Des salafistes radicaux se réuniraient régulièrement dans une mosquée d'Embrach (ZH). Plusieurs experts, dont des musulmans, pensent que le groupement devrait être surveillé.
Pour l'instant, le mouvement islamiste el-Furkan est peu connu en Suisse. Mais, selon des recherches effectuées par «SonntagsBlick», ce groupement de salafistes radicaux se réunit régulièrement depuis plusieurs mois dans une mosquée située dans la zone industrielle d'Embrach (ZH). En Allemagne, el-Furkan fait l'objet d'une enquête du Service de protection de la Constitution.
Elham Manea, politologue à l'institut de sciences politiques de l'Uni de Zurich, est inquiète. «Cette situation est comparable à un cancer. Ces radicaux se propagent d'une manière qui pourrait devenir très dangereuse», a affirmé l'experte à Radio 24. Les adeptes d'el-Furkan doivent être surveillés, estime-t-elle: «Il faut y prêter beaucoup d'attention afin de pouvoir combattre la radicalisation et le danger émanant de ce groupement.» Contacté par «20 Minuten», le président de la commune d'Embrach, Erhard Büchi, a affirmé que ces personnes ne s'étaient encore jamais fait remarquer négativement. «S'il s'agit d'islamistes radicaux, je pense que la police devrait intervenir», ajoute-t-il néanmoins. Le président de l'UDC locale, Daniel Spiess, explique, lui, qu'il souhaite attendre encore un peu avant de prendre des mesures.
Farhad Afshar, président de la Coordination des associations islamiques de Suisse, affirme: «Nous avons constamment des dissidents avec des groupements du genre qui souhaitent augmenter leur influence sur les associations nationales.» Il regrette que ce genre de personnes représentent l’islam de manière politique. «Les services de sécurité suisses devraient les surveiller.» Selon Farhad Afshar, une des raisons de l'apparition d'islamistes radicaux est le manque d'intégration de l'islam en Suisse. L'islam devrait être considéré sur un pied d'égalité avec l'Eglise catholique et l’Eglise réformée.
Selon «SonntagsBlick», certains adeptes d'el-Furkan, qui prient régulièrement dans la mosquée d'Embrach, font également partie de l'organisation radicale «Lies!». Ce groupement, également surveillé par les autorités allemandes, distribue des corans gratuitement dans les rues. Mohamed Salah se trouve à la tête de ce mouvement. Les autorités suisses l'avaient interdit d'entrée en Suisse, en décembre dernier. Il était censé tenir un discours à la conférence annuelle du Conseil central islamique, à Genève.
Un orateur islamiste interdit d'entrée en Suisse
La Fedpol a prononcé une interdiction d'entrée en Suisse contre Mohamed Salah. Le prédicateur était invité à la conférence annuelle du Conseil central islamique (CCIS) à Genève.
Mohamed Salah possède un visa de deux ans pour la Grande-Bretagne et une Greencard pour les Etats-Unis. (photo: CCIS)
«Nous regrettons la décision de la Fedpol d'interdire l'entrée en Suisse à notre orateur», a écrit jeudi le CCIS dans un communiqué de presse. Selon le Conseil central islamique, la Fedpol se serait laissée influencer par un article de «20 Minuten», publié il y a un mois. Selon le CCIS, l'article fait passer Mohamed Salah pour un propagandiste. Interrogé par «20 Minuten», le Service de renseignement de la Confédération avait affirmé être dans l'obligation d'évaluer la situation: «Si nous sommes d'avis qu'il représente un danger pour la Suisse, nous allons conseiller à l'Office fédéral des migrations ou à la Fedpol de prononcer une interdiction d'entrée contre lui.»
Dans son communiqué, le CCIS argumente sa décision d'inviter Mohamed Salah en affirmant que son orateur était une personne respectée dans le monde entier. Mohamed Salah possède en effet un visa professionnel de deux ans pour la Grande-Bretagne. Il est également détenteur d'une Greencard pour les Etats-Unis, souligne le CCIS. Il a un doctorat en Fiqh, soit en sciences du droit islamique, et dirige un centre islamique au Texas (Etats-Unis).
Reste que les déclarations de l'Egyptien sont parfois extrêmes. Sur sa chaîne de télévision, diffusée via satellite aux USA, il prend régulièrement position sur des questions liées à l'Islam. «Est-il permis de tuer les personnes qui renient l'Islam?», s'était-il interrogé, il y a quelques mois en arrière. Sa réponse: «Si une personne a décidé de son plein gré de croire en l'Islam ou si elle est née avec cette croyance et qu'elle décide ensuite de s'en détourner, alors la sanction adéquate est l'exécution.»
L'Egyptien était invité en tant qu'orateur à la troisième conférence annuelle du CCIS qui aura lieu le 21 décembre à Genève. Quelque 2000 visiteurs sont attendus.
No comment
De leur côté, ni le canton de Genève ni Fedpol ne communiquent sur des cas particuliers. L'office rappelle qu'il peut interdire l'entrée en Suisse à des personnes qui pourraient mettre en danger la sécurité intérieure ou extérieure du pays.
L'an passé, le CCIS avait rencontré un problème similaire lors de sa deuxième conférence annuelle, à Granges-Paccot (FR). L'Office fédéral des migrations avait interdit au prédicateur saoudien Mohammed Al-Arifi l'entrée en Suisse et dans l'espace Schengen. Auparavant, l'annonce de sa venue avait fait des vagues dans le canton de Fribourg.
Contrairement à la conférence de 2012, aucune manifestation de protestation ne devrait avoir lieu samedi, a indiqué à l'ats le porte-parole du CCIS, Abdel Azziz Qaasim Illi. De plus, l'absence de M. Salah n'aura pas d'impact sur le programme de la journée. Fort de quelque 2600 membres à majorité alémaniques, le CCIS compte sur la conférence de Genève pour mieux se faire connaître en Suisse romande.