Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 6 décembre 2025

Un militaire sans expérience du renseignement nommé à la tête du Mossad

 

Le général de division Roman Gofman doit succéder à l’actuel chef du service extérieur du renseignement israélien, David Barnea, dont le mandat de cinq ans s’achève en juin 2026.

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé jeudi la nomination à la tête du Mossad de son attaché militaire, un général étranger au monde du renseignement. Le général de division Roman Gofman doit succéder à l'actuel chef du service extérieur du renseignement israélien, David Barnea, dont le mandat de cinq ans s'achève en juin 2026, a annoncé le bureau de Netanyahou dans un communiqué. Né en Biélorussie en 1976, Roman Gofman est arrivé en Israël à l'âge de 14 ans et s'est engagé dans l'armée en 1995, dans les blindés.

Il a été nommé au cabinet de Netanyahou en avril 2024 après avoir été blessé au combat contre le Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, jour de l'attaque surprise du mouvement islamiste palestinien ayant déclenché la guerre à Gaza. Il était alors commandant du centre d'entraînement national de l'infanterie. Après avoir nommé un militaire issu du sionisme religieux à la tête du Shin Bet (Sécurité intérieure) en la personne du général de division David Zini, Netanyahou nomme encore un homme proche de ses idées nationalistes à la tête d'un service clef de l'appareil d'État.

«Loyauté» à Netanyahou

Le général Gofman, bien que ne portant pas la kippa des juifs pratiquants, a étudié à la yéshiva (école talmudique) d'Ely, institution phare du sionisme religieux de droite située dans cette colonie israélienne du nord de la Cisjordanie occupée. Il a en commun avec le général Zini de ne pas être issu du service qu'il va diriger, mais sa nomination n'a pas suscité le tollé politique créé par celle du chef du Shin Bet, qui a pris ses fonctions en octobre.

Rare voix discordante, Uri Misgav, éditorialiste du quotidien de gauche Haaretz, a estimé que le général Gofman était «inapte à diriger le Mossad» à cause de son inexpérience dans le domaine du renseignement. Comme pour David Zini, ce qui a joué, c'est «sa loyauté» à Netanyahou, estime-t-il. Réputé comme l'un des meilleurs services de renseignements au monde, le Mossad n'a pas vraiment pâti du fiasco des forces israéliennes lors du 7 Octobre dans la mesure où les Territoires palestiniens sont traditionnellement hors de son champ d'action.

Il s'est même illustré depuis aux yeux des Israéliens en contribuant à la décapitation de l'état-major du Hezbollah libanais en 2024 et de celui des forces armées iraniennes lors de la guerre de 12 jours déclenchée par Israël contre Téhéran en juin dernier.

lefigaro.fr

Opération Colère de Dieu : quand les espions européens ont aidé le Mossad à tuer

 

Ce soir du 16 octobre 1972, Wael Zwaiter rentrait chez lui après avoir pris un dernier verre dans un bar à Rome. Dans la cage d'escalier de son immeuble, ce jeune Palestinien, traducteur à l’ambassade de Libye, croise deux hommes armés qui l’abattent de 11 balles en pleine poitrine.

Ce meurtre est un message : une balle pour chaque victime de l’attentat qui a visé l’équipe israélienne lors des Jeux olympiques de Munich de 1972. Wael Zwaiter devenait ainsi la première victime de l’Opération Colère de Dieu, entrée dans l’Histoire comme la mission vengeresse des espions israéliens du Mossad contre l’organisation palestinienne "Septembre noir", qualifiée de terroriste par les États-Unis et les Européens.

Ces assassinats ciblés sont au cœur du nouveau livre "Operation Wrath of God: The Secret History of European Intelligence and Mossad's Assassination Campaign" de la spécialiste britannique des services de renseignement Aviva Guttmann, publié le 19 novembre au Royaume Uni.

Le Club de Berne et le réseau Kilowatt

Cette opération du Mossad, dont la première vague s’est déroulée entre octobre 1972 et juillet 1973, a fortement contribué à forger le mythe d’efficacité impitoyable des espions israéliens. L’opération Colère de Dieu a été disséquée encore et encore.

