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mardi 11 novembre 2025

Les États-Unis de Trump vont-ils lâcher Taïwan ? Le doute s’installe

 

Le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier dernier soulève de nombreuses questions sur le soutien que Taïwan aurait ou non des États-Unis si Pékin devait ouvrir les hostilités pour s’en emparer, mais son entourage rapproché s’emploie, tant bien que mal, à rassurer sur le fait que Washington n’a aucune intention d’abandonner l’île en cas de conflit.

Bien souvent, le 47è président des États-Unis dit tout un jour et son contraire le lendemain. Le régime chinois en tire avantage pour semer le doute dans les rangs des alliés de l’Amérique, tout particulièrement en Asie de l’Est où l’imprévisibilité de Donald Trump sème le trouble sur les intentions de son administration face à la montée en puissance chinoise.

Au cœur de ces questionnements se trouve l’avenir de Taïwan, maillon militaire essentiel du fait de sa situation géographique en plein cœur du premier arc des îles de l’océan Pacifique qui en fait une porte d’accès vers le continent américain. Si ce verrou sautait en cas d’invasion décidée par Pékin, l’Armée populaire de libération chinoise prendrait un avantage clé dans région.

Les voisins de Taïwan que sont en premier lieu le Japon, la Corée du Sud et les Philippines en ont parfaitement conscience, tout comme d’ailleurs les stratèges américains : en prenant le contrôle de Taïwan, la Chine accèderait en même temps à une puissance de projection militaire potentiellement colossale qui menacerait l’ensemble de l’équilibre régional au profit de Pékin.

Cette menace qui se précise d’année en année a d’ores et déjà suscité de nombreuses réactions et décisions : le Japon a entamé un réarmement inédit depuis 1945, la Corée du Sud suit le même chemin et s’interroge sur le bien-fondé de l’arme nucléaire, les Philippines sont redevenues une base avancée stratégique du déploiement militaire américain régional et, plus loin, l’Australie a elle aussi pris conscience de l’urgence d’un réarmement similaire.

Taïwan, un enjeu crucial pour Washington en Asie de l’Est

Pour Washington, l’enjeu que représente Taïwan est crucial car il s’agit ni plus ni moins de la pérennité de sa présence en Asie. Lâcher Taïwan aurait des conséquences catastrophiques sinon irréversibles : la confiance de ses alliés dans la région serait perdue et l’unique choix serait alors de compter sur eux-mêmes tout en recherchant l’accommodement avec Pékin.

A la différence de son prédécesseur Joe Biden qui, à quatre reprises, avait déclaré que les États-Unis défendraient Taïwan en cas d’attaque chinoise, Donald Trump a toujours entretenu le flou sur ce que ferait Washington.

A l’issue de sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping le 30 octobre en marge du sommet en Corée du Sud de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), Donald Trump avait affirmé que la question de Taïwan n’avait pas été abordée. Le 2 novembre, lors d’une interview à la chaîne américaine CBS, il avait néanmoins déclaré que son homologue chinois comprenait « les conséquences » d’une éventuelle invasion de l’île.

« Vous le saurez si cela se produit et il comprend la réponse à cette question, » avait-il répondu quant à savoir si les États-Unis interviendraient en cas d’attaque militaire de Pékin contre Taïwan, précisant dans l’émission 60 Minutes sur CBS ne pas pouvoir « révéler ses secrets, » ajoutant que « l’autre partie était au courant. » Donald Trump avait répété ce qu’il avait déjà dit antérieurement : Xi Jinping et son entourage ont ouvertement déclaré qu’ils « ne feraient jamais rien tant que Trump serait président, car ils en connaissent les conséquences. »

Depuis 1979, date de l’établissement des relations diplomatiques entre Pékin et Washington et la rupture concomitante entre Washington et Taipei, les États-Unis se sont engagés par le Taiwan Relation Act voté par le Congrès à fournir assez d’armes à Taïwan pour se défendre en cas d’agression, observant en même temps une « ambiguïté stratégique » en s’abstenant de dire s’ils interviendraient ou non militairement pour défendre Taïwan en cas d’invasion.

