un correspondant de l’AFP.</p><p style="text-align: right;"><i> Elie Seikali</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://mondafrique.com"><span style="font-size: x-small;">mondafrique.com</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-4498915263130606315.post-88356616902392012132024-03-18T18:48:00.003+01:002024-03-18T18:48:18.438+01:00Artillerie. Défaite en rase campagne pour l’industrie européenne ?<p> </p><p>S’il est une des leçons majeures de la guerre d’Ukraine, c’est que l’artillerie demeure une composante indispensable des forces, et que les formats nationaux en la matière ont été taillés trop juste. C’est certes le cas concernant les munitions, mais aussi pour les systèmes de tir eux-mêmes. Or, il faut constater que la physionomie du marché européen a considérablement évolué en quelques mois – au fil, en fait, de la guerre elle-même.</p><p>Les plus gros volumes de matériels d’artillerie européens donnés à l’Ukraine étaient en stock ou n’étaient plus produits : environ 150 M‑109 ; 43 Dana (dont 30 achetés d’occasion par l’Ukraine) ; 32 AS‑90 ; un nombre inconnu, mais sans doute supérieur à 50, de 2S1 Gvozdika (122 mm) ; 18 TR‑F1 achetés d’occasion à la France ; un nombre inconnu de FH‑70 ; plus de 80 pièces tractées de 122, 130 et 152 mm et environ 150 pièces de 105 mm. Il faut y ajouter 33 lance – roquettes M‑270, et plus de 60 BM‑21, RM‑70 et APR‑40. Le paradoxe est que ces plus de 600 pièces, dont une partie est considérée comme obsolète, se sont avérées parfaitement adaptées – du moins, tant qu’elles n’étaient pas affectées par la durée de vie de leurs tubes.</p><p><b><span style="font-size: large;">Les fers de lance des années 2000 n’emportent pas la mise</span></b></p><p>Les systèmes européens récents, c’est-à‑dire toujours produits, ont d’abord fait l’objet de dons, mais n’ont pas nécessairement décroché de contrats majeurs, que ce soit en Ukraine ou ailleurs. L’attention portée au CAESAR semblait porteuse de nombreux contrats, tant sur châssis 6 × 6 que sur châssis 8 × 8. Avec 49 obusiers transférés par la France et le Danemark, il a été l’un des éléments structurants de l’artillerie ukrainienne – n’enregistrant par ailleurs que trois pertes (1). Mais concrètement, les nouvelles commandes ont été relativement limitées et seule une partie est liée au nouveau contexte international. KNDS enregistre ainsi 52 commandes liées aux planifications conduites avant la guerre, avec 33 CAESAR NG pour la France en février 2022, et 19 pour la Belgique en juin de la même année. Les commandes liées à des remplacements de matériels donnés à l’Ukraine et, plus généralement au nouveau contexte, sont de 18 pour la Lituanie en juin 2022 ; 10 pour la Tchéquie en décembre (en plus des 52 déjà commandés en 2020) ; et les 30 commandes françaises en compensation des dons (juillet 2022 et janvier 2023) (2). L’Ukraine en recevra par ailleurs six nouveaux exemplaires au terme de la visite sur place d’une délégation française. L’obusier est également proposé dans le cadre du programme de remplacement des AS‑90 britanniques, mais la concurrence sera rude.</p><p>Les 28 PzH2000 allemands, italiens et néerlandais livrés à l’Ukraine ne sont qu’une partie des parcs européens en service (plus de 300), mais la guerre n’a entraîné que des commandes limitées. Les 24 commandés par la Hongrie l’ont été en 2018 et les obusiers croates et lituaniens étaient de seconde main, seuls 12 exemplaires ayant été commandés en mai 2023 par Berlin en compensation des dons, 16 autres étant en option. En juillet 2022, l’Allemagne autorisait l’Ukraine à en acheter 100, mais aucun contrat n’a été conclu par la suite. Talonnant l’obusier allemand, le Zuzana a été acheté à 24 exemplaires – huit par l’Ukraine et 16 offerts par l’Allemagne, la Norvège et le Danemark – mais n’a pas enregistré de nouvelle commande.