Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 17 janvier 2017

Qui a abattu l'ermite des alpages Willy Spitznagel ?




Fin août 1999 disparaissait au-dessus de Grandvillard Willy Spitznagel, un garde-génisses retraité. Deux mois plus tard, le corps du malheureux était retrouvé, criblé de grenaille.

Le 21 août 1999, Willy Spitznagel (photo ci-dessus), un garde-génisses retraité de 65 ans, est porté disparu. Fortement asthmatique, l’homme a été vu pour la dernière fois au chalet d’alpage du Gros-Mont-Martin, au-dessus de Grandvillard. Durant plusieurs jours, la police ratisse en vain le secteur.

Le malheureux n’est finalement retrouvé que le 9 octobre. Par hasard. Un bûcheron butte tout d’abord sur son crâne, puis le reste de son corps est découvert à moins de dix mètres. Fortement décomposé, le cadavre est dissimulé sous un amas de pierres et de branchages.

L'endroit ou la tête du malheureux fût retrouvé


C'est ici que son corps gisait


La thèse du meurtre s’impose rapidement. L’autopsie ne tarde d’ailleurs pas à la confirmer: Willy Spitznagel a été abattu d’une décharge de grenaille dans le dos, tirée à bout portant.

Les soupçons du juge d’instruction Jacques Rayroud se dirigent rapidement vers l’amie de la victime, une retraitée domiciliée à La Tour-de-Trême. Celle-ci est placée en détention préventive le 20 oc-tobre pour «éviter tout risque de collusion». Elle ressort de prison un mois plus tard, faute de preuves.

En février 2000, la principale suspecte se confie à un journaliste de L’Hebdo: «Ils ont appris, en interrogeant les enfants, que Willy avait deux fusils de chasse ici, chez moi, chez nous, mais je m’en suis débarrassée après la disparition», in-dique-t-elle, tout en refusant de préciser où, ni pourquoi.

Depuis, l’enquête a suivi son cours. Mais sans succès.

Deux ans après la disparition de la victime (2001), le juge d’instruction Jacques Rayroud s'est confié.

Jacques Rayroud: 

Les investigations n’ont toujours pas permis de confondre le ou les auteurs du délit. Pourtant, d’importants moyens ont été mis en œuvre. La Police de sûreté a procédé a plus de 100 auditions et j’en ai moi-même effectué 15. Deux commissions rogatoires ont encore été menées à l’étranger (Portugal). Au-jourd’hui, j’arrive au bout de mes investigations.

On n’a effectivement pas grand-chose: pas de nouveau suspect, pas de mobile, pas d’arme du crime… Aucun élément ne permet de reconstituer les circonstances de cette affaire avec précision. Mais je peux vous garantir que nous n’avons pas lésiné sur les moyens et que l’enquête a été parfaitement menée.

– Quelles difficultés avez-vous rencontrées?

La principale, c’est que le corps n’a été découvert qu’après deux mois. Je vous passe donc les détails de l’état dans lequel on l’a retrouvé… Tout ce que l’institut médico-légal a pu démontrer, c’est qu’il y a bien eu intervention d’un tiers. En plus, avec le temps qui s’écoule, les témoins ont tendance à oublier des faits et l’auteur du crime se met en confiance. Enfin, le délit a été commis dans un milieu agricole, où les langues se délient difficilement…

– D’autres personnes ont-elles été arrêtées ou simplement suspectées?

Non, aucune. Nous avons pourtant exploré beaucoup de pistes, même celle d’un éventuel meurtrier en série. Mais aucun cas analogue n’a été signalé dans les autres cantons ces dix dernières années.

– Etes-vous parvenu à tirer au clair le mystère de la disparition des deux fusils appartenant à la victime?

Là encore, je ne peux rien faire. La procédure pénale offre à la personne faisant l’objet d’une instruction «le droit de se taire». C’est ce qu’a fait l’amie de la victime

– Croyez-vous encore pouvoir confondre le ou les meurtriers?