La naissance du groupe pro-palestinien "Septembre Noir" en réponse au traumatisme des bombardements des camps de réfugiés palestiniens en Jordanie sur ordre du roi Hussein en septembre 1970, a déjà été décrite en détail. Tout comme le déroulé de la prise d’otages qui s’est soldée par la mort des athlètes israéliens lors des JO de Munich en 1972, considérée comme l’un des principaux coups d’éclat de "Septembre noir".

De nombreux ouvrages se sont aussi intéressés à la traque sur plus de 20 ans de tous ceux qu’Israël considérait comme responsables directement ou indirectement de l’attentat de Munich. Tout semblait avoir été dit.

Sauf qu’Aviva Guttmann a eu accès à une source unique : les archives des communications confidentielles entre différents services européens de renseignement et le Mossad durant cette période. Ces discussions en coulisses établissent entre autres que les assassins israéliens étaient loin d’être aussi omnipotents qu’on a pu le croire. "Le Mossad n’aurait pas été capable d’organiser ces assassinats tout seul. Il dépendait des espions européens, qui ont été les complices volontaires ou non dans l’opération Colère de Dieu", assure Aviva Guttmann.

Cette spécialiste a pu s’appuyer sur des preuves de première main pour étayer ses dires. Les communications proviennent d’une cellule méconnue et pourtant très influente de coopération entre espions européens : le Club de Berne. Cette association informelle et extrêmement secrète a été fondée en 1969 en Suisse par les chefs des services secrets de huit pays : la Belgique, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suisse et l'Allemagne de l'Ouest. L’objectif était d’améliorer la lutte contre le terrorisme par l’échange de renseignements.

À cette fin, le Club de Berne a mis en place à partir de 1971 un canal de communication spécifique baptisé Kilowatt, ouvert à dix agences supplémentaires, dont le Mossad. C’est cette documentation qu’Aviva Guttmann a pu éplucher.

Les échanges entre espions ont été très actifs au lendemain de la prise d’otages de Munich. "Les services secrets allemands se sont montrés particulièrement ouverts au partage d’informations, car ils voulaient probablement démontrer à quel point ils pouvaient être précieux et efficaces dans l’obtention d’informations sur les Palestiniens", souligne Aviva Guttmann.

Le Mossad fait ses courses sur Kilowatt

Le Mossad s’est rapidement rendu compte de l’avantage d’avoir accès à Kilowatt pour donner plus de poids à son bras vengeur : les services européens de renseignement pouvaient potentiellement leur prémâcher le travail.

"Le Mossad voulait agir vite après Munich, à la fois pour se venger, pour perturber les opérations de 'Septembre noir' en Europe et tenter de les dissuader. Les Israéliens avaient donc besoin d’informations rapidement. Mais ils ne devaient pas agir dans la précipitation, car chaque assassinat devait être approuvé par Golda Meir [alors Premier ministre israélien, NDLR]", explique Aviva Guttmann.

Quoi de mieux que de se reposer sur les collègues européens, déjà familiers avec le terrain, pour obtenir des informations fiables aussi rapidement que possible. La DST française, le BfV (Bundesamt für Verfassungsschutz, sécurité intérieure) allemand ou encore le SISDE (Servizio Informazioni e Sicurezza Democratica, renseignement) italien ont ainsi fourni des listes de cibles potentielles parmi lesquelles les espions israéliens pouvaient piocher.

Dans le cas du traducteur Wael Zwaiter, connu davantage pour ses poèmes que pour son soutien aux activités terroristes pro-palestiniennes, ce sont les espions allemands qui ont fourni les cartouches pour en faire la première cible du Mossad. Le BfV a, ainsi, découvert que Wael Zwaiter avait payé les factures d’hôtels des auteurs de l’attaque de Munich et qu’il avait été en contact prolongé avec eux en amont de l’attentat.

"L’assassinat de Mohamed Boudia à Paris le 28 juin 1973 représente peut-être le meilleur exemple de cette complicité – passive ou non – des services européens de renseignement", juge Aviva Guttmann.

Ce dramaturge algérien et militant de la cause palestinienne était considéré par le Mossad comme le nouveau chef de "Septembre noir en France". Mais les espions israéliens manquaient d’informations sur cet homme, d’autant plus prudent qu’Israël avait déjà mené sept autres missions d’assassinat contre des responsables palestiniens liés à "Septembre noir".