</p><p>L’Ukraine a également reçu 18 Krab polonais, mais a également passé ce qui s’avère être sa plus grosse commande de matériel d’origine européenne jusqu’ici, avec 54 obusiers qui semblent avoir été pour partie déstockés dès lors que 21 exemplaires étaient endommagés ou détruits au 26 septembre (3). Du reste, Varsovie a commandé 48 nouveaux Krab, avant de basculer vers des commandes massives en Corée du Sud. Reste le cas de l’Archer suédois, directement bénéficiaire du contexte international. D’une part, Stockholm en commandait 48, sur châssis 8 × 8, en septembre 2023, afin de procéder à la remontée en puissance de son artillerie – huit engins en 6 × 6 étant promis à l’Ukraine. D’autre part, le Royaume – Uni en commandait 14 d’occasion afin de remplacer les AS‑90 donnés à Kiev ; sachant que d’autres commandes pourraient suivre dans le cadre de son programme Mobile fires platform. Par ailleurs, la Suisse l’a également shortlisté pour le programme de remplacement de ses M‑109.</p><p><b><span style="font-size: large;">Les nouveaux venus</span></b></p><p>Reste également le cas d’un système qui n’avait pas encore été ni acheté ni mis en service opérationnel : l’AGM (Armored gun module), présenté pour la première fois en 2008 par KMW (actuel KNDS) et qui, comme l’Archer, est un système automatisé, son équipe restant en cabine de conduite, d’où sont opérés les tirs. Le module de tir est doté d’un canon de 155 mm/52 Cal. et de 30 obus immédiatement utilisables. Il peut être positionné sur différents types de plateformes à roues ou chenillées : Ascod ; Boxer 8 × 8 ; le Boxer chenillé qui avait été présenté au dernier salon Eurosatory ; Piranha 10 × 10 ; ou encore camion Iveco 8 × 8. Il a été commandé pour la première fois par l’Ukraine, à raison de 18 exemplaires, sur châssis Boxer 8 × 8, sous la désignation de RCH‑155. Le système est également engagé dans plusieurs compétitions européennes en cours : en Allemagne (120 exemplaires), en Suisse (132 exemplaires) et au Royaume‑Uni.</p><p>Le CAESAR semble donc tirer son épingle du jeu avec 116 commandes contre 102 Krab et 62 Archer, mais cette victoire commerciale est toute relative au regard des différentes compétitions européennes. Les constructeurs continentaux font face non seulement à des compétiteurs non européens ayant déjà réalisé des ventes en Europe, mais aussi à l’arrivée de nouveaux venus. L’obusier automoteur chenillé K9 Thunder sud – coréen se taille la part du lion. L’engin a été commandé par la Finlande (96 exemplaires entre 2017 et 2022), l’Estonie (18 en 2018 et 2019) et plus récemment la Pologne, qui avait déjà utilisé son châssis pour le Krab. En l’occurrence, Varsovie a commandé 212 K9A1 en août 2022 et compte en construire sur place 460 de plus, soit un total de 786 exemplaires à terme. La Roumanie, qui cherche à acheter 90 nouveaux obusiers, semble également intéressée de près par le K9.