Tout ce que je peux dire, c’est qu’on souhaite à tout prix résoudre cette énigme. Au moins pour rassurer les gens de la région. Ne pas y parvenir équivaudrait à un échec personnel. Disons plutôt à un échec tout court… Pour l’heure, nous avons exploité tous les éléments à notre disposition. Mais je n’exclus pas d’en voir apparaître de nouveaux .

Pour un juge d’instruction, une telle affaire est passionnante à traiter. Mais en l’absence de coupable, elle me reste en travers de la gorge! J’en profite pour lancer un dernier appel aux témoins: il existe peut-être des gens qui ont vu ou qui savent quelque chose. Si je n’ai pas la possibilité juridique de les forcer à parler, ils en ont par contre l’obligation morale.

– Dans quelle mesure une telle enquête peut-elle ensuite être rouverte?

A tout moment, si des faits nouveaux apparaissent ou si une personne se décide soudain à parler. Si l’on retient le meurtre comme qualification juridique, la prescription peut aller jusqu’à dix ans. Mais dans la mesure où il y a des actes d’enquêtes, elle peut être interrompue et reportée jusqu’à quinze ans à compter du meurtre.

– Le système actuel vous permet-il de mener votre travail comme vous l’entendez?

Pour une affaire de meurtre, on se donne évidemment tout le temps et les moyens nécessaires, parfois au détriment d’autres dossiers, qui s’en trouvent ainsi retardés. Mais on n’a guère le choix. Si le système est effectivement meilleur qu’auparavant, il n’en est pas encore parfait pour autant. Nous demandons du personnel supplémentaire.


Soupçonnée, son amie témoigne

Dans son appartement de La Tour-de-Trême, Teresa (prénom d'emprunt) feuillette chaque jour l'album des photos-souvenirs de ses dix-sept ans de vie commune avec Willy. Cela fait partie des actes rituels qui ponctuent son deuil, un acte banal, commun à tous ceux et celles qui ont perdu un être cher. Sauf que Willy Spitznagel, 65 ans, ancien garde-génisses, est mort assassiné, le 21 août dernier. C'était dans un alpage de la Gruyère, dans des conditions mystérieuses qui n'ont pas fini de hanter la vie de Teresa et qui la hanteront tant qu'elle se sentira suspectée d'être l'auteur de ce meurtre aussi atroce qu'étrange. Comment imaginer que cette petite femme rondelette de 63 ans à l'air si tranquille, si inoffensif, puisse avoir tué sauvagement, d'une décharge de grenaille tirée dans le dos, le seul être cher qu'elle avait au monde?

La justice, comme la nature, a horreur du vide. Dans ses annales endormies, les meurtres non élucidés sont comme autant de remuants fantômes atteints d'insomnies. Avant de classer l'affaire Spitznagel, le juge fribourgeois chargé de l'enquête a jeté son dévolu sur Teresa, un soupçon qui lui a déjà valu près de trente jours de prison. «Je me sens constamment surveillée, j'ai été convoquée pour de nouveaux interrogatoires depuis ma libération, la police est revenue chez moi, a fouillé mon appartement, je dors mal la nuit, oui c'est très pénible, raconte-t-elle d'une voix presque atone qu'elle s'efforce de rendre sereine en caressant machinalement son chien. J'ai ressassé des centaines de fois le calendrier de ce cauchemar en essayant d'imaginer toutes les versions possibles. Je ne trouve pas le moindre début d'explication.»

Samedi 21 août, Willy disparaît de son modeste chalet de Gros-Mont-Martin, sur les hauteurs de Grandvillard, en Gruyère, où, voué depuis toujours à la vie au grand air des alpages, il passe l'été. Sa disparition provoque l'émotion générale parmi les occupants des chalets voisins. Tout le monde sait que Willy, pensionné de l'assurance invalidité depuis plusieurs années, est asthmatique et qu'une crise, au bout d'une marche un peu trop longue, peut lui être fatale.

