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jeudi 12 janvier 2017

Armée/police : des cas de radicalisation peu nombreux mais inquiétants…


Originaires de tous les milieux sociaux, et le plus souvent en rupture avec les convictions et les pratiques religieuses de leurs parents, de jeunes Français cherchent un cadre religieux stable et lisible, ainsi que des repères éthiques pour leur vie quotidienne. Ils décident donc, pour certains et certaines d’entre eux, de se convertir ou de redécouvrir, par le biais de la radicalisation, une religion qu’ils ne connaissent pas ou plus. Une erreur grave serait de ne voir dans leur comportement que l’expression de l’exclusion sociale. De même, le fait que, pour un certain nombre d’entre eux, ils aient souvent fréquenté, des années durant, le milieu de la petite délinquance, n’explique nullement en quoi ils se convertissent soudainement et se radicalisent non moins rapidement. Les passages en prison peuvent expliquer une partie du phénomène mais pas la démarche globale.

Il en est pour preuve les témoignages de radicalisations observées au sein des administrations et de l’armée. Ce sujet, rarement évoqué tant il est porteur de nombreuses interrogations et source de réelles préoccupations pour les pouvoirs publics, est pourtant bien une réalité. Ainsi, si les policiers et les militaires sont régulièrement les cibles privilégiées des attentats terroristes, il arrive également qu’ils puissent en être les auteurs. L’assassinat, il y a peu, de l’ambassadeur de Russie à Ankara, en Turquie, par un policier ayant appartenu aux forces anti-émeute turques, en constitue l’exemple le plus significatif et le plus récent.

La question de savoir si un tel événement serait susceptible de se produire en France ne peut donc qu’être posée. Cette hypothèse, bien concrète, a été prise au sérieux, puisqu’un rapport parlementaire a été réalisé et diffusé, évoquant le cas d’une cinquantaine de dossiers de radicalisation observés au sein de l’armée française.

En 2015, un journaliste de RFI, David Thomson, révélait même qu’une dizaine d’anciens militaires – dont quelques déserteurs – se trouvaient en Syrie pour y faire le djihad.
La situation au cœur de l’administration française est, quant à elle, nettement moins nette. Le thème de la radicalisation, lorsqu’il a été évoqué, l’a été à l’occasion de quelques affaires relatives au port du voile sur les lieux de travail. Ce sujet est, d’ailleurs, le plus souvent indirectement abordé par le truchement du respect du principe de laïcité, et pas forcément au vu de ce qu’il est réellement susceptible de révéler. Ces affaires se traduisent, en général, par des procès en cascade qui voient s’affronter des positions juridiques pas toujours cohérentes entre elles, et source de nombreuses confusions.

La question de la radicalisation au sein des forces de l’ordre n’est guère plus claire. Une étude, certes remontant déjà à quelques mois, a révélé une vingtaine de cas recensés à Paris. Les individus concernés étaient de jeunes policiers, souvent issus des rangs des adjoints de sécurité (ADS), ces emplois jeunes de la police nationale, et ont pu être détectés en interne suite à des comportements significatifs révélant une radicalisation avérée et souvent caricaturale des intéressés.

Pour être apparemment peu nombreux, ces cas n’en sont pas moins inquiétants et doivent être pris réellement au sérieux. Ils justifient un suivi extrêmement rigoureux de la hiérarchie et une attention particulière de l’administration, notamment à l’occasion des recrutements.

Olivier Damien