</p><p>Pour ce qui est des nouveaux venus, l’ATMOS (Autonomous truck mounted system) d’Elbit (Israël) a réalisé une percée remarquée au Danemark, avec 19 obusiers sur châssis 8 × 8, en remplacement des CAESAR donnés à l’Ukraine. Mais la Bulgarie pourrait également être intéressée. Elbit travaille par ailleurs sur un autre projet, en collaboration avec la firme allemande Rheinmetall, avec en ligne de mire la compétition allemande ZukSysIndF, mais potentiellement aussi la britannique et, à plus long terme, lorsqu’elle sera lancée, la néerlandaise. Le système, testé pour la première fois en mars 2023, comprend un camion HX 10×10 de même qu’un tube de 155 mm/52 Cal. de Rheinmetall, la firme israélienne fournissant la tourelle automatisée. À terme, il pourrait évoluer, avec un obusier de 60 calibres – dont la portée dépasserait alors 80 km avec la munition appropriée. Quant au Nora B52 serbe, il n’est pour l’heure en service, pour ce qui concerne l’Europe, qu’en Serbie et à Chypre.</p><p>Reste également le cas des outsiders tchèques et slovaques. En Tchéquie, Excalibur Army propose deux types d’obusiers en 155 mm : le Morana, un obusier automatique sur châssis 8 × 8 emportant 45 obus, qui avait été présenté durant Eurosatory 2022 avec un canon de 52 calibres ; le Dita, dont la configuration est semblable à celle du Zuzana, lui aussi pourvu d’une tourelle automatisée, avec un équipage réduit à deux personnes au lieu de trois sur le Morana, mais avec seulement 40 obus et une longueur de canon de 45 calibres. Aucun des deux n’a pour l’heure trouvé de client. En Slovaquie, Konstrukta a également tiré parti de la famille Dana/Zuzana et a mis sur le marché deux obusiers de 155 mm/52 Cal., l’Eva et le Bia, tous deux également avec des tourelles automatisées. Le premier n’emporte que 24 coups, mais peut être installé sur un châssis 6 × 6. Le développement du Bia a quant à lui commencé en 2021 et on note surtout une augmentation du nombre de munitions. Aucun système de ces deux pays n’a encore été commandé.</p><p><b><span style="font-size: large;">Le retour en grâce des lance-roquettes multiples</span></b></p><p>Le domaine des lance – roquettes multiples connaît également de grandes manœuvres attisées par l’inexistence d’un système européen ou produit par des firmes européennes, dans un contexte où les systèmes historiquement en service étaient soit le M‑270 MLRS, converti au tir de missiles GMLRS, soit des variantes du BM‑21. Ce sont donc des fournisseurs extraeuropéens qui ont préempté un marché qui a connu un regain d’intérêt au vu des performances des M‑142 HIMARS en Ukraine. Ce dernier a ainsi connu un beau succès commercial, avec 560 lanceurs, mais il n’est pas seul. Si l’importance de la demande et un sentiment d’urgence ont poussé la Pologne à acquérir le K239 sud-coréen (4), on note aussi l’irruption d’Elbit sur le marché européen, avec des ventes aux Pays – Bas et au Danemark, qui renouent ainsi avec les lance – roquettes multiples après avoir abandonné cette capacité. L’EuroPULS (Precise and universal launching system) est ainsi le fruit d’un accord entre KMW et deux filiales d’Elbit signé de principe en juin 2022. Concrètement, il est basé sur :</p><p>• le lanceur PULS, mobile en site et en azimut, qui permet de tirer deux pods de roquettes de taille identique ;</p><p>• les munitions qu’il permet de tirer : Accular de 122 et 160 mm (40 km de portée, 18 et 13 missiles/pod), EXTRA (150 km, quatre missiles/pod) et Predator Hawk (300 km, deux missiles/pod) ;</p><p>• le système de contrôle de tir associé ;</p><p>• la plateforme, au choix de l’acheteur. Contrairement au M‑142 et au K239, le PULS ne dispose pas de système de manutention permettant le chargement/déchargement des pods, mais le camion choisi peut en être doté.