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dimanche 23 juin 2024

Un aérostat russe a survolé le territoire polonais pendant cinq heures

 

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Pologne a signalé à plusieurs reprises la violation de son ciel par des missiles de croisière russe. Le dernier incident en date remonte au 24 mars dernier. « L’objet a volé dans l’espace polonais à la hauteur du village d’Oserdow et y est resté pendant 39 secondes », avait ainsi affirmé le commandement opérationnel des forces armées polonaises.

Mais les missiles russes ne sont pas les seuls à avoir été mis en cause. En mai 2023, un aérostat ayant traversé la frontière avec la Biélorussie avait été repéré par les radars polonais alors qu’il se dirigeait dans les environs de la ville de Bydgoszcz, surnommée la « capitale polonaise de l’Otan ». Puis, sa trace s’était perdue… « Attention ! Nous recherchons un objet aérien ressemblant à un ballon. Si vous le trouvez, ne le ramassez pas, prévenez directement la police », avaient demandé les autorités polonaises à la population locale.

Une autre violation, impliquant encore un aérostat, a eu lieu le 20 juin. Mais la communication du commandement opérationnel polonais a été curieuse… Ainsi, celui-ci a indiqué qu’un ballon russe avait survolé le nord de la Pologne pendant au moins cinq heures, après avoir été repéré dans la région de Kętrzyn.

A priori, les autorités polonaises auraient été prévenues par leurs homologues russes de la « probabilité » que cet aérostat survole la Pologne.

« Des évaluations préliminaires indiquent que la partie russe a perdu le contrôle d’un des aérostats protégeant les installations de la région de Kaliningrad », a indiqué le commandement opérationnel, sans donner plus de détails sur la nature de l’objet en question. En tout cas, l’idée de l’abattre a été exclue.

« Compte tenu des possibles conséquences négatives que pourrait engendrer la destruction du ballon dans [notre] espace aérien, [nous avons] pris la décision de ne pas l’abattre », a en effet expliqué l’état-major polonais, qui a par ailleurs assuré que cet aérostat ne présentait « pas une menace pour la sécurité nationale de la Pologne ».

Quoi qu’il en soit, si cet incident est mineur, pourquoi l’état-major polonais a-t-il cru bon de communiquer à son sujet ? Était-ce l’occasion de faire savoir que ses capacités de détection n’avaient été pas prises en défaut, alors qu’une polémique avait éclaté, l’an passé, après la découverte inopinée des restes d’un missile russe dans la région de Bydgoszcz et dont la trace avaient été « perdue » ?

« Il ne s’agissait pas d’une opération de reconnaissance ou d’espionnage », a insisté Władysław Kosiniak-Kamysz, le ministre polonais de la Défense, ce 20 juin. Seulement, il a admis que la nature de l’aérostat faisait l’objet d’investigations…

« L’évaluation de la situation dans de tels cas appartient au commandant opérationnel, qui analyse la sécurité des habitants et celle de l’État polonais. Il n’y avait aucune menace pour les habitants, nous les informons de tout. Nous avons une politique très transparente concernant les menaces dans l’espace aérien », a ensuite fait valoir M. Kosiniak-Kamysz, qui a également exclu tout acte de provocation de la part des Russes.

Mais visiblement, tout le monde ne partage pas cette appréciation au sein du gouvernement. « Cela aurait pu aussi être un test de la réaction des forces armées », a estimé Andrzej Szejna, le numéro deux de la diplomatie polonaise.

À noter que, depuis le mois dernier, la Russie a déployé un aérostat de surveillance et de reconnaissance « AKV-05 » en Carélie, c’est-à-dire non loin de la frontière avec la Finlande. Officiellement, ce dispositif serait mis en œuvre par le FSB [renseignement intérieur] pour prévenir… l’immigration clandestine.

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