Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 18 mai 2020

Xavier Niel, pirate pour la DST



Les grands patrons d’aujourd’hui n’ont pas toujours été grand patron. Ils ont souvent eu d’autres vies professionnelles avant d’arriver là où ils sont aujourd’hui. À l’occasion d’une interview accordée à la chaine LCP, Xavier Niel, le fondateur de Free et investisseur de certaines des grandes start-up françaises (comme Molotov), le confirme en évoquant les péripéties de sa jeunesse qui l’ont amené à travailler pour les services de renseignements français.

Début des années 80, Xavier Niel découvre l’informatique et les joies du hacking. Avec quelques amis, il pirate le décodeur Canal+ (permettant ainsi d’accéder aux programmes de la chaine cryptée sans avoir à s’acquitter de l’abonnement. Ce ne sera certainement pas son seul fait d’armes. Mais c’est celui qui lui aura valu d’être arrêté par la Police nationale.

C’est alors que les policiers lui offrent un marché. Au lieu de l’incarcérer, ils lui proposent de travailler pour eux , afin d’explorer « avec d’autres jeunes », les possibilités du piratage informatique. L’objectif alors présenté par les policiers : « mieux connaître cet écosystème ». Il apprendra plus tard que, derrière ce marché, se cachait la DST (Direction de la Surveillance du Territoire, ancêtre de la DGSI). Soit les services secrets français.

Pour la DST, ce « groupe de jeunes » réalisera plusieurs piratages informatiques pour récolter des informations, notamment à propos de personnalités politiques. Dans l’interview, Xavier Niel affirme avoir dérobé en 1986 le contenu des téléphones portables de François Mitterand et Robert Pandreau, alors respectivement Président de la République et ministre délégué à la sécurité, aux côtés de Charles Pasqua. Retrouvez ci-dessous un extrait de l’interview publié par le Huffington Post.

Quand Xavier Niel piratait Renault

Ce piratage va aussi cibler "un grand groupe automobile français" selon le PDG. "On voit qu'il y avait des gens qui arrivaient de l'étranger et qui n'avaient pas la même finalité que nous puisqu'ils téléchargeaient énormément de données", confie-t-il. Le patron reconnaît à demi-mots qu'il s'agit du constructeur automobile français Renault.

"Je suis en guerre avec TF1 à ce moment-là"

Xavier Niel est un des rares patrons français à avoir fait de la prison. Le PDG d'Iliad-Free a en effet été mis en examen pour proxénétisme aggravé. Il est alors suspecté d'avoir investi dans des établissements à caractère pornographique ayant servi de couverture à des activités de prostitution. "Je suis en guerre avec TF1 à ce moment-là sur les boxs et j'ai eu la chance de faire l'ouverture du 20h, alors que visiblement les autres chaînes n'en parlent pas", tacle Xavier Niel.

"On a le sentiment que ce qu'on a pu faire a tellement dérangé un establishment que certaines personnes se sont dit : 'On ne peut pas gagner autant d'argent dans les internets'", assure le grand patron. Pour Xavier Niel, c'est "un début de vengeance, une incompréhension". "On a pas mal d'ennemis. On peut aller chercher chez Orange, on en a eu beaucoup", accuse-t-il. Selon lui, c'est une "addition de personnes" qui ont fait qu'il soit au final "condamné pour recel d'abus de bien social pour 250.000 euros". Xavier Niel sous-entend ainsi qu’Orange aurait pu jouer un rôle dans ses soucis judiciaires. Il a finalement été blanchi des accusations de proxénétisme.