Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 18 décembre 2016

Financement du terrorisme : vingt personnes dans le viseur de la Confédération


«Des petites fondations religieuses représentent un risque particulier dans le financement des activités terroristes en Suisse.» C'est ce que révèle le groupe d'action financière (GAFI), une organisation internationale qui lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, dans un récent rapport. Selon celui-ci, le Ministère public de la Confédération (MPC) enquête actuellement sur vingt personnes. Six procédures pénales sont en cours pour soutien à une organisation criminelle (lire encadré).

Une fondation genevoise et une association bernoise

Une porte-parole du MPC a confirmé ces informations à la «NZZ am Sonntag». Elle précise que des fondations, des associations et d'autres entités juridiques jouent un rôle indirect dans ces affaires. Parmi elles figurent notamment la fondation Alkarama, dont le siège se trouve au Grand-Saconnex (GE). En 2014, Abdul al-Naimi, un membre de l'Etat qatari, siégeait dans son conseil de fondation. Il est accusé par le gouvernement américain d'avoir versé en 2013 plus d'un demi-million de francs à al-Qaïda.

L'association des savants musulmans, basée à Berne, est elle aussi soupçonnée d'être liée à des personnes finançant le terrorisme. Son président, Abdulmuhsen al-Mutairi, membre de l'Etat du Koweït, est dans le viseur des autorités américaines depuis le printemps dernier. Il serait lié d'une manière ou d'une autre au terrorisme.

Aucune autorité de surveillance

Malgré tout ça, on ignore actuellement à quel point le financement du terrorisme est répandu en Suisse. «On ne le sait pas», confirme à la «NZZ am Sonntag» Daniel Thelesklaf, ancien chef du bureau de communication en matière de blanchiment d'argent. «Il n'existe aucune autorité de surveillance qui contrôle toutes les institutions d'utilité publique de Suisse. Seuls les bureaux des contributions ont accès à leurs flux financiers.»

Monika Roth, professeure en droit des marchés financiers à la Haute école de Lucerne, explique: «Le risque que la place financière suisse soit utilisée pour financer le terrorisme n'est pas en soi plus élevé ici qu'ailleurs. Mais vu sa grande importance, la probabilité qu'elle soit utilisée à ces fins est plus grande.»

ATS