La Jordanie a annoncé ce jeudi 5 février avoir frappé des positions du groupe Etat islamique après avoir promis de riposter sévèrement à l'exécution d'un de ses pilotes brûlé vif par l'EI.
Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui a condamné «la brutalité» de l'EI, doit tenir à partir de 21h une réunion sur la guerre en Syrie, où la montée en puissance de l'EI en 2013 a éclipsé la rébellion contre le régime de Bachar el-Assad.
«L'armée de l'air jordanienne a lancé des raids contre des positions du groupe Etat islamique», a déclaré un responsable gouvernemental qui a requis l'anonymat sans préciser l'endroit exact des frappes. Selon lui, l'armée diffusera plus tard un communiqué sur ces opérations.
La Jordanie, qui fait partie de la coalition internationale anti-djihadistes dirigée par les Etats-Unis, mène habituellement des raids en Syrie où s'était écrasé en décembre l'avion du pilote Maaz al-Kassasbeh avant qu'il ne soit capturé par l'EI.
Après avoir réuni mercredi les hauts responsables militaires, le roi Abdallah II avait affirmé que «le sang du martyr Maaz al-Kassasbeh n'aura pas coulé en vain et la riposte de la Jordanie et de son armée sera sévère». «Nous frapperons cette organisation terroriste dans ses fiefs», avait-il prévenu.
Accompagné du premier ministre Abdallah Nsour, Abdallah II s'est rendu jeudi après-midi chez la famille du pilote à Karak, à 120 km d'Amman, où une immense tente avait été dressée pour recevoir les condoléances.
Des avions de l'armée de l'air ont survolé la tente en signe d'hommage au pilote alors que des centaines de personnes étaient rassemblées dans et autour de la tente.
«La Jordanie va mener une guerre à outrance pour protéger nos principes et nos valeurs (...) Nous serons à l'affût de cette bande de criminels», écrit ce jeudi 5 février le journal gouvernemental Al-Raï.
«Détermination à briser l'EI»
Dans une première mesure de représailles, la Jordanie avait exécuté mercredi la djihadiste irakienne Sajida al-Rishawi, condamnée à mort pour des attentats meurtriers en 2005 à Amman, et Ziad Karbouli, un responsable irakien d'Al-Qaïda.
L'EI avait réclamé la libération de la djihadiste pour épargner la vie du pilote mais Amman avait exigé des preuves de vie de l'aviateur dont l'exécution remonte au 3 janvier selon la télévision officielle.
Avant son départ précipité mardi de Washington, Abdallah II et le président Barack Obama avaient souligné leur «détermination à briser l'EI», un groupe responsable d'atrocités et accusé par l'ONU de crimes contre l'Humanité.
«Les pays dans et hors de la coalition doivent oeuvrer pour détruire cette bande de terroristes inhumains», a indiqué pour sa part Safi al-Kassasbeh, le père du pilote.
Pour des analystes, l'atrocité de l'exécution du pilote a poussé l'ensemble des Jordaniens à se ranger derrière leur gouvernement, donnant une «légitimité populaire» à la participation du royaume à la guerre antidjihadistes.
La Jordanie, a affirmé l'expert Hassan Abou Haniyeh, «pourrait même envisager une intervention terrestre».
«100 pièces en or»
Le nouvel acte de barbarie de l'EI a provoqué un tollé international, alors que ce groupe djihadiste a franchi un nouveau palier dans l'horreur en diffusant mardi une vidéo montrant le pilote enfermé dans une cage en métal, avant d'être brûlé vif à l'essence.
Le groupe djihadiste a en outre donné les adresses d'autres pilotes jordaniens de la coalition et promis une récompense de «100 pièces en or» à ceux qui les tueraient.
Avec cette terrible exécution, l'EI a voulu adresser un message d'horreur pour dissuader ses ennemis arabes et occidentaux de poursuivre leur lutte anti-djihadistes, selon des experts.
Des responsables américains ont expliqué qu'après la capture du pilote en décembre, les Emirats, craignant que leurs propres pilotes ne connaissent le même sort, avaient décidé de suspendre leurs raids aériens dans le cadre de la coalition.
En 10 jours, l'EI a revendiqué l'exécution de deux otages japonais et du Jordanien. Depuis la mi-août, il a en outre annoncé le meurtre de cinq otages occidentaux enlevés en Syrie: deux journalistes et un humanitaire américains ainsi que deux humanitaires britanniques.
Fort de dizaines de milliers de combattants, l'EI a profité de la guerre en Syrie et de l'instabilité en Irak pour s'emparer de larges pans de territoire sur lesquels il impose ses propres lois.
AFP