Mais le quasi-silence de Donald Trump tranche singulièrement avec le déterminisme affiché par son prédécesseur, laissant à nouveau planer le doute sur le degré d’engagement américain. Au vu de son appétit pour des « deals » avec ses partenaires et ses déclarations admiratives à l’égard de Xi Jinping, un vent d’inquiétude souffle donc dans les milieux dirigeants à Taïwan où la crainte est que l’île fasse un jour les frais d’un « deal » entre Pékin et Washington.

L’administration américaine veut rassurer, le doute demeure

Plusieurs membres clés de son administration se sont attachés ces dernières semaines à rassurer sur les intentions de l’Amérique, le dernier en date étant le secrétaire américain à la Guerre, Pete Hegseth, qui, le 31 octobre, a réaffirmé la position de Washington sur Taïwan et souligné la défense des intérêts américains dans la région indopacifique lors d’une réunion avec le ministre chinois de la Défense, l’amiral Dong Jun.

« J’ai souligné l’importance de maintenir un équilibre des pouvoirs dans la région indopacifique et j’ai insisté sur les préoccupations des États-Unis concernant les activités de la Chine en mer de Chine du Sud, autour de Taïwan et à l’égard des alliés et partenaires américains dans la région indopacifique, » a-t-il déclaré dans un message publié sur les réseaux sociaux après la rencontre.

« Les États-Unis ne cherchent pas le conflit ; ils continueront à défendre fermement leurs intérêts et à s’assurer qu’ils disposent des capacités nécessaires pour le faire dans la région, » avait-il précisé, son homologue chinois appelant les États-Unis à faire preuve de prudence dans leurs paroles et leurs actions concernant Taïwan.

Plus tôt dans la semaine, lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre japonais de la Défense Shinjiro Koizumi, le même Hegseth avait vertement critiqué la Chine pour son renforcement militaire et ses actions agressives, qualifiant le comportement de la Chine de « menace pour les peuples libres. »

Le 27 octobre, le secrétaire d’État américain Marco Rubio avait implicitement rejeté l’idée d’un « lâchage » de Taïwan autour d’un « deal » sino-américain, déclarant à l’agence Reuters que « personne à Washington » n’imaginait qu’un accord commercial aurait pour conséquence que les États-Unis « s’éloigneraient de Taïwan. »

Cité par l’agence officielle taïwanaise CNA, le ministre des Affaires étrangère de Taïwan, Lin Chia-lung, s’est de son côté voulu rassurant ces derniers jours, affirmant qu’il n’était pas inquiet sur le fait que Donald Trump pourrait être amené à « abandonner » Taïwan. « Nos relations sont très stables, » a-t-il dit.

Voici donc pour les assurances données. Reste qu’il est évident pour les analystes familiers de la Chine que dans les négociations menées ces derniers temps entre les deux superpuissances mondiales, la question de Taïwan aura de façon certaine été discrètement mais abondamment discutée entre Pékin et Washington.

Certains redoutaient que Washington ne fasse un pas en direction de Pékin. Selon Ian Bremmer, fondateur d’Eurasia Group, Xi Jinping aurait fait pression sur les États-Unis pour qu’ils modifient une phrase vieille de plusieurs décennies décrivant leur position sur l’indépendance de Taïwan, une concession qui aurait constitué une victoire diplomatique majeure pour Pékin.

La Chine, selon cet expert qui cite une personne proche du dossier, aurait demandé à l’administration Trump de déclarer officiellement que, désormais, elle « s’oppose » à l’indépendance de Taïwan, selon une personne proche du dossier qui a souhaité rester anonyme afin de ne pas divulguer d’informations confidentielles.

Jusque-là, la formulation – reprise en son temps par Joe Biden – est que les États-Unis « ne soutiennent pas » l’indépendance de Taïwan. S’y « opposer » viendrait renforcer la campagne menée par la Chine pour isoler Taïwan sur la scène internationale.

