Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 27 octobre 2013

Qui a espionné l’Elysée en 2012?


Qui est derrière l’attaque informatique qui a visé la présidence française au printemps 2012? L’affaire avait été dévoilé quelques mois plus tard par Le Télégramme, lequel avait affirmé que les équipes gouvernentales passèrent 3 jours à “reconstruire de fond en comble les systèmes d’informations” de l’Elysée.

En novembre, L’Express publiait une enquête à ce sujet et assurait que les services américains en étaient les responsable. “Selon les informations recueillies (…) auprès de plusieurs sources, leurs conclusions fondées sur un faisceau de présomptions convergent vers le plus vieil allié de la France : les Etats-Unis”, écrivait l’hebdomadaire. Ce qu’avait démenti Washington.

Le 12 avril 2013, deux responsables français, Bernard Barbier et Patrick Pailloux, respectivement en charge des services techniques de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’informations (ANSSI) se sont rendus aux Etats-Unis pour demander des explications à leurs homologues américains.

Afin de préparer cette visite, le service en charge des relations extérieures de la National Security Agency (NSA), a produit une note classée “top secret” très intéressante. Cette dernière, transmise par Edward Snowden, l’ex consultant de l’agence américaine probablement retourné par les Russes,  a été rendue publique par le quotidien Le Monde.

Ainsi, il y est affirmé que le service TAO (Tailored Access Operations), chargé des opérations de la NSA dans le cyberespace, n’est pour rien dans l’attaque informatique ayant visé l’Elysée. Pas plus que les services analogues des autres services de renseignement américains et ceux des pays appartenant au 2e cercle (proches alliés de Washington).

Le rédacteur de cette note de 4 pages, dont “chaque mot est pesé”, écrit Le Monde, laisse subtilement entendre qu’il faudrait regarder peut être du côté du Mossad et de  l’équivalent israélien de la NSA, l’ISNU, les deux ayant les capacités de lancer une cyberattaque de l’ampleur de celle qui a visé l’Elysée…

Le Monde rappelle qu’un document daté de 2008, publié par le quotidien britannique The Guardian, soulignait que le Mossad était “le troisième service secret le plus agressif au monde contre les Etats-Unis”, notamment pour connaître la position de Washington à l’égard de la situation au Proche Orient, selon un responsable de la NSA. Comme quoi, on peut être partenaires (mais pas amis… on n’a pas d’amis dans le renseignement). Même en France, les services israéliens sont particulièrement actifs…

Quoi qu’il en soit, interrogé par Le Monde, le bureau du Premier ministre israélien a fait valoir qu’”Israël est un pays ami, allié et partenaire de la France et ne gère aucune activité hostile qui pourrait porter atteinte à sa sécurité. Et aucun commentaire n’a été fait au sujet de cette affaire à la DGSE, à l’ANSSI ou à l’Elysée.

Enfin presque. Si Alain Zabulon, le coordonnateur national du renseignement, ne s’est pas exprimé, le président Hollande a indiqué, le 25 octobre, depuis Bruxelles, qu’il y avait “plusieurs pistes”. “Il faut à chaue fois élever le niveau technologique parce que nous avons des attaques”, a-t-il affirmé, en précisant que celle de 2012 avait été “déjouée” et qu’elle n’a “pas eu de résultats”. Donc, “il n’y a rien à redouter”, a-t-il conclu.