Le Costa Concordia aurait transporté un chargement de cocaïne
Ni les sauveteurs, ni le personnel du chantier de démolition de Gênes où l'épave a été remorquée le 27 juillet 2014 n'ont trouvé trace à ce jour d'une cargaison suspecte. Mais d'étranges conversations entre deux parrains de la mafia intriguent les autorités.
Un peu plus de trois ans après son naufrage, le Costa Concordia n'en finit pas de faire parler de lui. Le paquebot échoué en janvier 2012 au large de l'île italienne du Giglio aurait contenu un chargement de cocaïne, selon le quotidien transalpin La Repubblica.
Des enquêteurs ont fait cette découverte via des écoutes téléphoniques réalisées sur un boss de la mafia calabraise, la ‘Ndrangheta, et l'un de ses associés. «Le bateau qui a été la risée du monde s'est également bien foutu de nous», déclarait le premier au second. Pour les enquêteurs, il ne fait aucun doute que le bateau en question est bien le Costa Concordia.
La Garde des Finances (police fiscale) avait mis sur écoutes téléphoniques Michele Rossi et Massimo Tiralongo, deux truands de la Pieuvre calabraise qui détient le quasi-monopole du trafic de poudre blanche entre la Colombie et l'Europe.
Le premier se fait appeler au téléphone «Olivia», le second «Giulia». Le premier parle d'une cargaison dont ils ont apparemment perdu la trace. «Tu te souviens de quelle marque était la princesse?», dit Olivia. Autrement dit sur quel navire elle aurait été embarquée. «Sur ce bateau qui a valu à l'Italie d'être la risée du monde» et «qui nous a pris par les fondements» (le terme employé est plus vulgaire), répond Giulia. Autrement dit le Costa Concordia, qui a fait naufrage le 13 janvier 2012 devant l'île toscane du Giglio, provoquant la mort de trente-deux personnes.
À noter que ni les sauveteurs, ni le personnel du chantier de démolition de Gênes où l'épave a été remorquée le 27 juillet 2014 n'ont trouvé à ce jour trace de cocaïne.
Pour les enquêteurs italiens, les paquebots de luxe seraient devenus un nouveau moyen d'acheminement de la drogue. Les compagnies «préférées» par les clans calabrais seraient Costa Crociere, MSC et la Norwegian Cruise Line. De nombreuses conversations feraient penser que de grosses quantités de drogue seraient embarquées à l'insu des commandants lors des escales dans des ports d'Amérique du sud ou des Caraïbes et dissimulées dans les cabines de trafiquants se faisant passer pour des touristes ordinaires. Un container a été séquestré le 27 octobre 2013 dans le port de Gênes à bord du «Famosissima» de la MSC. Le 11 mars dernier, cinq membres d'équipage du «Norwegian Sun» ont été arrêtés au moment d'embarquer sept kilos de cocaïne à Tampa, en Floride.
Selon les enquêteurs interrogés, les trafiquants auraient créé une «autoroute de la cocaïne» entre l'Amérique latine, l'Amérique du Nord et l'Europe. La drogue serait embarquée avec les réserves de nourriture et les bagages, puis récupérée et stockée par de faux touristes calabrais jusqu'à destination. Sauf imprévu.
Richard Heuzé