La formulation définissant les relations entre les États-Unis et Taïwan est depuis longtemps un sujet explosif entre Pékin et Washington. Ainsi en février, lorsque le département d’État avait brusquement et sans explication supprimé de son site web la fameuse phrase indiquant que les États-Unis « ne soutiennent pas l’indépendance de Taïwan, » Pékin avait presque immédiatement réagi en exhortant exhorté Washington à « corriger ses erreurs. »

Au-delà des mots, l’engagement américain reste flou

Voilà pour les mots. Mais où en sont les volontés respectives – surtout côté américain – demeure un mystère, l’un des fondements majeurs de la dissuasion étant bien entendu de ne jamais révéler à l’ennemi ce que seront ses actes en cas de conflit. Mais, sur le fond, la question du degré d’engagement américain demeure entière et les doutes perdurent.

« L’évaluation de l’importance de Taïwan pour la nouvelle administration américaine suppose d’examiner ce qu’il reste du cadre mis en place pour les relations avec l’île du temps de la Pax Americana, qui semble toucher à son terme, » souligne Charles-Emmanuel Detry, docteur en droit public de l’Université Paris-Panthéon-Assas, dans une étude publiée début octobre par l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI).

« Pendant des décennies, Taïwan a été au cœur du dispositif américain en Asie orientale, verrouillant l’expansion de la Chine vers le Pacifique. Taipei aura désormais fort à faire, dans cette nouvelle ère incertaine, pour convaincre le président américain de son intérêt à maintenir ce verrou, » poursuit l’auteur de cette étude intitulée « États-Unis/Taïwan : le temps de la confusion stratégique. »

« Si rien n’autorise pour le moment à conclure au désengagement américain, les signaux équivoques envoyés par une nouvelle administration Trump déjà divisée augmentent les risques d’un mauvais calcul de la Chine à un moment déjà extrêmement dangereux pour les relations sino-américaines. Sans tendre vers la guerre imminente, cela la rend déjà un peu moins improbable, » conclut Charles-Emmanuel Detry.

Pour Nathan Attrill, senior analyst auprès du Australian Strategic Policy Institute (ASPI), Taïwan « se retrouve à manœuvrer avec un partenaire de sécurité familier mais moins prévisible » car « sous la direction de Trump, la crédibilité – c’est-à-dire la volonté, et pas seulement la capacité, d’agir – devient de plus en plus incertaine. »

« La distinction entre fiabilité et crédibilité est très importante. La fiabilité fait référence à la capacité matérielle et à la cohérence du soutien d’un allié, à sa capacité à tenir ses engagements grâce à sa puissance militaire. La crédibilité, en revanche, concerne la volonté politique : la probabilité perçue que ces capacités seront utilisées lorsqu’elles seront mises à l’épreuve. Dans la théorie de la dissuasion, la crédibilité agit comme un multiplicateur de la puissance militaire, convertissant la force potentielle en une détermination crédible. Sans elle, même le partenaire le plus fort projette une ombre plus faible, » explique-t-il dans une analyse publiée par l’ASPI le 31 octobre.

Ces signes d’une possible volte-face américaine

Or, explique cet expert, les récentes déclarations de Donald Trump n’ont fait qu’amplifier les doutes quant à la détermination des États-Unis en matière de sécurité de Taïwan. Ainsi, répondant à une question sur la probabilité d’un conflit autour de Taïwan, le président américain avait répondu : « Je pense que tout ira bien avec la Chine. La Chine ne veut pas en arriver là. » A une autre occasion, il avait insisté : « La Chine ne veut pas faire cela. Tout d’abord, les États-Unis sont de loin la plus grande puissance militaire au monde, et de loin […] Personne ne va s’y risquer, et je ne vois pas du tout cela avec le président Xi. »

« En minimisant le risque croissant d’une crise dans le détroit de Taiwan qui pourrait déboucher sur un conflit […] Trump a introduit un certain degré d’ambiguïté qui risque de brouiller les engagements de longue date des États-Unis et leurs signaux de dissuasion. Pékin, toujours attentif aux changements dans le discours de Washington, analyse attentivement ces signaux et pourrait les interpréter comme une hésitation plutôt que comme une stratégie », écrit-il.

