Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 6 décembre 2015

le «PNR» est en marche





«PNR» pour Passenger Name Record. C'est à ce nom que répondra le nouvel outil anti-terroriste aérien conclu par les ministres de l'Intérieur réunis à Bruxelles ce 4 décembre 2015.

Cet accord est censé lever les dernières réserves du Parlement européen. Celui-ci trouvait trop longue la période pendant laquelle les Etats voulaient conserver les données des passagers sans en masquer les aspects les plus sensibles.

«Après tant d'années de discussions, nous avons enfin pu trouver un accord sur un PNR européen», s'est félicité le ministre luxembourgeois de l'Intérieur, Etienne Schneider. Son pays assure la présidence du Conseil de l'UE.

Le «PNR» (Passenger Name Record, en anglais) est un registre de données devant permettre de mieux retracer les itinéraires aériens des apprentis terroristes, à partir d'informations que les compagnies aériennes devront transmettre aux Etats.

Rétention de six mois

Sur la table depuis 2011, après une proposition de directive de la Commission, le dossier butait sur des divergences entre les Etats membres et le Parlement européen. Mais la pression pour une conclusion rapide s'est accentuée après les attentats de Paris.

«Dans un esprit constructif, les Etats membres ont déclaré leur accord sur un délai de rétention de six mois», comme le demandaient les eurodéputés, a expliqué Etienne Schneider, après une réunion avec ses homologues des Etats membres de l'Union.

La France souhaitait initialement une durée d'un an, mais elle a accepté d'être plus flexible sur ce point. «Nous avons obtenu l'engagement de tous les Etats membres pour que tous les vols intra-européens et les vols charters soient inclus» dans le champ du PNR, a surtout souligné le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Élément d'enquête

La commission parlementaire chargée du dossier doit désormais se prononcer le 10 décembre sur l'accord proposé par les Etats membres, avant un vote des eurodéputés en séance plénière au début de 2016.

Si elle est adoptée, la directive devra ensuite être transposée dans tous les Etats membres. Chacun disposera ainsi de son PNR, et devra partager le résultat de l'analyse des données recueillies avec les autres pays dans des conditions qui restent à préciser.

L'objectif est de pouvoir identifier des personnes n'ayant pas forcément de lien connu avec le terrorisme, mais dont l'analyse des données pourraient suggérer leur implication et déclencher des enquêtes.

En Tunisie également la traque aux terroristes se poursuit, après les attentats du 24 novembre. La police y a arrêté deux djihadistes présumés qui préparaient des attentats dans la capitale, Tunis, a annoncé le ministère de l'Intérieur vendredi.

Gérer la frontière extérieure de Schengen

Dans l'après-midi, les ministres ont commencé à se pencher sur un dossier, encore plus épineux, lié à la crise migratoire, qui n'en finit pas d'ébranler l'unité de l'Europe. La Grèce, principale porte d'entrée des migrants dans l'Union, est la cible de reproches croissants sur son incapacité à gérer la frontière extérieure de l'espace Schengen.

Plusieurs dirigeants européens ont exprimé publiquement leur crainte de voir remise en question la libre circulation dans cette zone.

Les frontières extérieures ne jouant plus leur rôle de filtre, des pays comme l'Allemagne et l'Autriche ont rétabli des contrôles provisoires à leurs frontières. Le code Schengen les y autorise, mais pour une durée maximale de six mois.

Frontex

Face à une situation qui ne s'améliore pas, la présidence luxembourgeoise a donc mis sur la table des ministres une réflexion sur une possible prolongation jusqu'à deux ans.

L'Union européenne pourrait autoriser l'agence Frontex à assurer la surveillance des frontières d'un Etat membre afin de protéger l'espace Schengen, a-t-on par ailleurs appris vendredi de sources diplomatiques à Bruxelles. Une telle décision devrait susciter une vive opposition de la part de certains pays soucieux de préserver leur souveraineté.

ATS