Dans son cas, ce sont les services de renseignement suisses qui ont été les plus utiles. "Ils ont permis aux Israéliens de connaître les faux noms qu’il utilisait et, après avoir interrogé une de ses maîtresses, ils ont aussi fourni des adresses de cachettes", explique Aviva Guttmann.

Surtout, ce sont les Suisses qui ont découvert son talon d’Achille : une Renault R16 grise immatriculée à Paris qu’il utilisait pour tous ses déplacements. Les assassins du Mossad ont sauté sur l’occasion pour piéger ce véhicule, dont l’explosion sera fatale à Mohamed Boudia.

Complicité tacite ?

Il n’y a jamais eu sur Kilowatt de discussions officielles sur l'opération Colère de Dieu. Tout s’est passé comme si les services européens de renseignement aidaient le Mossad à l’insu de leur plein gré. Pire, après chaque assassinat, les agences européennes partageaient des informations sur les enquêtes en cours. Autrement dit, "ils indiquaient au Mossad si les polices locales étaient sur la trace de leurs agents sur le terrain", souligne Aviva Guttmann.

Mais la DST et autres services de renseignement pouvaient-ils réellement ignorer que le Mossad buvait au robinet à informations de Kilowatt ? "Même les Palestiniens après le deuxième assassinat se doutaient qu’une opération israélienne était en cours", souligne Aviva Guttmann.

Le scénario le plus probable est celui d’une complicité tacite. Une entente gagnant-gagnant : Israël obtient ce qu’il veut, tandis que les services européens "ont pu estimer qu’il valait mieux laisser les Israéliens faire le sale boulot à leur place. Ils n’ont peut-être pas non plus voulu contrarier l’un des principaux contributeurs à Kilowatt sur la question de la menace terroriste pro-palestinienne : le Mossad", spécule Aviva Guttmann.

Les Européens ont été surpris d’être ciblés par le terrorisme pro-palestinien avec la prise d'otages de Munich. "C’était un peu leur moyen de gérer cette nouvelle situation d’être devenu un champ de bataille pour ces groupes armés", précise l’historienne.

Laisser le Mossad agir à sa guise a aussi pu mettre de l’huile sur le feu. La fenêtre ouverte par ces communications secrètes entre espions européens prouve en effet que les groupes armés pro-palestiniens ont été bien plus actifs qu'on ne le pensait pour tenter de se venger des assassinats ciblés. "Ces documents et rapports partagés entre agences révèlent que 'Septembre Noir' avait planifié en réalité bien plus d’attaques, souvent plus brutales, qui ont pu être évitées grâce à cette coopération", explique Aviva Guttmann.

Le livre révèle entre autres que le mouvement terroriste avait planifié un attentat contre l’ambassade de Jordanie à Paris en mars 1973, qui a pu être déjoué in extremis grâce à la collaboration entre les services de renseignement italien et français. Ils ont intercepté une Mercedes, en provenance de Syrie, qui transportait plus de 10 kilogrammes d’explosifs.

L'un des ratés les plus spectaculaires du Mossad

Si Kilowatt s’est montré très utile au Mossad, il a aussi contribué, indirectement, à l’un des ratés les plus spectaculaires de l’agence israélienne : l’assassinat de Lillehammer, en Norvège, le 21 juillet 1973.

Les espions israéliens ont assassiné ce jour-là Ahmed Bouchiki, un Marocain sans lien avec le terrorisme, qu’ils ont confondu avec Ali Hassan Salameh. Surnommé le "Prince Rouge", il était l’un des principaux cerveaux de la prise d'otages de Munich et se trouvait tout en haut de la liste des cibles du Mossad.

Ahmed Bouchiki était un simple serveur qui vivait en Norvège avec sa femme, qui attendait un heureux événement. Comment le Mossad a-t-il pu le confondre avec sa cible, outre le fait que les deux hommes se ressemblaient physiquement ?

Deux éléments ont pu contribuer à les induire en erreur. Des discussions sur Kilowatt indiquaient que les groupes terroristes pro-palestiniens s’intéressaient de plus en plus aux pays scandinaves. Le Mossad ne disposait, de plus, que d’une seule photo d’Ali Hassan Salameh, qui avait été partagée par le MI5 britannique sur le système de communication secret du Cercle de Berne. C’était en théorie trop peu pour garantir une identification à 100 %.

