Alors qu’ils étaient traqués par toutes les forces de sécurité, Saïd et Chérif Kouachi, les auteurs de l’attaque meurtrière contre Charlie Hebdo, se réfugièrent dans les locaux d’une imprimerie à Dammartin-en-Goële. Alertée par le directeur de cette dernière, la gendarmerie envoya dans la zone d’activité des « Prés-Boucher », une patrouille de deux militaires.
Sur le point d’arriver sur place, les deux gendarmes (un chef de patrouille de 45 ans et une collègue de 28 ans) reconnaissent alors, sur le parking de l’entreprise, la voiture volée par les deux terroristes. À l’étage, l’un d’eux distingue quelqu’un à l’étage. S’agit-il d’un des frères Kouachi ou un otage? À ce moment-là, les militaires n’ont aucun moyen de le savoir.
« On est descendu de la voiture et on s’est approché. Puis j’ai vu un homme sortir du bâtiment avec une kalachnikov. Là, j’ai tout de suite su qu’il fallait réagir », a raconté, à Europe1, le chef de la patrouille. Ce dernier se colle alors à la façade du bâtiment tandis que Saïd Kouachi crie « allahou Akbar » avant de tirer sur le véhicule des gendarmes. Une photographie montrant plusieurs impacts, dont 3 groupés, sur la voiture, sera diffusée plus tard par la gendarmerie.
Seulement, le terroriste finit par apercevoir le sous-officier. Ce dernier réagit promptement et fait feu le premier : il touche Saïd Kouachi au cou. L’on apprendra par la suite qu’il sera soigné par le directeur de l’imprimerie, lequel sera relâché plus tard, alors qu’un jeune graphiste était encore caché dans les locaux de l’entreprise.
« J’avais l’occasion de le neutraliser mais je n’étais plus en situation de légitime défense et les règles sont strictes sur l’usage de notre arme« , a raconté le gendarme, toujours à Europe1. Puis, a-t-il ajouté, « j’ai réfléchi et j’ai pris la décision de nous extraire, ma collègue et moi, pour nous mettre à l’abri ». Et cela d’autant plus que les deux militaires ne connaissaient pas la situation à l’intérieur de l’imprimerie.
Cependant, le chef de patrouille a pensé à un détail. Et non des moindres. Il en a effet eu la présence d’esprit d’aller crever un pneu de la voiture des terroristes, afin de les empêcher de prendre à nouveau la fuite. Pour cela, il lui a fallu faire une course de quelques mètres tout en étant exposé un éventuel tir des terroristes. Fort heureusement, aucun des deux n’a eu l’idée de sortir à ce moment-là.
La suite est connue. Pris au piège, les deux terroristes seront mis hors d’état de nuire lors de l’assaut donné par les hommes du GIGN, par ailleurs renseignés via sms sur ce qu’il se passait dans les locaux de l’imprimerie par le jeune graphiste caché sous un lavabo.