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dimanche 24 août 2025

Un Black Hawk de la police colombienne a été abattu par un drone FPV

 

Fin juillet, Intelligence Online a révélé que Kiev enquêtait sur l’infiltration de membre de cartels de la drogue latino-américains – essentiellement mexicains et colombiens – dans les rangs de la Légion internationale de volontaires affiliée à ses forces armées. Et cela, afin d’acquérir les savoir-faire nécessaires pour mettre en œuvre des drones dits FPV [First Person Views] et autres munitions téléopérées [MTO] afin de les mettre ensuite en pratique dans leur pays ou au service d’organisations criminelles étrangères.

Alertés par le Centre national du renseignement mexicain, les services de contre-espionnage ukrainien [SBU] se sont notamment intéressés au groupe tactique « Ethos » de la Légion des volontaires, actif dans les régions de Donetsk et de Kharkiv.

« Nous avons accueilli les volontaires de bonne foi. Mais force est de constater que l’Ukraine est devenue une plaque tournante pour la diffusion des compétences en matière de drones. Certains viennent ici pour apprendre à tuer avec un drone à 400 dollars, puis vendent ce savoir-faire ailleurs au plus offrant », a confié un responsable du SBU à Intelligence Online.

Cela étant, la filière « ukrainienne » n’est pas la seule. Un mois plus tôt, le quotidien colombien El Tiempo avait indiqué que, selon le renseignement militaire, d’anciens militaires russes étaient soupçonnés de former des guérilleros de la branche dissidente des FARC [d’obédience marxiste] à l’utilisation de drones au Venezuela, plus précisément dans les zones frontalières d’Arauca et de Catatumbo.

« L’ingérence russe aggrave une situation où l’Iran exerçait déjà une influence. Aujourd’hui, les deux pays soutiendraient la formation d’organisations criminelles colombiennes au Venezuela, profitant de la protection du régime [du président vénézuélien] Maduro », avait alors confié une source militaire au quotidien.

Aussi, entre 2024 et 2025, au moins 183 attaques menées avec des drones ont été recensées en Colombie, en particulier contre l’armée et les forces de sécurité. Selon El Tiempo, leurs auteurs « ont déjà eu recours à des tactiques d’essaimage, à des microdrones et à des dispositifs modifiés avec des caméras thermiques et des fréquences alternées pour échapper aux brouilleurs ».

La dernière en date montre que ceux qui l’ont commise possède des savoir-faire qui ont été mis en œuvre tant en Ukraine qu’en… Birmanie, où l’Armée de l’indépendance kachin [KIA] a, semble-t-il, utilisé des drones FPV contre des hélicoptères Mil Mi-17 des forces armées locales.

En effet, le 21 août, un hélicoptère UH-60L Black Hawk de la police nationale colombienne a été touché par un drone FPV alors qu’il appuyait une opération antidrogue dans une zone rurale située près de Medellín. Douze des seize occupants de l’appareil ont perdu la vie, les quatre autres étant gravement blessés. La région où s’est produite cette attaque est connue pour abriter des dissidents des FARC ainsi que le « Clan del Golfo », un puissant groupe criminel.

Dans un premier temps, le président Gustavo Petro a accusé le Clan del Golfo d’être responsable de la perte de cet hélicoptère… avant de se raviser et de pointer les dissidents des FARC.

Quoi qu’il en soit, cette affaire met en lumière un problème qui risque de prendre de l’ampleur dans les mois, si ce n’est les semaines à venir.

Certes, cet UH-60L Black Hawk n’est pas le premier hélicoptère abattu lors d’une opération de police [c’est déjà arrivé en 2009, à Rio de Janeiro]. Mais la prolifération de drones FPV et la facilité avec laquelle ils sont mis en œuvre change la donne dans la mesure où des groupe non-étatiques n’ont désormais pas besoin de coûteux missiles antiaériens légers de type MANPADS [man-portable air-defense system] pour empêcher un aéronef de s’approcher de leurs positions ou de surveiller leurs activités.

Qui plus est, si il dispose de contre-mesures pour éviter d’être touché par un MANPADS [leurres, système de détection de missile, etc.], un hélicoptère est démuni face à un drone FPV, quasiment indétectable et difficile à éviter. Un système de brouillage serait sans doute une solution… mais il existe désormais des drones FPV à fibre optique, insensibles aux dispositifs de guerre électronique.

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