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dimanche 19 octobre 2025

Femmes du Moyen-Orient : des avancées inabouties

 

Le Moyen-Orient n’échappe pas à la règle démographique mondiale : les populations comptent autant d’hommes que de femmes. Pourtant, dans la plupart des pays de la région, ces dernières restent des « mineures » ; avoir 18 ans n’est pas synonyme d’émancipation. Les organisations internationales dénoncent le maintien de pratiques d’un autre temps, comme l’excision. Des réflexions et des réformes sont menées, notamment en droit de la famille.

Si 1979 est une année charnière au Moyen-Orient – avènement de la République islamique d’Iran, paix israélo-égyptienne, rébellion djihadiste à La Mecque, prise du pouvoir par Saddam ­Hussein (1937-2006) en Irak, invasion soviétique de l’Afghanistan –, elle est aussi celle de l’adoption de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, avec pour seule ambition de promouvoir l’égalité entre les sexes, quelles que soient les spécificités locales. Entré en vigueur en 1981, ce texte invite les États membres à prendre les mesures nécessaires pour assurer le plein développement et le progrès des femmes dans tous les domaines. Plus de quarante ans plus tard, l’Iran est le seul pays de la région à ne l’avoir ni signé ni ratifié. Même l’Arabie saoudite, longtemps considérée comme l’un des régimes les plus répressifs à l’égard des femmes, a ratifié cette convention en 2000. Le royaume a d’ailleurs été choisi pour présider la Commission de la condition de la femme des ­Nations unies pour l’année 2025. De quoi faire sourire de nombreuses militantes.

Réformer selon les intérêts du pouvoir en place

Depuis le début des années 2000, Riyad entreprend d’alléger le poids des normes religieuses pesant sur les femmes, en leur permettant, par exemple, de conduire ou de voyager sans la présence d’un tuteur masculin (mahram). Néanmoins, ces mesures répondent essentiellement à des impératifs économiques afin de relancer la croissance d’un royaume en quête de diversification, tandis que le régime durcit le ton sur les droits politiques en renforçant l’autoritarisme de la famille régnante Al-Saoud. Ainsi, défendre les Droits de l’homme constitue une ligne rouge à ne pas dépasser. On observe en quelque sorte le même paradoxe en Iran : si la République islamique a permis l’accès à l’éducation à la quasi-totalité de la population, il ne faut surtout pas remettre en question l’obligation du port du voile. Il est le symbole du contrôle des autorités sur les citoyennes. En cela, le mouvement « Femme, Vie, Liberté » de 2022-2023 est révolutionnaire, car il appelle à la chute du régime.

La place des femmes peut être un outil de mesure de la santé politique et économique d’un pays. Selon ses intérêts, un État favorise soit la libéralisation, soit la répression. L’exemple le plus caricatural est sans doute l’Afghanistan des talibans, au pouvoir depuis août 2021. Dénoncé par la communauté internationale, l’acharnement dont ils font preuve pour effacer les femmes du paysage national peut être interprété comme un stratagème de pression sur les bailleurs de fonds afin d’obtenir reconnaissance et financements. Plus encore, le contrôle de la place des femmes, particulièrement l’éducation des filles, est un enjeu de politique intérieure entre les dirigeants talibans eux-mêmes. Ces débats existent ailleurs, comme au Maroc et en Irak, qui aspirent à renouveler leur Code du statut personnel respectif, avec, au cœur des discussions, les aspects juridiques de l’héritage ou de la garde des enfants, inspirés des normes islamiques.

Dans de nombreux secteurs (l’accès à l’éducation, à la santé, aux pratiques culturelles et sportives…), de véritables avancées sont à souligner. Ce constat mondial s’applique également au Moyen-Orient. La région reste toutefois marquée par de grandes inégalités dont sont victimes les femmes, principalement concernant les droits politiques, mais aussi médicaux. Par exemple, l’interruption volontaire de grossesse n’est autorisée légalement et sur demande qu’en Tunisie et en Turquie, deux pays où la pression des pouvoirs en place transforme cet acte en un véritable parcours de combattante. 


1-Femmes du Moyen-Orient : démographie et tradition


2-Femmes du Moyen-Orient : lire, écrire et travailler


3-Femmes du Moyen-Orient : être représentées face aux hommes


Guillaume Fourmont

Laura Margueritte

areion24.news