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jeudi 4 décembre 2014

Des camps d’entraînement de l’État islamique dans l’est de la Libye


Récemment, la ville de Derna, située dans l’est de la Libye et contrôlée par la milice Majlis Shura Shabab al-Islam (Conseil consultatif de la jeunesse islamique), a fait allégeance à l’État islamique et à son chef, Abou Bakr al-Baghdadi. À vrai dire, ce n’était pas vraiment une surprise : lors des opérations menées par les États-Unis en Irak, cette localité avait fourni de nombreux combattants aux groupes radicaux alors actifs dans ce pays.

« Certains éléments qui soutiennent l’EI sont déjà présents à Benghazi [est, capitale de la Cyrénaïque, ndlr]. Nous aurions aimé qu’il y ait un soutien plus marqué aux efforts de l’armée libyenne contre ces menaces », confirmait Mohamed Dayri, le ministre libyen des Affaires étrangères [du gouvernement reconnu par la communauté internationale, ndlr] dans les colonnes du quotidien Le Monde, en date du 29 octobre.

Aussi, les dernières déclarations du général David Rodriguez, le chef de l’US AFRICOM, le commandement militaire américain pour l’Afrique, ne sont guères surprenantes. « Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont installé des camps d’entraînement dans l’est de la Libye », a-t-il affirmé, le 3 décembre. « C’est un phénomène de très petit et naissant », a-t-il précisé.

Interrogé pour savoir si l’armée américaine pourrait intervenir pour tuer dans l’oeuf ce qui pourrait être une destination future pour les jihadistes, le général Rodriguez a dit : « non, pas maintenant ». Et d’ajouter : « Nous devons juste continuer à surveiller et à regarder cela de près à l’avenir pour voir ce qui se passe et si ça se développe toujours ».

A priori, les jihadistes présents dans ces camps – ils seraient environ 200 – appartiennent uniquement à des milices locales qui ont fait allégeance à l’EI. Mais si on n’y prend pas garde, il est possible d’y voir arriver des volontaires étrangers, comme on l’a vu pour la Syrie et l’Irak.

Par ailleurs, la ville de Benghazi est le théatre de violents combats – plus de 400 tués en un mois et demi – entre des forces pro-gouvernementales (qui soutiennent le gouvernement reconnu d’Abdallah Al-Thini et non celui mis en place par les islamistes à Tripoli) et les milices proches de la mouvance jihadiste, dont Ansar al-Charia.

En mai dernier, l’ex-général Khalifa Haftar a lancé l’opération Dignité à Benghazi, afin d’en chasser les milices extrêmistes. Visiblement, il est soutenu par l’Égypte, soupçonnée d’avoir mener des frappes aériennes dans la région le 16 octobre dernier (mais Le Caire s’en défend).

Outre les combats en Cyrénaïque, la situation de la Libye est extraordinairement compliquée, avec deux gouvernements et autant de Parlements, des milices qui refusent de rentrer dans le rang depuis la chute du colonel Kadhafi et surtout, dans le sud, la présence d’éléments jihadistes actifs dans la bande sahélo-saharienne.