Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 8 février 2014

La longue enquête de la Pologne sur les prisons secrètes de la CIA


La justice polonaise s’apprêterait à formuler une ultime demande officielle auprès des autorités américaines pour interroger des prisonniers actuellement détenus dans la prison de Guantanamo, à Cuba. Une instruction vaine alors que les témoignages et les révélations s’accumulent.

La Pologne enquête depuis 2008 sur la possible existence d’une prison secrète de la CIA sur un site militaire polonais à Stare Kiejkuty, en Pologne, entre 2002 et 2003. Le cerveau des attentats du 11 septembre 2001, Khalid Cheikh Mohammed, y aurait subi plusieurs séances de waterboarding (noyade) avant d’être transféré à Guantanamo. Ces « black sites » de l’agence de renseignement américaine étaient utilisés pour interroger des présumés terroristes arrêtés dans leur propres pays. A l’époque, ces procédés avait été votés par l’administration de Georges W. Bush, après le 11 septembre 2001.

Les États-Unis sont peu enclins à coopérer dans cette affaire embarrassante qui rappelle les dérives de la lutte antiterroriste américaine après le 11 septembre. Washington a déjà refusé de fournir des documents à la justice polonaise. Cette dernière cherche principalement à obtenir des preuves que des prisonniers ont été torturés par des agents de la CIA sur son sol. Les autorités polonaises ont déjà plusieurs témoignages corroborant ces soupçons, dont celui de Walid bin Attash, suspect yéménite, et Abd al Rahim al Nashiri, d’origine saoudienne, qui auraient été tous les deux détenus par la CIA dans cette prison en Pologne. Le suspect saoudien est mis en cause dans l’attaque de l’USS Cole au Yémen en 2000.

Des anciens agents de la CIA ont déjà témoigné sous couvert d’anonymat pour reconnaître qu’une prison de la CIA existait entre décembre 2002 et l’automne 2003. Des organisations de défense des droits de l’homme ont estimé que huit personnes auraient ainsi été détenues en Pologne. Au total, ces mêmes organismes non gouvernementaux ont dressé une liste de 54 pays à travers le monde ayant donné plus ou moins leur accord tacite à l’établissement de ces prisons secrètes détenant quelques 136 personnes soupçonnés de terrorisme contre les intérêts américains. Barack Obama a demandé la fermeture de ces prisons secrètes en 2009. La prison de Guantanamo où 155 prisonniers sont toujours détenus doit quant à elle être définitivement fermée, sans qu’une date précise n’ait pu être avancée par le président américain.




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