Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 9 avril 2013

Wikipédia et DCRI : la chaîne locale "s'attend" à être censurée


Après la polémique suscitée par la demande de suppression de Wikipédia d'un article concernant une installation militaire, par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), Le Point.fr a interrogé Yves Faure, président de la chaîne locale Télévision Loire 7 (TL7), qui avait diffusé le reportage servant de source à l'article de l'encyclopédie, ainsi que Paul-Émile Liogier, le journaliste qui s'était rendu sur place fin 2004. Cet ancien professeur d'histoire-géographie a depuis quitté TL7.

Le Point.fr : La vidéo du reportage est toujours accessible sur le site de TL7. Vous attendez-vous à recevoir une demande de retrait de la part de la DCRI ?

Yves Faure (directeur de la chaîne TL7) : Nous nous y attendons, car notre reportage contient certainement plus d'informations sensibles que l'article de Wikipédia.

Pour ce tournage fin 2004, les autorisations militaires avaient-elles été difficiles à obtenir ?

Paul-Émile Liogier (journaliste de TL7) : L'armée a mis plusieurs mois à répondre, mais ils n'ont vu à l'époque aucune espèce d'inconvénient au tournage. Sur place, le major, patron des lieux, a imposé des limites. Nous n'avons pas pu tout filmer, nous avons vu des éléments qu'ils nous ont demandé de ne pas filmer. Nous avions obtenu deux autorisations successives (voir documents ci-dessous, NDLR), dont celle du colonel commandant la base, qui avait pris soin de "solliciter l'aval de l'administration centrale militaire".

Y. F. : Notre journaliste avait été encadré, emmené par les militaires sur le site.

Comment le tournage s'est-il déroulé ?

Y. F. : Tout s'est très bien passé. J'ai été reçu comme je suis rarement reçu dans une entreprise privée. Et pourtant, l'armée, elle, avait vraiment quelque chose à cacher ! Nous sommes restés une journée et les militaires ont été charmants.

Pourquoi avoir décidé de faire ce reportage ?

Y. F. : C'était un documentaire comme un autre, sur un lieu très parlant pour notre public.

P.-E. L. : Le site de Pierre-sur-Haute, on le voit depuis qu'on est gamins ! Il est visible depuis presque tout le département, et il y a une station de ski en dessous. Et personne ne savait vraiment ce qu'il y avait à l'intérieur. C'était vraiment bien de pouvoir en parler !