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mardi 11 juin 2013

M. Le Drian demande une enquête sur la sécurité de la base des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins


L’enquête du Télégramme sur les failles de la sécurité de la base navale de l’Ile-Longue, où sont basés les 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Force océanique stratégique (Fost) a de quoi être inquiétante quand l’on sait que l’on peut quasiment y entrer comme dans un moulin.

Lors d’un point-presse, ce 11 juin, le porte-parole du ministère de la Défense, Pierre Bayle, a cependant assuré que “la sécurité de notre dissuasion” nucléaire “n’est pas en défaut.”

L’on se demande alors bien pourquoi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a, selon son entourage, demandé l’ouverture d’une “enquête approfondie” sur la sécurité de la base de l’Ile-Longue.

De même source, l’on apprend que cette dernière sera confiée à l’inspection générale des armées et qu’elle portera sur “la sécurité terrestre, aérienne (il n’y a pas de défense sol-air, ndlr) et maritime” du site.

L’on peut toutefois se demander pourquoi il a fallu attendre si longtemps étant donné que le quotidien breton affirme que les failles dont il a fait état dans son édition du jour avaient été parfaitement été identifiées lors d’un test de sécurité réalisé en juin 2012. Au cours de ce dernier, des individus avaient réussi à s’approcher d’un SNLE sur lequel ils avaient “matérialisé un engin explosif”. Le toute sans avoir été inquiétés par qui que ce soit.

Les hallucinantes failles dans la sécurité de la base des sous-marins nucléaires de l’Ile-Longue

Le roman “Immersion d’urgence“, de l’auteur américain Michael DiMercurio, raconte comment un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) français est détourné par des terroristes. Ce scénario est invraisemblable, pense-t-on, à la limite du “french bashing” même, tant les mesures de sécurité entourant la dissuasion française sont supposées être draconiennes.
 
Sauf qu’une enquête par le quotidien “Le Télégramme de Brest” tend à prouver le contraire, notamment à l’Ile-Longue, la base qui accueille les 4 SNLE de la Force océanique stratégique (Fost) de la Marine nationale.
 
Et les failles de sécurité découvertes par le journal sont hallucinantes. L’on pouvait croire, compte tenu de leur sensibilité, les lieux étaient équipés de systèmes biométriques destinés à contrôler les mouvements des personnels et surtout à éviter les intrusions…
 
Eh bien pas du tout en réalité. L’identification se fait au moyen de badges nominatifs dotés d’une simple bande magnétique qu’un trafiquant de carte bancaire peut reproduire avec facilité. Pourtant, il y a beaucoup de mouvements sur la base, avec environ 3.000 entrées/sorties quotidiennes…
 
Mais là n’est sans doute pas le pire. Ainsi, les véhicules entrants ne sont pas systématiquement contrôlés, alors que de nombreux camions-bennes se rendent sur la base pour les travaux d’aménagements liés au nouveau missile M-51. Comme le souligne le journal, il est possible de cacher à bord de ces véhicules “de grandes quantités d’explosifs ou de nombreuses personnes.”
 
Toujours au sujet de la possible intrusion véhicules piégés, l’accès du site n’est pas protégé par des chicanes. Ce qui fait qu’il est impossible d’arrêter un camion suicide “de parvenir jusqu’à la ‘cathedrale”, le principal sas d’accès au coeur de la base. Et Le Télégramme de souligner qu’une ” bonne partie des 115 gendarmes maritimes” chargés de la surveillance sont des “gendarmes adjoints volontaires (ndlr, accompagnés par 230 fusiliers marins), donc débutants, très jeunes, peu formés (…) et peu payés.”
 
Et en cas d’intrusion maritime? Même chose : il n’y aurait qu’un seul canot pneumatique, qui plus est sous-motorisé, pour intercepter toute embarcation suspecte et les navettes entre entre Brest et l’Ile-Longue  sont vulnérables. Autre faille : la ligne électrique qui alimente le site est “parfaitement accessible”, relève le quotidien. “Si les zones-clés du site sont censées être autonomes, quel serait l’impact sur le fonctionnement du site si un ou plusieurs pylônes étaient détruits ?”, s’interroge-t-il.
 
Pourtant, ces failles sont parfaitement connues. “En juin 2012, deux individus présentant un ‘badge noir’ – sésame délivré à une dizaine de personnes dispensées de contrôle – sont entrés dans la base et sont parvenus jusqu’à un sous-marin, sur lequel ils ont matérialisé un engin explosif”, rapporte Le Télégramme. “Les mêmes individus ont réussi à ressortir de la base sans être inquiétés”, ajoute-t-il, en précisant qu’il s’agissait fort heureusement d’un test de sécurité.