Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 26 février 2013

Une preuve de vie des otages retenus au Nigeria


La vidéo que tout le monde attendait a enfin été diffusée aujourd’hui par les ravisseurs des sept otages français enlevés la semaine dernière au Cameroun. L’implication de Boko Haram ne faisait aucun doute, elle avait pourtant été démentie ce weekend. Désormais, cette vidéo de revendication l’atteste. Le groupe terroriste basé au Nigéria confirme avoir kidnappé les trois adultes et les quatre enfants en vacances au nord du Cameroun. Cette vidéo dément également une information faisant état de la séparation des enfants et des adultes.



Les ravisseurs sont on ne peut plus clairs : « Si vous voulez qu’on libère ces Français, relâchez rapidement toutes nos femmes que vous détenez ». Citant des passages du Coran, celui qui s’exprime le visage masqué précise que « nous mettons en garde aussi le président du Cameroun, qu’il relâche rapidement nos frères détenus dans ses prisons. Si nos demandes, toutes et sans exception, ne sont pas satisfaites, nous allons tuer ceux que nous avons capturés. Le président français a déclaré la guerre à l’islam et nous le combattons partout ».

Dès le début de la vidéo, le père de la famille s’exprime : « Nous avons été arrêtés par Ahlis Sunnah Lādda’awatih wal-Jihad [Boko Haram]. Ils veulent la libération des frères de Ahlis Sunnah Lādda’awatih wal-Jihad emprisonnés au Cameroun. Ils veulent la libération des femmes de Ahlis Sunnah Lādda’awatih wal-Jihad emprisonnées au Nigeria ».

Le gouvernement a « désormais l’information que le groupe Boko Haram revendique la détention » selon le premier ministre, Jean-Marc Ayrault. S’exprimant après une réunion d’un conseil de défense à l’Elysée, le premier ministre a ajouté, au cours d’une visite du centre de planification et de conduite des opérations militaires (CPCO) au Mali, que la famille française enlevée était « probablement détenue au Nigeria ».

Sans donner de délai, les membres de Boko Haram accentuent ainsi déjà la pression médiatique sur le gouvernement français alors que les opérations au Mali se poursuivent. Difficile dans ces conditions de ne pas faire de lien entre les deux.

Dans ces cas de figure de prise d’otages, la mécanique est huilée et bien connue. Il incombe aux services de renseignement et tout spécialement à la DGSE, notamment au Service Action, de localiser précisément les otages, estimer les forces en présence, et éventuellement nouer des contacts avec les ravisseurs ou des intermédiaires susceptibles de favoriser la mise en place de négociations. Un travail dans l’ombre qu’il convient de ne pas détailler ou de médiatiser au nom de la sécurité des otages.