Les “makers”. Un terme à retenir puisqu’il paraît qu’il va être à la mode d’ici quelques temps. De quoi s’agit-il? D’après l’ancien patron du magazine américain Wired, Chris Anderson, ce n’est rien de plus que les futurs acteurs d’une prochaine révolution industrielle, rendue possible avec la diffusion des imprimantes 3D (voir son livre : Makers : La nouvelle révolution industrielle)
Les tintinophiles connaissent certainement le “photocopieur” en 3 dimensions inventé par le professeur Tournesol et convoité par l’infâme Rastapopoulos pour reproduire des oeuvres d’art volées (Tintin et le lac aux requins). Le principe de ces imprimantes 3D est le même, à la différence que ces dernières produisent des objets avec un matériau choisi par avance (pour l’instant, le choix n’est cependant pas vaste) ) partir d’un schéma numérique. Ce qui ouvre de nouvelles perspectives, chacun pouvant ainsi fabriquer de chez soi ce que bon lui semble, à condition d’être équipé de ce matériel dont l’usage tend à se démocratiser.
Cette innovation avait été prédite par l’auteur de science fiction Arthur C. Clarke. Il l’avait même appelée “l’invention de toutes les inventions.” En 1964, il avait en effet parlé d’une “machine à répliquer” pouvant reproduire les objets comme l’on imprime les livres, ce qui, selon lui, serait un apport positif pour l’humanité.
Seulement, tout n’est sans doute pas aussi idyllique. En décembre dernier, le magazine Wired avait parlé du projet de Cody Wilson, un étudiant en droit texan. Ce dernier voulait reproduire une carabine 22 long rifle avec une imprimante 3D.
Les premiers essais de cette arme obtenue par ce moyen ne furent pas concluants : d’une part, seulement une partie avait pu être fabriquée avec une substance thermoplastique (celle des Legos) et, d’autre part, la carabine ne put tirer que 6 fois, au lieu des 20 espérées.
Mais Cody Wilson ne s’est pas découragé puisque, avec le concours de l’association américaine pro-armes Defense Distributed, il a réalisé le “Liberator”, un pistolet en plastique de 9 mm, entièrement réalisé avec une imprimante 3D. Seuls un percuteur et une autre pièce en métal ont été ajoutés pour être en règle avec la loi américaine, laquelle stipule que les armes doivent être détectables par les portillons de sécurité. Cela n’est pas sans faire penser à l’arme de John Malkovich (alias Mitch Leary) dans le film “Dans la ligne de mire [Blu-ray]“, avec Clint Eastwood.
Les plans et les instructions (en anglais et en chinois) pour reproduire ce pistolet sont désormais directement téléchargeable sur le site Internet de Defense Distributed. Ce qui permet à n’importe qui disposant d’une imprimante 3D de se fabriquer sa propre arme. Et, bien évidemment, si cette technologie tend à se diffuser largement, cela ne manquera pas de poser des problèmes de sécurité.
“Les contrôles de sécurité, les réglementations ne serviront à rien si les criminels peuvent imprimer leurs armes en plastique à la maison”, a ainsi expliqué Steve Israel, représentant de l’Etat de New York, à l’origine d’un projet de loi visant à interdire la fabrication d’armes à domicile. “Maintenant, n’importe qui, un terroriste, un malade mental, un conjoint violent peut ouvrir une fabrique d’armes dans son garage. Il faut que cela cesse”, a commenté le sénateur new yorkais Charles Schumer.