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mardi 28 janvier 2020

Le gouvernement tchèque valide l’envoi de 60 commandos auprès de la force Takuba


Au regard des moyens de ses forces armées [25.000 militaires pour un budget de 2,5 milliards d’euros correspondant à 1,19% du PIB selon les chiffres de l’Otan], la République tchèque est l’un des pays européens les plus engagés au Sahel, avec près de 120 soldats engagés au sein de l’EUTM Mali, la mission de l’Union européenne chargée de former l’armée malienne depuis 2013.

« La stabilité dans cette partie de l’Afrique est également essentielle pour l’Europe et la République tchèque. C’est aussi pourquoi nous sommes très actifs dans cette région et avons accru notre engagement de 70 personnels en novembre dernier. Au sein de la mission de formation de l’UE au Mali, nous avons actuellement cent dix-huit militaires déployés, ce qui représente le troisième contingent en importance. Nous avons également du personnel au sein de la MINUSMA [mission des Nations unie au Mali, ndlr] » avait rappelé Lubomír Metnar, le ministre tchèque de la Défense, en mai 2019.

Signe de l’importance de son implication au Sahel, Prague prendra le commandement de l’EUTM Mali en juin 2020. Un fait inédit pour les forces armées tchèques : ce sera en effet la première fois qu’elles assureront la direction d’une mission internationale.

Cela « témoigne […] de la confiance témoignée à Prague sur ce terrain et de la durabilité de l’engagement de la République tchèque, présente également notamment en Afghanistan depuis de longues années, dans la lutte contre le terrorisme », n’a pas manqué de souligner Radio Prague, au moment de cette annonce.

Mais ce n’est pas tout. En novembre, le chef de la diplomatie tchèque, Tomas Petříček, avait indiqué que son pays était prêt à participer au groupement Takuba, une unité constituée de forces spéciales européennes devant être déployée au Sahel sous l’autorité de la force française Barkhane, avec la mission d’accompagner les armées locales dans les combats contre les groupes armés terroristes [GAT].

Le 27 janvier, le gouvernement tchèque a validé une participation de commandos à la force Takuba. Un projet de loi autorisant ce déploiement sera soumis prochainement au Parlement. Si ce dernier donne son aval, alors « nous aurons un mandat pour nous joindre à l’opération Barkhane avec un nombre maximal de 60 personnes jusqu’au 31 décembre 2022 », a indiqué Lubomír Metnar, via un communiqué.

L’état-major tchèque a par ailleurs expliqué que la « principale zone opérationnelle sera le Mali ». Et d’éventuelles « incursions » au Niger ne sont pas exclues, notamment pour des contraintes logistiques ou lors d’opérations contre les groupes armés terroristes actifs dans la zone dite des trois frontières [Liptako-Gourma]. A priori, les commandos tchèques seraient donc déployés dans la régio de Ménaka.

« Ce déploiement pourrait être opéré au début du deuxième semestre de l’année. Pour l’instant nous envisageons une période d’un an sur place. Bien sûr, si la situation sur place l’exige, nous prolongerons notre mission », a précisé Jan Pejšek, le porte-parole du ministère tchèque de la Défense.

Les militaires tchèques qui seront envoyés au Mali devraient être issus du 601. skupina speciálních sil [601 SKSS, ou 601e groupe de forces spéciales].

Quoi qu’il en soit, le chef de la diplomatie tchèque a fait valoir que cette participation au groupement Takuba permettra de renforcer la coopération militaire avec la France dans une « une région dont la stabilité est très importante pour la sécurité en Europe. »

« La menace terroriste est liée à la migration illégale, car les habitants du Sahel sont nombreux à fuir les conflits qui touchent leurs pays. Il est nécessaire que l’Europe joue un rôle stabilisateur, qu’elle aide les gouvernements des Etats du G5 Sahel à contrôler la situation. Pour la République tchèque, la participation à cette opération anti-terroriste serait doublement importante, tant au niveau sécuritaire qu’au niveau diplomatique », a expliqué M. Petříček.