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mercredi 14 août 2024

Affaire Nord Stream : La justice allemande a émis un mandat d’arrêt contre un ressortissant ukrainien

 

Depuis bientôt deux ans, les hypothèses sur l’origine du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2, en mer Baltique, n’auront pas manqué. Mais la plus sérieuse a été avancée en mars 2023, alors que des investigations étaient encore en cours en Suède, au Danemark et en Allemagne.

À l’époque, les soupçons des enquêteurs allemands se portaient sur des ressortissants ukrainiens qui, munis de faux passeports, avaient pris place à bord du voilier « Andromeda », loué par Feeria Lwowa, une société de droit polonais appartenant à l’homme d’affaires Rustem Abibulayev, natif d’Ukraine.

Ayant appareillé de Rostock [Allemagne] le 6 septembre 2022, le voilier fut ensuite localisé près de l’île danoise de Christiansø, puis à Sandhamn en Suède. Était-il impliqué dans le sabotage des deux gazoducs ? Toujours est-il que, après un détour par Kołobrzeg [Pologne], il fut restitué « non nettoyé » à son propriétaire, ce qui permit aux enquêteurs de trouver des restes d’explosifs dans l’une de ses cabines.

Par la suite, la piste ukrainienne s’est renforcée. Selon Morgane Fert-Malka, du site spécialisé Intelligence Online, le service de renseignement extérieur d’Ukraine, alors dirigé par Kyrylo Boudanov, se serait procuré les faux passeports utilisés par l’équipage de l’Andromeda auprès de réseaux criminels établis en Roumanie et en Bulgarie.

Les soupçons se portèrent ensuite sur le général Valeri Zaloujny, qui commandait les forces spéciales ukrainiennes au moment du sabotage des gazoducs, avant d’être nommé à la tête de l’état-major général. La question était alors de savoir si le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait été mis au courant du projet de s’en prendre à NordStream 1 et à NordStream 2.

Quoi qu’il en soit, en février, la Suède et le Danemark annoncèrent qu’ils venaient de mettre un terme à leurs investigations sur ce sabotage pourtant commis dans leurs zones économiques exclusives [ZEE] respectives. En clair, ils laissaient le soin à l’Allemagne de faire connaître le fin mot de cette affaire.

C’est ainsi que, en juin, le parquet fédéral allemand a émis un mandat d’arrêt européen à l’encontre d’un certain Volodymyr Z., un moniteur de plongée ukrainien supposé vivre en Pologne et soupçonné d’être lié au sabotage des gazoducs, en compagnie de Jevhen U. et Svitlana U., deux de ses compatriotes, également plongeurs.

Seulement, cette démarche n’a pas abouti. Selon les règles de l’entraide judicaire européenne, les autorités polonaises avaient 60 jours pour répondre à le requête que la justice allemande leur avait adressée et interpeller le suspect. Or, elles n’en ont rien fait, ce qui a permis au suspect de prendre la fuite.

Selon la chaîne de télévision publique ARD et les journaux Süddeutsche Zeitung et Die Zeit, les autorités allemandes « s’étonnent en interne du manque de coopération de la Pologne » et évoquent de « possibles complicités dont aurait pu bénéficier » ces trois Ukrainiens dans le pays.

De son côté, le bureau du procureur général polonais a confirmé avoir reçu le mandat d’arrêt émis par la justice allemande contre Volodymyr Z.

Seulement, a-t-il précisé auprès de l’AFP, Berlin aurait omis d’inscrire le nom du suspect dans le registre des personnes recherchées. Aussi, les gardes-frontières polonais « n’étaient pas informés et n’avaient aucun motif de détenir Volodymyr Z. ».

Par ailleurs, les médias allemands ont aussi indiqué que, le printemps dernier, le Service fédéral de renseignement [BND – Bundesnachrichtendienst] avait reçu des « informations cruciales » en provenance d’Ukraine au sujet des plongeurs soupçonnés d’être impliqués dans le sabotage des gazoducs.

« Cependant, ces informations ne pouvaient pas être directement intégrées à une procédure pénale afin de protéger leur source, ce qui est une pratique courante dans le travail des services de renseignement », ont-ils souligné.

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