Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 28 octobre 2013

L’Arabie Saoudite fait mine de prendre ses distances avec Washington


L’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, scellée en 1945 par le pacte de Quincy, lequel garantissait la protection du royaume saoudien en échange de pétrole va-t-elle être remise en cause? Même si Riyad reste un gros client de l’industrie américaine de l’armement, quelques signes le laissent penser.

A commencer par les déclarations du prince Bandar bin Sultan al Saoud, le chef des services de renseignement saoudiens. Selon ses propos tenus la semaine passée devant des diplomates européens et qui ont été rapportés par l’agence Reuters, ce responsable a affirmé l’intention de Riyad de “prendre ses distances” avec les Etats-Unis.

“Le prince Bandar a jugé que les Etats-Unis restaient impuissants face au conflit israélo-palestinien et qu’ils auraient dû soutenir l’Arabie saoudite lorsque cette dernière est intervenue à Bahreïn pour y réprimer des manifestations antigouvernementales en 2011″, a ainsi indiqué une source proche du pouvoir à Riyad, citée par l’agence Reuters. Un autre grief contre l’administration américaine est sa “passivité” à l’égard du régime de Bachar el-Assad, soutenu par l’Iran et combattu par les monarchies pétrolières du golfe arabo-persique.

“Les relations avec les Etats-Unis se détériorent depuis un moment car les Saoudiens ont le sentiment que les Américains se rapprochent de l’Iran et aussi parce que Washington n’a pas soutenu l’Arabie Saoudite durant le soulèvement à Bahreïn”, a insisté la source saoudienne. “Toutes les options sont sur la table”, a-t-elle ajouté.

Les relations entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite ont commencé à se détériorer depuis les attentats du 11 septembre 2001, dont 15 des 17 kamikazes étaient saoudiens. Ainsi, l’intervention en Afghanistan a mis fin au régime des taliban, soutenus par Riyad. Deux ans plus tard, la chute du sunnite Saddam Hussein a, d’une certaine manière, servi les intérêts de Téhéran. Or, le pouvoir saoudien craint l’émergence du “croissant chiite” Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth et voit dans l’Iran sont principal ennemi.

Justement, la détente apparente entre les Etats-Unis et l’Iran au sujet du programme nucléaire iranien est un sujet d’agacement supplémentaire étant donné que Riyad est sur une ligne plus dure à l’égard du régime iranien, comme d’ailleurs Israël.

Ce “rééquilibrage”, qui peut être perçu comme tel, de la politique étrangère américaine au Moyen Orient, s’explique aussi par les réserves de gaz de schiste exploitées aux Etats-Unis, lesquelles leur permettront, selon l’Agence internationale de l’énergie, de devenir indépendants dans leur approvisionnement énergétique d’ici la fin de cette décennie. En clair, le pétrole saoudien n’est plus aussi important que par le passé pour Washington.

Restera à voir ce qu’en penseront les industriels américains de l’armement, pour qui l’Arabie Saoudite représente un marché de premier plan… Ou bien encore si Riyad peut se passer de la protection des Etats-Unis face à Téhéran.