Le groupe, qui invite à la lecture du Coran, est très actif en Suisse. Des experts estiment que celui-ci est un acteur de la radicalisation, ce que «Lies!» dément.
Une capture d'écran du sujet de la RTS montrant l'expert Jean-Paul Rouiller sur le site de «Lies!».
Image: RTS/19h30
Le groupe salafiste «Lies!» («Lis!», en français), qui invite à la lecture du coran en distribuant gratuitement des exemplaires du livre dans les rues, est très actif en Suisse et en Allemagne, où il a vu le jour en 2012. Au delà du prosélytisme de certains de ses membres, quel rôle joue ce groupe dans la radicalisation des citoyens?
Selon des experts cités par la RTS, en Allemagne comme en Suisse, «"Lies!" est un acteur central de radicalisation et un facilitateur pour le départ des djihadistes en Syrie et en Irak». La police allemande estime qu'un quart des djihadistes du pays ont été radicalisés via «Lies!».
Tout lien avec le groupe EI démenti
En Suisse, le groupe compterait une centaine de membres. «Les responsables se cachent derrière des pseudonymes et ne sont jamais clairement identifiés. Plusieurs de leur profil Facebook affichent le drapeau noir de l’Etat Islamique» souligne la RTS.
Le Vaudois «en charge» de la Suisse romande explique à nos confrères, anonymement, que «certains participants ont été convoqués et interrogés par le service de renseignement de la Confédération. (…) Nos membres ont démenti tout lien avec une quelconque organisation djihadiste».
Il ajoute que «plusieurs musulmans ont émis le souhait de participer à la mise à disposition de corans. Nous avons répondu favorablement à leur souhait, sans procéder à l’identification de leur idéologie».
Une «organisation plateforme»
Pourtant, «une structure parallèle» se dessine, selon l’expert Jean-Paul Rouiller cité par la RTS. On retrouve en Suisse comme à l'étranger, en Allemagne ou en France, ce type d'«organisation plateforme» explique l'auteur d'un rapport sur le terrorisme: Une organisation «ouverte aux jeunes, qui va les appeler pour les sensibiliser à l'islam, et au sein de ces organisations vous allez trouver des individus qui eux vont servir de contacts, de points de référence pour ensuite aller sur un chemin qui n'a plus rien à voir avec l'islam, quel que soit le type d'islam que l'on évoque ici.»
En remontant le fil des distributions de Coran de «Lies!», on constate que les Suisses partis en Syrie ont vraisemblablement croisé le chemin du groupe.
«Ces corans se trouvent ainsi dans une épicerie du Nord Vaudois, à quelques rues de la maison du plus célèbre des djihadistes suisse, Abou Suleyman Suissery, alias Marc*», mais aussi à Genève, «auprès du responsable local du groupe, un jeune qui se fait appeler Abu Jawad*. Celui-ci n'a pas pu être contacté par la RTS. Il aurait quitté la Suisse pour rejoindre l’Etat Islamique».