Mais à ce moment-là, "le Mossad avait probablement un sentiment d’impunité et de toute puissance qui lui faisait croire que rien ne pouvait aller de travers, ce qui fait qu’ils n’ont pas effectué les vérifications suffisantes."

Ce fiasco a réduit à néant l'ensemble des opérations du Mossad en Europe, rappelle l'auteure du livre. En effet, les agents israéliens ont non seulement tué le mauvais homme, mais ils ont également été arrêtés par la police norvégienne, qui a découvert à cette occasion des informations cruciales sur les hommes et les planques du Mossad sur le Vieux Continent.

Sébastian SEIBT

france24.com

Deux cas d'un coronavirus mortel identifiés en France

 

Deux cas de coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) ont été identifiés en France sur des personnes «de retour de l’étranger», a annoncé, mercredi, le ministère de la Santé dans un communiqué.

«Ces deux cas ont été confirmés à la suite de symptômes évocateurs et de la notion d’un voyage commun en péninsule Arabique», indique le ministère de la Santé, qui précise que «les mesures de gestion ont été mises en place pour limiter le risque de transmission du virus». Ces patients sont pris en charge à l’hôpital «par mesure de précaution» et «leur état est stable», a affirmé la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, citée dans le communiqué.

«Toutes les mesures de gestion ont été mises en place, afin de limiter le risque de transmission du virus à l’entourage des patients et aux personnels soignants: recherche des personnes contacts (...), gestes barrières, dépistage, isolement et conduite à tenir en cas d’apparition de symptômes, même modérés», a-t-elle ajouté.

Transmission de l'animal à l'être humain

Le communiqué précise que les deux cas sont apparus chez des personnes ayant participé à un même voyage, «mais aucune chaîne de transmission secondaire n’est à ce stade identifiée sur le territoire national». Les autres personnes ayant participé au voyage font également l’objet d’un suivi, précise le ministère.

Apparu en 2012 en Arabie saoudite, le coronavirus MERS est considéré comme un cousin, plus mortel, mais moins contagieux, du virus responsable du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Il se transmet principalement de l'animal à l'être humain, ajoute le ministère, précisant que le virus est endémique chez les dromadaires et les chauves-souris de la péninsule arabique et de certaines régions d'Afrique.

Les personnels soignants principalement concernés

L'épidémie de coronavirus MERS avait fait plusieurs centaines de victimes dans le monde entre 2012 et 2015, principalement en Arabie saoudite. Depuis 2012 et en date du 3 novembre 2025, 2 640 cas de MERS-CoV ont été recensés dans le monde, selon le ministère de la Santé. Ce virus entraîne chez l'homme des symptômes similaires au Covid-19 (fièvre, toux, difficultés respiratoires).

Le ministère souligne que la transmission interhumaine est «rare» mais «possible par contact direct ou indirect, via les gouttelettes respiratoires et occasionnellement par voie aérienne». «Elle concerne principalement les personnels soignants pratiquant des actes médicaux lors de la prise en charge des cas, ou les personnes partageant un même foyer», précise le communiqué. Le temps d’incubation est de 5 à 15 jours. En France, jusqu’ici, seuls deux cas avaient été recensés en 2013, rappelle le ministère.

AFP

Skyranger : le retour du canon dans la défense

 

Au début du siècle, la Bundeswehr décide de lancer un programme afin de remplacer son Flakpanzer Gepard devant quitter le service en 2010, et dont j’ai pu apprécier l’efficacité et la cadence de tir dévastatrice sur des champs de tir en Allemagne. Pour mener à bien cette mission cruciale, un consortium de trois firmes regroupant KMW, LFK et Rheinmetall est créé. Cette dernière qui, par la suite, deviendra le maître d’œuvre du programme, est représentée au sein du consortium par Rheinmetall Air Defence (RAD), qui n’est autre que l’ancienne firme suisse Oerlikon Contraves, absorbée par le géant allemand en 2006 et qui avait activement participé au développement du Gepard entre 1966 et 1974.

