Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 16 avril 2019

Les Sapeurs-Pompiers de Paris ont sauvé Notre-Dame




Notre-Dame de Paris a traversé les époques, avec leurs drames, leurs tragédies, mais aussi leurs joies… Ayant accueilli la cérémonie du sacre de Napoléon Ier, elle a survécu à la folie de certains « communards » qui, en 1871, incendièrent de nombreux monuments parisiens. Des générations de croyants ont prié sous sa voûte. Elle a suscité des conversions, comme celle de Paul Claudel. Les obsèques nationales de plusieurs maréchaux de France [Foch, Joffre, Leclerc de Hautecloque, de Lattre de Tassigny, Juin] y ont été célébrées. Des hommages nationaux y ont été rendus… Et son aura dépasse les frontières et les croyances si l’on en juge par le nombre de touristes qui, chaque année, viennent la visiter.

Enfin, Notre-Dame a inspiré des écrivains, comme Gérard de Nerval [Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être / Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître] et Victor Hugo. D’ailleurs, ce dernier osa imaginer l’impensable, dans le roman qu’il lui avait consacré :

« Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église. Ce qu’ils voyaient était extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée ».

Cette scène décrite par Victor Hugo il y a près de 190 ans est malheureusement devenue réalité. Il était peu avant 19 heures, le 15 avril, quand un incendie s’est déclaré au niveau de la toiture de Notre-Dame, qui faisait alors l’objet d’un important chantier de rénovation. L’immense charpente, fabriquée avec le bois de chênes ayant poussé il y a plus de mille ans, est partie en fumée. Culminant à 93 mètres de haut, la flèche qui, avec ses 500 tonnes de bois et ses 250 tonnes de plomb, prenait appui sur quatre pilliers du transept, s’est effondrée près d’une heure plus tard. Sans doute a-t-elle emporté avec elle l’une des 70 épines de la Sainte Couronne du Christ, une relique de Saint Denis et une autre de Sainte Geneviève…

Dès l’alerte donnée, les policiers ont fait évacuer l’édifice dans l’ordre et établi un périmètre de sécurité afin de permettre l’intervention des militaires de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris [BSPP]. Déjà qu’un incendie ayant pris dans des combles est très compliqué à combattre, la tâche de ces derniers aura été rendu encore plus délicate à cause du vent.

« Le temps a joué au début contre nous, le vent a joué contre nous et il fallait reprendre le dessus », a confié le lieutenant-colonel Gabriel Plus, le porte-parole de la BSPP, à l’AFP. « Là, il faut très rapidement faire les bons choix en prenant en compte le vent, en prenant en compte les travaux, en prenant en compte les moyens hydraulique », a-t-il ajouté.

Les 400 sapeurs-pompiers présents sur les lieux ont eu deux priorités : sauver les reliques et les trésors exposés dans la cathédrale [dont la couronne d’épine du Christ, un clou de la Croix et la tunique de Saint-Louis] et éviter que le feu s’en prenne aux deux beffrois [partie qui supporte les tours]. « Imaginez : la charpente des beffrois fragilisée, les cloches qui s’effondrent, c’était vraiment notre crainte! Au début de notre action, il n’était pas inconsidéré de penser que la structure pouvait s’effondrer », a résumé le lieutenant-colonel Plus.

Avec une température frôlant les 800 degrés, les sapeurs-pompiers de Paris ont donc cherché à empêcher l’extension du feu tout en dosant leurs effets afin de ne pas mettre en péril l’édifice [c’est pour cette raison que l’intervention d’un Canadair a très vite été écartée]. Pour intervenir au plus près, la BSPP a déployé un robot afin « d’éteindre et de faire baisser la température à l’intérieur de la nef. »

Après plusieurs heures d’un combat acharné contre les flammes, l’incendie a été « maîtrisé » et « partiellement éteint » vers 3 heures 30 du matin. « Les deux tiers de la toiture de Notre-Dame ont été ravagés », a ensuite précisé le général Jean-Claude Gallet, le commandant de la BSPP.

Puis, quelques heures plus tard, le lieutenant-colonel Plus a annoncé que « l’ensemble du feu » avait été éteint. « La phase est désormais à l’expertise et c’est pour cette raison qu’un ensemble d’experts examine l’ensemble des structures pour constituer les phases qui suivront, à savoir la consolidation » a-t-il ensuite expliqué.

Pour autant, le travail des sapeurs-pompiers n’est pas encore terminé. Ils restent « mobilisés pour la phase de surveillance, de vérification de stabilité des structures et, surtout, pour évacuer les œuvres qui méritent de l’être. Cette phase va durer toute la journée », a indiqué le porte-parole de la BSPP. « Nous avons sauvegardé les beffrois, ils sont sécurisés à ce stade, les tribunes sont aussi consolidées », a-t-il ajouté. En revanche, « le choeur de la nef a « énormément souffert », a-t-il relevé.

« La structure de la cathédrale est sauvée et les principales œuvres d’art ont été sauvegardées, grâce à l’action combinée des différents services de l’État engagés à nos côtés. Après plus de 9h de combats acharnés, près de 400 pompiers de Paris sont venus à bout de l’effroyable l’incendie. 2 policiers et un sapeur-pompier ont été légèrement blessé », a ensuite résumé la BSPP via un communiqué diffusé via les réseaux sociaux.

Désormais, l’heure est à la reconstruction [des souscriptions ont déjà été ouvertes]. Et il s’agit aussi de déterminer ce qui a pu causer cet incendie. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, confiée à la direction régionale de la police judiciaire, pour « destruction involontaire par incendie ».