</p><p>Avec ces différents achats, les types de munitions sont donc appelés à se diversifier en Europe. Le PULS exige ainsi ses propres munitions. Et si le K239 peut tirer les GMLRS des M‑142 – Varsovie en a acheté 9 000 exemplaires –, il a également été conçu pour des pods de munitions sud – coréennes, mais on ne sait pas pour l’instant si la Pologne en commandera et/ou en produira. Le marché, ici, est encore instable : à terme, la France entend se doter de systèmes en remplacement de ses LRU, mais d’autres compétitions vont s’ouvrir, notamment en Allemagne.</p><p><b><span style="font-size: large;">Quelles leçons ?</span></b></p><p>Qu’il s’agisse de lance – roquettes multiples ou d’artillerie à tube, il semble déjà clair que l’artillerie connaît une vague de modernisation en Europe, qui appelle plusieurs commentaires. D’abord, les achats effectués ou envisagés ne démontrent pas réellement de saut quantitatif chez les utilisateurs historiques d’une capacité – à la notable exception de la Pologne. En revanche, les capacités essaiment et plusieurs États opèrent un saut qualitatif – le passage au 155 mm/52 Cal. augurant de plus longues portées – ou reviennent à des capacités abandonnées.</p><p>Ensuite, si l’Europe est devenue un champ de bataille commercial pour nombre d’industriels, y compris non européens, la standardisation s’opère moins sur les matériels que sur leurs caractéristiques. Le 155 mm/52 Cal. se généralise, mais laisse pendante la question de la génération future, dans un contexte où les États – Unis mettent en avant la recherche de plus longues portées, dans la foulée de leurs travaux sur le multidomaine (5), ce qui ne sera pas sans incidence sur les attentes de l’OTAN. Or, le 60 calibres semble encore dans les limbes en Europe et pose la question de la concurrence future, dans les années 2030, voire 2040.</p><p>On peut déplorer que la standardisation ne touche pas les matériels eux – mêmes ; mais il est un fait que s’appuyer sur un plus grand nombre d’industriels permet aussi de maintenir ouvertes plus de lignes de production, et d’assurer un soutien dans le temps plus étoffé, en particulier au niveau de la production des tubes. On note également que bon nombre des systèmes proposés sur le marché européen généralisent l’automatisation des opérations de tir. Elle a certes l’avantage de permettre une réduction des équipes – dans un contexte où le recrutement et la fidélisation posent souvent problème aux armées –, mais fait aussi s’interroger sur la capacité à soutenir les opérations dans la durée. L’une des leçons en matière d’usage de l’artillerie en Ukraine est son utilisation au – delà des normes d’usage prévues. Or des systèmes automatisés pourraient être plus souvent sujets à des pannes électriques et/ou mécaniques de leurs mécanismes, ce qui renforcerait la demande en ateliers de campagne adaptés.</p><p>Enfin, il reste la question d’un autre marché que nous n’avons abordé qu’indirectement : l’Ukraine. Ses capacités en 152 et 122 mm vont peu à peu se réduire, au fur et à mesure de la perte et de l’usure des systèmes. Avec une transition vers le tandem 105/155 mm déjà largement engagée, cette question va elle aussi se poser. Au regard des positions des belligérants, la guerre va perdurer et accroître les besoins de Kiev ; y compris dans l’hypothèse d’une reprise à terme de l’ensemble de ses territoires par l’Ukraine. L’enjeu industriel est ici majeur, avec des besoins s’exprimant en centaines de tubes, voire dépassant le millier. En la matière, les grandes manœuvres n’ont pas encore commencé. Certes, il y a l’achat de 18 RCH‑155 en Allemagne, et la réception future d’une vingtaine de M‑142, mais cela ne préfigure pas réellement d’une adaptation à long terme de l’artillerie ukrainienne.