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mercredi 17 avril 2019

Des agents français interceptés avec armes et munitions à la frontière entre la Tunisie et la Libye


Des armes et munitions transportées par des Européens, dont des Français, ont été saisies à la frontière entre la Libye et la Tunisie, a affirmé mardi le ministre tunisien de la Défense Abdelkarim Zbidi.

A Paris, le ministère des Affaires étrangères a précisé qu'en ce qui concerne les Français, les armes en question appartenaient au détachement de sécurité qui assure la protection de l'ambassadrice de France en Libye et a démenti qu'elles aient été saisies.

Un premier groupe, composé de 11 personnes munies de passeports diplomatiques et venant de Libye, a tenté d'entrer en Tunisie par la mer à bord de deux zodiacs. Il a été repéré par l'armée tunisienne et poursuivi jusqu'au large de Djerba (sud-est), a précisé M. Zbidi dans une déclaration à la presse. Selon le ministre, des armes et des munitions ont été saisies. Il n'a en revanche pas indiqué si ces 11 personnes avaient été arrêtées, ni précisé leur nationalité.

Démenti du Quai d'Orsay

Dans des propos diffusés par plusieurs médias locaux, Abdelkarim Zbidi a par ailleurs déclaré que d'autres armes et munitions avaient été saisies à la frontière terrestre tuniso-libyenne auprès d'un groupe de 13 Français «sous couverture diplomatique» et circulant à bord de six 4X4. D'après les médias locaux, la saisie a eu lieu au poste-frontière de Ras Jédir, principal point de passage entre les deux pays.

Le Quai d'Orsay, interrogé par l'AFP, a réfuté tout lien entre le convoi des Français et les personnes en zodiac et évoqué un «contrôle de routine». «Il n'y a pas eu de saisie d'armes. Les armes ont été inspectées, contrôlées et ensuite consignées avant d'être rapatriées en France», a-t-on relevé au ministère.

Dans un communiqué, l'ambassade de France en Tunisie a noté que les personnels de l'ambassade de France pour la Libye effectuaient «régulièrement» des déplacements «entre Tunis et Tripoli». «L'un d'eux s'est fait par la route ce dimanche», a-t-elle indiqué.«Ce déplacement a été organisé en concertation avec les autorités tunisiennes», a-t-elle souligné. Après le contrôle, le détachement «a poursuivi sa route».

Pays en proie au chaos depuis des années, la Libye est actuellement le théâtre de combats entre l'Armée nationale libyenne (ALN) autoproclamée du maréchal Khalifa Haftar, et les forces soutenant le Gouvernement d'union nationale (GNA). Homme fort de l'est libyen, le maréchal Haftar a lancé le 4 avril une offensive vers Tripoli (nord-ouest), siège du GNA, entité reconnue par l'ONU et la communauté internationale.

Des Libyens en gilets jaunes à Tripoli pour dénoncer le «soutien» de Paris au maréchal Haftar

Quelques dizaines de manifestants, dont plusieurs portant des gilets jaunes, ont dénoncé à Tripoli ce qu'ils ont qualifié de «soutien» de la France au maréchal Haftar dont les hommes mènent une offensive contre la capitale libyenne.

Vêtus de gilets jaunes, en référence au mouvement social qui agite la France depuis des mois, des manifestants ont protesté le 16 avril dans les rues de Tripoli en Libye contre la politique de la France vis-à-vis de leur pays.

En cause, le soutien de Paris au maréchal Haftar qui peut, selon eux, être considéré «comme une déclaration de guerre» à la Libye. «La France doit cesser de soutenir le rebelle Haftar en Libye», «la France fournit des armes aux rebelles pour le pétrole», pouvait-on notamment lire en français sur des pancartes brandies par les manifestants.

Rassemblés sur la place d'Alger au cœur de la capitale, les manifestants ont appelé à rompre les relations diplomatiques avec les pays qui «appuient l'agression», en référence à l'offensive du maréchal Haftar.

De violents combats opposent depuis le 4 avril en banlieue sud de Tripoli les forces du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, à l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Haftar qui veut s'emparer de la capitale, siège du GNA.

Paris n'a pas de «plan caché» pour mettre au pouvoir Haftar

Considérée comme un des appuis du maréchal Khalifa Haftar, au même titre que l'Egypte ou les Emirats arabes unis, la France a cependant démenti avoir soutenu son offensive sur Tripoli. Le 8 avril, une source diplomatique française avait indiqué que Paris n'avait aucun «plan caché» pour mettre au pouvoir Haftar, auquel elle «ne reconnaîtra aucune légitimité» s'il prenait le contrôle de Tripoli par les armes.

Cependant les partisans du GNA accusent Paris de bloquer notamment des résolutions condamnant l'offensive au Conseil de sécurité de l'ONU ou à l'Union européenne. «Il y a des divergences dans la position européenne, en raison du différend entre la France et l'Italie (sur la Libye)», a déclaré le 15 avril le ministre des Affaires étrangères du GNA, Mohamad Tahar Siala, alors que Rome affiche clairement son soutien au GNA.

La France est accusée par Tripoli de relayer la rhétorique de l'ANL qui justifie son attaque par le fait qu'elle cherche à combattre les «terroristes» à Tripoli, selon une source gouvernementale à Tripoli qui a requis l'anonymat. En 2016, la France avait dû annoncer la mort de trois de ses militaires dans un accident d'hélicoptère en Libye, où ils menaient une mission de renseignement auprès des forces du maréchal Haftar.