Mais, soulignent les observateurs, ces déclarations ne sont pas les seuls signaux contradictoires envoyés. En septembre, Trump a refusé d’approuver une aide militaire de 400 millions de dollars à Taïwan. En juillet, le transit prévu du président taïwanais Lai Ching-te par les États-Unis avait été discrètement interdit, Washington refusant d’approuver les escales dans les villes américaines que Taipei avait proposées sur la route vers l’Amérique latine.

Au lieu de cela, l’équipe de Lai Ching-te en avait été réduite à tenir une brève réunion à huis clos avec des responsables américains en Alaska, loin des engagements plus médiatisés accordés à ses prédécesseurs.

Ce changement reflétait-il la prudence de Washington avant la rencontre Xi/Trump le 30 octobre ? Il reste que si les discussions en Alaska avaient permis de poursuivre les échanges au niveau opérationnel, elles avaient également donné une image de retenue : un retour à une gestion des relations avec Taïwan fondée sur la discrétion plutôt que sur l’ostentation. Or, dans ce dossier ultra-sensible, la forme est parfois aussi importante que le fond.

L’opinion publique taïwanaise se met à douter de l’Amérique

L’opinion publique taïwanaise reflète aussi ce malaise croissant. Début 2025, une enquête menée par la Taiwan Public Opinion Foundation (TPOF) avait révélé que près des deux tiers des personnes interrogées ne s’inquiétaient pas de la détérioration des relations entre les États-Unis et Taïwan sous le second mandat de Donald Trump.

Mais en octobre, le sentiment avait changé : une majorité des Taïwanais considère désormais que si le président américain est capable de défendre Taïwan, il n’est pas disposé à le faire. Cette évolution s’appuie également sur le fait que l’opinion est de plus en plus frustrée par la vulnérabilité économique de son pays face aux changements politiques aux États-Unis et la politique de Trump qui a institué une dynamique transactionnelle avec Taïwan avec des droits de douane qui atteignent aujourd’hui 25%.

« Cette dynamique transactionnelle est en train de remodeler la relation [entre les États-Unis et Taïwan]. Sous Trump, les alliances sont des instruments de pression, et non l’expression de valeurs communes. Le partenariat entre Taïwan et les États-Unis est désormais moins considéré comme un lien démocratique que comme un élément à part entière de la relation plus large entre les États-Unis et la Chine, qui peut être évalué, négocié ou suspendu. Pour Taipei, ce changement introduit un risque stratégique : un partenaire en matière de sécurité qui reste indispensable, mais de plus en plus conditionnel, » souligne encore Nathan Attrill.

« Les implications dépassent le cadre de Taïwan. Si la crédibilité de Washington s’érode à Taipei, cela se répercutera à Tokyo, Canberra et dans d’autres capitales de la région indopacifique qui calibrent leurs postures de dissuasion et leur sentiment de sécurité en fonction des engagements américains. L’ambiguïté, qui a longtemps été une caractéristique délibérée de la politique américaine à l’égard de Taïwan, ressemble désormais moins à une stratégie qu’à une dérive, » conclut-il.

De l’avis convergent des experts de l’Asie de l’Est, la vraie question pour les alliés des États-Unis dans la région reste de savoir si l’Amérique, sous une administration qui privilégie les transactions plutôt que la confiance, peut encore être considérée comme un allié fiable. Car si sa puissance militaire peut perdurer, sa promesse de l’utiliser si nécessaire pourrait paraître de plus en plus négociable.

D’autres analystes se veulent rassurants. « Cette idée d’un grand compromis, selon laquelle Trump vendrait Taïwan, tire principalement son origine des ballons d’essai lancés par le Parti communiste chinois dans les médias américains, ainsi que des isolationnistes d’extrême gauche et d’extrême droite qui croient en l’apaisement, » juge Matt Pottinger, président du programme Chine à la Fondation pour la défense des démocraties, cité le 30 octobre par CNN.

