Le souverain pontife se serait passé des services de Daniel Anrig, mécontent de ses ordres et ses règles strictes.
Le pape François, avec le commandant de la Garde suisse Daniel Anrig, accueille les nouvelles recrues, le 5 mai 2014 au Vatican (AP/SIPA).
Le commandant de la Garde suisse au Vatican a été démis de ses fonctions, rapporte le "Guardian". Daniel Anrig avait la réputation d'être rigide et son style militaire ne convenait apparemment pas au pape François. La nouvelle a été annoncée par "L'Osservatore Romano", le quotidien du Saint-Siège.
Daniel Anrig, 42 ans, père de quatre enfants, a été nommé par le pape Benoît XVI en 2008, et son contrat de cinq ans a été prolongé indéfiniment depuis. "Le Saint-Père a ordonné que le colonel Daniel Rudolf Anrig, commandant du corps de la Garde suisse pontificale, terminera son service le 31 janvier 2015, au terme de la prolongation accordée après la fin de son mandat quinquennal", écrit le quotidien du Vatican, sans nommer son successeur.
L'embarras du pape concernant les règles strictes des gardes suisses était évident depuis son élection en 2013. Selon la presse italienne, le pape voulait un corps militaire moins rigide et moins obsédé par les règles. Pour l'agence de presse ATS, "les 120 membres de 'la plus petite armée du monde' auraient ainsi été astreints à effectuer de longs tours de garde".
Le pape François, d'origine argentine, est connu pour apprécier le contact direct avec les gens, ce qui a toujours causé des soucis avec son service de sécurité. A Rio de Janeiro l'année dernière, le pape avait choisi de circuler dans un véhicule ouvert à vitesse lente à travers la foule. Sur une photo datant d'octobre, on voit François serrer la main de l'un des gardes suisses. Emoi au Vatican où ce contact physique est en rupture avec le protocole.
La Garde suisse prête à se sacrifier
Sur le site de la Garde suisse, Daniel Anrig explique que les visiteurs ne doivent pas se laisser berner par leur tenue. "Dans l'uniforme de la Renaissance traditionnelle se trouve un Suisse jeune, moderne et bien instruit. Il partage aujourd'hui encore avec son ancêtre du XVIe siècle la forte conviction que l'Eglise de Jésus-Christ et l'héritier de Saint Pierre méritent que l'on s'engage pour eux – 's'il venait à être nécessaire, même donner sa propre vie pour eux'."
La nomination de Daniel Anrig en 2008 avait été controversée car des médias avaient révélé que l'ancien chef de la police suisse avait été impliqué dans un cas d'abus où des prisonniers immigrés avaient été contraints de se déshabiller et d'être photographiés dans des positions humiliantes. L'affaire avait finalement été classée.
En 2013, François avait rendu hommage chaleureusement au "professionnalisme" des gardes suisses, leur demandant d'arborer une expression joyeuse.
Pour entrer dans la Garde suisse, il faut avoir moins de 30 ans, une bonne santé, un casier judiciaire vierge, mesurer au moins 1,74 mètre, être célibataire et avoir accompli l'école de recrues de l'armée suisse. Les gardes s'engagent pour une durée minimum de deux ans.
Un Valaisan pour le succéder?
Selon l'agence française spécialisée sur le Vatican I.media, son successeur pourrait être l'actuel vice-commandant de la Garde suisse, Christophe Graf.
Ce Valaisan, né à Sion, est entré il y a 27 ans comme simple hallebardier dans le corps fondé en 1506 pour assurer la garde du pape Jules II della Rovere. A noter que le mandat du commandant de la Garde suisse est en général de cinq ans, mais il avait été prolongé.
Egger Ph.