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dimanche 24 mai 2020

La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont lancé une opération anti-jihadiste conjointe


Le Burkina Faso est sans doute le maillon faible de la lutte contre les organisations jihadistes qui sévissent dans la bande sahélo-saharienne. Or, en raison de sa position géographique de ce pays, la menace terroriste risque de se diffuser vers les pays du golfe de Guinée, dont le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana ou encore le Togo.

D’ailleurs, dans une vidéo diffusée en novembre 2018, les principaux responsables du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM], lié à al-Qaïda, avaient appelé la population Peule à la « guerre sainte » dans plusieurs de ces États qui, par ailleurs, présentent les mêmes fragilités que leurs homologues sahéliens, avec des tensions interethniques, un développement inégal entre leurs régions et des communautés se sentant négligées.

En février, alors qu’il était en campagne en vue de sa réélection, le président togolais, Faure Gnassingbé, avait assuré que la pression jihadiste sur son pays était « très forte ». D’où le renforcement du dispositif militaire à la frontière avec le Burkina Faso.

La Côte d’Ivoire, qui a déjà subi une attaque terroriste en 2016 [à Grand-Bassam, ndlr] et connu quelques incidents isolés à sa frontière avec le Mali, voit la menace jihadiste se préciser.

En effet, selon les « conseils aux voyageurs » du ministère français des Affaires étrangères, une « partie de la zone frontalière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso est formellement déconseillée, ainsi que le nord du district du Zanzan et l’est du district des Savanes, en raison du risque terroriste et d’enlèvement. » Et d’ajouter : « Cette zone inclut le parc national de la Comoé dans lequel il est formellement déconseillé de se rendre quel que soit le motif. »

En effet, il est apparu que des jihadistes venus du Burkina Faso ont trouvé refuge dans cette zone. D’où le lancement, début mai, de l’opération « Comoé », menée conjointement par les forces armées ivoiriennes et burkinabè.

« À l’initiative de l’armée ivoirienne, une opération antiterroriste a eu lieu pendant plusieurs jours à la frontière. L’opération a permis de saisir des armes », a confié une source sécuritaire burkinabè à l’AFP. « Le Burkina Faso y a pris part avec une trentaine d’hommes, notamment sur le long de la frontière pour empêcher tout repli de l’ennemi », a-t-elle ajouté, précisant que les actions ont toutes été menées en territoire ivoirien.

Les détails de cette opération ont été arrêtés en mars dernier, à l’occasion d’une visite du chef d’état-major burkinabè, le général Moïse Miningou, à son homologue ivoirien, le général Lassina Doumbia. Selon Fraternité Matin, les deux hommes ont en effet évoqué la situation à la frontière et validé un « concept d’opérations militaires conjointes tels que contenus dans le traité d’amitié et de coopération entre la Côte d’Ivoire et le Burkina-Faso. »

Pour le moment, le bilan de l’opération Comoé n’a pas été précisé. « Les deux armées se sont rassemblées. Il n’y a plus de possibilité de s’échapper. C’est cela qui nous a permis d’avoir des résultats tangibles. Nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin. C’est une première mais je peux vous assurer que ce ne sera pas la dernière », a seulement indiqué le général Miningou, le 22 mai, à l’issue d’un entretien avec le général Doumbia.

« Il est nécessaire pour nous de nous unir pour faire face à la menace. Eux [les terroristes], ils ont réussi à le faire. Ils arrivent à se solidariser entre groupes armés terroristes. Si nous nous ne le faisons pas évidement, on perdra la guerre », a fait valoir le chef d’état-major ivoirien. A priori, le concours des Forces françaises en Côte d’Ivoire [FFCI] n’a pas été sollicité.

Cette opération, qui est une première pour les forces ivoiriennes et burkinabè, a commencé au nord-est de Ferkessedougou, près de Sangopari. Et elle est toujours en cours.

Cependant, elle a connu un « couac », avec l’arrestation d’un officier de la gendarmerie ivoirienne. Selon une source sécuritaire citée par l’AFP, ce dernier, affecté à Kong [nord-est] a livré des informations confidentielles à un civil, ce qui aurait permis à plusieurs jihadistes de s’enfuir.