Le nouveau programme de défense antiaérienne globale, dénommé SysFla (System flugabwehr), est présenté en mars 2007 au BWB, l’agence fédérale pour la défense et la technologie, et est immédiatement validé par ce dernier. Il comporte deux projets. Le premier est le NBS (Nächstbereichschutzsystem ou futur système de défense de zones), un système statique devant protéger des emprises en opération, comme en Afghanistan, ou des bases militaires contre les menaces asymétriques et symétriques (avions, hélicoptères, drones et missiles de croisière). Le second est un système mobile dérivé du premier, installé sur des plate-formes blindées à roues ou chenillées constituant une défense antiaérienne à courte portée permettant de protéger les forces en déplacement. Il est prévu d’avoir terminé les phases de tests du système en 2014 pour un début de production planifié l’année suivante. Le cahier des charges stipule que le système doit être NLOS (Non line of sight), donc capable d’engager des objectifs non visuellement repérés par le biais de missiles, autonome, car devant être déployé en terrains difficiles et urbains, et aérotransportable en A400M, tout en ayant la capacité d’être couplé à d’autres systèmes de même nature.

Le système statique est mis au point par RAD en moins de 13 mois pour un coût de 48 millions d’euros, et testé avec succès en Turquie à l’été 2008. Le NBS C‑RAM (Counter – rocket, artillery and mortar) Mantis est né. En mai 2009, donc bien en avance sur les prévisions, deux systèmes sont commandés pour un montant de 111 millions d’euros. Le premier est livré à la Bundeswehr en janvier 2010 et sera déployé en Afghanistan dès 2011 en protection des FOB de la Bundeswehr, alors que le second système est destiné à l’instruction et à l’entraînement des maintenanciers. Ces deux systèmes sont transférés à la Luftwaffe le 1er janvier 2011 pour être envoyés à Koundounz fin 2011, mais le projet est abandonné. Ils sont ensuite déployés au Mali en 2017, mais sans leurs canons, avant d’être vendus à la Slovaquie pour 120 millions d’euros le 7 février 2023 et affectés au sein de la 11e brigade. Le système Mantis se compose de six tourelles armées d’un canon de 35 mm, de deux unités de capteurs qui comprennent un radar et des capteurs électro – optiques et d’une unité de commandement dotée de la conduite de tir Skyshield. Le système, entièrement automatisé, permet la surveillance d’une emprise sept jours sur sept et 24 heures sur 24. Il peut prendre en compte un missile à 3 km pour le détruire par ses tubes de 35 mm dont la cadence de tir est de 1 000 coups/min.

Rendre le système mobile

Le conflit qui a débuté entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan le 27 septembre 2020 a grandement accéléré le processus de développement du second projet, car il s’est caractérisé par un emploi intensif de drones et de munitions rôdeuses, à une échelle encore jamais vue. Cet emploi, parfaitement adapté aux reliefs montagneux de la région et à celui des plaines de l’Artsakh, a permis aux forces de Bakou de mener une guerre – éclair. En 45 jours, l’armée arménienne, lâchée par Moscou pour cause de planification de l’« opération spéciale » de février 2022, a été écrasée, anéantie, malgré un rapport de force favorable et le fait qu’elle était installée en défensive. Utilisés dans une zone de combat d’environ 300 km de long sur 250 km de large, montagneuse et forestière, les drones ont démontré toute la pertinence de leur emploi en permettant aux Azerbaïdjanais de s’affranchir des reliefs tourmentés tout en économisant des forces et des moyens pour l’observation et la destruction des nœuds de résistance arméniens fortement retranchés. En effet, l’emploi du drone, outre le fait d’observer, a permis le guidage des tirs d’artillerie de précision qui ont anéanti les défenses arméniennes. Cet emploi massif de l’artillerie guidée par drones laisse entrevoir un changement tactique majeur, décuplé de nos jours en Ukraine par l’ampleur des forces en présence et la taille du théâtre.

Devenus incontournables sur les champs de bataille modernes, les drones ne semblaient pas inquiétés à cette époque et les tentatives de les détruire relevaient plus du bricolage que d’autre chose. Ainsi, force est de constater qu’il n’existe pas ou plus de moyens de défense antiaériens canons à très basse altitude dans nos armées occidentales, alors qu’à l’est on a conservé divers types de canons à tir rapide de type ZPU ou ZSU qui ont prouvé leur efficacité face à ce nouveau venu. Provenant des stocks allemands, les trois premiers Gepard de la tranche initiale de trente ont été livrés à Kiev dès juillet 2022. Les retours d’expérience du théâtre ukrainien le concernant sont dithyrambiques. Bien que les munitions tardent à arriver à cause d’autorisations non délivrées, le système s’avère être l’arme idéale face aux drones, confortant Rheinmetall dans l’idée de mettre sur le marché le « Mantis mobile » au plus vite.

