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mardi 28 mai 2013

L'organisation Human Rights Watch veut la peau des robots tueurs, qui interviennent sans la main de l'homme pour sélectionner leurs cibles


Une campagne internationale a été lancée mardi à Genève pour demander une interdiction des robots tueurs, des armes qui sélectionnent leurs cibles sans intervention humaine. Human Rights Watch (HRW) a demandé un moratoire sur leur développement en attendant un traité international.

Cette nouvelle campagne a été lancée à l'occasion du premier débat organisé sur la question au Conseil des droits de l'homme. Dans un rapport de 22 pages, l'expert de l'ONU sur les exécutions sommaires, Christof Heyns, met en garde les Etats sur le développement d'armes fonctionnant de manière autonome et préconise un moratoire.

Les robots tueurs peuvent sélectionner des cibles et décider de tirer sans intervention humaine. Ils ont notamment comme avantages de réagir plus rapidement et moins émotionnellement que l'être humain et de préserver la vie des soldats.

«Le rapport de l'ONU souligne de manière très claire que nous devons stopper le développement d'armes complètement autonomes ou les civils paieront un prix élevé dans le futur», a déclaré à la presse Steve Goose, directeur de la division armements à HRW.

Le rapport de Christof Heyns indique que les recherches manquent de transparence. Il énumère plusieurs systèmes robotisés avec des degrés variés d'autonomie mis en service par les Etats-Unis, Israël, la Grande-Bretagne et la Corée du Sud. La Chine et la Russie auraient aussi lancé des recherches.

Vide de la responsabilité

Peter Asaro, vice-président du Comité international sur le contrôle des armes robotisées, a expliqué que des armes autonomes ne sont pas capables de faire la distinction entre civils et combattants, de respecter le principe d'un usage proportionné de la force et d'évaluer les éventuels dommages collatéraux. Elles risquent de créer un vide de la responsabilité morale.

«Les ordinateurs ne peuvent pas procéder à ce type d'évaluation. Notre préoccupation est que ces armes sélectionnent et éliminent des cibles sans supervision humaine. Il faut un jugement humain», a estimé Peter Asaro.

HRW veut une interdiction préventive, a expliqué Steve Goose, car si ces armes sont développées avec des investissements importants, il sera plus difficile d'en stopper ensuite l'utilisation. Les robots tueurs sont la nouvelle génération d'armes, après les drones, a-t-il relevé, et une nouvelle course aux armements risque de s'engager.

Réunion d'un groupe d'experts

«Si l'automatisation est une évolution inévitable, il faut établir un principe clair», a affirmé Steve Goose. La coalition d'une dizaine d'ONG souhaite la rédaction d'un traité international en la matière.

Le rapport de l'ONU recommande au Haut Commissariat aux droits de l'homme de réunir d'ici un an un groupe d'experts pour discuter des systèmes robotisés d'armement. La Suède a affirmé préparer une résolution sur ce dossier pour décision par le Conseil des droits de l'homme en 2014.

En novembre 2012, le Département américain de la Défense a publié une directive sur l'autonomie dans les systèmes d'armements. Elle affirme qu'il faut toujours une intervention humaine dans la décision d'engager une arme. Selon HRW, la directive contient des ambiguïtés.