Même mort, le colonel Kadhafi continue de hanter Nicolas Sarkozy. Après l'affaire du financement de la campagne électorale de 2007 par le régime libyen, un second volet des relations franco-libyennes vient de s'ouvrir. Selon des télégrammes diplomatiques, consultés par «Les Inrocks», le président français aurait échangé des armes et une centrale atomique contre la libération des infirmières bulgares retenues par Mouammar Kadhafi.
Cécilia avait rencontré le colonel
Ces dernières avaient été libérées le 24 juillet 2007, après huit années de détention dans les geôles libyennes. Elles étaient accusées, ainsi qu'un médecin, d'avoir volontairement inoculé le virus du sida à des enfants. La libération des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien avait été rendu possible grâce à l'implication du président français et de sa femme de l'époque, Cécilia. Quelques mois après, interrogée par l'«Est Républicain» sur les compensations obtenues par la Libye pour cette libération, celle qui s'appelait encore Cécilia Sarkozy avait évoqué «des contreparties d'ordre médical» lors de ses discussions avec Mouammar Kadhafi.
«Deal secret» déjà dénoncé par la patronne d'Areva
Mais «Les Inrocks», à paraître mercredi, évoquent un tout autre scénario négocié entre Kadhafi et Sarkozy. La France aurait ainsi accepté de signer un deal sur l'atome en échange de la libération des infirmières. Un accord militaire, prévoyant la livraison d'armes, aurait aussi été acté. Après des négociations entre le 17 et le 23 juillet, un «mémorandum d'entente nucléaire» aurait finalement été signé le 24 juillet. Il prévoyait la livraison d'une centrale nucléaire à la Libye. «Préféré à un 'accord', le 'mémorandum' permet à la diplomatie française de contourner les accords internationaux en matière de non-prolifération», explique l'hebdomadaire. L'ex-patronne d'Areva Anne Lauvergeon avait déjà dénoncé ces échanges franco-libyen sur l'atome dans un livre paru en avril.
Ces allégations avait été réfutées par Claude Guéant, qui s'était rendu à Tripoli avec Cécilia, lors d'une commission d'enquête parlementaire à l'issue de la libération. Le directeur de la publication des «Inrocks», David Kessler, a expliqué sur canal + que l'enquête de son journal reposait sur des «éléments factuels et fiables», à savoir des télégrammes diplomatiques.
CGA