Principal acteur de l’industrie navale militaire outre-Atlantique, Huntington Ingalls Industries [HII] pourrait se trouver dans une situation très embarrassante. En effet, l’une de ses filiales, Newport News Shipbuilding, a informé le département américain de la Justice qu’il pourrait y avoir des soudures « intentionnellement défectueuses » sur des composants « non critiques » installés à bord des derniers sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] de type Virginia et du porte-avions Gerald Ford.
Ces soudures défectueuses ont été découvertes lors de contrôles de qualité menés en interne. Or, rapporte le site USNI News, il est apparu que certaines « erreurs de soudage » étaient « intentionnelles ».
« Nous avons récemment découvert, grâce à des contrôles internes, que certaines soudures ne répondait pas à nos normes de qualité élevées. Suite à cela, nous avons immédiatement contacté nos clients, lancé une enquête et pris des dispositions pour résoudre ces problèmes ainsi que pour élaborer des mesures correctives le plus rapidement possible », a expliqué le chantier naval, selon USNI News.
« Newport News Shipbuilding s’engage à construire des porte-avions et des sous-marins de la plus haute qualité pour la marine américaine. Nous ne tolérons aucune conduite qui compromettrait les valeurs de notre entreprise et notre mission de livrer des navires qui protègent notre nation et ses marins », a fait valoir l’industriel.
Le caractère « intentionnel » de ces erreurs reste encore à démontrer. Secrétaire adjoint de la marine américaine pour la recherche, le développement et les acquisitions, Nickolas Guertin a déclaré que des ouvriers du chantier naval n’avaient peut-être pas suivi les procédures et les techniques appropriées pour souder les composants en question.
Quoi qu’il en soit, l’US Navy a dit être « consciente » du problème. Une évaluation a été lancée pour en déterminer l’ampleur. « Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires de l’industrie pour faire face à cette situation et nous fournirons des informations supplémentaires dès qu’elles seront disponibles », a-t-elle fait savoir.
Cette affaire n’est pas sans rappeler celle qui éclata en 2020, quand le groupe australien Bradken, propriétaire d’une fonderie établie à Tacoma [État de Washington], découvrit que des tests de résistance effectués sur des pièces en acier destinées aux SNA de type Virginia, avaient été falsifiés.
Sa responsabilité étant engagée, l’industriel trouva un accord de « poursuite différées » avec les autorités américaines, s’engagea à revoir ses procédures de contrôle et dut payer une amende de « seulement » 10,8 millions de dollars. En revanche, l’ingénieure chargée des tests n’échappa pas aux poursuites : elle fut condamnée à 30 mois de prison et à une amende de 50’000 dollars, après avoir plaidé coupable.