Du Skynex au Skyranger

Cela ne tarde pas, avec de surcroît quelques améliorations au niveau de l’électronique embarquée et l’adoption d’un radar de poursuite ainsi que d’un radar d’acquisition tactique Oerlikon X‑3TARD. Ces équipements rendent la pièce autonome, mais elle peut toujours être intégrée à une chaîne de commandement Skymaster. Le Mantis devient alors le Skynex. En décembre 2022, Kiev signe avec Rheinmetall un contrat de 182 millions d’euros portant sur l’acquisition de deux exemplaires montés sur camions MAN HX3, dont le premier a été livré à l’Ukraine en janvier 2024. Ils sont tous deux produits par Rheinmetall Italia et affectés à la défense de Kiev.

En janvier 2024, RAD annonce être prêt à produire le nouveau système dénommé Skyranger 30, étroitement proche du Skynex, qui pourra être monté sur une plateforme blindée. Cette annonce fait suite au succès de la campagne de tirs qui s’est déroulée en décembre 2023 à Ochsenboden (Suisse), lors de laquelle la version A1 a effectué des tirs statiques et en mouvement. Le premier client du système est la Hongrie, qui envisage l’achat de 18 systèmes. Un contrat est signé avec RAD pour conceptualiser une tourelle Skyranger 30 pour la future variante de défense aérienne du véhicule blindé KF41 Lynx produite localement.

L’Allemagne n’est pas en reste et, le 21 février 2024, la commission budgétaire du Bundestag débloque 595 millions d’euros pour l’achat de 19 systèmes Skyranger 30A1 montés sur châssis Boxer 8 × 8. Le prototype devra être prêt pour la fin de l’année, conditionnant la production des 18 exemplaires de présérie qui devront faciliter la qualification OTAN de la version A3, considérée comme celle de production. Le Skyranger 30 est attendu avec impatience par la Bundeswehr. Les livraisons sont planifiées pour 2026. Le conflit ukrainien fait prendre conscience à de nombreuses forces armées du déficit de défense SHORAD (Short range air defense). Ainsi, concomitamment à cette commande allemande, le voisin autrichien achète 36 systèmes montés sur châssis à roues Pandur EVO 6 × 6, dont le démonstrateur est dévoilé en septembre 2024 lors du salon de Zeltweg. Les livraisons devraient débuter en 2026.

Le Danemark et les Pays-Bas font aussi part de leur grand intérêt pour le système. Le premier prévoit de monter le Skyranger sur châssis de Piranha V 8 × 8, alors que La Haye opte pour le châssis chenillé ACSV 25 de la firme allemande FFG, dont le premier des 22 exemplaires commandés devrait lui être livré en 2028. En juin 2024, lors du salon Eurosatory, une version lourde du système, armée cette fois-ci d’un canon de 35 mm monté sur châssis de char Leopard 2, est présentée. Elle fait forte impression. C’est d’ailleurs lors de ce salon qu’a été présenté le Lynx Skyranger destiné à la Hongrie, dont les premiers exemplaires devraient être livrés à partir de 2026. Toujours lors de ce salon, RAD, l’Allemagne, le Danemark et la Hongrie ont signé une lettre d’intention afin d’organiser la production du système, officialisant ainsi une nouvelle étape de leur coopération dans le cadre de l’initiative européenne Sky Shield (ESSI). Ce salon a également été l’occasion d’annoncer qu’il serait possible de monter le système sur des châssis de chars Leopard 1 destinés aux forces ukrainiennes, avec un tube de 35 mm. L’assistance militaire à l’Ukraine est un sujet brûlant depuis trois ans et il semble que RAD envisage de promouvoir un canon automoteur basé sur le char Leopard 1 dans un but lucratif ainsi qu’à des fins publicitaires, afin d’obtenir de nouveaux contrats.

