Le 11 décembre, le cargo russe Ursa Major a appareillé du port de Saint-Pétersbourg avant de mettre le cap vers Vladivostok pour y acheminer des grues « spécialisées » et des panneaux d’écoutille pour des brise-glaces. Seulement, douze jours plus plus tard, après avoir franchi le détroit de Gibraltar, il a été victime d’une explosion au niveau de sa salle des machines alors qu’il se trouvait à environ 40 nautiques au sud de Carthagène [Espagne].
Les autorités espagnoles ont mobilisé le bateau antipollution Clara Campoamor ainsi que le patrouilleur hauturier Serviola pour porter assistance à l’Ursa Major. Celui-ci a également été rejoint par deux autres cargos, à savoir le norvégien Oslo Carrier III et le russe Sparta, lequel était alors en route vers Port-Saïd [Égypte], après être parti de Kaliningrad quarante-trois jours plus tôt. C’est d’ailleurs ce dernier qui a pris en charge les opérations de sauvetage, conformément à la convention des Nations unies sur le droit de la mer [UNCLOS].
L’Ursa Major a commencé à prendre de la gîte… puis a coulé. Sur les dix-huit marins de l’Ursa Major, seize ont pu être évacués sains et saufs avant d’être redirigés vers l’Espagne. Deux autres sont encore portés disparus. Ce bilan a été confirmé par le ministère russe des Affaires étrangères, ce 24 décembre.
Selon l’agence Ria Novosti, l’ambassade de Russie en Espagne a fait savoir qu’elle « examinait les circonstances du naufrage » et qu’elle était « en contact avec les autorités espagnoles ».
Cela étant, l’Ursa Major n’est pas un simple cargo commercial étant donné qu’il est exploité par la société SK-Yug, filiale du groupe Oboronlogistika OOO, intimement lié au ministère russe de la Défense. Ce qui lui a d’ailleurs valu d’être sanctionné par les États-Unis.
« Oboronlogistika OOO est une compagnie maritime russe qui opère au sein du complexe de construction militaire du ministère russe de la Défense. Ses principaux objectifs sont de garantir les besoins du ministère russe de la Défense en matière de transport, de stockage et de production de biens militaires et à usage spécial. Oboronlogistika OOO est le seul fournisseur du ministère russe de la Défense pour le transport de troupes vers certaines régions de Russie », explique en effet la diplomatie américaine.
Et d’ajouter : « À la suite de la saisie illégale de la Crimée par la Russie en 2014, le gouvernement russe a publié un décret définissant Oboronlogistika OOO comme le seul fournisseur de services de transport du ministère russe de la Défense pour la livraison de marchandises vers la Crimée occupée par la Russie ».
Il n’est pas impossible que les cargos Ursa Major et Sparta aient été attendus à la base navale de Tartous [Syrie], que la marine russe s’apprête à évacuer, étant donné que, par le passé, ils ont régulièrement fréquenté cette destination [ils faisaient partie du « Syrian Express »]. En outre, durant leur passage en Manche, ils ont été escortés par la frégate Soobrazitelny [classe Steregouchtchi], sous la surveillance d’un navire de la Royal Navy.