Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 4 août 2011

Iran : le Mossad soupçonné du meurtre d’un scientifique

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L’assassinat d’un physicien nucléaire à Téhéran aurait été dirigé par Tamir Pardo, selon le « Spiegel ».

Le Mossad serait responsable de l’assassinat du physicien nucléaire iranien Darius Rezainejad, abattu le 23 juillet dernier de cinq balles par deux hommes à moto dans une rue de Téhéran. Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui cite une source proche des services de renseignements israéliens, cette action serait la première opération dirigée par le nouveau chef du Mossad, Tamir Pardo, et ferait partie d’un plan visant à saboter par tous les moyens le programme nucléaire iranien.

Il est curieux que le Mossad revendique aussi clairement un assassinat, l’une des règles de la guerre de l’ombre étant de ne jamais démentir, ni revendiquer quelque action que ce soit. Mais il est en revanche tout à fait plausible que cette mort ne soit pas totalement fortuite. Les autorités iraniennes avaient accusé, la semaine dernière, Israël et les États-Unis d’être responsables de l’attentat. Ali Larijani, le président du Parlement iranien, l’avait qualifié d’« acte terroriste américano-sioniste ».

La mort du scientifique avait donné lieu à des déclarations confuses : les médias iraniens avaient d’abord présenté la victime comme étant un spécialiste de physique nucléaire travaillant pour l’Organisation de l’énergie atomique iranienne et le ministère de la Défense. Puis les autorités avaient imposé une nouvelle version, décrivant le scientifique comme un simple étudiant en maîtrise d’électricité. Il n’en reste pas moins que cet assassinat n’est pas le premier, et que le métier de scientifique nucléaire en Iran est devenu dangereux.

En novembre dernier, un autre ingénieur spécialiste du nucléaire, Majid Shahriar, avait été tué par une bombe placée contre sa voiture par des inconnus à moto dans une rue de Téhéran. Un attentat simultané avait blessé un autre scientifique nucléaire de haut niveau, Fereidoun Abbasi. En janvier 2010, Massoud Ali Mohammedi, autre expert en physique nucléaire, avait été tué par l’explosion d’une moto piégée.

Les spécialistes du renseignement considèrent que ces meurtres en série sont trop nombreux pour ne pas être un tant soit peu coordonnés. Sur fond de mystérieux virus informatiques qui ont infecté l’an dernier les ordinateurs contrôlant les centres nucléaires iraniens, ces morts brutales visent des scientifiques directement liés à la recherche nucléaire en Iran. Les services secrets israéliens ont déjà, par le passé, eu recours à l’assassinat quand les intérêts vitaux de leur pays étaient menacés, et Israël considère le programme nucléaire iranien comme un danger majeur. Tamir Pardo, le nouveau chef du Mossad, a succédé au début de l’année à Meir Dagan, qui était considéré comme l’un des principaux responsables des actions clandestines contre le programme iranien.

Des organisations clandestines comme le groupe sunnite Joundallah, basé au Balouchistan iranien, ont déjà commis des attentats visant des installations militaires iraniennes, et ont souvent été accusées par Téhéran de coopérer avec des services secrets étrangers.

Adrien Jaulmes
le Figaro