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samedi 15 mars 2025

La France récupère des équipements militaires « adverses » pour les étudier

 

 

 

Comment être certain que les contre-mesures d’un équipement militaire que l’on developpe seront suffisamment efficaces pour mettre en échec l’armement d’un adversaire potentiel ? Et comment s’assurer que telle arme sera en mesure de percer les défenses de l’ennemi ?

Pour le savoir, il faut connaître aussi précisément que possible les caractéristiques des différents systèmes d’armes que met en œuvre un adversaire potentiel. Cela passe par l’observation de ces derniers, quand ils sont utilisés sur un champ de bataille, ou bien encore par l’espionnage. Mais la solution idéale reste encore de les récupérer afin d’avoir toute la latitude nécessaire pour se faire l’idée la plus précise possible de leurs fonctionnalités. Et, partant, pour ensuite élaborer les contre-mesures pour les neutraliser.

Durant la Guerre Froide, les États-Unis lancèrent les programmes « Have Doughnut » et « Have Drill » afin de mettre la main sur des systèmes soviétiques. L’US Air Force obtint ainsi des avions de combat MiG-17 et MiG-21, qu’elle affecta au 477e Escadron de test et d’évaluation. Ces appareils furent rejoint par des MiG-23 en 1980.

La dissolution du Pacte de Varsovie ne mit pas un terme à cette pratique. Dans les années 1990, le renseignement militaire américain [DIA – Defense Intelligence Agency] réussit à se procurer un système de défense aérienne S-300 PMU auprès de la Biélorussie [en déboursant 6 millions de dollars…]. La guerre en Ukraine lui a donné l’occasion de récupérer des équipements russes, dont des dispositifs de guerre électronique et au moins un char T-90.

La France en fait autant. C’est en effet ce qu’a admis Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, dans un long entretien accordé à l’émission Legend, diffusée via Youtube. Et cela alors qu’il était interrogé sur l’origine des matériels « ennemis » testés dans les imposantes chambres anéchoïques de DGA « Maîtrise de l’Information », à Bruz.

« On en récupère et on ne le fait pas trop mal », a d’abord répondu M. Lecornu, sur le ton de la boutade. Plus sérieusement, a-t-il continué, « on le fait par du partenariat avec des pays qui décident de nous aider. On le fait parfois nous-même. On le fait en l’assumant […]. Parfois, on le fait de manière clandestine ».

Pour le ministre, récupérer des équipements militaires auxquels les forces françaises pourrait avoir affaire est primordial. « Vous ne pouvez pas développer un système de défense si vous ne comprenez pas le système de l’attaquant. Vous ne pouvez pas développer un système d’attaque si vous n’avez pas ‘pigé’ la défense de l’autre », a-t-il justifié.

D’où l’intérêt des salles anéchoïques de Bruz, celles-ci permettant, par exemple, de déterminer ce que peut « voir » un radar adverse d’un aéronef [comme le Rafale] ou d’un missile. De telles données peuvent aussi être utilisées pour la préparation opérationnelle.

Ainsi, le Centre de coordination du polygone de guerre électronique [CCPGE] dispose de systèmes de défense sol-air d’origine soviétique [ou russe] tels que le SA-8 « Gecko » et le SA-6 Gainful. Ces derniers sont complétés par des simulateurs de menace sol-air « ARPEGE », lesquels génèrent une onde électromagnétique, « représentative d’une menace contre un aéronef ».

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