«J'ai craint le pire»

Teresa, avec qui il passe plus de la moitié de l'année à La Tour-de-Trême, est montée le rejoindre en voiture comme chaque week-end en été. «Je supportais mal l'inconfort de son chalet, propre et bien tenu mais rudimentaire, précise-t-elle, et de toute façon, il aimait passer ses semaines d'été seul; il m'attendait les week-ends et cela nous convenait, explique-t-elle . Moi aussi j'ai craint le pire, tout en pensant qu'il avait pu s'attarder quelque part chez quelqu'un, cela lui arrivait parfois, mais il m'aurait laissé un message.» Pas très alerte, elle se hasarde dans les alentours escarpés du chalet en espérant voir son chien flairer une piste. Les recherches s'activent et tout le monde y participe, policiers, paysans voisins et autres habitants de la vallée. On explore les forêts, les lieux et les chemins où a pu se déplacer ce grand gaillard à la barbe poivre et sel et à l'air robuste, mais néanmoins malade. Les recherches se poursuivent mais, au fil des jours et des semaines, les plus obstinés finissent par se résigner à l'idée que Willy est mort d'un accident ou foudroyé par une crise, et que son corps gît quelque part dans ce paradis de rochers, de verdure et de sapins qu'il aimait tant et qui étaient sa raison de vivre. «J'ai fini par me résigner moi aussi, précise Teresa, à cette quasi-certitude d'une mort plus ou moins naturelle et j'ai commencé mon deuil.»

Ni Teresa ni personne ne s'attendait à la macabre découverte du 9 octobre, là-haut dans les alpages alors désertés par le bétail et les bergers. Ce jour-là, un samedi, Aloys Borcard, bûcheron, est monté de la vallée en voiture pour enlever des sapins tombés en travers d'un torrent, au lieu dit Cierna Novala. C'est là que le hasard le fait buter sur ce qu'il croit d'abord être un caillou avant de découvrir qu'il s'agit d'un crâne. Et de penser, malgré son état de décomposition avancée, que c'est le crâne de Willy. Aussitôt alerté par le téléphone mobile du bûcheron, le lieutenant de préfet se rend sur les lieux où les deux hommes trouvent, dans un bosquet, un morceau de tissu laissant supposer que le cadavre n'est pas loin, le crâne en ayant été sans doute arraché par un animal sauvage. En effet, découvert par les enquêteurs peu après leur arrivée, le corps de Willy gît à quelques mètres, sous un amas de branchages et de pierres. L'hypothèse d'une mort naturelle s'efface, comme celle du suicide, d'autant qu'une fourmilière recouvre ce sinistre linceul, déposée sciemment pour, sans doute, hâter la décomposition du cadavre. La thèse du meurtre s'impose, confirmée par l'autopsie: Willy Spitznagel a été abattu d'une décharge de grenaille, tirée dans le dos à bout portant. Par qui et pourquoi?

Cette lancinante question se pose dans la plupart des enquêtes concernant des meurtres inexpliqués. Elle risque de rester longtemps sans réponse à propos du lâche assassinat de cet homme des bois qui ne voulait et ne faisait de mal à personne et qui n'avait pas d'ennemi. Ceux qui le connaissaient à Grandvillard sont unanimes à le confirmer et à répéter jusqu'à s'en lasser que c'était un bon type apprécié de tous, comme le montrent des témoignages publiés par le journal «La Gruyère». Tout le monde le connaissait à Grandvillard, où il descendait parfois de l'alpage à bord de son vieux tracteur rouge, son seul moyen de locomotion, pour prendre un verre au Pic-Vert ou au Vanil-Noir, quand sa solitude d'ermite lui pesait un peu trop. Mais jamais personne ne l'avait vu ivre.

Alexandre Raboud, agriculteur retraité, le rencontrait plus souvent là-haut que dans la vallée. Bouleversé par sa mort tragique, il s'est juré de ne plus en parler depuis qu'il a été longuement interrogé par le juge. «Ne m'obligez pas à ressasser ce drame tellement horrible, j'ai dit tout ce que je pouvais dire de cet homme; interrogez la police, oui je sais, elle ne vous dira rien», s'énerve-t-il, juché sur son cheval, un robuste franches-montagnes. Il revient de l'alpage et une fois de plus il a passé tout près du lieu du crime. «Bon, oui, Willy, qu'est-ce que je peux en dire, sinon du bien, finit-il par consentir à déclarer devant une bière au Pic-Vert. C'était le meilleur des hommes. Un peu taciturne, plutôt bourru, mais qui se déridait quand il se sentait en confiance. Susceptible, il s'emportait vite quand quelque chose ne lui plaisait pas dans une discussion, mais ça ne durait pas.» L'été précédant celui de sa mort, Alexandre Raboud l'avait hébergé pendant six semaines dans son chalet plus confortable. «J'avais été étonné qu'il accepte, se souvient-il. Ça lui avait fait du bien. Je n'arrive pas à admettre qu'on l'ait tué. Peut-être faudrait-il chercher dans son passé, quelqu'un qui lui voulait du mal, mais qui?»

