Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 16 juin 2017

Abou Bakr al-Baghdadi aurait été éliminé par l'aviation russe


Le ministère russe de la Défense a indiqué, ce 16 juin, qu’un raid aérien, mené par ses forces déployées en Syrie, a visé une réunion de cadres de l’État islamique (EI ou Daesh) près de Raqqa, à la fin du mois de mai.

« La vérification des informations a permis d’établir que le but de cette rencontre était l’organisation de convois de sortie pour les combattants de Raqqa via le ‘corridor sud' », précise le communiqué russe. Après un vol de reconnaissance effectué par un drone, des bombardiers tactiques Su-34 « Fullback », accompagnés par des avions multi-rôle Su-35 « Flanker E » ont visé, le 27 mai, le lieu de cette réunion.

Toujours selon Moscou, cette frappe aurait tué une « trentaine de chefs de guerre et jusqu’à 300 combattants » ainsi que plusieurs « hauts dirigeants » jihadistes, dont Souleimane al-Chawakh, le chef de la sécurité d’Abou Bakr al-Baghdadi, l’émir de Daesh, et Abou al-Hajji al-Masri, l’émir de Raqqa.

Mais plus encore, le communiqué du ministère russe de la Défense précise que, « selon les informations qui sont en cours de vérification par différents canaux », le chef de Daesh aurait également été « présent » à cette réunion. D’où les verification pour s’assurer de sa mort.

Seulement, la télévision d’État syrienne, citée par des médias iranien, a récemment affirmé qu’al-Baghdadi aurait été tué le 10 juin, lors d’un raid mené par la force aérienne syrienne.

Cela étant, Abou Bakr al-Baghdadi a déjà été donné pour mort à plusieurs reprises. D’où la prudence de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis au sujet de l’information donnée par Moscou. Le colonel Ryan Dillon, son porte-parole, a ainsi dit « ne pas être en mesure de confirmer pour le moment » le sort du chef de Daesh.

Par ailleurs, il a été rapporté que les cadres dirigeants de l’organisation jihadiste s’étaient repliés dans la province de Deir ez-Zor, en prévision de l’offensive que s’apprêtaient à lancer les Forces démocratiques syriennes (FDS) contre leur fief de Raqqa. Qu’autant d’entre-eux se soient retrouvés dans un même lieu, près de Raqqa, peut sembler étonnant.

Qui plus est, selon Hicham al Hachimi, auteur du livre intitulé « Le monde de Daesh » et cité par l’agence Reuters en mars dernier, al-Baghdadi ne se déplacerait que dans une zone contrôlée par les tribus sunnites au nord de l’Euphrate, c’est à dire entre la ville de Baadj, dans le nord-ouest de l’Irak, et celle d’Albou Kamal, en Syrie.

« C’est leur région historique, ils connaissent la population et le terrain, on s’y procure facilement nourriture, eau et carburant et les espions sont plus faciles à repérer que dans les zones densément peuplées », avait-il expliqué. Aussi, le chef de l’EI aurait-il pris le risque de s’exposer en se rendant à Raqqa?

En outre, l’élimination d’une « trentaine » de hauts dirigeants de l’EI aurait fait beaucoup de bruit, sachant qu’il est dans l’usage de l’organisation de ne pas cacher la mort de ses chefs. Mort qui est généralement « promue, comme le souligne Wassim Nasr, un journaliste de France24, spécialiste de la mouvance jihadiste.