Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 6 mars 2015

Abou Hammam al-Chami alias al-Farouq al-Souri a été neutralisé




Grassouillet, arborant une barbe noire, Chami était un vétéran de la guerre en Afghanistan. Il avait aussi combattu en Irak avec al-Qaïda. Emprisonné pendant quatre ans au Liban, il était par la suite devenu le chef militaire d'al-Nosra. Sa mort a été confirmée vendredi par son organisation via Twitter.

L'agence de presse officielle syrienne Sana avait annoncé dès jeudi soir que le «commandant en chef du groupe terroriste Front al-Nosra, Abou Hammam Al-Chami, surnommé al-Farouq al-Souri, et plusieurs dirigeants du groupe ont été tués dans une opération de l'armée contre leur réunion à al-Hobeit», à 55 km au sud d'Idleb. Sana n'a cependant pas précisé ni la date ni la nature de cette opération.

Washington dément une implication

Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), M. Chami est mort jeudi mais des suites de blessures qui ont «peut-être» été causées par un raid aérien contre un QG du groupe djihadiste le 27 février dans la province d'Idleb. Mais là encore l'origine du raid n'a pas été détaillée.

Un militant d'Idleb, Ibrahim al-Idlibi, joint par téléphone, a confirmé la version de l'OSDH, soutenant qu'al-Chami avait été tué lors du raid du 27 février. Selon lui, «l'armée syrienne n'a pas effectué d'opération la nuit dernière dans cette région».

A Washington, le Pentagone a de son côté assuré que la coalition n'avait pas mené de frappes ces derniers jours près de cette région, mais plutôt sur celle de Deir Ezzor (est). tuant un nombre indéterminé de combattants de l'Etat islamique (EI) et deux civils, selon l'OSDH.

Débat au sein d'al-Nosra

Vendredi, plusieurs experts minimisaient la portée de la disparition de Chami. Pour Lina al-Khatib, directrice du Carnegie Middle East Center, «Al-Nosra a plusieurs chefs importants, et s'il en perd un ou davantage, il a assez de soutien populaire pour lui permettre de continuer son existence». Elle ajoute: «comme cette organisation opère de manière décentralisée, la perte d'un leader est quelque chose qu'elle peut surmonter sans trop de dommage».

Pour M. Rahmane, il faudra sans doute du temps avant de saisir les répercussions de la mort d'Abou Hammam al-Chami. Selon lui, le chef militaire du Front al-Nosra était plus important pour le mouvement qu'Abou Mohamed al-Golani, le dirigeant du groupe salafiste armé.

Sa mort alimente de toute façon un débat dans les rangs du Front al-Nosra sur la direction à suivre, une partie du groupe prônant la rupture avec al-Qaïda, dit-on de sources internes au mouvement.

Branche syrienne d'al-Qaïda, al-Nosra est l'un des groupes armés les plus puissants de l'opposition au régime de Bachar al-Assad.

«Emirat» dans le nord

Les djihadistes d'al-Nosra avaient chassé samedi passé un groupe rebelle d'une base militaire importante près d'Alep dans le nord de la Syrie, selon l'OSDH. A l'instar de l'EI, son rival qui a proclamé un «califat» à cheval sur la Syrie et l'Irak, al-Nosra veut fonder un «émirat» dans le nord de la Syrie.

La crise en Syrie a débuté en mars 2011 par une contestation populaire violemment réprimée, qui s'est transformée en une guerre opposant le régime à des déserteurs aidés par des civils armés. Elle s'est complexifiée avec la montée en force des djihadistes qui combattent non seulement le régime mais aussi les rebelles.

ATS