</p><p>Son évolution pourrait certes passer par l’achat massif de M‑109 d’occasion aux États – Unis – plus de 800 sont tenus en réserve, rien que pour les A6 –, mais, au – delà, Kiev entend également développer son industrie de défense, avec pour effet collatéral de jouer un rôle économique important. En juillet dernier, un accord de codéveloppement d’un obusier était signé entre les firmes slovaque Konstrukta et ukrainienne KZVV, mais le résultat des récentes élections à Bratislava pourrait mettre en danger un accord qui n’était adossé qu’à des capacités de production relativement limitées et dont la montée en puissance pouvait s’avérer incompatible avec l’urgence des besoins. Il en est de même pour la production à grande échelle du Bohadna, de conception locale, dont seuls quelques exemplaires sont en service. Reste également l’inconnue turque : Ankara s’était déjà rapproché de Kiev avant la guerre sur une série de projets en commun – corvettes, drones Bayraktar – et son aide a été particulièrement appréciée.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5YvVTyN7yoE0iZujkrfVL4JRnxxl0yLWgrgemxhCsRhEuTOeMD9QIusrxn3aHGk4w5kZ_k0cBNF74x3InpFDBrCSiCNz-GJpRZTp5Qu84DUoWZBiOJoTWfLe7scZnu5VoD9G-g9pTGQKQt3TCDHi3H4xReOkedbFRwFpRcebg3pigBiAdprYnOYWVA4dO/s1993/DSI168_MAIN_A_converted-99.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1993" data-original-width="918" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5YvVTyN7yoE0iZujkrfVL4JRnxxl0yLWgrgemxhCsRhEuTOeMD9QIusrxn3aHGk4w5kZ_k0cBNF74x3InpFDBrCSiCNz-GJpRZTp5Qu84DUoWZBiOJoTWfLe7scZnu5VoD9G-g9pTGQKQt3TCDHi3H4xReOkedbFRwFpRcebg3pigBiAdprYnOYWVA4dO/w294-h640/DSI168_MAIN_A_converted-99.jpg" width="294" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDOixz5KLAx0EHJUKWFIQjYnfy5XJC9Xw168e40RzCCvaXpaaHcccn72NGfvXhKLgHk2skFzKHbZsO7dwCUAuKp75eSWqjJFvor-52HnhrAIhFeFKHcy0vtaPQEgSBlqmw7VDRhV8aM8wJ2oQbkQfsfkhuKYuN15X23P85JxSoMq_nB6sXg6UAqPuWcXcF/s1987/DSI168_MAIN_A_converted-101.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1064" data-original-width="1987" height="342" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDOixz5KLAx0EHJUKWFIQjYnfy5XJC9Xw168e40RzCCvaXpaaHcccn72NGfvXhKLgHk2skFzKHbZsO7dwCUAuKp75eSWqjJFvor-52HnhrAIhFeFKHcy0vtaPQEgSBlqmw7VDRhV8aM8wJ2oQbkQfsfkhuKYuN15X23P85JxSoMq_nB6sXg6UAqPuWcXcF/w640-h342/DSI168_MAIN_A_converted-101.jpg" width="640" /></a></div><br /><p><b><span style="font-size: large;">Notes</span></b></p><p><span style="font-size: x-small;">(1) Deux autres ont été endommagés, et on ne sait pas s’ils pourront être remis en condition.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(2) Des commandes qui permettent ainsi d’opérer un rajeunissement du parc d’artillerie.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(3) Stijn Mitzer et coll., « Attack On Europe : Documenting Ukrainian Equipment Losses During The 2022 Russian Invasion Of Ukraine », <a href="https://www.oryxspioenkop.com/2022/02/attack-on-europe-documenting-ukrainian.html">https://www.oryxspioenkop.com/2022/02/attack-on-europe-documenting-ukrainian.html</a>, consulté le 26/09/2023.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(4) Philippe Langloit, « K239 Chunmoo. Séoul revisite le MLRS », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 87, décembre 2022-janvier 2023.</span></p><p><span style="font-size: x-small;">(5) Joseph Henrotin, « Frappes à longue portée : impératif tactique ou ambitions démesurées ? », Défense & Sécurité Internationale, hors – série no 89, avril-mai 2023.</span></p><p style="text-align: right;"><i>Philippe Langloit</i></p><p style="text-align: right;"><a href="http://areion24.news"><span style="font-size: x-small;">areion24.news</span></a></p>Unknownnoreply@blogger.com