Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 7 mars 2015

Deux militaires suisses blessés dans un attentat à Bamako


Le restaurant La Terrasse (en raison de sa grande terrasse couverte en étage), situé dans le quartier de l’hippodrome, apprécié des expatriés pour sa vie de débauche nocturne



Deux Européens et trois Maliens ont été tués tôt samedi dans l'attaque contre un restaurant de Bamako. Deux militaires suisses ont également été blessés dans cet attentat.

Selon la police malienne, au moins un homme armé est entré peu après minuit dans le bar-restaurant La Terrasse, un établissement apprécié des expatriés, et a ouvert le feu. Il est ensuite monté à bord d'un véhicule dans lequel un complice l'attendait, a raconté un officier de police présent sur place.

Ils ont continué à tirer alors qu'ils fuyaient et ont jeté une grenade contre un véhicule de la police, a-t-il ajouté. Au total, deux étrangers - un Français et un Belge travaillant comme officier de sécurité de la délégation de l'Union européenne à Bamako - et trois Maliens ont été tués dans cette opération.

La police a bouclé la rue du restaurant en raison de la présence de grenades qui n'ont pas explosé.

Les autorités ont arrêté deux suspects, dont ni l'identité ni la nationalité n'ont été précisées, selon des sources policières maliennes. Ils «sont en train d'être interrogés», a affirmé une de ces sources, ajoutant qu'ils avaient commencé à fournir aux enquêteurs des informations «intéressantes».

Deux militaires suisses blessés

Une dizaine de personnes ont également été blessées. Parmi elles figurent deux militaires suisses - un romand et un alémanique. Ces deux experts en munitions sont actuellement dans un état «stable mais critique», selon le Centre de compétences de l'Armée suisse pour les missions à l'étranger (SWISSINT).

L'armée est en contact avec la Rega pour les rapatrier en Suisse dès que leur état sera «suffisamment» stable, a précisé à l'ats une porte-parole de SWISSINT. Un troisième militaire suisse se trouvait dans le restaurant au moment de l'attaque. Il n'a pas été blessé et restera au Mali.

Une source policière malienne citée par l'AFP a par ailleurs rapporté qu'une Suissesse a été «très grièvement touchée» dans l'attaque. Cette information n'a toutefois pas pu être confirmée dans l'immédiat. Selon SWISSINT, les Suisses n'étaient pas la cible directe de l'attaque.

Baisse d'intensité

Le nord du Mali était tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Ils ont été en grande partie chassés par l'opération Serval, à laquelle a succédé en août 2014 l'opération Barkhane, dont le rayon d'action s'étend à l'ensemble de la zone sahélo-saharienne.

Des zones entières du nord du pays échappent encore au contrôle du pouvoir central, mais les attaques djihadistes, qui s'étaient multipliées depuis l'été, notamment contre la Minusma, ont diminué d'intensité.

L'attentat se produit au moment où la rébellion à dominante touareg est sous forte pression internationale pour parapher d'ici la fin du mois un accord pour la paix, comme l'a déjà fait le gouvernement malien le 1er mars à Alger.

Mesures communes

Les présidents français et malien ont décidé de prendre des mesures communes pour renforcer la sécurité au Mali, a annoncé samedi la présidence de la République française, après l'attaque qui a fait cinq morts, dont un Français, à Bamako. François Hollande s'est entretenu avec son homologue Ibrahim Boubacar Keïta.

«Il lui a fait part du soutien total de la France dans la lutte contre le terrorisme», précise l'Elysée dans un communiqué. «Les deux présidents ont examiné les modalités de la coopération sur l'enquête en cours. Ils ont également décidé de mesures communes pour renforcer la sécurité au Mali», poursuit le communiqué, sans plus de précisions.

Condamnations

La Suisse a «condamné fermement» cet attentat. Le chef de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) Mongi Hamdi a dénoncé une «attaque odieuse et lâche», précisant que parmi les blessés se trouvaient «deux experts internationaux travaillant avec le Service des Nations unies de lutte contre les mines (UNMAS) de la Minusma».

Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders a condamné «cette terreur lâche, ignoble». «Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour aider les autorités maliennes à ramener le calme. C'est désastreux de voir que dans très nombreux endroits du monde cette terreur continue de frapper lâchement», a-t-il ajouté.

Présent à Paris, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a lui aussi fustigé une attaque «horrible et lâche». 

Soldats suisses blessés à l'étranger

L'attaque contre un restaurant de Bamako constitue la deuxième opération dans laquelle des militaires suisses sont blessés à l'étranger. En septembre 2004, deux soldats avaient été légèrement blessés dans une attaque à la roquette en Afghanistan. 

Cette attaque avait alors visé une base de l'armée allemande à Kunduz, dans le nord de l'Afghanistan, blessant également trois Allemands. Les soldats suisses participaient à un projet de reconstruction. 

D'autres soldats ont été blessés ou ont perdu la vie lors d'engagements à l'étranger, mais souvent lors d'accidents. Le Centre de compétences de l'Armée suisse pour les missions à l'étranger (SWISSINT) a ainsi recensé cinq accidents mortels ces 60 dernières années: trois accidents de la route, un de baignade et un crash d'hélicoptère en Géorgie. 

Deux militaires suisses se sont par ailleurs suicidés lors de missions à l'étranger, ajoute SWISSINT.