L’analyste du renseignement espagnol, Fernando Cocho, a récemment alerté sur un possible accord entre l’Espagne et le Maroc visant à instaurer une co-souveraineté sur les villes de Melilla et Ceuta et qui interviendrait entre 2030 et 2032. Cocho affirme que cette initiative serait soutenue par l’Union européenne (UE) et surtout par la France.
Selon Fernando Cocho, le Maroc s’efforce depuis plus d’une décennie de détourner les échanges économiques des ports espagnols d’Algésiras, Ceuta et Melilla, au profit de Tanger Med, dans le but d’absorber une grande partie du commerce maritime. Ce plan ambitieux s’accompagne également de manœuvres militaires dans les eaux entourant les îles Canaries, que le Maroc considère comme un territoire d’intérêt économique.
L’analyste a vivement critiqué le manque de réaction du gouvernement espagnol face à la stratégie marocaine, estimant qu’elle contribue à l’isolement économique et stratégique des villes autonomes. Il a regretté que, malgré ses multiples alertes, ni l’Espagne ni l’UE n’aient pris de mesures significatives pour contrer les initiatives marocaines, laissant ainsi le champ libre au royaume chérifien pour renforcer sa position géostratégique.
Plusieurs anciens cadres du renseignement espagnol ont également attiré l’attention sur l’importance du soutien qu’apportent la France et les États-Unis à la dynamique marocaine. Paris et Washington voit dans le Maroc un allié clé pour contrer l’influence croissante de la Russie, de la Chine et des autres membres des BRICS en Afrique. Dans ce contexte géopolitique, la co-souveraineté de Melilla et Ceuta pourrait être considérée comme un « dommage collatéral mineur » dans une stratégie plus large visant à préserver les intérêts occidentaux en Afrique.
Jérôme Galveli