Né dans le Jura bernois, Willy Spitznagel avait depuis longtemps coupé les ponts avec son passé. Père de famille nombreuse, il avait élevé ses six enfants, qui vivent dispersés en Suisse alémanique, avant de divorcer et de rompre toute relation avec son épouse. Il n'avait conservé des liens qu'avec deux d'entre eux, qui s'étaient rendus en Gruyère pour participer aux recherches après sa disparition. Moutonnier dans les Grisons et dans le Jura soleurois, où il avait rencontré Teresa, il s'était installé en Gruyère il y a une dizaine d'années pour travailler comme garde-génisses et au soin du bétail à la ferme, un emploi qui lui permettait de mieux supporter son asthme. Sa santé déclinant, il avait dû quitter la région, trop escarpée, pour s'installer cinq années plus tard dans le Jura vaudois, plus propice. «C'est à cette époque que j'ai fait sa connaissance, explique Christian Germann, agriculteur retraité à La Praz. J'ai passé de bons moments à discuter avec lui, on refaisait le monde. Sa compagne le rejoignait chaque week-end. Ils nous ont rendu plusieurs fois visite depuis le retour de Willy en Gruyère, il y a trois ans.»

«Tellement absurde»

C'est là qu'il avait décidé de passer sa vie de retraité, l'été dans son gîte de Gros-Mont-Martin, le reste de l'année à La Tour-de-Trême avec Teresa, devenue sa compagne il y a dix-sept ans, alors qu'elle travaillait comme serveuse dans un restaurant de montagne du Jura soleurois. «J'étais stupéfait quand j'ai appris qu'elle était suspectée, ça me paraît tellement absurde!» tranche Christian Germann.

Teresa n'a été informée par la police de la découverte du corps de Willy que le surlendemain: «Ils sont venus chez moi et m'ont d'abord demandé: "Selon vous, il est mort comment?", avant de me dire qu'il avait été tué d'un coup de fusil de chasse à bout portant.» Au fil des jours suivants, elle apprendra que tous les proches et familiers de Willy ont été interrogés pour les besoins de l'enquête, de Christian Germann à Alexandre Raboud et autres habitants de Grandvillard en passant par les membres de la famille, y compris son ex-épouse avec laquelle il n'avait aucune relation depuis leur divorce, et les trois enfants de sa fille, qui, peu avant sa disparition, avaient passé leurs vacances scolaires d'été avec lui au chalet de Gros-Mont-Martin. «Je n'imagine pas qu'une seule de ces personnes puisse être suspectée ou puisse conduire à une piste, estime Teresa, avant d'ajouter: il n'y a qu'un suspect et c'est moi.»

Cette suspicion porte sur un détail qui n'est pas mince mais dont elle parle volontiers sans avoir l'air d'en mesurer le poids: «Ils ont appris, en interrogeant les enfants, que Willy avait trois fusils de chasse ici, chez moi, chez nous, mais je m'en suis débarrassée après sa disparition». Pour les planquer où? «Ah! ça, c'est ce que je ne peux pas dire», répond-elle avec une candeur pour le moins étonnante. Est-ce ce détail qui lui vaut l'obstination de Jacques Rayroud, décidé à en découdre avec elle au point de la faire arrêter le 20 octobre et de la garder en cellule jusqu'au 18 novembre? «Tant que je ne dirai pas ce que j'ai fait de ces fusils, il me suspectera, je le sais, affirme-t-elle, c'est terrible pour moi, mais je ne peux pas le dire.» Et pourquoi donc? «Cela non plus je ne peux le dire. Ça peut paraître bizarre, j'en suis consciente, mais c'est comme ça.»

