Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 19 janvier 2017

Daech a perdu près d'un quart de son territoire en 2016 et se n'est pas fini



Daech a perdu en 2016 près du quart (23%) du territoire qu'il contrôlait en Irak et en Syrie. Un recul qui menace sa "cohésion", selon une étude publiée ce jeudi 19 janvier par le cabinet d'analyse IHS Markit.

Entre le mois de janvier 2016 et la fin de l'année, la superficie du "califat" proclamé par Daech sur ces deux pays est passée de 78.000 km2 à 60.400 km2, soit une zone représentant la moitié d'un pays comme la Corée du Nord, explique cette firme basée à Londres.

En 2015, le territoire contrôlé par les jihadistes avait déjà fondu de 14%, passant de 90.800 km2 à 78.000 km2.

Perte de "zones cruciales pour le projet" de Daech

L'EI "a souffert de pertes territoriales sans précédent en 2016, notamment des zones cruciales pour le projet de gouvernance du groupe", souligne un analyste d'IHS, Columb Strack, cité dans l'étude.

"Et ceci, a-t-il souligné, malgré la reconquête en décembre de Palmyre", la ville syrienne antique inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité, reprise par les jihadistes après une contre-attaque éclair.

Comme le souligne IHS, l'EI n'en a pas moins connu en 2016 une série d'échecs militaires, perdant en Syrie les villes de Dabiq ou Minbej, et en Irak celles de Ramadi ou Fallouja.

Selon IHS, les pertes territoriales enregistrées par l'EI ont entraîné des dissensions en interne sur la manière d'y répondre, qui menacent la "cohésion" du groupe. "Cela fait peser sur le groupe Etat islamique le risque de défections vers des groupes jihadistes rivaux en Syrie, ou même d'un possible éclatement interne" de l'EI, estime un autre expert d'IHS, Ludovico Carlino.

Mossoul reprise plus tôt que prévue?

Alors que des responsables militaires ont annoncé mercredi la libération de la partie est de Mossoul, IHS estime que la ville irakienne pourrait être complètement reprise "avant la seconde moitié de l'année".

La reconquête de Raqa, en Syrie, pourrait s'avérer plus problématique, avance également IHS en soulignant que la ville constitue "le coeur de l'Etat islamique".

IHS estime qu'il faudra probablement pour en chasser les jihadistes en 2017 "une vaste intervention au sol" menée par un acteur extérieur comme les Etats-Unis, la Turquie ou la Russie, et celle des forces du président Bachar Al-Assad.

Les Etats-Unis veulent appuyer sur l'accélérateur

Dans ce contexte, le Pentagone prépare les options qui pourront être présentées à Donald Trump pour accélérer la campagne militaire contre le groupe Etat islamique, conformément aux voeux exprimés par le nouveau président américain pendant sa campagne.

Donald Trump a promis de "bombarder à mort" l'EI et a affirmé avoir un plan secret pour vaincre rapidement les jihadistes.

Le président élu, qui prendra ses fonctions vendredi, a aussi dit qu'après son arrivée au pouvoir il réunirait ses principaux généraux et leur donnerait "30 jours" pour préparer un "plan pour vaincre le groupe Etat islamique".

Un responsable américain de la Défense, interrogé par l'AFP sous couvert d'anonymat, n'a pas exclu que des soldats supplémentaires puissent être envoyés en Syrie.

La partie Est de Mossoul «libérée»

Alors que l'organisation terroriste contrôle toujours la partie ouest de son bastion irakien, l'Est de Mossoul a été entièrement libéré, trois mois après le début de l'offensive pour la reprise du bastion djihadiste.

Le général Talib al-Sheghati, responsable irakien des unités d'élite du contre-terrorisme, a annoncé «la libération [...] de la rive gauche» de Mossoul en référence à la partie est de la métropole du nord de l'Irak, coupée en deux par le fleuve Tigre.

«Les secteurs importants» de l'Est de la ville, devenue l'un des bastions de Daesh, sont désormais sous le contrôle des forces gouvernementales, a-t-il affirmé, précisant qu'il restait quelques djihadistes à déloger d'une petite zone dans le nord de cette partie de Mossoul.

Des dizaines de milliers de combattants irakiens et kurdes irakiens avaient lancé le 17 octobre une opération militaire de grande envergure pour reprendre à Daesh son dernier grand bastion en Irak, avec l'appui de la coalition internationale menée par Washington.

Le groupe djihadiste, responsable de nombreuses atrocités dans les territoires qu'il contrôle en Syrie et en Irak, s'était emparé de Mossoul en juin 2014, à la faveur d'une offensive dans le nord et l'ouest de l'Irak, et y avait autoproclamé un «califat».

Selon le Centre européen pour le renseignement stratégique et la sécurité, un think tank indépendant d'analyse du terrorisme, deux membres de Daesh de nationalité belge et française auraient été tués dans les opérations.

Destinées à l'opposition, les armes finissent parfois chez les terroristes de Daesh

La coalition dirigée par les Etats-Unis a effectué des parachutages d'armes à l'opposition syrienne à maintes reprises. Cependant, ces missions ne se sont pas toujours déroulées comme prévu.

En octobre 2014, un de ces parachutages avait finalement atterri entre les mains des terroristes de Daesh, qui avaient publié une vidéo se vantant d'avoir récupéré les armes destinées aux forces kurdes luttant contre les djihadistes qui assiégeaient à l'époque la ville syrienne de Kobané.

Le porte-parole du Pentagone, le colonel Steven Warren, avait déclaré plus tard que deux cargaisons d'armes avaient été perdues, l'une ayant été détruite lors d'une frappe aérienne, tandis que l'autre aurait été égarée et récupérée par les forces ennemies. «Il y aura toujours une certaine marge d'erreur dans ce type d'opération», avait alors déclaré le colonel américain.

En décembre 2016, le président américain Barack Obama a accordé une dérogation pour certaines des restrictions à la livraison d'une aide militaire aux «forces étrangères, forces irrégulières ou groupes d'individus», à condition qu'ils appuient les prétendus efforts antiterroristes américains en Syrie.

Réagissant à cette décision de la Maison Blanche, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a mis en garde contre le danger qu'une quantité importante d'armes destinées à l'opposition ne se retrouve en possession de Daesh.

Une telle situation représenterait «une grave menace non seulement pour la région, mais pour le monde entier», a-t-il averti.

«L'administration de Barack Obama doit comprendre que toute arme donnée [aux «rebelles»] va rapidement terminer dans les mains des djihadistes, avec lesquels collabore depuis longtemps la prétendue opposition "modérée"», avait quant à elle ajouté la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.