Le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert a critiqué «des manquements techniques et d'organisation» de la part du BND Crédits photo : ODD ANDERSEN/AFP
Les services de renseignements allemands sont de nouveau au centre d'un scandale. Jeudi, le Spiegel a révélé un nouveau faux pas du BND, qui semble avoir largement outrepassé son mandat. Depuis plus de dix ans, l'agence coopère avec la NSA pour surveiller certaines cibles. Mais ce qui devait être cantonné aux actions antiterroristes s'est étendu à d'autres domaines.
Dans sa quête d'information, le renseignement américain s'est intéressé à des grands groupes industriels sensibles comme EADS ou Eurocopter, à des responsables politiques allemands ou à l'administration français, écrit Der Spiegel, sans donner plus de détails. Selon le journal, le BND l'y a aidé.
Techniquement, la NSA demandait au BND de surveiller certaines adresses électroniques IP ou des numéros de téléphone particuliers. Mais les renseignements allemands n'ont pas cherché à vérifier systématiquement la nature des cibles identifiées par les Américains. Plus de 40.000 données auraient été collectées selon la presse allemande, sans lien avec l'antiterrorisme.
Plus de 40.000 données auraient été collectées
L'affaire a atterri sur le bureau de la chancelière sans attendre. Le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert a critiqué «des manquements techniques et d'organisation» de la part du BND. L'opposition au Bundestag a réclamé la démission du chef des services de renseignements Gerhard Schindler. «C'est trop tôt», temporise cependant un membre de la commission d'enquête au Bundestag sur les écoutes de la NSA. «Il faut en savoir davantage». «Le procureur général va enquêter», a annoncé vendredi le président de la commission, le député Patrick Sensburg. Quoi qu'il en soit, ce nouvel épisode dans le scandale des écoutes de la NSA, qu'Angela Merkel et son gouvernement trainent comme un boulet, ébranle déjà la grande coalition.
Depuis la révélation des écoutes américaines, qui sont allés jusqu'à intercepter les communications de la chancelière, le renseignement allemand est dans la tourmente. Puis, l'année dernière ce sont des affaires d'espionnage par les États-Unis au sein même du BND qui ont été révélés. Quant à la commission d'enquête, elle s'est ensuite plainte du manque de coopération des services de renseignements, qui n'ont pas livré les documents qu'elle avait réclamés. Enfin, en début de semaine, la plus importante plateforme internet du monde, DE-CIX, installée en Allemagne, a décidé de porter plainte contre le BND en «doutant de la légalité» des opérations de surveillance informatique qu'il a menées.