Derrière sa tranquille candeur qui paraît tellement naturelle, Teresa cache-t-elle un terrible secret qui serait la clef du mystère? Personne, parmi les familiers de Willy, ne la croit coupable ni même concernée par ce meurtre. «C'était un couple si tranquille, ils tenaient tellement l'un à l'autre, j'en suis témoin», affirme Alexandre Raboud en reconnaissant que cette affaire de fusils est pour le moins bizarre.

La police a fouillé son deux-pièces et demie et lui a confisqué son agenda, des carnets de notes. Trois jours après sa sortie de prison, la dépouille de Willy, rongée par la vermine, a été incinérée à Lausanne en présence de Teresa. C'est elle aussi qui a organisé ses obsèques, le 2 décembre au temple de Bulle. Elle était entourée d'un fils de Willy et son épouse, de sa fille Sonia et ses trois enfants. A l'écart, se tenaient deux policiers. «Sans doute sur ordre du juge, pour me montrer qu'il ne m'oubliait pas», murmure-t-elle dans un soupir de lassitude en fermant l'album des photos-souvenirs.

Une fourmilière recouvre ce linceul, déposée pour hâter la décomposition du cadavre.



Le juge clôt l’instruction

Pas de mobile, pas d’arme du crime, encore moins de coupable: en 2003, le juge en charge de l’affaire clôt l’instruction. «Les nombreuses investigations n’ont en effet pas permis d’identifier l’auteur du crime, respectivement d’établir la réalisation d’un comportement coupable de l’amie du défunt», communique Jacques Rayroud.

Affaire classée? L’issue était attendue, tant l’enquête s’est révélée fastidieuse dès son lancement. Parmi les principales difficultés rencontrées par la police figurent notamment les conditions de la découverte du corps du sexagénaire, près de deux mois après les faits, qui ont d’emblée rendu difficile la recherche d’indices. «Qui plus est, le meurtre a eu lieu dans un milieu où les langues se délient difficilement», relevait il y a deux ans le juge d’instruction dans une interview accordée à La Gruyère.

Deux fusils sur trois restitués

Au cours de l’instruction, les inspecteurs de la Police de sûreté ont entendu plus de cent personnes. Quant au juge d’instruction, il a conduit 15 auditions et confrontations. En vain. Même le recours aux services d’un entomologiste, l’envoi de deux commissions rogatoires aux autorités judiciaires française et portugaise ainsi que la mise en œuvre de nombreuses perquisitions n’ont pas permis de confondre l’auteur du crime.

Le 25 février dernier, pourtant, un coup de théâtre aurait pu relancer l’enquête: trois ans et demi après les faits, l’amie du défunt a finalement restitué deux des trois fusils appartenant au teneur d’alpage, alors qu’elle avait jusqu’ici refusé d’indiquer aux enquêteurs où elle les avait entreposés. Or, «les examens effectués sur ces armes n’ont révélé aucun élément probatoire», précise Jacques Rayroud. En d’autres termes, l’arme du crime ne se trouvait pas parmi celles qui ont été restituées.

Le défenseur de l’amie de la victime, Me Christophe Maillard, a pris acte du classement de l’instruction. Pour l’heure, il n’entend pas donner suite à l’affaire. «En tout cas, il n’est pas question de faire appel, relève l’avocat bullois. Ma cliente en a assez de cette histoire.» Tout au plus réserve-t-il sa décision quant à une éventuelle demande d’indemnités, liée au mois de détention préventive qu’a vécue l’amie de Willy Spitznagel à la fin de l’année 1999.

Le fait que deux des fusils appartenant à la victime aient été finalement restitués? «L’expertise psychiatrique qu’a subie ma cliente l’an dernier l’a décrispée face à la justice, explique Me Maillard. Elle a fait le nécessaire pour les récupérer afin de prouver qu’ils n’avaient pas servi.» Quant au sort réservé à la troisième arme: «C’est à la demande même de son ami que ma cliente la lui avait apportée à son chalet, peu de temps avant le crime. Depuis, elle a disparue…»

Marc Valloton