« Trump comprend la nature stratégique de Taïwan, » affirme encore cet ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale du président américain, familier de la Chine et connu pour ses positions intransigeantes à l’égard du pouvoir communiste chinois. Mais le constat est bien justement que l’équipe de Donald Trump compte davantage de personnalités isolationnistes et d’extrême droite que les responsables républicains et démocrates traditionnels qui ont toujours façonné la politique étrangère américaine.

De ce fait, les commentaires aux États-Unis penchent plutôt vers le scepticisme sur ce sujet.

« Certaines parties prenantes à Taipei ont trouvé très dérangeant de se retrouver dans cette situation où elles ne savent soudainement plus très bien si le président américain les soutiendra, » explique ainsi Henrietta Levin, chercheuse senior au Center for Strategic and International Studies (CSIS).

Vers une nouvelle politique américaine envers Taïwan ?

Le simple examen des faits semble illustrer une évolution entre Donald Trump 1.0 et Donald Trump 2.0. Ainsi en janvier 2017, lorsqu’il entamait son premier mandat, avait-il accepté de prendre un appel téléphonique de la présidente de Taïwan de l’époque, Tsai Ing-wen, qui souhaitait le féliciter, bouleversant le protocole puisqu’il n’existait pas de relations diplomatiques officielles entre les États-Unis et Taïwan.

Son administration avait ensuite rapidement accéléré la vente d’armes à l’île autonome et autorisé à plusieurs reprises le transit de la présidente taïwanaise sur le sol des États-Unis. Etonnant contraste : le même Trump avait entamé son deuxième mandat après avoir plusieurs fois affirmé que Taïwan avait « volé » le marché américain des semiconducteurs, suscitant un malaise profond à Taipei.

Puis sont venus des retards ou l’interruption de livraisons d’armes, l’administration Trump refusant son feu vert au transfert d’armes à Taïwan début 2025 provenant des stocks américains. Taipei attend la livraison de plus de 20 milliards de dollars d’équipements militaires américains en retard, les délais de production aux États-Unis étant en partie dus à la guerre en Ukraine.

Selon des sources informées citées par la presse américaine, l’administration Trump envisage une nouvelle politique à l’égard de Taïwan visant à transformer l’île en « porc-épic » en donnant la préférence à des livraisons d’armes de précision et de plus petite taille conçues pour une guerre asymétrique afin de dissuader Pékin d’envahir Taïwan ou de rendre une invasion si coûteuse et douloureuse que les coûts l’emporteraient sur les avantages.

Ce qui fait dire à l’influent bimestriel américain Foreign Affairs que sur cette base nouvelle, un conflit autour de Taïwan « pourrait à terme devenir un concours de volontés que Pékin pense pouvoir gagner. »

Or si le régime chinois qualifie Taïwan de « véritable cœur du cœur des intérêts de la Chine, » Donald Trump en a récemment parlé sur un ton très différent : « Taïwan est 9 500 miles (15 300 kilomètres) de nous […] à 68 miles (110 kilomètres) de la Chine. Je pense que nous devons êtres intelligents. C’est une question très difficile ! » relève Foreign Affairs.

« Si les États-Unis veulent dissuader la Chine, ils devront convaincre les dirigeants chinois que Washington fait sienne une stratégie qui ne porte pas seulement sur l’étape initiale d’un conflit, mais aussi sur la dernière, celle d’une guerre, » ajoute le magazine.

De tout cela, il reste que connaissant bien Donald Trump pour l’avoir maintes fois rencontré depuis plus de dix ans, Xi Jinping, fin stratège et coutumier des humeurs changeantes de l’homme d’affaires américain, prendra son temps, jugeant que le temps joue en sa faveur.

Loin de décider d’une invasion prochaine qui serait encore risquée, il estimera sans doute et à juste titre qu’avec le déclin des États-Unis qui s’accélère sous la houlette de son président fantasque et les progrès de l’emprise militaire chinois dans la zone, viendra le jour où il deviendrait quasiment impossible pour le protecteur hypothétique de Taïwan de venir à son secours si la crise entre les deux rives du Détroit de Taïwan devait éclater.

Pierre-Antoine Donnet

asialyst.com