Les 18 et 19 septembre 2024, sur le terrain d’essai de RAD à Ochsenboden, l’agence du matériel et des acquisitions (FMI) du ministère danois de la Défense a présenté le Skyranger 30 danois intégré sur châssis Piranha V 8 × 8 de GDELS, qui garantit la mobilité et l’adaptabilité du système dans divers environnements opérationnels. Cette présentation est suivie par la signature, le 27 septembre, d’un contrat pour l’acquisition de 16 tourelles Skyranger 30 et des munitions associées. Dans un premier temps, quatre tourelles initiales/prototypes doivent être fabriquées et livrées à la fin de 2026, suivies de trois séries de quatre tourelles en 2027 et 2028. Au moment où est rédigé cet article, le dernier acquéreur déclaré est la Belgique, qui a confirmé le 25 juin 2025 l’achat d’une vingtaine de systèmes, sans toutefois préciser le type de châssis sur lequel ils seront installés. 

Caractéristiques techniques

Le cœur du système Skyranger 30 est le canon revolver automatique monotube Oerlikon KCE de 30 mm chambré en 30 × 173. D’un poids de 142 kg, il affiche une cadence de tir théorique de l’ordre de 1 250 coups/min pour une portée pratique d’environ 3 km avec un pointage en site positif de 85°. Le KCE tire la munition AHEAD (Advanced hit efficiency and destruction) de type Airburst ABM, également utilisée par le Puma de combat d’infanterie, et dénommée PMC308. Mise au point par Oerlikon Contraves Pyrotec à partir de 1993, de nos jours Rheinmetall Weapons and Munitions, cette munition d’un poids total de 360 g comprend une charge militaire de 200 g qui projette 162 cylindres de tungstène. La vitesse de la munition en sortie de canon est de 1 050 m/s. La technologie embarquée permet au canon de suivre et de détruire des cibles aériennes en tirant des rafales de 24 coups au point d’interception de la cible, à une cadence de 200 coups/min. Les obus sont programmés par l’intermédiaire d’un inducteur électromagnétique installé à la bouche du tube et d’une minuterie électronique interne séparant en un cône mortel pour la cible les 162 cylindres de tungstène à l’approche du point d’interception.

La tourelle téléopérée, dont le puits a un diamètre de 1,41 m et d’un poids qui oscille entre 2 et 2,5 t, embarque 300 obus prêts à l’emploi. L’armement secondaire se compose d’une mitrailleuse de 7,62 mm montée en coaxiale approvisionnée à 1 000 coups et de missiles sol-air dont le type et la quantité varient suivant les choix du client. Ainsi peuvent être installés dans un module distinct quatre missiles américains FIM‑92 Stinger pour les Néerlandais, quatre Mistral 3 pour les Danois, et neuf SADM (Small anti – drone missiles) de MBDA pour les Allemands. Dénommé DefendAir, ce missile, dont le développement devrait se poursuivre jusqu’en 2028, armera les Skyranger allemands à partir de 2030. 

Pierre Petit

areion24.news

Le nouveau pistolet de service de l'armée Suisse a été choisi

 

L’armée suisse a besoin de 140'000 nouveaux pistolets de service
Armasuisse a choisi le nouveau SIG Sauer P320



L’Office fédéral de l’armement armasuisse a terminé l’évaluation d’un nouveau pistolet de service et a choisi un modèle: le SIG Sauer P320. Le fabricant s’est engagé à mettre en place la production en Suisse.

Sur la base des exigences militaires, armasuisse a invité plusieurs fournisseurs à soumettre leur dossier, explique l'office jeudi. Les pistolets de trois fabricants ont été sélectionnés pour un examen approfondi en 2024.

Des coûts bas

L’évaluation économique de tous les systèmes d’armes a clairement montré que le SIG Sauer P320 engendre les coûts totaux les plus bas sur la durée d’utilisation prévue de 30 ans. L'Allemand SIG Sauer s’est engagé à délocaliser en Suisse des éléments essentiels de la production, contribuant à renforcer le site helvétique, poursuit armasuisse.

L’armée suisse a besoin de 140'000 nouveaux pistolets de service. Le message sur l’armée 26 prévoit l’acquisition d’une première tranche de 50'000 armes. Le nouveau SIG Sauer P320 remplacer l’actuel pistolet standard, le SIG P220 (pistolet 75), introduit il y a une cinquantaine d’années.

ATS