Citant d'actuels et d'anciens responsables américains, ayant gardé l'anonymat, le quotidien indique que le président Barack Obama n'a pas encore autorisé des attaques de drones en Syrie, mais que le service de contre-terrorisme de la CIA y a récemment affecté plusieurs agents à la surveillance de militants extrémistes.
Les agents «chargés de les cibler» ont formé une unité avec leurs collègues ayant suivi les opérations menées par al-Qaida en Irak. Certains éléments de l'organisation terroriste, croit-on savoir, auraient gagné la Syrie et rejoint les milices islamiques anti-gouvernementales, poursuit le journal.
Les agents «chargés de cibler» la Syrie sont basés dans le quartier générale de la CIA à Langley, (Virginie), précise le journal.
La centrale américaine, selon le «Times», maintient également des liens étroits avec les services de renseignement saoudiens, jordaniens ainsi qu'avec d'autres, actifs en Syrie.
Les combattants islamistes jouent un rôle croissant dans la lutte contre les forces gouvernementales syriennes, indique le «Los Angeles Times», ce qui a entraîné un regain d'intérêt à leur égard pour la CIA, ajoute le journal.
Le département d'Etat américain croit que l'une des plus puissantes milices syriennes de l'opposition, le Front Al Nusra Front, est une organisation terroriste qu'il est impossible de distinguer de l'organisation al-Qaida en Irak, relève le «Times».
Le régime a de plus en plus recours aux bombes à sous-munitions
Le régime syrien utilise de plus en plus de bombes à sous-munitions contre les rebelles causant un «grande nombre de victimes civiles», dénonce samedi l'organisation Human Rights Watch dans un communiqué. «La Syrie a de plus en plus recours à des bombes à sous-munitions, arme prohibée, et les civils en paient le prix dans leur chair et dans leur vie», déclare Steve Goose, directeur de la division armement de cette organisation des droits de l'Homme basée à New York.
HWR a recensé 119 lieux à travers la Syrie où 156 bombes de ce type ont été utilisées durant les six derniers mois, dont dans deux endroits ces 15 derniers jours qui ont tué 11 civils et blessé 27 autres.
«Le bilan initial est souvent partiel car avec ce type de bombe, l'étui largue des sous-munitions non explosées, qui tuent et blessent par la suite», explique ce responsable.
Cette organisation des droits de l'Homme assure que ces données proviennent d'enquêtes sur le terrain et d'analyses de vidéos postées par les militants anti-régime. Selon lui, HRW a pu documenter l'usage par le gouvernement de ce type de bombes mais n'a pas de preuve que les rebelles les utilisent aussi.
La Syrie n'a pas ratifié la Convention sur les armes à sous-munitions qui interdit totalement l'emploi, la production, le stockage et le transfert de cette catégorie d'armes et prévoit leur enlèvement et leur destruction.
«Toutes les nations qui ont rejoint le traité ont l'obligation légale de condamner l'usage par la Syrie de ce type d'arme qui frappe de manière indiscriminée», insiste Steve Goose.
Armer les rebelles
L'ancien ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a estimé samedi que «la France et la Grande-Bretagne ont raison de poser le problème» de la livraison possible d'armes aux rebelles du régime syrien.
«Il y a deux ans que nous avons tout fait pour trouver une issue diplomatique à ce conflit. Cela n'a pas abouti», a estimé l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy en marge de l'inauguration d'un nouveau pont à Bordeaux (sud-ouest) par l'actuel président de la République, François Hollande.
M. Hollande a demandé vendredi à Bruxelles la levée de l'embargo sur les armes pour l'opposition syrienne. Paris a le soutien de Londres, selon le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. «Il faut agir et je pense que la France et la Grande-Bretagne ont raison de poser le problème», a commenté M. Juppé, relevant que "c'est une décision difficile, grave, risquée".
«Des groupes extrémistes sont dans cette opposition et ont d'ailleurs progressé du fait du déroulement de cette tragédie. C'est pour cela qu'il faut faire très attention et s'adresser à ceux qui, dans la coalition nationale syrienne, peuvent être des interlocuteurs responsables», a prévenu M. Juppé, ministre des Affaires étrangères lors de l'opération en Libye début 2011.
Armer les rebelles syriens permettrait selon lui «de rééquilibrer un peu les choses entre le régime qui est alimenté en armes lourdes par la Russie et l'Iran, et l'opposition qui se bat avec des armes légères».
Le Liban doit juguler le flot de combattants vers la Syrie
Le Liban doit empêcher les combattants de franchir la frontière pour entrer en Syrie, a affirmé son président Michel Sleimane, après les menaces de Damas de riposter en cas de poursuite des infiltrations. Le chef de l'Etat a fait cette déclaration lors d'une réunion avec la communauté libanaise de Côte d'Ivoire durant une visite officielle, selon un communiqué publié samedi par la présidence à Beyrouth.
Pour lui, la stabilité du Liban est l'affaire «de nous tous... Il ne faut pas envoyer des militants en Syrie et ne pas en recevoir (...) Nous devons maintenir notre neutralité», dans le conflit syrien. Il a souligné avoir donné l'ordre à l'armée libanaise «d'arrêter tout homme armé ayant l'intention (d'aller) combattre (en Syrie) qu'il appartienne à l'opposition ou pas».
Des jeunes sunnites libanais ont cherché à rejoindre les rebelles syriens alors que l'opposition accuse le mouvement chiite libanais Hezbollah, un allié du président Bachar al-Assad, de prêter main forte aux forces du régime.
Jeudi, le ministère syrien des Affaires étrangères a menacé de frapper en territoire libanais les "bandes armées" passant clandestinement en Syrie.
«Les forces syriennes font preuve de retenue en ne frappant pas ces bandes à l'intérieur du territoire libanais (...) mais cela ne durera pas indéfiniment», a-t-il averti dans une lettre aux Affaires étrangères libanaises.
L'armée syrienne a tiré durant le conflit sur des zones frontalières au Liban, mais c'est la première fois que la Syrie menace officiellement et publiquement de frapper son petit voisin libanais, divisé entre partisans et adversaires du régime Assad. Sous couvert de l'anonymat, un haut responsable libanais a affirmé samedi à l'AFP que le gouvernement prenait la mise en garde «très sérieusement», ajoutant que «des consultations intensives sont en cours pour trouver le meilleur moyen pour protéger la frontière».
L'opposition libanaise, hostile au régime Assad, a appelé au déploiement de l'armée le long de la frontière pour empêcher le passage d'armes et de combattants et pour protéger le territoire libanais. Le Liban a adopté une politique de «distanciation» vis-à-vis du conflit chez son voisin et ancienne force tutélaire.