Trouver des soldats motivés pour aller à la guerre s'avère difficile. En raison du manque de soldats, l'Ukraine recrute désormais des détenus. C'est une pratique courante depuis longtemps du côté russe. Cette forme de recrutement démontre bien que les mesures actuelles ne suffisent pas à constituer et renflouer les troupes.
Il existe toutefois des différences dans l'utilisation des détenus. Pour l'Ukraine, par exemple, tous les prisonniers ne peuvent pas aller au front. Gerhard Mangott, expert en guerre et connaisseur de la Russie, explique à «Focus» comment cela fonctionne.
Une deuxième chance pour les délinquants
Pour les détenus, l'offre peut être tout à fait attractive, explique Gerhard Mangott. Plusieurs milliers de détenus auraient déjà profité de l'offre d'échanger la prison contre le front, comme l'a rapporté le Redaktionsnetzwerk Deutschland (RND). «Je suis absolument satisfait, c'est bien mieux ici qu'en prison», a déclaré un soldat détenu lors d'un entretien avec le RND. «On a la chance de changer de vie!» Et il n'y a pas été contraint. «C'était mon choix», assure-t-il.
Contrairement à la Russie, l'offre ne s'applique pas à tous les détenus. Les délinquants sexuels, par exemple, ne peuvent pas remplacer leur peine de prison par un engagement dans la guerre, précise Gerhard Mangott. Les personnes condamnées pour corruption ou pour atteinte à la sécurité du pays sont également exclues de cette option, contrairement à celles condamnées pour meurtre. À l'exception des meurtriers récidivistes, qui sont à nouveau exclus.
Retour en prison après un engagement au front
Ce n'est pas le cas en Russie, selon Gerhard Mangott. «Tout criminel peut s'engager pour une mission au front.» Le fait que chaque prisonnier russe puisse s'inscrire pour une mission militaire entraîne toutefois d'autres problèmes. Nombre d'entre eux, après avoir quitté l'armée six mois plus tard, continueraient à être actifs dans le domaine criminel et se retrouveraient à nouveau en prison, explique l'expert.
Echanger le front contre la prison peut être une option bienvenue, notamment pour les grands criminels, poursuit-il. «Les conditions de détention dans les colonies pénitentiaires russes sont souvent dangereuses pour la santé et psychiquement éprouvantes», poursuit l'expert. Selon lui, les prisonniers souffrent de carences, de malnutrition et d'un suivi médical insuffisant. «Pour quelqu'un qui, par exemple, est emprisonné à vie en tant que meurtrier, la perspective d'aller au front et d'être gracié est souvent un choix plus attrayant», poursuit Gerhard Mangott.
La vie des détenus a moins de valeur
Savoir si les prisonniers survivent à leur engagement est une toute autre question. Les soldats-prisonniers ne sont en effet pas affectés à des «tâches exigeantes». Ils sont plutôt envoyés au front, dans les «hachoirs à viande», où la plupart d'entre eux sont tués, explique l'expert. Pour les gouvernements, le fait qu'un détenu meure au front peut paraître moins grave que la mort d'un soldat civil.
Malgré cette sombre perspective, cette option serait une alternative bienvenue pour les prisonniers ukrainiens. «Au front, on a la chance d'être utile à la société. En prison, on ne l'est pas», raconte un autre soldat à RND. Les formateurs seraient satisfaits de leurs soldats. L'un d'entre eux qualifie sa nouvelle troupe de «disciplinée» et «fiable» auprès du réseau de rédaction. Ils seraient en outre bien plus motivés que les conscrits.
Il manque aussi des munitions
La pénurie ne se limite pas aux combattants eux-mêmes. Gerhard Mangott explique qu'il manque notamment des munitions dans la défense aérienne. «L'Ukraine essaie de mettre en place de nouvelles brigades, mais ne peut souvent pas les équiper complètement, car les livraisons occidentales ne suffisent pas.»
L'armement et l'équipement légers seraient en outre plus faciles à obtenir que par exemple les fusils d'assaut ou les systèmes de défense aérienne de moyenne portée. Ceux-ci ne sont disponibles qu'auprès des industries d'armement des pays qui les fabriquent, comme la Grande-Bretagne par exemple. Il y a deux semaines seulement, le ministre de la Défense John Healey a promis à l'Ukraine un paquet de défense antiaérienne d'une valeur de 162 millions de livres.
Angela Rosser