mercredi 27 février 2013
Viande de cheval : et si Spanghero n'y était pour rien ?
Confrontée à des difficultés financières, Spanghero a identifié un fournisseur commun avec William Saurin, lui aussi concerné par le scandale.
En première ligne dans le scandale de la viande de cheval, Spanghero, "confronté à des difficultés temporaires", a annoncé mercredi avoir demandé son placement sous procédure de sauvegarde au tribunal de commerce de Carcassonne (Aude). Dans un communiqué, la société de Castelnaudary explique être "confrontée à des difficultés temporaires" et requérir cette mesure pour "permettre la poursuite de l'activité économique de l'entreprise" et le maintien de l'emploi "tout en respectant ses engagements financiers". Spanghero lie ses difficultés au scandale et à la suspension pendant plusieurs jours de ses agréments sanitaires, désormais rétablis.
"Les clients reviennent et le volume d'activité repart peu à peu", souligne l'entreprise. Dans un premier temps, la société devrait être placée sous observation, une phase qui peut durer six mois au maximum et au cours de laquelle la direction conserve son pouvoir de gestion, avant que le tribunal de commerce décide ou non de la nécessité d'un plan de sauvegarde. Le site, qui emploie environ 300 salariés, fonctionne à environ 20 % de son activité habituelle pour la branche transformation de viande (à la découpe, confection de saucisses et de steaks hachés) et à environ 40-50 % pour la préparation de plats cuisinés, avait expliqué mardi à l'AFP son directeur commercial, Christophe Giry.
Un fournisseur commun à William Saurin et Spanghero
La société Spanghero est soupçonnée d'avoir changé l'étiquette de lots de viande achetée à un trader néerlandais, Jan Fasen, dont la société Draap est basée à Chypre, pour faire passer de la viande de cheval en viande de boeuf.
Ce trader, qui travaille aussi pour le négociateur néerlandais Windmeijer, apparaît également dans la filière d'approvisionnement des boîtes de raviolis Panzani, fabriqués par William Saurin, elle aussi éclaboussée par le scandale de la viande de cheval en lieu et place de boeuf. "Le 8 février, nous avons identifié que nous avions un fournisseur commun avec Spanghero, le néerlandais Windmeijer, dont le commercial est Jan Fasen, qui nous a livré de la viande bovine d'origine roumaine", a expliqué le directeur général de Gel Alpes, Patrick Maloisel, qui a fourni William Saurin.
Les analyses menées par l'entreprise sur les lots de viande bovine provenant de ce trader ont montré la présence de cheval dans des quantités variables, a-t-il expliqué, précisant qu'il avait isolé les lots suspects (environ 1 500 tonnes) et déposé une plainte contre X pour tromperie.
Crise de confiance
Réunis à Paris au Salon de l'agriculture, les professionnels de l'élevage ont demandé à l'industrie de "faire preuve de transparence". Président de l'interprofession (Interbev), Dominique Langlois dit "s'attendre à de nouvelles découvertes". D'ailleurs, la Russie a été touchée à son tour mercredi par de la viande de cheval dans des saucisses de porc importées d'Autriche, Ikea a annoncé retirer de la vente des hot-dogs provenant du même fabricant que les boulettes de viande contenant du cheval, et des traces de viande de cheval ont été détectées dans des plats préparés en Lettonie. Quant aux autorités portugaises, elles ont saisi 79 tonnes de produits à base de viande de boeuf contenant de la viande de cheval non déclarée et ouvert cinq procédures pour fraude.
"Tous les jours, de nouvelles informations sortent", a estimé le patron de l'Association française des industries alimentaires, l'Ania. "Les industriels doivent prendre conscience de l'ampleur de la crise de confiance des consommateurs".